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Le 16 janvier 2022
Dans cette lettre
d'information, je me suis limité au résumé du 4e plan santé au
travail. J'ai trouvé ce plan particulièrement intéressant dans la mesure où il
propose des pistes d'action relativement précises et pratiques de prévention
des principaux risques professionnels, les accidents du travail graves et mortels,
les causes majeures de maladies professionnelles et qu'il aborde la prévention
de la désinsertion professionnelle aussi sous l'angle de la prévention de
l'usure professionnelle qui m'apparaît être la plus efficace à long terme.
Les mesures
envisagées pour les missions des services de santé au travail peuvent aussi s'avérer
efficaces, en particulier pour les TPE/PME, si elles sont effectivement mises
en œuvre et si leur sens n'est dénaturé
(offre socle de services, certification, Cpom mieux définis, cellules de
prévention de la désinsertion professionnelle, interopérabilité des systèmes
d'information) et surtout renforcement de la gouvernance.
Vous pouvez
accéder à mes lettres d’information depuis janvier 2019 sur un blog à l’adresse
suivante : https://bloglettreinfo.blogspot.com/.
· 4e Plan santé au travail
(2021-2025)
Le 4e plan santé au travail que
vous pourrez consulter sur le site du ministère du travail, de l'emploi et des
solidarités, à l'adresse en fin de commentaire et en pièce jointe, a été publié
en décembre 2021. Il s'inspire largement du PST3, en mettant en avant la
prévention, et de nouveautés issues de l'ANI sur la santé au travail ou de la
loi 2021-1018 sur la santé au travail (passeport prévention et prise en compte
de la qualité de vie au travail, modification de la gouvernance, suivi du
document unique de prévention des risques professionnels, etc…). Voir
respectivement sur le blog les lettres d'information du 13 décembre 2020 et du 2 septembre 2021 pour l'ANI et la
loi du 2 août 2021.
La structuration de ce 4e plan
santé au travail est la suivante :
ü un axe transversal
consacré à la prévention des accidents graves et mortels portant toute son
attention sur les situations et les populations les plus exposées à ce risque
mortel (sujets jeunes, secteurs d'activité et risque routier) ;
ü quatre axes
stratégiques comprenant en tout 10 objectifs :
Ø un axe consacré à
la prévention primaire et à la culture de prévention prenant particulièrement
en compte les causes de sinistralité les plus importantes ;
Ø un axe dont le
thème est la désinsertion et l'usure professionnelle particulièrement prégnants
lorsqu'on évoque l'allongement de la durée de vie au travail ;
Ø un axe relatif aux
défis d'aujourd'hui et de demain qui prend en compte l'évolution des pratiques
organisationnelles et le développement important de nouvelles formes d'emplois ;
Ø un axe consacré au
pