Lettre d'information du 27 mars 2022

Téléchargement des fichiers joints 


Le 27 mars 2022

 

Une lettre plus rapprochée pour mettre à disposition des textes importants avant leur mise en application… Au sommaire de cette lettre d'information… Deux décrets… le premier relatif au report des visites médicales par les services de santé au travail… et le second au document unique d'évaluation des risques professionnels… Et un commentaire de certains points du plan pour la prévention des accidents graves et mortels du ministère du travail…

 

Vous pouvez accéder à mes lettres d’information depuis janvier 2019 sur un blog à l’adresse suivante : https://bloglettreinfo.blogspot.com/.

 

Erratum – Un lecteur très attentif m'a fait remarquer, à juste titre, que dans la jurisprudence commentée dans la dernière lettre sur la notification d'un avis d'inaptitude, l'avis avait été émis le 13 novembre 2018 et le salarié avait saisi le conseil de prud'hommes le 29 janvier 2019 (et pas 2018 !). Ce qui n'enlève rien à la conclusion de cet arrêt !

 

·     Textes de loi, réglementaires, circulaires, instructions, questions parlementaires, Conseil d'Etat

 

Décret n° 2022-418 du 24 mars 2022 adaptant temporairement les délais de réalisation des visites et examens médicaux par les services de santé au travail à l'urgence sanitaire

L'article 10 de la loi n° 2022-46 du 22 janvier 2022 a prévu le principe du report de certaines visites médicales en santé au travail par les services de prévention et de santé au travail, " sauf lorsque le médecin du travail estime indispensable de maintenir la visite, compte tenu notamment de l'état de santé du travailleur ou des caractéristiques de son poste de travail. "

Les visites médicales qu'il est possible de reporter sont certaines de celles prévues dans les articles L. 4624-1, L. 4624-2 et L. 4625-1-1 du Code du travail et de l'article L. 717-2 du Code rural et de la pêche maritime.

L'article 1 du présent décret, qui entre immédiatement en vigueur, prévoit que le report des visites médicales s'applique :

" 1° Aux visites et examens entrant dans le champ défini à l'article 2 du présent décret dont la date d'échéance résultant des textes applicables antérieurement à l'entrée en vigueur de l'ordonnance du 2 décembre 2020 (article 3) susvisée intervient au cours de la période comprise entre le 15 décembre 2021 et le 30 avril 2022 ;

2° Aux visites et examens entrant dans le champ défini à l'article 2 du présent décret qui ont été reportés en application de l'article 3 de la même ordonnance, et dont la nouvelle date d'échéance intervient au cours de la période comprise entre le 15 décembre 2021 et le 30 avril 2022. "

L'article 2 liste Les visites médicales qui sont exclues de la possibilité de report :

" 1° La visite d'information et de prévention initiale prévue à l'article R. 4624-10 du code du travail et à l'article R. 717-13 du code rural et de la pêche maritime ou l'examen médical préalable à la prise de fonction prévu à l'article R. 4626-22 du code du travail, concernant :

a) Les travailleurs handicapés ;

 b) Les travailleurs âgés de moins de dix-huit ans ;

c) Les travailleurs qui déclarent être titulaires d'une pension d'invalidité ;

d) Les femmes enceintes, venant d'accoucher ou allaitant ;

e) Les travailleurs de nuit ;

f) Les travailleurs exposés à des champs électromagnétiques affectés à des postes pour lesquels les valeurs limites d'exposition fixées à l'article R. 4453-3 du code du travail sont dépassées ;

g) Les travailleurs exposés à des agents biologiques de groupe 2 ;

2° L'examen médical d'aptitude initial, prévu à l'article R. 4624-24 du code du travail et à l'article R. 717-16-1 du code rural et de la pêche maritime (ces deux articles concernent l'examen d'aptitude du suivi individuel renforcé) ;

3° Le renouvellement de l'examen d'aptitude pour les travailleurs exposés à des rayons ionisants classés en catégorie A en application de l'article R. 4451-57 du code du travail, prévu à l'article R. 4451-82 du même code ;

4° L'examen de préreprise prévu aux articles R. 4624-29 (qui va être prévu à partir d'une absence d'un mois à compter du 31 mars 2022 au lieu de 3 mois) et R. 4626-29-1 (visite de préreprise dans la fonction publique hospitalière) du code du travail et à l'article R. 717-17 du code rural et de la pêche maritime (pour laquelle il ne semble pas qu'il soit ramené à une absence d'un mois) ;

5° L'examen de reprise prévu à l'article R. 4624-31 du code du travail et à l'article R. 717-17-1 du code rural et de la pêche maritime. "

L'article 3 reprécise la possibilité pour le médecin du travail de ne pas reporter les visites médicales : " Aucune visite ni aucun examen ne peut faire l'objet d'un report en application des dispositions du présent décret lorsque le médecin du travail estime indispensable de respecter l'échéance résultant des textes en vigueur, au regard des informations dont il dispose concernant l'état de santé du salarié ainsi que les risques liés à son poste de travail ou à ses conditions de travail. Pour les travailleurs titulaires d'un contrat à durée déterminée, le médecin du travail tient compte des visites et examens dont l'intéressé a bénéficié le cas échéant au cours des douze derniers mois.

Pour fonder son appréciation, le médecin du travail recueille, en tant que de besoin, les informations utiles sur la base d'échanges réalisés par tout moyen entre le travailleur et un membre de l'équipe pluridisciplinaire. "

L'article 4 prévoit les modalités du report : " Lorsqu'une visite médicale est reportée, la visite est reprogrammée dans la limite d'un délai d'un an à compter de l'échéance dans les hypothèses mentionnées au 1° de l'article 1er, et de six mois dans les hypothèses mentionnées au 2° du même article (ci-dessus).

Le médecin du travail informe du report l'employeur et le travailleur, en leur communiquant la nouvelle date. Dans le cas où le médecin du travail ne dispose pas des coordonnées du travailleur, il invite l'employeur à communiquer à ce dernier ces informations. "

Enfin, selon l'article 5 du présent décret, la période figurant au 1° et 2° relative au report des visites médicales (du 15 décembre 2021 au 30 avril 2022) pourra être modifiée par décret avec possibilité de report des visites médicales dont l'échéance ira jusqu'au plus tard le 31 juillet 2022.

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045406660

 

Décret n° 2022-395 du 18 mars 2022 relatif au document unique d'évaluation des risques professionnels et aux modalités de prise en charge des formations en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail par les opérateurs de compétences

Ce décret modifie certaines dispositions pratiques concernant le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP).

Les dispositions concernant le DUERP ont déjà été modifiées, à partir du 31 mars 2022, par l'article 3 de la loi 2021-1018 du 2 août 2021 qui a prévu, au niveau législatif, un certain nombre de modifications dont les plus importantes sont :

ü l'obligation d'en conserver les versions successives ;

ü sa conservation pendant 40 ans minimum ;

ü il doit être tenu à la disposition des salariés et des anciens salariés ainsi qu'à la disposition de toute personne qui en justifiera un intérêt ;

ü le CSE doit être consulté sur le DUERP ;

ü la mise à jour du plan annuel de prévention à chaque modification du DUERP pour les entreprises de 50 salariés ou plus (ou la liste des actions de préventions pour les entreprises de moins de 50 salariés ) ;

ü il devra être déposé sur un portail numérique ;

ü il devra être communiqué par l'employeur à son service de prévention et de santé au travail.

Ce décret entre en vigueur le 31 mars 2022.

Les modifications apportées par l'article 1 du décret figurent ci-dessous.

L'article R. 4121-2 du Code du travail est ainsi modifié (en gras et en gras barré, les modifications) :

" La mise à jour du document unique d'évaluation des risques professionnels est réalisée :

1° Au moins chaque année dans les entreprises d'au moins onze salariés ;

2° Lors de toute décision d'aménagement important modifiant les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail, au sens de l'article L. 4612-8 ;

3° Lorsqu'une information supplémentaire intéressant l'évaluation d'un risque dans une unité de travail est portée à la connaissance de l'employeur recueillie. "

L'alinéa suivant est rajouté à cet article :

" La mise à jour du programme annuel de prévention des risques professionnels et d'amélioration des conditions de travail ou de la liste des actions de prévention et de protection mentionnés au III de l'article L. 4121-3-1 est effectuée à chaque mise à jour du document unique d'évaluation des risques professionnels, si nécessaire. "

L'article R. 4121-3 devient : " Dans les établissements dotés d'un comité social et économique, le document unique d'évaluation des risques professionnels est utilisé pour l'établissement du rapport annuel prévu au 1° de l'article L. 2312-27 (le bilan de la situation générale de la santé, de la sécurité et des conditions de travail dans l'entreprise et des actions menées au cours de l'année écoulée dans ces domaines)."

L'article R. 4121-4 est ainsi modifié :

" Le document unique d'évaluation des risques professionnels et ses versions antérieures est tenu sont tenus, pendant une durée de 40 ans à compter de leur élaboration à la disposition :

1° Des travailleurs et des anciens travailleurs pour les versions en vigueur durant leur période d'activité dans l'entreprise. La communication des versions du document unique antérieures à celle en vigueur à la date de la demande peut être limitée aux seuls éléments afférents à l'activité du demandeur. Les travailleurs et anciens travailleurs peuvent communiquer les éléments mis à leur disposition aux professionnels de santé en charge de leur suivi médical;

2° Des membres du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail ou des instances qui en tiennent lieu ;

3° Des délégués du personnel ;

Du médecin du travail service de prévention et de santé au travail mentionné à l'article L. 4622-1 ;

5° Des agents du système d'inspection de l'inspection du travail ;

6° Des agents des services de prévention des organismes de sécurité sociale ;

7° Des agents des organismes professionnels de santé, de sécurité et des conditions de travail mentionnés à l'article L. 4643-1 ;

8° Des inspecteurs de la radioprotection mentionnés à l'article L. 1333-17 du code de la santé publique et des agents mentionnés à l'article L. 1333-18 du même code, en ce qui concerne les résultats des évaluations liées à l'exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants, pour les installations et activités dont ils ont respectivement la charge.

Jusqu'à l'entrée en vigueur de l'obligation de dépôt du document unique d'évaluation des risques professionnels sur un portail numérique selon les modalités prévues au B du V de l'article L. 4121-3-1 du code du travail (lien avec la version à venir au 31 mars 2022), l'employeur conserve les versions successives du document unique au sein de l'entreprise sous la forme d'un document papier ou dématérialisé.

Un avis indiquant les modalités d'accès des travailleurs au document unique est affiché à une place convenable et aisément accessible dans les lieux de travail. Dans les entreprises ou établissements dotés d'un règlement intérieur, cet avis est affiché au même emplacement que celui réservé au règlement intérieur. "

À l’article R. 4412-6, il est rajouté parmi les risques professionnels à prendre en compte :

" En cas d'exposition simultanée ou successive à plusieurs agents chimiques, les effets combinés de l'ensemble de ces agents ".

Il est rajouté un article R. 6332-40 dont le contenu est le suivant :

" Les dépenses liées aux formations prévues à l'article L. 2315-18 (formation à la santé et la sécurité des membres du CSE) que les opérateurs de compétences peuvent prendre en charge au titre de la section financière mentionnée au 2° de l'article L. 6332-3 sont les suivantes :

1° Les coûts pédagogiques ;

2° La rémunération et les charges sociales légales et conventionnelles des salariés en formation, dans la limite du coût horaire du salaire minimum interprofessionnel de croissance par heure de formation ;

3° Les frais annexes de transport, de restauration et d'hébergement afférents à la formation suivie et, lorsque les formations se déroulent pour tout ou partie en dehors du temps de travail, les frais de garde d'enfants ou de parents à charge.

Le conseil d'administration de l'opérateur de compétences détermine les priorités et les critères de prise en charge des demandes présentées par les employeurs. "

L'article 2 du décret prévoit, outre la date d'entrée en vigueur du 31 mars 2022, la disposition suivante :

" Les obligations de conservation et de mise à disposition des versions successives du document unique d'évaluation des risques professionnels résultant des modifications apportées par le présent décret à l'article R. 4121-4 du code du travail s'appliquent uniquement aux versions du document unique en vigueur à la date mentionnée au I (soit le 31 mars 2022) ou postérieures à celle-ci ".

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045381978

 

·     Plan pour la prévention des accidents du travail graves et mortels

Le ministère du travail a publié, le 14 mars 2022, un plan pour la prévention des accidents graves et mortels. Vous pourrez accéder à ce document en pièce jointe et sur le site du ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion à l'adresse figurant en fin de commentaire.

Ce plan a été élaboré pour répondre à l'axe transversal du 4e Plan santé travail qui prévoit la lutte contre les accidents du travail graves et mortels (voir le commentaire du PST4 dans la lettre d'information du 16 janvier 2022 sur le blog).

J'ai retenu dans ce document les parties qui peuvent concerner les professionnels de santé et les services de santé au travail ainsi que les partenaires sociaux.

Préambule

Le préambule de ce document rappelle qu'il y a eu, en 2020, hors les accidents de la route, 550 accidents du travail mortels.

Alors qu'il y a eu une baisse importante des accidents de travail cette dernière décennie, les accidents du travail mortels ne diminuent plus depuis 2010.

Ce document vient donc présenter les modalités opérationnelles de l'axe transversal du 4e Plan santé travail évoqué ci-dessus, dont un certain nombre d'engagements ont été pris à la suite de la loi n° 2021-1018 du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail.

Comme pour la loi du 2 août 2021, la prévention est mise au premier plan.

Actions envisagées

Afin de sécuriser la prise de poste des travailleurs précaires, la mesure 5 prévoit des actions de prévention collective à destination des salariés d'entreprises de travail temporaire.

Ces actions ont pour but de mieux informer et sensibiliser les salariés des entreprises de travail temporaire à travers des actions collectives de prévention des risques qui seront menées par les services de prévention et de santé au travail (SPST) dans le cadre d'une expérimentation sur 3 ans. Un texte d'application devra préciser le cadre de cette expérimentation.

Cette action sera pilotée par la Direction générale du travail (DGT) et l'expérimentation sera lancée en 2023.

La mesure 6 prévoit de renforcer les mesures de prévention dans le cadre de l'intérim. Il s'agit, pour cette mesure, de la mise en œuvre, prévue par la loi du 2 août 2021 (article 23), de la possibilité pour le SPST d'une entreprise utilisatrice de travailleurs intérimaires de suivre les salariés travaillant sur son site dans le cadre d'une convention conclue avec l'entreprise de travail temporaire. Ainsi, les travailleurs intérimaires pourront faire l'objet d'un suivi médical plus adapté aux risques professionnels auxquels ils sont exposés et bénéficier d'actions de prévention adaptées à ces risques (information, sensibilisation, bénéfice de certains dispositifs tels que les vaccinations ou le dépistage).

Les DREETS réaliseront des campagnes d'information et d'incitation à la mise en œuvre de cette disposition. Il est prévu d'initier cette campagne à partir du 31 mars 2022.

La mesure 10 prévoit la mobilisation des représentants du personnel [NDR – Après avoir supprimé l'instance la plus efficace en termes de prévention en entreprise, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail !]. Ainsi les membres du comité social et économique (CSE) peuvent jouer un rôle important relativement aux accidents du travail graves et mortels en termes de prévention mais aussi par les enquêtes menées suite à la survenue des accidents du travail.

Ceci pourra se faire grâce à l'élargissement des informations prévues dans la base de données économiques et sociales et au développement des compétences des membres du CSE via une formation centrée sur les accidents du travail.

Cette action est envisagée à partir du 2e semestre 2022 sous la responsabilité de la DGT avec la participation de l'Anact et des partenaires sociaux.

La mesure 11-1 vise à réformer le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP) et à en assurer une meilleure appropriation par les TPE-PME (voir ci-dessus le décret sur le DUERP).

Il est rappelé que le DUERP représente la base de l'évaluation des risques indispensable pour la mise en œuvre d'une prévention efficace. Or, en 2016, seulement 45% des employeurs interrogés avaient élaboré ou actualisé leur DUERP et, parmi les établissements de moins de 10 salariés, seulement 38% ont un DUERP alors qu'ils occupent 17% des salariés.

Aussi, la loi n° 2021-1018 du 2 août 2021 (article 3) a établi un  certain nombre de dispositions au sujet du DUERP et a prévu qu'il serait lié à la définition des actions du programme annuel de prévention pour les entreprises d'au moins 50 salariés et des actions de prévention pour les entreprises de moins de 50 salariés.

Cette action prévoit la publication du décret sur le DUERP en avril 2022 (mais il a été publié en avance, voir ci-dessus dans les textes de loi). Le dépôt des DUERP sur le portail numérique prévu par la loi du 2 août 2021 sera effectif en 2023/2024.

Une mesure 11-2 prévoit une aide à l'élaboration des DUERP par la publication de différents document. Parmi ceux-ci, les mises à jour du guide ED 840 de l'Inrs consacré au repérage des risques dans les TPE-PME et du guide ED 887 d'accompagnement méthodologique.

De plus un outil OiRA présente des documents sur l'évaluation des risques dans 36 métiers avec sinistralité importante très présents dans les TPE.

L'OPPBTP pour sa part propose et actualise des outils en ligne pour les TPE-PME intervenant dans le bâtiment et les travaux publics.

Cette action est pilotée par la Caisse nationale d'assurance maladie, l'Inrs et l'OPPBTP en partenariat avec les services de prévention et de santé au travail, l'Anact et la DGT.

Mesure 13 qui s'intègre dans le développement des actions des SPST "d'aller vers" les TPE-PME pour renforcer leur accès aux offres de service des SPST et accroître la culture de prévention.

Dans ce domaine, des textes préciseront l'application des dispositions prévues par la loi du 2 août 2021 en termes de proposition par les SPST d'une offre socle (article 11). Ce qui en facilitera le recours par les TPE-PME.

Cette priorité d'actions vis-à-vis des TPE-PME sera aussi prise en compte lors du renouvellement des contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens (Cpom) tant en termes d'actions collectives menées dans le domaine de la prévention que du suivi individuel des salariés. Ainsi, " les SPST seront appelés à développer des actions « d’aller vers » les TPE-PME visant à renforcer l’accessibilité des offres de service, accroître la diffusion de la culture de prévention et relayer les actions et messages des opérateurs de la prévention sur le champ des accidents du travail. Des actions spécifiques ou innovantes verront ainsi jour par exemple par ciblage sur des secteurs d’activité, recours à des unités mobiles pour aller à la rencontre des entreprises situées loin des centres urbains et qui, de ce fait, font moins appel à la médecine du travail, etc. "

Cette action, pilotée par la DGT et le Conseil national de prévention et de santé au travail (CNPST) [NDR – Le CNPST, qui remplace le groupe permanent d'orientation du Coct, a été créé par la loi du 2 août 2021 (article 36) et sa composition et son organisation ont été précisées dans le décret n° 2021-1792 du 23 décembre 2021 relatif à la composition et au fonctionnement du Conseil d'orientation des conditions de travail et des comités régionaux, voir le commentaire dans la lettre d'information du 2 janvier 2022 sur le blog], prévoit au 1er semestre 2022 les décrets sur l'offre socle et, en juin 2024, les principes du référentiel prévu pour la certification des SPST.

La mesure 17 vise à mobiliser les branches professionnelles les plus concernées pour dresser un état des lieux relatif aux accidents graves et mortels, identifier des leviers de prévention et suivre les actions menées.

Il s'agit de réaliser des efforts de prévention dans certains secteurs d'activité présentant une fréquence importante des accidents de travail et un indice de gravité élevé. Il en est ainsi des secteurs d'activités suivants : la construction, l'agriculture, les industries extractives, le travail du bois, le transport et l'entreposage, la gestion de l'eau et des déchets et les industries de l'eau, du gaz et de l'électricité.

L'objectif sera d'abord d'identifier les causes des accidents du travail graves et mortels puis, ensuite, d'identifier des leviers efficaces pour éviter ces accidents.

Le pilotage est assuré par la DGT, en partenariat avec les membres du comité de pilotage du PST 4 et les branches professionnelles concernées. Le calendrier prévoit, au 1er semestre 2022, la constitution d'un groupe de travail dédié et, à partir du 2e semestre, la production d'un état des lieux par la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) et l'identification des leviers d'action.

Mesure 18 : elle vise à une amélioration de la connaissance du risque routier dont on sait qu'il est à l'origine de nombreux décès dans le cadre du travail. Ainsi, en 2020, 356 personnes sont décédées à l'occasion d'un accident de la route, dont 265 dans le cadre des trajets domicile-travail et 91 dans le cadre d'une mission professionnelle.

Il s'agit de mettre à disposition des données consolidées et enrichies par rapport à ce qui a été fait dans le cadre du PST 3.

Les pilotes de cette mesure sont la DGT, la Cnam et la Direction de la Sécurité routière avec le partenariat de Santé publique France et de la MSA. Au 1er trimestre 2022, il est prévu la publication de données sur l'essentiel du risque routier 2019-2020 et, au 2e semestre 2022, l'engagement auprès des branches prioritaires pour le développement et la diffusion d'outils de prévention adaptés aux métiers de leur secteur.

https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/planaccidentstravailgravesmortels2022-2025.pdf

 

Ainsi, je continue de commenter les décrets mettant en œuvre la fameuse loi du 2 août 2021, si possible avant la date de leur mise en œuvre…. Et en essayant de les rendre facilement compréhensibles, ce qui n'est pas toujours évident… d'autres décrets viendront préciser les modalités d'application de cette loi … Alors, à bientôt…

 

Jacques Darmon

  


Lettre d'information du 20 mars 2022

Téléchargement des fichiers joints 


 

Le 20 mars 2022

 

Au sommaire de cette lettre d'information… Plusieurs textes de loi… Des décrets relatifs… aux visites de reprise, de préreprise et à la surveillance post-exposition et post-professionnelle ainsi qu'à la rééducation professionnelle en entreprise… à la composition des comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles… aux rendez-vous de liaison entre l'employeur et le salarié durant une absence maladie de plus d'un mois et à la transition professionnelle…  et trois décrets consacrés aux conseils médicaux, remplaçant les comités médicaux et les commissions de réforme, et aux congés pour raison de santé dans les trois fonctions publiques… Et un arrêté créant le conseil médical de l'AP-HP… Deux jurisprudences… l'une relative à ce qui peut caractériser un manquement de l'employeur à son obligation de sécurité … et l'autre à la remise d'un avis d'inaptitude par le médecin du travail…

 

Vous trouverez, en pièce jointe, la Veille juridique n° 1/2022 des médecins inspecteurs du travail d'Ile de France faisant le point sur des textes juridiques récents et de la  jurisprudence ainsi que sur d'autres documents relatifs à la santé au travail.

 

Vous pouvez accéder à mes lettres d’information depuis janvier 2019 sur un blog à l’adresse suivante : https://bloglettreinfo.blogspot.com/.

 

·     Textes de loi, réglementaires, circulaires, instructions, questions parlementaires, Conseil d'Etat


Décret n° 2022-372 du 16 mars 2022 relatif à la surveillance post-exposition, aux visites de préreprise et de reprise des travailleurs ainsi qu'à la convention de   rééducation professionnelle en entreprise

Comme indiqué dans son titre, ce décret comprend plusieurs dispositions, en relation avec des textes de la loi n° 2021-1018 du 2 août 2021, qui entrent en vigueur, comme la loi, le 31 mars 2022.

Visite de préreprise

À l'article R. 4624-29, il est désormais possible d'organiser une visite de préreprise pour les travailleurs en arrêt de travail de plus de 30 jours (au lieu de l'obligation d'une visite de préreprise pour un arrêt de travail de trois mois).

Visite de reprise

La visite de reprise prévue à l'article R. 4624-31 du Code du travail, suite à un accident et une maladie non professionnels, devient obligatoire seulement après 60 jours d'arrêt maladie (auparavant, c'était 30 jours).

La visite de reprise après accident du travail demeure obligatoire après 30 jours d'absence et la visite de reprise après maternité ou maladie professionnelle doit avoir lieu sans durée d'absence minimale.

Surveillance post-exposition ou post-professionnelle

La version à venir, au 31 mars 2022 de l'article L. 4624-2-1 prévoit, outre les visites médicales au départ à la retraite déjà prévues dans le texte, des visites post-exposition pour les travailleurs ayant été exposés à certains risques professionnels.

L'article R. 4624-28-1 indique que la visite médicale prévue à l'article L. 4624-2-1 modifié au 31 mars 2022 s'applique pour :

" Les travailleurs bénéficiant ou ayant bénéficié d'un suivi individuel renforcé de leur état de santé prévu à l'article L. 4624-2 ;

Les travailleurs ayant été exposés à un ou plusieurs des risques mentionnés au I de l'article R. 4624-23 antérieurement à la mise en œuvre du dispositif de suivi individuel renforcé. "

À l'article R. 4624-28-2, il était précisé que, pour l'organisation de la visite médicale de fin de contrat, l'employeur devait prévenir le service de santé au travail du départ des salariés exposés à des risques professionnels particuliers pour leur santé ou leur sécurité justifiant un suivi individuel renforcé selon l'article R. 4624-28-1.

L'employeur doit maintenant aussi prévenir le service de santé au travail lorsque cesse l'exposition à ces risques professionnels justifiant une surveillance individuelle renforcée.

Comme pour le départ à la retraite, le travailleur dont le service de santé au travail n'a pas été informé de sa cessation d'exposition à un ou plusieurs risques professionnels peut le faire lui-même dans un délai qui peut aller jusque six mois après la fin de l'exposition.

L'article R. 4624-28-3 est modifié. D'une part, concernant le document remis au travailleur après la visite médicale prévue ci-dessus. Ce document doit non seulement être remis au travailleur mais il doit, de plus, être intégré au dossier médical en santé au travail.

D'autre part, le médecin du travail ne doit plus seulement "préconiser" mais désormais "mettre en place" la " surveillance post-exposition ou post-professionnelle mentionnée à l'article L. 4624-2-1. ".

L'article R. 717-16-3 du Code rural et de la pêche maritime est modifié dans le même sens de prise en compte de la surveillance post-exposition et post-professionnelle.

Convention de rééducation professionnelle en entreprise

L'article L. 5213-3 du Code du travail a été modifié par la loi du 2 août 2021. À compter du 31 mars 2022, outre les travailleurs handicapés, comme cela existait auparavant, les travailleurs handicapés reconnus inaptes peuvent bénéficier du congé de rééducation professionnelle en entreprise mentionné à l'article L. 5213-3-1 créé par la loi du 2 août 2021.

Ainsi, les articles R. 5213-15 à R. 5213-17 du Code du travail  précisent les modalités de cette convention de rééducation professionnelle.

Article R. 5213-15 - " I. - La convention mentionnée au I de l'article L. 5213-3-1 définit le montant total de la rémunération perçue par le salarié au titre du salaire versé pour le compte de l'employeur et des indemnités journalières mentionnées à l'article R. 323-3-1 du code de la sécurité sociale. Ce montant ne peut être inférieur à la rémunération perçue avant l'arrêt de travail précédant la mise en place de la convention.

La durée maximale de la convention ne peut être supérieure à dix-huit mois. Elle est déterminée en tenant compte, le cas échéant, de la durée de l'arrêt de travail qui a précédé sa mise en place dans les conditions prévues par le I de l'article R. 323-3-1 du code de la sécurité sociale.

II. - La caisse primaire d'assurance maladie transmet pour information la convention à la direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités dans le ressort de laquelle l'entreprise est installée. "

Article R. 5213-16 - " Par dérogation aux articles R. 5213-10 et R. 5213-12, la mise en place de la convention mentionnée au I de l'article L. 5213-3-1 est dispensée d'avis préalable de la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées. "

Article R. 5213-17 - " I. - Lorsque la rééducation professionnelle est assurée au sein d'une autre entreprise selon les modalités définies à l'article L. 8241-2, l'employeur initial transmet pour information la convention de rééducation professionnelle en entreprise mentionnée à l'article R. 5213-15 à l'entreprise dans laquelle se déroule la rééducation professionnelle.

II. - L'employeur facture à l'entreprise dans laquelle le salarié effectue sa rééducation professionnelle la fraction de la rémunération, des charges sociales et des frais professionnels restant à sa charge. "

Le Code de la Sécurité sociale est aussi modifié par l'introduction d'un nouvel article R. 323-3-1 dont les dispositions sont les suivantes :

" Le montant de l'indemnité mentionnée au quatrième alinéa de l'article L. 323-3-1, servie sous forme d'indemnité journalière, correspond à une fraction du salaire perçu par l'assuré avant l'arrêt de travail précédant la mise en place de la convention mentionnée au I de l'article L. 5213-3-1 du code du travail.

Le montant de cette indemnité est égal au montant de l'indemnité journalière versée pendant l'arrêt de travail précédant la rééducation professionnelle.

Par dérogation au deuxième alinéa, lorsque la convention mentionnée au I de l'article L. 5213-3-1 du code du travail a été conclue à la suite d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle ayant entraîné le versement de l'indemnité prévue par l'article L. 433-1 du présent code pendant plus de vingt-huit jours, l'indemnité versée pendant la durée de la convention précitée est égale à la fraction du salaire journalier fixée par l'article R. 433-1 [NDR – L'article R. 433-1 prévoit que la fraction du salaire est de 60%. Ce qui signifie que l'on repasse d'une indemnité de 80% à partir du 29e jour d'un arrêt pour accident du travail ou maladie professionnelle à une indemnité de 60%. Ce qui n'est pas très favorable au salarié].

L'indemnité est versée pendant toute la durée de la convention mentionnée à l'article R. 5213-15 du code du travail, sans que la durée totale de versement des indemnités journalières perçues depuis le début de l'arrêt de travail puisse excéder, sauf lorsque l'arrêt de travail est lié à un accident du travail ou à une maladie professionnelle, le délai prévu au 2° de l'article R. 323-1 du présent code (3 ans).

L'employeur peut être subrogé à l'assuré dans les droits de celui-ci à l'indemnité journalière qui lui est due.

II. - Lorsque, à l'issue d'une rééducation professionnelle effectuée selon les modalités prévues au deuxième alinéa du II de l'article L. 5213-3-1 du code du travail, le salarié présente sa démission dans les conditions prévues au III du même article, il continue de percevoir l'indemnité mentionnée à l'article L. 323-3-1 du présent code, selon les mêmes modalités qu'au cours de la période durant laquelle il a réalisé sa convention de rééducation professionnelle en entreprise, pendant une durée de trois mois à compter du premier jour du mois suivant celui de la prise d'activité. Dans ce cas, la subrogation mentionnée au I du présent article ne peut s'appliquer. "

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045365883

 

Décret n° 2022-373 du 16 mars 2022 relatif à l'essai encadré, au rendez-vous de liaison et au projet de transition professionnelle

Ce texte entre en vigueur le 31 mars 2022 et les dispositions relatives à l'essai encadré s'appliquent aux arrêts de travail en cours à ce moment. Ce décret prévoit les textes réglementaires de dispositions susceptibles de prévenir la désinsertion professionnelle.

Rendez-vous de liaison

Le principe du rendez-vous de liaison a été créé par l'article 27 de la loi du 2 août 2021 qui a créé l'article L. 1226-1-3 du Code du travail.

Il s'agit, durant un arrêt de travail, d'une rencontre entre l'employeur et le salarié, associant le service de santé au travail.

Ce rendez-vous a pour objet d'informer le salarié, en arrêt depuis au moins une certaine durée (30 jours), qu'il peut bénéficier d'actions de prévention de la désinsertion professionnelle. Ce rendez-vous peut être organisé à la demande de l'employeur ou du salarié. Le refus du salarié de s'y rendre ne peut entraîner aucune conséquence pour lui.

Le présent décret précise, à l'article D. 1226-8-1, nouvellement créé, que la durée de l'arrêt à partir duquel il est possible d'organiser le rendez-vous de liaison est de 30 jours.

Essai encadré

L'essai encadré est possible au titre des articles L. 323-3-1 et L. 433-1 (4e alinéa) du Code de la Sécurité sociale lors des arrêts maladie d'origine professionnelle ou non professionnelle. Une notice explicative figure sur le site Ameli de l'Assurance maladie.

Le présent décret apporte des précisions sur l'essai encadré dans de nouveaux articles réglementaires.

Article D. 323-6" I. - Le bénéfice de l'essai encadré mentionné au 1° de l'article L. 323-3-1 est ouvert, à sa demande, au salarié relevant du régime général, au bénéficiaire d'un contrat mentionné aux articles L. 1251-1 (travail temporaire) et L. 6221-1 (contrat d'apprentissage) du code du travail et au stagiaire de la formation professionnelle, en arrêt de travail.

Il permet au bénéficiaire, d'évaluer, pendant l'arrêt de travail, au sein de son entreprise ou d'une autre entreprise, la compatibilité d'un poste de travail avec son état de santé. "

Article D. 323-6-1" Au cours de l'essai encadré, le versement des indemnités journalières et, le cas échéant, de l'indemnité complémentaire est maintenu dans les mêmes modalités que celles respectivement prévues aux articles L. 321-1 et L. 433-1 du présent code et à l'article L. 1226-1 du code du travail. L'entreprise dans laquelle l'assuré effectue l'essai encadré ne verse aucune rémunération à ce titre. "

Article D. 323-6-3" L'essai encadré est mis en œuvre à la demande de l'assuré, après une évaluation globale de sa situation par le service social (de la Carsat) mentionné au 4° de l'article L. 215-1, avec l'accord du médecin traitant, du médecin conseil et du médecin du travail assurant le suivi du salarié.

Il peut être proposé à l'assuré par le service social mentionné au 4° de l'article L. 215-1, le service de prévention et de santé au travail, ou les organismes (de placement spécialisés chargés de la préparation, de l'accompagnement, du suivi durable et du maintien dans l'emploi des personnes handicapées) mentionnés à l'article L. 5214-3-1 du code du travail.. "

Article D. 323-6-4" La décision de refus de la caisse primaire d'assurance maladie ou de la caisse générale de sécurité sociale de la demande de l'assuré de réaliser un essai encadré est motivée et précise les voies et délais de recours. "

Article D. 323-6-5" La durée de l'essai encadré ne peut excéder quatorze jours ouvrables, renouvelable dans la limite d'une durée totale de vingt-huit jours ouvrables. "

Article D. 323-6-6" Chaque période d'essai encadré prescrite fait l'objet d'une convention formalisant les engagements des partenaires mentionnés à l'article D. 323-6-3 et du tuteur mentionné à l'article D. 323-6-7. "

Article D. 323-6-7"  Le bénéficiaire est suivi par un tuteur au sein de l'entreprise dans laquelle il effectue l'essai encadré. À l'issue de la période, un bilan de l'essai encadré est réalisé par le tuteur en lien avec le bénéficiaire. Le bilan est communiqué au médecin du travail de l'employeur, ainsi qu'à celui de l'entreprise d'accueil le cas échéant, au service social mentionné au 4° de l'article L. 215-1 et, le cas échéant, aux organismes mentionnés à l'article L. 5214-3-1 du code du travail. "

Projet de transition professionnelle

Selon la présentation du ministère du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle, " Le projet de transition professionnelle est une modalité particulière de mobilisation du compte personnel de formationpermettant aux salariés souhaitant changer de métier ou de profession de financer des formations certifiantes en lien avec leur projet. Dans ce cadre, le salarié peut bénéficier d’un droit à congé et d’un maintien de sa rémunération pendant la durée de l’action de formation. '

Des contraintes d'ancienneté figurent à l'article D. 6323-9 aux premiers alinéas de cet article : " 1° Soit d'une ancienneté d'au moins vingt-quatre mois, consécutifs ou non, en qualité de salarié, dont douze mois dans l'entreprise, quelle qu'ait été la nature des contrats de travail successifs ;

2° Soit d'une ancienneté d'au moins vingt-quatre mois, consécutifs ou non, en qualité de salarié, quelle qu'ait été la nature des contrats successifs, au cours des cinq dernières années dont quatre mois, consécutifs ou non, en contrat de travail à durée déterminée au cours des douze derniers mois. "

Le présent décret complète ces dispositions en indiquant que " Ces conditions d'ancienneté ne s'appliquent pas pour un salarié ayant connu, quelle qu'ait été la nature de son contrat de travail et dans les vingt-quatre mois ayant précédé sa demande de projet de transition professionnelle, une absence au travail résultant d'une maladie professionnelle ou une absence au travail d'au moins six mois, consécutifs ou non, résultant d'un accident du travail, d'une maladie ou d'un accident non professionnel. "

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045365939

 

Décret n° 2022-374 du 16 mars 2022 relatif à la composition et au fonctionnement des comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles

Ce décret qui entre en vigueur le 18 mars 2022 modifie, dans le Code de la Sécurité sociale, la composition des comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP). L'objectif de ces modifications est de permettre à ces CRRMP, d'une part, de respecter les délais qui leur sont fixés pour répondre aux demandes d'avis dans le cadre des 6e et 7e alinéas de l'article L. 461-1 (article R. 461-9 du Code de la Sécurité sociale) et, d'autre part, de répondre dans des délais raisonnables aux tribunaux judiciaires qui sont tenus, en cas de contestation de l'avis d'un CRRMP de saisir un autre CRRMP (article R. 142-17-2 du Code de la Sécurité sociale).

L'article D. 461-27 du Code de la Sécurité sociale relatif à la composition du CRRMP est modifié.

Initialement, les trois membres du CRRMP étaient : " 1° Le médecin-conseil régional mentionné à l'article R. 315-3 du code de la sécurité sociale ou un médecin-conseil de l'échelon régional qu'il désigne pour le représenter ;

2° Le médecin inspecteur régional du travail mentionné à l'article L. 8123-1 du code du travail ou le médecin inspecteur qu'il désigne pour le représenter ;

3° Un professeur des universités-praticien hospitalier ou un praticien hospitalier, particulièrement qualifié en matière de pathologie professionnelle ".

Le présent décret indique qu'au 1° un médecin conseil retraité pourra remplacer le médecin conseil régional ou le médecin conseil de l'échelon régional qu'il aura désigné.

Le 2° de l'article D. 461-27 ci-dessus est remplacé par les dispositions suivantes : " Le médecin inspecteur du travail mentionné à l'article L. 8123-1 du code du travail ou, en cas d'indisponibilité, un médecin particulièrement compétent en matière de pathologies professionnelles, en activité ou retraité, inscrit sur une liste pour quatre ans renouvelables et titulaire du diplôme mentionné au premier alinéa de l'article L. 4623-1 du code du travail ou, lorsque la demande est présentée par un assuré relevant du régime des salariés ou des non-salariés des professions agricoles, titulaire d'un diplôme mentionné au 2° de l'article R. 717-50 du code rural et de la pêche maritime et qualifié en médecine du travail.

La liste mentionnée à l'alinéa précédent est établie par le directeur général de l'agence régionale de santé, sur proposition conjointe du responsable du centre mentionné à l'article R. 1339-1 du code de la santé publique ou, à défaut, du responsable du centre chargé de mutualiser l'accomplissement de certaines missions en application de l'article R. 1339-2 du même code, et du médecin inspecteur du travail mentionné à l'article L. 8123-1 du code du travail.

À défaut de proposition conjointe dans le délai de deux mois à compter de la sollicitation du directeur général de l'agence régionale de santé, la liste est établie :

a) Sur la seule proposition du médecin inspecteur du travail en cas de désaccord ou en l'absence de proposition du responsable du centre mentionné à l'article R. 1339-1 du code de la santé publique ou, à défaut, du responsable du centre chargé de mutualiser l'accomplissement de certaines missions en application de l'article R. 1339-2 du même code ;

b) Sur la proposition du responsable du centre mentionné à l'article R. 1339-1 du code de la santé publique ou, à défaut, du responsable du centre chargé de mutualiser l'accomplissement de certaines missions en application de l'article R. 1339-2 du même code en l'absence de réponse du médecin inspecteur du travail. "

Au 3°, un praticien hospitalier retraité, particulièrement compétent en pathologies professionnelles, peut participer au CRRMP.

Cet article D. 461-27 est complété par les dispositions suivantes : " Les membres du comité, lorsqu'ils sont retraités, sont nommés pour une durée de quatre ans renouvelable une fois.

Les membres du comité mentionnés au 1°, lorsqu'ils sont retraités, ainsi que les médecins du travail mentionnés au 2° et les membres mentionnés au 3° perçoivent pour cette mission une rémunération dans des conditions fixées par arrêté du ministre chargé de la sécurité sociale. "

L'article D. 461-28 prévoyant, dans son unique alinéa que le CRRMP compétent est celui du lieu où habite la victime est complété par l'alinéa suivant : " Par dérogation à l'alinéa précédent, le directeur général de la Caisse nationale de l'assurance maladie peut donner compétence à un autre comité régional que celui du lieu où demeure la victime, pour une durée maximale de six mois, renouvelable dans les mêmes conditions, pour tout ou partie des dossiers qui lui sont transmis sur cette période, afin d'améliorer le délai dans lequel l'avis mentionné à l'article L. 461-1 sera rendu. La victime est informée de cette décision dans le cadre de la notification mentionnée à l'article R. 461-10. "

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045365965

 

Décrets sur les conseils médicaux dans la fonction publique

Préambule

Trois décrets mettent en œuvre le remplacement des instances de la médecine statutaire des trois fonctions publiques - comité médical et commission de réforme - par un conseil médical unique prévu par l'article 2 de l'Ordonnance n° 2020-1447 du 25 novembre 2020 portant diverses mesures en matière de santé et de famille dans la fonction publique.

Ainsi, ce conseil médical regroupe l'ensemble des fonctions assumées auparavant par le comité médical et la commission de réforme.

Globalement, le conseil médical peut fonctionner :

ü d'une part, en formation restreinte, avec une composition médicale comprenant trois médecins ;

ü d'autre part, en formation plénière dans laquelle se rajoutent des représentants des syndicats et de l'autorité administrative.

Le conseil médical peut être saisi par l'administration ou par l'agent.

De façon générale, la quasi-totalité des missions du conseil médical communes aux trois fonctions publique, lorsqu'il fonctionne en formation restreinte, sont celles qui étaient dévolues au comité médical :

" 1° L'octroi d'une première période de congé de longue maladie ou de congé de longue durée ;

2° Le renouvellement d'un congé de longue maladie et d'un congé de longue durée après épuisement de la période rémunérée à plein traitement ;

3° La réintégration à expiration des droits à congés pour raison de santé ;

4° La réintégration à l'issue d'une période de congé de longue maladie ou congé de longue durée lorsque le bénéficiaire de ce congé exerce des fonctions qui exigent des conditions de santé particulières ou lorsqu'il a fait l'objet des dispositions prévues à l'article 34 du présent décret ;

5° La mise en disponibilité d'office pour raison de santé, son renouvellement et la réintégration à l'issue d'une période de disponibilité pour raison de santé ;

6° Le reclassement dans un emploi d'un autre corps ou cadre d'emplois à la suite d'une altération de l'état de santé du fonctionnaire ;

7° L'octroi du congé susceptible d'être accordé aux fonctionnaires réformés de guerre en application de l'article 41 de la loi du 19 mars 1928. "

En outre, le conseil médical est saisi pour avis en cas de contestation par l'agent de l'avis d'un médecin agréé.

Les missions du conseil médical font référence, pour chaque fonction publique, à des textes spécifiques. Aussi je traiterai séparément le décret pour chaque fonction publique.

Globalement, dans l'ensemble des textes de la fonction publique, chaque occurrence des mots "comité médical" ou "commission de réforme" est remplacée par "conseil médical".

À noter - Nombre de référence dans les décrets à des articles des trois lois de la fonction publique (lois n° 83-634 du 13 juillet 1983, n° 84-53 du 26 janvier 1984 et 86-33 du 9 janvier 1986) sont abrogés car, a priori, ils ont été repris dans la nouvelle partie législative du Code de la fonction publique publié dans l'Ordonnance n° 2021-1574 du 24 novembre 2021 portant partie législative du code général de la fonction publique qui est pourtant entré en application le 1er mars 2022.

 

Décret n° 2022-350 du 11 mars 2022 relatif aux conseils médicaux dans la fonction publique territoriale

Modifications du décret 87-602 du 30 juillet 1987

Les articles 1 à 42 de ce décret modifient le décret n° 87-602 du 30 juillet 1987 pris pour l'application de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale et relatif à l'organisation des comités médicaux, aux conditions d'aptitude physique et au régime des congés de maladie des fonctionnaires territoriaux.

Ce décret entre en vigueur le 1er février 2022 (alors qu'il est publié le 13 mars 2022 !).

Dans ce commentaire, sauf indication contraire, je reprends les numéros d'articles du décret n° 87-602 du 30 juillet 1987 qui auront été modifiés par le présent décret.

Toutes les occurrences dans ce décret des mots comité médical et commission de réforme sont remplacées par conseil médical.

L'article 1er du décret est modifié en indiquant que lorsque l'intervention d'un médecin agréé est requise, l'autorité territoriale peut se dispenser d'y avoir recours si le fonctionnaire produit sur la même question un certificat d'un médecin qui appartient au personnel enseignant et hospitalier d'un centre hospitalier régional faisant partie d'un centre hospitalier et universitaire ou d'un médecin exerçant dans un établissement public de santé. [NDR – Cette disposition est nouvelle pour la fonction publique territoriale mais elle existait déjà pour les fonctions publiques d'Etat et hospitalière.]

L'article 3-1 prévoit les dispositions suivantes :

" Dans chaque département, est institué auprès du préfet un conseil médical dont la composition est prévue à l'article 4.

Le conseil médical institué dans un département est compétent à l'égard du fonctionnaire qui y exerce ou y a exercé en dernier lieu ses fonctions.

Le conseil médical dispose d'un secrétariat placé sous l'autorité de son président. Sauf dispositions contraires prévues par le présent décret, le secrétariat du conseil médical est assuré par :

1° Le centre de gestion pour les collectivités et établissements affiliés à titre obligatoire ou volontaire en application du II de l'article 23 (abrogé) de la loi du 26 janvier 1984 susvisée ;

2° Le centre de gestion pour les collectivités et établissements ayant adhéré au bloc insécable en application des dispositions du IV de l'article 23 de la même loi ;

3° Dans les autres cas, la collectivité ou l'établissement public en relevant.

II. - Par dérogation au I, il est créé :

1° Auprès du préfet de la région Ile-de-France, préfet de Paris, deux conseils médicaux compétents respectivement :

a) Pour les agents affiliés à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales relevant de l'article 118 de la loi du 26 janvier 1984 susvisée ;

b) Pour les agents affiliés à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales relevant d'établissements publics ayant leur siège à Paris.

2° Auprès du préfet de police, un conseil médical pour les agents relevant de son autorité, affiliés à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales, relevant de l'article 118 de la loi du 26 janvier 1984 susvisée.

Le secrétariat des conseils est assuré selon les modalités fixées respectivement par le préfet de Paris et le préfet de police.

III. - Par dérogation au I, il est créé :

1° Un conseil médical interdépartemental compétent pour les fonctionnaires des collectivités et des établissements mentionnés à l'article 17 (abrogé) de la loi du 26 janvier 1984 susvisée ;

2° Un conseil médical interdépartemental compétent pour les fonctionnaires des collectivités et établissements mentionnés à l'article 18 (abrogé) de la même loi.

La composition de ces conseils médicaux est fixée par arrêté conjoint des préfets de département concernés.

 Les règles de saisine et de quorum applicables sont celles définies pour le conseil médical départemental. "

L'article 3-1 précise que si un fonctionnaire territorial est détaché auprès d'une collectivité ou d'un établissement régi par la loi du 26 janvier 1984 ou auprès de l'Etat ou pour l'accomplissement d'un stage ou d'une période de scolarité préalable à la titularisation dans un emploi permanent, le conseil médical compétent est celui du lieu où le fonctionnaire exerce ses fonctions. Dans les autres cas de détachement prévus par le décret n° 86-68 du 13 janvier 1986 (article 2), le conseil médical est celui du lieu où le fonctionnaire exerçait ses fonctions avant le détachement.

L'article 4 stipule la composition du conseil médical :

" I. - Le conseil médical départemental est composé :

En formation restreinte, de trois médecins titulaires et un ou plusieurs médecins suppléants, désignés par le préfet, pour une durée de trois ans renouvelable, parmi les praticiens figurant sur la liste prévue à l'article 1er du présent décret. Les fonctions des médecins membres du conseil médical prennent fin à la demande de l'intéressé ou lorsque celui-ci n'est plus inscrit sur la liste mentionnée à l'article 1er du présent décret ;

2° En formation plénière :

a) Des membres mentionnés au 1° ;

b) De deux représentants de la collectivité ou de l'établissement public désignés dans les conditions prévues à l'article 4-1 ;

c) De deux représentants du personnel, désignés dans les conditions prévues à l'article 4-2.

Chaque titulaire mentionné au b et au c dispose de deux suppléants désignés dans les mêmes conditions et selon les mêmes modalités que les membres titulaires.

Un médecin est désigné par le préfet parmi les médecins titulaires pour assurer la présidence du conseil médical.

II. - Le conseil médical interdépartemental comprend, pour chaque département relevant du centre interdépartemental de gestion, le même nombre de membres que ceux prévus au I. Chaque membre désigné au niveau du département est membre de la commission interdépartementale.

Les membres du conseil interdépartemental peuvent suppléer les membres désignés dans un autre des départements relevant du centre interdépartemental de gestion. "

Les articles 4-1 à 4.3 ont trait à la désignation des membres du conseil médical.

Article 4-1 - " I. - Les membres titulaires, représentants de la collectivité ou de l'établissement public, appelés à siéger à la formation plénière du conseil médical sont désignés dans les conditions suivantes :

a) Pour les collectivités et établissements affiliés au centre de gestion, les membres sont désignés parmi l'ensemble des élus relevant des collectivités affiliées au centre de gestion par un vote des représentants de ces collectivités au conseil d'administration du centre de gestion ;

b) Pour les collectivités ou les établissements non affiliés au centre de gestion, les membres sont désignés par l'autorité territoriale dont relève le fonctionnaire parmi les membres de l'organe délibérant.

Le mandat des représentants de la collectivité ou de l'établissement public prend fin au terme de leur mandat électif, quelle qu'en soit la cause.

II. - Pour les conseils médicaux créés en application du II de l'article 3, les membres titulaires, représentants de la collectivité ou de l'établissement, sont désignés respectivement par le maire de Paris, le président du conseil d'administration concerné et le préfet de police, selon qu'il s'agit de l'un des conseils médicaux mentionné au a du 1°, au b du 1° ou au 2° du même article. "

Article 4-2 - " Chacune des deux organisations syndicales disposant du plus grand nombre de sièges au sein de la commission administrative paritaire compétente à l'égard de l'agent dont le cas est examiné désigne, parmi les électeurs à cette commission administrative paritaire, un représentant titulaire pour siéger à la formation plénière du conseil médical.

En cas d'égalité de sièges entre organisations syndicales pour une commission administrative paritaire compétente, le partage est effectué en fonction du nombre de voix obtenu lors des élections professionnelles. "

Article 4-3 - " Par dérogation aux règles énoncées à l'article 4-1, les représentants du service départemental d'incendie et de secours sont désignés par les élus locaux de l'organe délibérant du service départemental en son sein.

Les représentants du personnel des sapeurs-pompiers professionnels sont désignés dans les conditions fixées à l'article 4-2 parmi les membres de la commission administrative paritaire instituée auprès du service départemental d'incendie et de secours, compétente à l'égard de l'agent dont le cas est examiné. "

Concernant les missions du conseil médical en formation restreinte, l'article 5 du décret 87-602 rajoute aux 7 missions communes aux trois fonctions publiques, décrites dans le préambule, une 8° qui indique que le conseil médical intervient dans tous les autres cas prévus par des textes réglementaires.

En outre, le conseil médical en formation restreinte est saisi pour avis en cas de contestation d'un avis médical d'un médecin agréé dans le cadre des procédures suivantes :

" 1° L'admission des candidats aux emplois publics dont les fonctions exigent des conditions de santé particulières ;

2° L'octroi, le renouvellement d'un congé pour raison de santé, la réintégration à l'issue de ces congés et le bénéfice d'un temps partiel pour raison thérapeutique ;

3° L'examen médical prévus aux articles 15 (attribution d'un congé maladie), 34 (congés de longue maladie et de longue durée) et 37-10 (congé d'invalidité temporaire imputable au service, CITIS) du présent décret. "

La formation plénière voit ses attributions décrites aux articles 5-1 et 5.2 du décret 87-602 qui sont nouvellement créés et comportent des indications intéressantes sur la saisine du conseil médical.

Article 5-1 - Le conseil médical réuni en formation plénière est consulté pour avis en application :

1° De l'article L. 417-8 du code des communes (abrogé), du III de l'article 119 de la loi du 26 janvier 1984 (abrogé) susvisée et des articles 3 (allocation temporaire d'invalidité) et 6 (réalité des infirmités, imputabilité au service, reconnaissance du caractère professionnel des maladies, leurs conséquences ainsi que le taux d'invalidité qu'elles entraînent) du décret n° 2005-442 du 2 mai 2005 relatif à l'attribution de l'allocation temporaire d'invalidité aux fonctionnaires relevant de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalière ;

2° Des deuxième et troisième alinéas du 2° de l'article 57 de la loi du 26 janvier 1984 susvisée (les congés maladie, de longue maladie et de longue durée) ;

3° De l'article 6 (agent stagiaire) du décret n° 77-812 du 13 juillet 1977 relatif au régime de sécurité sociale des agents stagiaires des départements, des communes et de leurs établissements publics n'ayant pas le caractère industriel ou commercial ;

4° Du quatrième alinéa de l'article 32 (aptitude ou inaptitude de l'agent après ses congés pour raison de santé) et des articles 37 (impossibilité pour un fonctionnaire de reprendre ses activités à l'issue de ses congés pour raison de santé), 37-6 (détachement du service pour un accident de service ou de trajet), 37-8 (taux d'incapacité permanente provisoire nécessaire pour l'examen d'une pathologie hors tableau) du présent décret ;

5° De l'article 1er du décret du 7 juillet 1992 susvisé (prestations pour les sapeurs-pompiers) ;

6° Des articles 31 (appréciation de l'imputabilité au service et des conséquences en termes d'invalidité et d'incapacité permanente) et 36 (mise à la retraite après atteinte imputable au service) du décret n° 2003-1306 du 26 décembre 2003 relatif au régime de retraite des fonctionnaires affiliés à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales. "

Article 5-2 - " Les conseils médicaux départementaux sont saisis pour avis par l'autorité territoriale, à son initiative ou à la demande du fonctionnaire.

Lorsque le fonctionnaire sollicite une saisine du conseil médical, l'autorité territoriale dispose d'un délai de trois semaines pour la transmettre au secrétariat de cette instance qui doit en accuser réception au fonctionnaire concerné et à l'autorité territoriale. À l'expiration d'un délai de trois semaines, le fonctionnaire peut faire parvenir directement au secrétariat du conseil un double de sa demande par lettre recommandée avec avis de réception. Cette transmission vaut saisine du conseil médical. "

L'article 6 du décret 87-602 prévoit que le président du conseil médical départemental, assisté du secrétariat, instruit les dossiers soumis au conseil médical. Il peut confier l'instruction des dossiers aux autres médecins du conseil médical.

L'article 6.1, nouvellement créé, précise que le médecin du conseil médical chargé de l'instruction peut recourir à l'expertise d'un médecin agréé. S'il n'y a pas, dans le département, de médecin agréé dont le concours est nécessaire, il peut faire appel à un médecin agréé inscrit sur la liste d'un autre département.

L'avis des médecins agréés saisis pour avis est écrit. Le médecin agréé peut assister au conseil médical avec voix consultative.

Un nouvel article 6.2 est ainsi rédigé : " Lorsqu'il siège en formation plénière, le conseil médical dispose de tout témoignage, rapport et constatation propre à éclairer son avis. Il peut faire procéder par l'autorité territoriale à toute mesure d'instruction, enquête et expertise qu'il estime nécessaire. "

L'article 7 du décret 87-602 est maintenant ainsi rédigé :

" I. - Lorsque sa situation fait l'objet d'un examen par un conseil médical réuni en formation restreinte, le secrétariat du conseil médical informe le fonctionnaire de la date à laquelle le conseil médical examinera son dossier, de son droit à consulter son dossier et des voies de contestation possibles devant le conseil médical supérieur.

II. - Lorsque sa situation fait l'objet d'un examen par un conseil médical réuni en formation plénière, le secrétariat du conseil médical informe le fonctionnaire de la date à laquelle le conseil médical examinera son dossier, de son droit à consulter son dossier et de son droit d'être entendu par le conseil médical.

La formation plénière examine le dossier dans le délai d'un mois à compter de la réception de la demande d'inscription à l'ordre du jour par son secrétariat. Ce délai est porté à deux mois lorsqu'il est fait application de la procédure prévue à l'article 6-2 (voir ci-dessus).

III. - Le fonctionnaire peut présenter des observations écrites et fournir des certificats médicaux. Il peut, en outre, être accompagné ou représenté par une personne de son choix.

Dix jours au moins avant la réunion du conseil médical, le fonctionnaire est invité à prendre connaissance, personnellement ou par l'intermédiaire de son représentant, de son dossier, dont la partie médicale peut lui être communiquée, sur sa demande ou par l'intermédiaire d'un médecin.

Le fonctionnaire intéressé et l'autorité territoriale peuvent faire entendre le médecin de leur choix par le conseil médical.

S'il le juge utile, le conseil médical entend le fonctionnaire intéressé.

IV. - La formation restreinte du conseil médical ne peut valablement siéger que si au moins deux de ses membres sont présents.

La formation plénière du conseil médical ne peut valablement siéger que si au moins quatre de ses membres, dont deux médecins ainsi qu'un représentant du personnel sont présents.

Lorsque le quorum n'est pas atteint, une nouvelle convocation est envoyée dans un délai de huit jours aux membres de la formation qui siège alors valablement quel que soit le nombre de membres présents.

En cas d'absence du président en séance, la présidence est assurée par le médecin qu'il a désigné ou, à défaut, par le plus âgé des médecins présents.

Chaque membre du conseil médical peut donner pouvoir à un autre membre. Les avis sont émis à la majorité des membres présents et représentés. En cas d'égalité des votes, le président a voix prépondérante.

Le président du conseil médical peut organiser les débats au moyen d'une visio-conférence dans des conditions qui garantissent le respect du secret médical.

V. - L'avis du conseil médical en formation plénière est motivé.

L'avis du conseil médical est notifié, dans le respect du secret médical, à l'autorité territoriale et à l'agent par le secrétariat du conseil médical par tout moyen permettant de conférer date certaine à cette notification.

L'autorité territoriale ou, le cas échéant, la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales informe le conseil médical des décisions qui sont rendues sur son avis. "

L'article 8 du décret du 30 juillet 1987 indique que le conseil médical supérieur peut être saisi par le fonctionnaire ou l'autorité compétente.

Selon l'article 10 du décret 87-602, lorsque des conditions particulières de santé doivent être contrôlées, au titre des articles 5 et 5 bis de la loi du 13 juillet 1984 (abrogés), ce contrôle est effectué par des médecins agréés.

Si les conclusions du ou des médecins sont contestées, soit par le fonctionnaire, soit par l'administration, l'article 11 prévoit que le conseil médical compétent est saisi dans un délai de deux mois.

À l'article 15 du décret 87-602, relatif au congé maladie ordinaire, il est précisé, à l'avant-dernier alinéa, que l'autorité administrative peut faire procéder à tout moment à une visite de contrôle. Elle y procède au moins une fois au-delà d'un congé de six mois consécutifs. L'agent doit être prévenu de cette visite de contrôle par lettre recommandée avec avis de réception. Le fonctionnaire doit s'y soumettre sous peine d'une interruption du versement de sa rémunération.

L'article 24 du décret 87-602 est remplacé par les dispositions suivantes : " Lorsque l'autorité territoriale estime, au vu d'une attestation médicale ou sur le rapport des supérieurs d'un fonctionnaire, que celui-ci se trouve dans la situation prévue au 3° ou au 4° de l'article 57 (les congés de longue maladie ou de longue durée) de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 susvisée, il saisit le conseil médical pour avis et en informe le médecin du travail du service de médecine préventive attaché à la collectivité ou l'établissement dont relève le fonctionnaire concerné qui transmet un rapport au conseil médical. "

[NDR – La problématique à laquelle répond cet article a fait l'objet d'une question sénatoriale commentée dans la lettre d'information du 17 octobre 2021, voir sur le blog.]

L'article 26 du décret du 30 juillet 1987 qui prévoit, au premier alinéa, le renouvellement des congés de longue maladie et de longue durée est modifié en remplaçant les autres alinéas par les dispositions suivantes : " Pour obtenir le renouvellement de son congé, le fonctionnaire adresse à l'autorité territoriale un certificat médical indiquant que le congé initialement accordé doit être prolongé ainsi que la durée de cette prolongation conformément aux limites de durée précitées (3 ou 6 mois).

Lorsque le congé est accordé dans les conditions définies à l'article 24, l'autorité territoriale fait procéder à l'examen médical de l'intéressé par un médecin agréé à l'issue de chaque période de congé et à l'occasion de chaque demande de renouvellement.

Lorsque l'intéressé a épuisé ses droits à rémunération à plein traitement, l'autorité territoriale saisit pour avis le conseil médical de la demande de renouvellement du congé. L'autorité territoriale fait procéder à l'examen médical du fonctionnaire par un médecin agréé au moins une fois par an. Le fonctionnaire est informé de cet examen médical de façon certaine par courrier recommandé avec accusé de réception. Le fonctionnaire se soumet à cet examen sous peine d'interruption du versement de sa rémunération jusqu'à ce que cet examen soit effectué. "

L'article 28 du décret 87-602, consacré aux congés de longue maladie ou de longue durée, est ainsi modifié : " Le bénéficiaire d'un congé de longue maladie ou de longue durée doit cesser toute activité rémunérée à l'exception des activités ordonnées et contrôlées médicalement par le médecin du travail au titre de la réadaptation et des activités mentionnées au premier alinéa du V de l'article 25 septies (abrogé) de la loi du 13 juillet 1983 susvisée.

En cas de non-respect de cette obligation, l'autorité territoriale procède à l'interruption du versement de la rémunération et prend les mesures nécessaires pour faire reverser les sommes perçues depuis cette date au titre du traitement et des accessoires.

La rémunération est rétablie à compter du jour où l'intéressé a cessé toute activité rémunérée non autorisée.

Le temps pendant lequel le versement de la rémunération a été interrompu compte dans la période de congé en cours. "

L’article 29 du décret 87-602 spécifie que le fonctionnaire en congé de longue maladie ou de longue durée doit informer l'autorité territoriale de toute absence de son domicile supérieure à deux semaines, hors hospitalisation. Il doit informer des dates et lieux de séjour. À défaut, le versement de la rémunération peut être interrompu. Et le temps pendant lequel la rémunération est interrompue compte dans la période de congé alloué.

L'article 31 du décret indique que le fonctionnaire doit adresser un certificat médical d'aptitude à l'issue ou au cours, s'il y est mis fin avant son terme, d'un congé de longue maladie ou de longue durée, hors les situations où l'avis du conseil médical est exigé au titre des 3° et 4° de l'article 5 du décret 87-602 (ces dispositions communes aux trois fonctions publiques, mentionnés dans le préambule, sont la réintégration à expiration des droits à congés pour raison de santé et à l'issue d'un congé de longue maladie ou de longue durée lorsque le bénéficiaire de ce congé exerce des fonctions qui exigent des conditions de santé particulières ou lorsqu'il a fait l'objet des dispositions de l'article 24 du décret n° 87-602).

L'article 32 stipule maintenant que, lors de l'issue d'un congé de longue maladie ou de longue durée, si le conseil médical reconnaît l'aptitude du fonctionnaire à exercer  ses fonctions, celui-ci les reprend.

Le 1er alinéa de l'article 37 du décret 87-602 devient : " Le fonctionnaire ne pouvant, à l'expiration de la dernière période de congé de longue maladie ou de longue durée, reprendre son service, est reclassé dans un autre emploi en application du décret du 30 septembre 1985 susvisé ou admis à bénéficier d'un dispositif de période préparatoire au reclassement.

À défaut, il est soit mis en disponibilité, soit admis à la retraite après avis du conseil médical compétent. "

Le 2e alinéa devient : " Pendant toute la durée de la procédure requérant l'avis du conseil médical, le paiement du demi-traitement est maintenu jusqu'à la date de la décision de reprise de service ou de réintégration, de reclassement, de mise en disponibilité ou d'admission à la retraite. "

Autres dispositions

Les articles 44 à 51, traitent des occurrences des mots comité médical et commission de réforme qui sont remplacés dans tout un ensemble de textes par les mots conseil médical.

L'article 52 prévoit la transition des anciennes instances vers la nouvelle :

" I. - Les médecins agréés membres de comités médicaux et de commissions de réforme à la date d'entrée en vigueur du présent décret siègent en tant que médecins membres des conseils médicaux pour la durée restante de leur mandat et, au plus tard, jusqu'au 30 juin 2022. La présidence de ces conseils est assurée jusqu'au 30 juin 2022 par le médecin président du comité médical ou, à défaut, par le plus âgé des médecins présents.

II. - Les représentants du personnel aux commissions de réforme départementales constituées en application de l'article 31 du décret du 26 décembre 2003 susvisé, dans sa rédaction antérieure au présent décret, conservent leurs attributions jusqu'à la première application des dispositions de l'article 4-2 du décret du 30 juillet 1987 susvisé, dans sa rédaction issue du présent décret, et, au plus tard, jusqu'au 1er juillet 2023.

III. - Les avis demandés aux comités médicaux et commissions de réforme avant la date d'entrée en vigueur du présent décret qui n'ont pas été rendus avant cette date sont valablement rendus par les conseils médicaux."

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045340766

 

Décret n° 2022-351 du 11 mars 2022 relatif aux conseils médicaux dans la fonction publique hospitalière

Modifications du décret n° 88-386

Les articles 1 à 40 modifient les dispositions du décret n° 88-386 du 19 avril 1988. Ce décret n° 2022-351 entre en vigueur le 1er février 2022 (alors qu'il est publié le 13 mars 2022 !).

Sauf indication contraire, les numéros des articles que j'indique sont ceux du décret du 19 avril 1988 modifiés par le présent décret.

Il est institué un conseil médical départemental auprès du préfet. Ce conseil départemental est compétent pour les fonctionnaires exerçant leurs fonctions dans son ressort, qu'ils soient en activité, mis à disposition ou en détachement (article 5).

Concernant le conseil médical départemental siégeant en formation plénière, il comprend deux représentants de l'administration (tirés au sort dans une liste proposée par les établissements publics de santé, sociaux et médico-sociaux) et deux représentants titulaires (plus quatre suppléants) des deux organisations syndicales ayant le plus de membres élus à la commission paritaire. En outre, des représentants des corps de la direction et de l'encadrement des établissements de santé, sociaux et médicaux-sociaux sont élus pour participer à ce conseil médical (article 5.1).

L'article 6 prévoit que le ministre de la santé peut instituer, par arrêté, un conseil médical propre à un établissement public ou un groupe d'établissements publics (c'est le cas dans un arrêté ci-dessous pour l'Assistance publique des Hôpitaux de Paris). Il prévoit aussi un conseil médical fonctionnant en formation plénière pour les directeurs des établissements et les personnels de direction des établissements de soins, sociaux et médico-sociaux.

L'article 7 reprend les missions de la formation restreinte évoquées dans le préambule. Le conseil médical en formation restreinte est aussi saisi pour la contestation de l'avis d'un médecin agréé relatif :

ü à une procédure d'admission à un emploi public exigeant des conditions de santé particulières ;

ü à l'octroi ou au renouvellement d'un congé pour raison de santé, à la réintégration au terme de ce congé et au bénéfice d'un temps partiel pour raison thérapeutique ;

ü d'un examen médical prévu aux articles 15 (octroi d'un congé maladie), 33 (congé de longue maladie ou de longue durée) et 35-10 (congé d'invalidité imputable temporaire imputable au service, le CITIS) ;

ü de l'application du 4° de l'article L. 24 (pension de retraite et après invalidité) et des articles L. 30 bis (recours à une tierce personne en cas d'invalidité) et L. 40 (droits pour les orphelins) du Code des pensions civiles et militaires de retraite).

L'article 7.1 reprend les missions des conseils médicaux en formation plénière qui sont saisis en application des dispositions :

ü des articles 35-6 (fait permettant de détacher du service un accident de service ou de trajet) et 35-8 (attribution du taux d'incapacité permanente prévisible permettant de statuer sur une pathologie ne figurant pas dans un tableau) du décret de 1988 ;

ü des articles 31 (apprécier la réalité des infirmités invoquées, la preuve de leur imputabilité au service, leurs conséquences et le taux d'invalidité qu'elles entraînent et l'incapacité permanente à l'exercice des fonction) et 36 (mise à la retraite pour infirmités causées ou aggravées par le service) du décret n° 2003-1306 du 26 décembre 2003 relatif au régime de retraite des fonctionnaires hospitaliers affiliés à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales ;

ü des articles 3 (demande d'allocation temporaire d'invalidité, ATI) et 6 (la réalité des infirmités invoquées par le fonctionnaire et leur imputabilité au service, la reconnaissance du caractère professionnel des maladies, leurs conséquences ainsi que le taux d'invalidité qu'elles entraînent) du décret n° 2005-442 du 2 mai 2005 relatif à l'attribution de l'allocation temporaire d'invalidité aux fonctionnaires relevant de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalière ;

ü du Code des pensions civiles et militaires de retraite, à l'exception de celles mentionnées au 4° du II de l'article 7 du décret n° 87-602 ;

ü relatives à l'octroi du congé de maladie susceptible d'être accordé en application des dispositions du deuxième alinéa du 2° de l'article 41 (le congé d'invalidité temporaire imputable au service) de la loi 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière  ;

ü relatives au calcul de la rente prévue par l'article 6 (agent stagiaire licencié pour atteinte liée au service) du décret n° 77-812 du 13 juillet 1977 relatif au régime de sécurité sociale des agents stagiaires des départements, des communes et de leurs établissements publics n'ayant pas le caractère industriel ou commercial.

En cas de différend sur une décision du conseil médical, le conseil médical supérieur peut être saisi par l'agent ou l'autorité administrative compétente (article 8).

L'article 10 prévoit que les conditions de santé particulières requises en application des articles 5 et 5 bis de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 (articles abrogés) portant droits et obligations des fonctionnaires sont appréciées par des médecins agréés dans les conditions fixées par le statut particulier.

L'article 16 du décret 2022-351 modifie l'avant-dernier alinéa de l'article 15 du décret n°88-386 du 19 avril 1988 relatif à l'octroi ou au renouvellement d'un congé est modifié. Il est remplacé par le texte suivant : " L'autorité investie du pouvoir de nomination peut faire procéder à tout moment à l'examen du demandeur par un médecin agréé. Elle fait en outre procéder à cet examen au moins une fois après une période de congé de maladie de six mois consécutifs. Le fonctionnaire se soumet à cet examen sous peine d'interruption du versement de sa rémunération. "

Le fonctionnaire ou l'autorité compétente peuvent saisir le conseil médical en cas de contestation.

L'article 25 du décret 88-386 consacré aux congés de longue maladie et de longue durée devient : " Un congé de longue maladie ou un congé de longue durée peut être accordé ou renouvelé pour une période de trois à six mois.

Pour obtenir le renouvellement d'un congé de longue maladie ou d'un congé de longue durée au terme d'une période en cours, le fonctionnaire adresse à l'autorité investie du pouvoir de nomination un certificat médical de son médecin spécifiant que le congé initialement accordé doit être prolongé et précisant la durée de cette prolongation dans le respect des périodicités prévues au premier alinéa du présent article.

Lorsque le congé de longue maladie ou le congé de longue durée a été octroyé dans le cadre de l'article 34, l'autorité investie du pouvoir de nomination fait procéder, au terme de chaque période, à l'examen médical de l'intéressé. Le renouvellement est accordé au vu de l'avis du médecin agréé.

En dehors des situations prévues au 2° du I de l'article 7 (l'octroi des congés de longue maladie et de longue durée), le renouvellement est accordé sans saisine du conseil médical. L'autorité investie du pouvoir de nomination fait procéder à examen du fonctionnaire par un médecin agréé au moins une fois par an. Le fonctionnaire doit se soumettre, sous peine d'interruption du versement de sa rémunération, à cet examen. "

L'article 27 du décret n° 88-386 stipule que le fonctionnaire en congé maladie ne peut avoir d'activité rémunérée " à l'exception des activités ordonnées et contrôlées médicalement au titre de la réadaptation et des activités mentionnées au premier alinéa du V de l'article 25 septies de la loi 83-634 du 13 juillet 1983 (abrogé) ".

Ainsi, " En cas de non-respect de cette obligation, l'autorité investie du pouvoir de nomination procède à l'interruption du versement de la rémunération et prend les mesures nécessaires pour faire reverser les sommes indûment perçues par l'intéressé au titre du traitement et des accessoires ".

Le fonctionnaire en congé pour raison de santé doit informer l'autorité dont il dépend de tout changement de domicile et, sauf hospitalisation, de toute absence de son domicile de plus de deux semaines. Il doit informer l'autorité de ses dates et lieux de séjour.

A défaut, il risque l'interruption du versement de sa rémunération. Et, de plus, la durée de l'interruption du versement de sa rémunération compte dans la période de congé dont il dispose (article 28).

L'article 30 du décret 88-386 stipule que le fonctionnaire qui a bénéficié d'un congé de longue maladie ou de longue durée doit présenter un certificat médical d'aptitude à la reprise de ses fonctions. Néanmoins, en cas de renouvellement des congés de longue maladie ou de longue durée ou à leur issue et la réintégration après douze mois consécutifs de congé maladie ordinaire, un avis favorable à la reprise du conseil médical est nécessaire.

L'article 31 du décret 88-386 est remplacé par les dispositions suivantes : " Dans les situations où le conseil médical est saisi sur l'aptitude à la reprise de l'agent, si le fonctionnaire est reconnu apte à exercer ses fonctions, il reprend son activité. Si le fonctionnaire est reconnu inapte à exercer ses fonctions, le congé continue à courir ou est renouvelé pour une nouvelle période sous réserve des droits restants.

À l'expiration de la dernière période de congé rémunéré, il appartient au conseil médical de se prononcer sur l'aptitude du fonctionnaire à reprendre ses fonctions. S'il est présumé définitivement inapte, le conseil médical se prononce également sur l'application de l'article 35 du présent décret. " [NDR – L'article 35 prévoit que si, à l'issue de ses congés pour raison de santé, le fonctionnaire ne peut reprendre son service, les possibilités sont un reclassement, une mise en disponibilité ou une mise à la retraite après avis du conseil médical en formation plénière.]

À l'article 35-10 du décret 88-386, le contrôle du congé d'invalidité temporaire imputable au service (CITIS) peut être demandé à tout moment par l'autorité compétente par un examen (auparavant, il était indiqué une " contre-visite ") par un médecin agréé. Cet examen doit avoir lieu au moins une fois par an au-delà de six mois de prolongation du congé accordé.

L'article 36 du décret du 19 avril 1988 est remplacé par les dispositions suivantes : " La mise en disponibilité prévue aux articles 17 et 35 est prononcée après avis du conseil médical sur l'inaptitude du fonctionnaire à reprendre ses fonctions.

Elle est accordée ou renouvelée par période de six à douze mois dans la limite de trois ans consécutifs.

Toutefois, si à l'expiration de la troisième année de disponibilité le fonctionnaire est inapte à reprendre son service, mais s'il résulte d'un avis du conseil médical qu'il doit normalement pouvoir reprendre ses fonctions avant l'expiration d'une nouvelle année, la disponibilité peut faire l'objet d'un dernier renouvellement.

Si, à l'expiration de la dernière période de disponibilité, le fonctionnaire n'a pu bénéficier d'un reclassement, il est, soit réintégré dans son établissement s'il est physiquement apte à reprendre ses fonctions, soit, en cas d'inaptitude définitive à l'exercice de tout emploi, admis à la retraite ou, s'il n'a pas droit à pension, licencié "

Autres dispositions

L'article 41 du présent décret modifie l'article 6 du décret n°60-58 du 11 janvier 1960 relatif au régime de sécurité sociale des agents permanents des départements, des communes et de leurs établissements publics n'ayant pas le caractère industriel ou commercial.

L'élément important est que ce n'est plus la commission de réforme qui se prononce sur l'attribution d'une allocation d'invalidité temporaire mais la caisse primaire d'assurance maladie. Cependant, si c'est la caisse primaire d'assurance maladie qui se prononce sur l'allocation d'invalidité temporaire, celle-ci est liquidée et payée par la collectivité ou l'établissement auquel appartient l'agent, selon la décision de la caisse primaire d'assurance maladie.

L'article 42 du présent décret modifie le décret n° 91-155 du 6 février 1991 relatif aux dispositions générales applicables aux agents contractuels des établissements mentionnés à l'article 2 de la loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 modifiée portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière.

Les deux premiers alinéas du 5° de l'article 3 relatifs à l'aptitude à l'emploi d'agent deviennent : " S'il ne remplit pas les conditions de santé particulières requises pour l'admission à certaines fonctions compte tenu des possibilités de compensation du handicap.

Les mêmes contrôles des conditions de santé particulières que ceux exigés pour être nommé à un emploi de fonctionnaire titulaire par la réglementation en vigueur doivent être effectués au moment de l'engagement. "

Enfin, l'article 43 traite du processus de modification des instances :

" I. - Les médecins agréés membres de comités médicaux et de commissions de réforme à la date d'entrée en vigueur du présent décret siègent en tant que médecins membres des conseils médicaux pour la durée restante de leur mandat et, au plus tard, jusqu'au 30 juin 2022. La présidence de ces conseils est assurée jusqu'au 30 juin 2022 par le président du comité médical ou, à défaut, par le plus âgé des médecins présents.

II. - Les représentants du personnel aux commissions de réforme départementales constituées en application de l'article 31 du décret du 26 décembre 2003 susvisé, dans sa rédaction antérieure au décret n° 2022-350 du 11 mars 2022 relatif aux conseils médicaux dans la fonction publique territoriale, conservent leurs attributions jusqu'à la première application des dispositions de l'article 5-1 du décret du décret du 19 avril 1988 susvisé, dans sa rédaction issue du présent décret, et, au plus tard, jusqu'au 1er juillet 2023.

III. - Les avis demandés aux comités médicaux et commissions de réforme avant la date d'entrée en vigueur du présent décret et qui n'ont pas été rendus avant cette date sont valablement rendus par les conseils médicaux.

IV. - Les délais prévus aux articles 17 et 21 du décret du 14 mars 1986 susvisé dans leur rédaction issue du décret n° 2022-353 du 11 mars 2022 relatif aux conseils médicaux dans la fonction publique de l'Etat s'appliquent aux seules saisines des conseils médicaux et du conseil médical supérieur intervenues à compter de l'entrée en vigueur du présent décret.

V. - Les articles 12 et 13 du décret 19 avril 1988 susvisé demeurent applicables jusqu'à l'entrée en vigueur des dispositions fixées par les statuts particuliers en application du 5° de l'article 5 et du 4° de l'article 5 bis de la loi du 13 juillet 1983 susvisée. "

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045340977

 

Décret n° 2022-353 du 11 mars 2022 relatif aux conseils médicaux dans la fonction publique de l'Etat

Ce texte modifie, dans ses articles 2 à 40, les dispositions du décret n° 86-442 du 14 mars 1986 relatif à la désignation des médecins agréés, à l'organisation des comités médicaux et des commissions de réforme, aux conditions d'aptitude physique pour l'admission aux emplois publics et au régime de congés de maladie des fonctionnaires.

Le décret entre en vigueur le 14 mars 2022.

Sauf indication contraire, les numéros d'articles indiqués dans ce texte sont ceux du décret n° 86-442 du 14 mars 1986 modifiés ou créés par le présent décret.

Dispositions relatives au décret n° 86-442

Le présent décret est pris pour l'application des articles 5, 5 bis et 21 ter (textes abrogés) de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1984 portant droits et obligations des fonctionnaires.

L'article 1 modifié par le présent décret concerne les médecins agréés pour lesquels il est indiqué que " Une liste de médecins agréés est établie dans chaque département par le préfet sur proposition du directeur général de l'agence régionale de santé, après avis du conseil départemental de l'ordre des médecins, du médecin président du conseil médical départemental et du ou des syndicats départementaux des médecins.

Les médecins agréés sont choisis, sur leur demande ou avec leur accord, parmi les praticiens exerçant dans le département pour lequel la liste est établie.

Cet agrément est donné pour une durée de trois ans. Il est renouvelable.

Lorsque l'intervention d'un médecin agréé est requise en vertu des dispositions du présent décret, l'administration peut se dispenser d'y avoir recours si le fonctionnaire intéressé produit sur la même question un certificat médical émanant d'un médecin qui appartient au personnel enseignant et hospitalier d'un centre hospitalier régional faisant partie d'un centre hospitalier et universitaire ou d'un médecin ayant dans un établissement hospitalier public la qualité de praticien hospitalier. "

Il est instauré des conseils médicaux à différents niveaux de l'administration : au niveau ministériel, au niveau départemental, éventuellement interdépartemental si les préfets s'accordent pour cela et, éventuellement, au sein d'un établissement public si son effectif le justifie (articles 5 à 5.2 du décret de 1986).

Les articles 6 et 6.1 du décret 86-442 prévoient dorénavant la composition des différents conseil médicaux

" Le conseil médical ministériel est composé :

1° En formation restreinte :

De trois médecins titulaires désignés par le ministre intéressé pour une durée de trois ans sur les listes de médecins agréés prévues à l'article 1er. Pour chaque titulaire, un ou plusieurs médecins suppléants sont désignés selon les mêmes modalités. Leurs fonctions sont renouvelables. Le ministre peut mettre fin aux fonctions du praticien qui s'abstiendrait de façon répétée et sans raison valable de participer aux travaux du conseil, ou qui, pour tout autre motif grave ne pourrait conserver la qualité de membre du conseil.

2° En formation plénière :

a) Des membres mentionnés au 1° ;

b) De deux représentants de l'administration désignés par le chef de service dont dépend le fonctionnaire concerné ;

c) Deux représentants du personnel inscrits sur une liste établie par les représentants du personnel élus au comité social dont relève le fonctionnaire concerné. Afin de constituer cette liste, les représentants du personnel élus en qualité de titulaire au comité social élisent, au scrutin nominal à un tour, pour la durée du mandat de ce comité, quinze agents parmi les fonctionnaires appartenant au corps électoral de ce même comité. Le nombre de voix obtenu par chacun des candidats élus détermine l'ordre selon lequel il est fait appel à eux pour siéger en séance.

Un médecin est désigné par le ministre parmi les médecins titulaires pour assurer la présidence du conseil médical.

Le conseil médical dispose d'un secrétariat placé sous l'autorité de son président. " (Article 6)

" Le conseil médical départemental est composé :

1° En formation restreinte :

De trois médecins titulaires désignés par le préfet, pour une durée de trois ans, sur les listes de médecins agréés prévues à l'article 1er. Pour chaque titulaire, un ou plusieurs médecins suppléants sont désignés selon les mêmes modalités. Leurs fonctions sont renouvelables. Le préfet peut mettre fin aux fonctions du praticien qui s'abstiendrait de façon répétée et sans raison valable de participer aux travaux du conseil, ou qui, pour tout autre motif grave ne pourrait conserver la qualité de membre du conseil.

2° En formation plénière :

a) Des membres mentionnés au 1° ;

b) De deux représentants de l'administration désignés par le chef de service dont dépend le fonctionnaire concerné ;

c) De deux représentants du personnel inscrits sur une liste établie par les représentants du personnel élus au comité social dont relève le fonctionnaire concerné. Afin de constituer cette liste, les représentants du personnel élus en qualité de titulaire au comité social élisent, au scrutin nominal à un tour, pour la durée du mandat de ce comité, quinze agents parmi les fonctionnaires appartenant au corps électoral de ce même comité. Le nombre de voix obtenu par chacun des candidats élus détermine l'ordre selon lequel il est fait appel à eux pour siéger en séance.

Un médecin est désigné par le préfet parmi les médecins titulaires pour assurer la présidence de l'instance.

Le conseil médical dispose d'un secrétariat placé sous l'autorité de son président. " (Article 6-1)

L'article 7 reprend, au I, les 7 motifs pour lesquels les conseils médicaux en formation restreinte sont consultés qui sont mentionnés dans le préambule.

Le II de cet article 7 indique, en outre, que le conseil médical en formation restreinte est saisi pour avis en cas de contestation au titre :

" 1° D'une procédure d'admission aux emplois publics dont les fonctions exigent des conditions de santé particulières, conformément à l'article 20 du présent décret [n° 86-442 du 14 mars 1986] ;

2° De l'octroi et du renouvellement d'un congé pour raisons de santé, de la réintégration à l'issue de ces congés et du bénéfice d'un temps partiel pour raison thérapeutique ;

3° D'un examen médical prévus aux articles 25 (attribution et renouvellement d'un congé maladie), 44 (congé de longue maladie ou de longue durée) et 47-10 (examen à la demande de l'administration d'un fonctionnaire en congé d'invalidité temporaire imputable au service, CITIS) du présent décret [n° 86-442 du 14 mars 1986)] ;

4° De l'application des dispositions du 4° du I de l'article L. 24 (pension de retraite et après invalidité) et des articles L. 30 bis (recours à une tierce personne en cas d'invalidité) et L. 40 (droits pour les orphelins) du Code des pensions civiles et militaires de retraite. "

L'article 7-1 reprend les missions des conseils médicaux en formation plénière :

" Les conseils médicaux en formation plénière sont saisis en application :

1° Des articles 47-6 (fait ou faute susceptible de détacher du service un accident de service ou de trajet) et 47-8 (taux d'incapacité prévisible permettant l'examen d'une pathologie hors tableau en maladie imputable au service) du présent décret ;

2° Des dispositions de l'article 65 (abrogé) de la loi du 11 janvier 1984 susvisée et du décret n° 60-1089 du 6 octobre 1960 portant règlement d'administration publique pour l'application des dispositions de l'article 23 bis de l'ordonnance n° 59-244 du 4 février 1959 relative au statut général des fonctionnaires ;

3° Des dispositions du code des pensions civiles et militaires de retraite à l'exception des dispositions prévues au 4° du II de l'article 7 du présent décret (la réintégration à l'issue d'une période de congé de longue maladie ou congé de longue durée lorsque le bénéficiaire de ce congé exerce des fonctions qui exigent des conditions de santé particulières ou lorsqu'il a fait l'objet des dispositions prévues à l'article 34 du présent décret) ;

4° Des dispositions relatives à l'octroi du congé de maladie susceptible d'être accordé en application des dispositions du deuxième alinéa du 2° de l'article 34 de la loi du 11 janvier 1984 susvisée ;

5° Des dispositions relatives au calcul de la rente prévue par l'article 25 (rente pour un stagiaire reconnu inapte) du décret du 7 octobre 1994 susvisé fixant les dispositions communes applicables aux stagiaires de l'Etat et de ses établissements publics. "

L'article 8 précise que les conseils médicaux sont saisis par l'administration ou à la demande du fonctionnaire.

Les articles 9 et 10 sont consacrés au fonctionnement du conseil médical. Le premier de ces articles indique que le président du conseil médical instruit les dossiers soumis au conseil médical. Il peut cependant en confier l'instruction à ses collègues. Il dirige les débats lors de séances.

Le second de ces articles précise que le médecin chargé de l'instruction d'un dossier peut recourir à l'expertise d'un médecin agréé. En cas de défaut de médecin agréé répondant aux attentes dans le département, il est possible de faire appel à un médecin agréé inscrit sur les listes des médecins agréés d'autres départements.

Les avis des médecins agréés sont écrits.

L'article 12 a trait à l'information et aux possibilités d'intervention du fonctionnaire. Il stipule que " Au moins dix jours ouvrés avant la date à laquelle son dossier sera examiné, le secrétariat du conseil médical informe le fonctionnaire concerné de cette date et de son droit à :

1° Consulter son dossier ;

2° Présenter des observations écrites et fournir des certificats médicaux ;

3° Être accompagné ou représenté, s'il le souhaite, par une personne de son choix à toutes les étapes de la procédure.

En outre, lorsque sa situation fait l'objet d'un examen par un conseil médical réuni en formation restreinte, le secrétariat de ce conseil informe l'intéressé des voies de contestation possibles devant le conseil médical supérieur et, lorsque sa situation fait l'objet d'un examen par un conseil médical réuni en formation plénière, il l'informe de son droit à être entendu par le conseil médical.

Dans tous les cas, le fonctionnaire concerné et l'administration peuvent faire entendre le médecin de leur choix par le conseil médical. S'il le juge utile, le conseil médical entend le fonctionnaire concerné. "

L'article 13 du décret 86-442 a trait au fonctionnement du conseil médical : " La formation restreinte du conseil médical ne siège valablement que si deux au moins de ses membres sont présents.

La formation plénière du conseil médical ne siège valablement que si quatre au moins de ses membres sont présents, dont au moins deux médecins et un représentant du personnel.

Lorsque le quorum requis n'est pas atteint, une nouvelle convocation est envoyée dans le délai de huit jours aux membres de la formation, qui siège alors valablement quel que soit le nombre de membres présents.

En cas d'absence du médecin-président en séance, la présidence est assurée par le médecin qu'il aura désigné ou, à défaut, par le plus âgé des médecins présents.

Chaque membre du conseil médical peut donner pouvoir à un autre membre. Les avis sont émis à la majorité des membres présents et représentés. En cas d'égalité des votes, le médecin président a voix prépondérante.

Le président du conseil médical peut organiser les débats au moyen d'une conférence téléphonique ou audiovisuelle dans des conditions qui garantissent le respect du secret médical. "

L'article 14 du décret n° 86-442 du 14 mars 1986 stipule que " Le médecin du travail attaché au service auquel appartient le fonctionnaire dont le dossier est soumis au conseil médical est informé de la réunion et de son objet. Il peut obtenir, s'il le demande, communication du dossier de l'intéressé. Il peut présenter des observations écrites ou assister à titre consultatif à la réunion. Il remet un rapport écrit dans les cas prévus aux articles 34 (lorsque m'employeur estime que l'état de santé du  fonctionnaire justifie d'un congé longue maladie ou longue durée) et 47-7 (en cas de déclaration de maladie imputable au service) du présent décret. "

L'article 15 du décret du 14 mars 1986 indique que l'avis du conseil médical est motivé. Il est notifié à l'administration et à l'agent par le secrétariat du conseil médical. L'administration informe le conseil médical des décisions rendues sur son avis.

Les articles 16 à 18 du décret 86-442 sont consacrés au conseil médical supérieur.

L'article 16 précise que le conseil médical supérieur est constitué auprès du ministre chargé de la santé.

Il comprend deux sections, composées de cinq membres au plus, l'une compétente pour les maladies mentales et l'autre pour les autres maladies.

Les médecins, et leurs suppléants, de ce conseil médical supérieur sont nommés pour une période de trois ans par le ministre de la santé.

Chacune des sections élit un président.

L'article 17 stipule que l'avis d'un conseil médical rendu en formation restreinte peut être contesté devant le conseil médical supérieur, tant par l'administration que par le fonctionnaire dans un délai de deux mois à compter de sa notification.

Le conseil médical supérieur peut faire procéder à une expertise médicale complémentaire.

Si le conseil médical supérieur ne s'est pas prononcé dans le délai de quatre mois, l'avis du conseil médical en formation restreinte est réputé confirmé. Ce délai est suspendu dans le cas d'une expertise médicale.

Ainsi, l'administration peut rendre une nouvelle décision au vu de l'avis du conseil médical supérieur ou passé le délai de quatre mois.

L'article 18 indique que le conseil médical supérieur assure l'animation du réseau des conseils médicaux et veille à la coordination médicale de leurs avis. Il formule, en partenariat avec les ministères chargés d'élaborer et de mettre en œuvre les règles relatives à la protection sociale des fonctionnaires, des recommandations à caractère médical destinées aux conseils médicaux pour rendre les avis mentionnés au 7 et 7.1 du décret 86-442 relatifs aux motifs de saisine des conseils médicaux en formation restreinte et plénière.

L'article 20 indique que les conditions de santé particulières requises par les articles 5 et 5 bis (textes abrogés) de la loi du 13 juillet 1983 sont appréciées par des médecins agréés dans les conditions fixées par les statuts particuliers.

À l'article 25 du décret 86-442 consacré au congé de maladie ordinaire, il est précisé que : " L'administration peut faire procéder à tout moment à l'examen du demandeur par un médecin agréé. Elle fait en outre procéder à cet examen au moins une fois après une période de congé de maladie de six mois consécutifs. Le fonctionnaire se soumet à cet examen sous peine d'interruption du versement de sa rémunération. "

L’article 34 du décret n° 86-442 relatif au fait que l'employeur estime que le fonctionnaire relève d'un congé de longue maladie ou de longue durée est maintenant ainsi rédigé : " Lorsqu'un chef de service estime, au vu d'une attestation médicale ou sur le rapport des supérieurs hiérarchiques, que l'état de santé d'un fonctionnaire pourrait justifier qu'il lui soit fait application des dispositions de l'article 34 (3° ou 4°) (les congés de longue maladie et de longue durée) de la loi du 11 janvier 1984 susvisée, il saisit le conseil médical de cette question. Il informe de cette saisine le médecin du travail qui transmet un rapport au conseil médical. "

À l'article 35 du décret n° 86-442, il est indiqué que le fonctionnaire qui souhaite bénéficier d'un congé de longue maladie ou de longue durée doit adresser à son chef de service une demande accompagnée d'un certificat médical. Le médecin doit adresser au président du conseil médical un résumé de ses observations. Si la demande fait suite à un congé en cours, le début du congé de longue maladie ou de longue durée est celui du congés maladie initial.

L'article 36 du décret consacré aux congés de longue maladie et de longue durée est ainsi rédigé : " Un congé de longue maladie ou un congé de longue durée peut être accordé ou renouvelé pour une période de trois à six mois.

Pour obtenir le renouvellement d'un congé de longue maladie ou d'un congé de longue durée au terme d'une période en cours, le fonctionnaire adresse à l'administration un certificat médical de son médecin spécifiant que le congé initialement accordé doit être prolongé et précisant la durée de cette prolongation dans le respect des périodicités prévues au premier alinéa du présent article.

Lorsque le congé de longue maladie ou le congé de longue durée a été octroyé dans le cadre de l'article 34 du présent décret, l'administration fait procéder, au terme de chaque période, à l'examen médical de l'intéressé. Le renouvellement est accordé au vu de l'avis du médecin agréé.

En dehors des situations prévues au 2° du I de l'article 7 du présent décret (avis du conseil médical en formation restreinte) , le renouvellement est accordé sans saisine du conseil médical. L'administration fait procéder à examen du fonctionnaire par un médecin agréé au moins une fois par an. Le fonctionnaire doit se soumettre, sous peine d'interruption du versement de sa rémunération, à cet examen. "

L’article 38 du décret est maintenant ainsi rédigé : " Le bénéficiaire d'un congé de longue maladie ou de longue durée doit cesser tout travail rémunéré, à l'exception des activités ordonnées et contrôlées médicalement au titre de la réadaptation et des activités mentionnées au premier alinéa du V de l'article 25 septies (abrogé) de la loi du 13 juillet 1983 susvisée.

En cas de non-respect de cette obligation, l'administration procède à l'interruption du versement de la rémunération et prend les mesures nécessaires pour faire reverser les sommes indûment perçues par l'intéressé au titre du traitement et des accessoires.

La rémunération est rétablie à compter du jour où l'intéressé a cessé toute activité rémunérée non autorisée.

Le temps pendant lequel le versement de la rémunération a été interrompu compte dans la période de congé en cours. "

L'article 39 stipule que " Le fonctionnaire en congé de longue maladie ou en congé de longue durée informe l'administration de tout changement de domicile et, sauf en cas d'hospitalisation, de toute absence du domicile supérieure à deux semaines. Il informe l'administration de ses dates et lieux de séjour.

À défaut, le versement de la rémunération du fonctionnaire peut être interrompu.

Le temps pendant lequel le versement de la rémunération a pu être suspendu compte dans la période de congé en cours. "

L'article 41 du décret précise les conditions dans lesquelles un fonctionnaire peut reprendre son emploi. Dans le cas d'un congé de longue maladie ou de longue durée, le fonctionnaire doit produire un certificat d'aptitude à la reprise de ses fonctions. Mais si la reprise a lieu à la fin de ses droits à congé ou lorsqu'il exerce des fonctions exigeant des conditions particulières de santé ou lorsque le congé a eu lieu à la demande de l'employeur, un avis favorable du conseil médical est nécessaire.

L'article 42 du décret n° 86-442 est maintenant ainsi rédigé : " Dans les situations où le conseil médical est saisi sur l'aptitude à la reprise de l'agent, si le fonctionnaire est reconnu apte à exercer ses fonctions, il reprend son activité. Si le fonctionnaire est reconnu inapte à exercer ses fonctions, le congé continue à courir ou est renouvelé pour une nouvelle période sous réserve des droits restants.

À l'expiration de la dernière période de congé rémunéré, il appartient au conseil médical de se prononcer sur l'aptitude du fonctionnaire à reprendre ses fonctions. S'il est présumé définitivement inapte, le conseil médical se prononce également sur l'application de l'article 47 du présent décret (voir ci-dessous). "

L'article 47 du décret devient : " Le fonctionnaire ne pouvant, à l'expiration de la dernière période de congé de longue maladie ou de longue durée, reprendre son service est soit admis au bénéfice de la période de préparation au reclassement ou reclassé dans un autre emploi, en application du décret n° 84-1051 du 30 novembre 1984 pris en application de l'article 63 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l'Etat en vue de faciliter le reclassement des fonctionnaires de l'Etat reconnus inaptes à l'exercice de leurs fonctions, soit mis en disponibilité, soit admis à la retraite après avis d'un conseil médical.

Pendant toute la durée de la procédure requérant l'avis d'un conseil médical, le paiement du demi-traitement est maintenu jusqu'à la date de la décision de reprise de service ou de réintégration, de reclassement, de mise en disponibilité ou d'admission à la retraite. "

L'article 47-10 du décret indique que lorsqu'un fonctionnaire bénéficie d'un congé d'invalidité temporaire imputable au service, l'administration peut, à  tout moment, faire procéder à son examen par un médecin agréé. L'administration fait obligatoirement procéder à cet examen au moins une fois par an au-delà d'une durée de six mois.

En cas de désaccord, l'administration ou le fonctionnaire peut saisir le conseil médical.

L'article 48 du décret, relatif à la mise en disponibilité après impossibilité de reprise des fonctions à l'issue des congés, est ainsi rédigé : " La mise en disponibilité prévue aux articles 27 et 47 du présent décret est prononcée après avis du conseil médical sur l'inaptitude du fonctionnaire à reprendre ses fonctions.

Elle est accordée ou renouvelée par période de six à douze mois dans la limite de trois ans consécutifs.

Toutefois, si à l'expiration de la troisième année de disponibilité le fonctionnaire est inapte à reprendre son service, mais s'il résulte d'un avis du conseil médical qu'il doit normalement pouvoir reprendre ses fonctions avant l'expiration d'une nouvelle année, la disponibilité peut faire l'objet d'un dernier renouvellement.

Si, à l'expiration de la dernière période de disponibilité, le fonctionnaire n'a pu bénéficier d'un reclassement, il est, soit réintégré dans son administration s'il est physiquement apte à reprendre ses fonctions, soit, en cas d'inaptitude définitive à l'exercice de tout emploi, admis à la retraite ou, s'il n'a pas droit à pension, licencié. "

L'article 49 du décret 86-442 traite des conseils médicaux pour les membres du Conseil d'Etat et les magistrats.

Autres dispositions

Les articles 31 à 58 du décret du 11 mars 2022 remplacent les occurrences des mots" comité médical" et "commission de réforme" par "conseil médical" dans tous les textes réglementaires où ils apparaissent.

L'article 59 du décret du 14 mars 2022 prévoit la transition entre les instances actuelles et les conseils médicaux. Cet article est ainsi rédigé :

" I. - Les médecins agréés membres de comités médicaux et de commissions de réforme à la date d'entrée en vigueur du présent décret siègent en tant que médecins membres des conseils médicaux pour la durée restante de leur mandat et, au plus tard, jusqu'au 30 juin 2022. La présidence de ces conseils est assurée jusqu'au 30 juin 2022 par le médecin président du comité médical ou, à défaut, par le plus âgé des médecins présents.
II. - Les représentants du personnel aux commissions de réforme ministérielles et départementales, désignés en application des articles 10 et 12 du décret du 14 mars 1986 et du décret du 26 mars 1996 susvisés, conservent leurs attributions jusqu'à la première application des dispositions des articles 6 et 6-1 du décret du 14 mars 1989, dans leur rédaction issue du présent décret, qui ne peut intervenir après le 1er juillet 2023.
III. - Les avis demandés aux comités médicaux et commissions de réforme avant la date d'entrée en vigueur du présent décret qui n'ont pas été rendus avant cette date sont valablement rendus par les conseils médicaux.

IV. - Les délais prévus aux articles 17 et 21 du décret du 14 mars 1986 mentionné ci-dessus dans leur rédaction issue du présent décret s'appliquent aux seules saisines des conseils médicaux et du conseil médical supérieur intervenues à compter de l'entrée en vigueur du présent décret.
V. - L'article 6 prend effet à la date prévue au I de l'article 14 de l'ordonnance du 25 novembre 2020 susvisée. "

https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=6BK6YeoX9Y0Ov19XT6x5Te_bHl_tOrT2xtWDrakRyOU=

 

Arrêté du 11 mars 2022 portant création du conseil médical de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris

Cet arrêté indique qu'en application de l'article 6 du décret n° 88-386 du 19 avril 1988 un conseil médical est institué à l'Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Ce conseil médical est compétent à l'égard de l'ensemble des agents de l'AP-HP, qu'ils soient titulaires, stagiaires ou contractuels, quels que soient leur lieu d'exercice, leur fonction et leur position.

Un arrêté du directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris fixe la liste des membres titulaires et suppléants de l'instance, dans le respect des dispositions de l'article 5-1 du décret du 19 avril 1988 précité.

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045341230

 

·     Jurisprudence

 

Manquement à l'obligation de sécurité liée à l'absence de contrôle de la charge de travail en cas de forfait jour

Cet arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation du 2 mars 2022 - Cass. Soc. n° 20-16683, publié au Bulletin d'information de la Cour de cassation - concerne un médecin du travail qui a parcouru un long cheminement judiciaire. Cet arrêt est important car il précise que l'employeur, pour remplir son obligation de sécurité, doit respecter toutes les dispositions des article L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail.

Si plusieurs jurisprudences ont déjà considéré la nullité d'un forfait jour, du fait de l'absence d'entretien annuel destiné à apprécier la charge de ravail, c'est surtout pour obtenir le paiement d'heures supplémentaires. Il semble qu'il s'agit de la première jurisprudence visant à indemniser le manquement de l'employeur à son obligation de sécurité du fait de l'absence d'entretien annuel dans le cadre d'un forfait jour (mes recherches d'une jurisprudence précédente dans ce sens se sont avérées négatives).

Faits et procédure - Ce médecin du travail a été embauché le 3 juillet 2006 par une grande entreprise de services et d'ingénierie informatiques.

Le 12 novembre 2013, il saisit le conseil de prud'hommes pour demander la résiliation judiciaire de son contrat de travail ainsi qu'une indemnisation pour les manquements de son employeur.

Le médecin du travail aurait fait part à plusieurs reprises de l'importance de sa charge de travail et de la dégradation de son état de santé.

Le salarié est en arrêt de travail à partir de septembre 2013.

Il est licencié le 26 août 2014 suite à un avis d'inaptitude, du 6 février 2014, du médecin du travail du service interentreprises qui prend en charge les membres du service médical de l'entreprise.

Il sera débouté de ses demandes par le conseil de prud'hommes puis par la cour d'appel.

Il se pourvoit en cassation contre l'arrêt de la cour d'appel qui n'a pas reconnu le manquement de l'employeur à son obligation de sécurité et n'a pas accédé à sa demande d'indemnisation de ce manquement.

Moyen soulevé

Le salarié conteste d'avoir été débouté de sa demande de dommages et intérêts au titre du non-respect de l'obligation de sécurité. En effet, il soutient que l'inobservation des dispositions légales ou conventionnelles destinées à assurer la protection de la santé et de la sécurité d'un salarié en forfait jour constitue un manquement à l'obligation de sécurité. En l'occurrence, son employeur n'avait pas respecté les obligations conventionnelles visant à ce que son supérieur hiérarchique apprécie annuellement, lors d'un entretien, l'organisation et sa charge de travail et l'amplitude de ses journées de travail. L'absence de cet entretien annuel avait été constaté par la cour d'appel. En outre, à partir de 2013, le médecin avait commencé à se plaindre d'une souffrance psychologique et fait part d'une charge de travail importante, le service de médecine du travail étant en sous-effectif.

Réponse de la Cour de cassation

" Vu l'article L. 4121-1 du code du travail [NDR – Les obligations qui résultent de l'article L. 4121-1 sont les suivantes : " 1° Des actions de prévention des risques professionnels, y compris ceux mentionnés à l'article L. 4161-1 ; 2° Des actions d'information et de formation ; 3° La mise en place d'une organisation et de moyens adaptés. "]

Il résulte de ce texte que l'employeur, tenu d'une obligation de sécurité envers les salariés, doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Il ne méconnaît pas cette obligation légale s'il justifie avoir pris toutes les mesures prévues par les articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du code du travail.

Pour débouter le salarié de sa demande en dommages-intérêts au titre du non-respect de l'obligation de sécurité l'arrêt relève que les alertes sur la dégradation de l'état de santé du salarié ne sont apparues qu'à partir de juin 2013, les précédents messages adressés à la hiérarchie étant restés centrés sur des demandes de promotion non satisfaites, le salarié exprimant explicitement son attachement à la société et à la mission qui était la sienne. L'arrêt constate qu'à partir d'août 2013, le salarié fait expressément référence dans ses courriels à une souffrance psychologique dont l'employeur s'est emparé en alertant le médecin du travail sur la gravité de la situation, ce qui contredit l'allégation du salarié selon laquelle la société n'a pas apporté de réponse à une situation de souffrance avérée.

L'arrêt retient enfin que l'ensemble des éléments soumis met en évidence un comportement de l'employeur conforme à son obligation de sécurité.

En statuant ainsi, alors qu'elle avait constaté que l'employeur ne justifiait pas avoir pris les dispositions nécessaires de nature à garantir que l'amplitude et la charge de travail du salarié restaient raisonnables et assuraient une bonne répartition dans le temps du travail et donc à assurer la protection de la sécurité et de la santé du salarié, ce dont il résultait que l'employeur avait manqué à son obligation de sécurité, la cour d'appel, à qui il appartenait de vérifier si un préjudice en avait résulté, a violé le texte susvisé. "

L'arrêt de la cour d'appel est cassé et l'affaire renvoyée devant la même cour d'appel autrement composée

https://www.courdecassation.fr/decision/621f1708459bcb7900c39e8b?judilibre_chambre%5B%5D=soc&judilibre_publication%5B%5D=b&search_api_fulltext=&expression_exacte=&date_du=&date_au=&sort=&items_per_page=&op=Filtrer&page=1&previousdecisionpage=1&previousdecisionindex=0&nextdecisionpage=1&nextdecisionindex=2

 

La notification d'un avis d'inaptitude remis au salarié doit avoir une date certaine

Il s'agit d'un arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation du 2 mars 2022 - Cass. Soc. pourvoi n° 20-21715, publié au Bulletin d'information de la Cour de cassation - qui a trait à la remise de l'avis d'inaptitude au salarié.

Faits et procédure - Un salarié a été embauché le 2 juin 2016 par une association en tant qu'aide-soignant.

Le 13 novembre 2018, en une seule visite, le médecin du travail émet un avis déclarant le salarié " inapte à son poste de travail d'aide-soignant, inapte à tous les postes dans l'entreprise ".

Le 29 janvier 2019, le salarié saisit le conseil de prud'hommes en procédure accélérée de fond afin de contester l'avis d'inaptitude et de demander l'organisation d'une mesure d'instruction.

Le salarié se pourvoit en cassation après que la cour d'appel a confirmé l'irrecevabilité de ses demandes devant le conseil de prud'hommes.

Moyen du salarié

Le salarié conteste l'ordonnance ayant jugé sa contestation d'inaptitude et sa demande d'instruction irrecevables car ses demandes avaient eu lieu plus de 15 jours après la visite à la suite de laquelle l'inaptitude avait été déclarée. En effet, pour le salarié, la notification de l'avis d'inaptitude doit s'entendre comme une formalité au sens de l'article 667 du Code de procédure civile avec une nécessité formelle de "décharge ou de récépissé". Or, le 13 novembre 2018, l'avis lui a été remis en main propre sans émargement ni récépissé et immédiatement après la visite. Ce qui ne valait pas notification de l'avis mais simple information sur l'avis que le médecin du travail entendait émettre. De sorte que le délai pour le contester n'avait pas commencé à courir lors de la saisine du conseil de prud'hommes du 29 novembre 2018. Ainsi, en le déboutant, la cour d'appel a violé les articles R. 4624-42 et R. 4624-45 du Code du travail dans leurs versions applicables ainsi que l'article 667 du Code de procédure civile.

Réponse de la Cour de cassation

Au visa des articles R. 4624-45 et R. 4624-55 du Code du travail en vigueur au moment du litige (liens vers les versions alors en vigueur), la Cour de cassation écrit :

" Aux termes du premier de ces textes, en cas de contestation portant sur les avis, propositions, conclusions écrites ou indications reposant sur des éléments de nature médicale émis par le médecin du travail mentionnés à l'article L. 4624-7, le conseil de prud'hommes, statuant en la forme des référés, est saisi dans un délai de quinze jours à compter de leur notification. Les modalités de recours ainsi que ce délai sont mentionnés sur les avis et mesures émis par le médecin du travail. Aux termes du second, l'avis médical d'aptitude ou d'inaptitude émis par le médecin du travail est transmis au salarié ainsi qu'à l'employeur par tout moyen leur conférant une date certaine.

Il en résulte que, pour constituer la notification faisant courir le délai de recours de quinze jours à l'encontre d'un avis d'aptitude ou d'inaptitude, la remise en main propre de cet avis doit être faite contre émargement ou récépissé.

Pour dire irrecevable le recours du salarié déposé le 29 novembre 2018, l'arrêt retient que le mot notification employé à l'article R. 4624-45 du code du travail a seulement pour objet l'obligation que soient portés à la connaissance des parties tant la nature de l'avis que les délais de recours et la désignation de la juridiction devant en connaître qui doivent figurer sur le document.

L'arrêt relève ensuite qu'à l'égard du salarié, cette prise de connaissance s'est manifestée par la remise qui lui a été faite à l'issue de la visite par le médecin du travail de l'avis d'inaptitude le 13 novembre 2018, ce fait n'étant pas contesté et constituant une date certaine. En statuant ainsi, la cour d'appel a violé les textes susvisés."

L'arrêt de la cour d'appel est cassé et l'affaire renvoyée devant la même cour d'appel autrement composée.

https://www.courdecassation.fr/decision/621f1708459bcb7900c39e85

 

Voilà une lettre très centrée sur les aspects juridiques et jurisprudentiels de la santé au travail… dans l'attente, d'ici le 31 mars, d'autres décrets de mise en œuvre de la loi du 2 août 2021… À bientôt…

 

Jacques Darmon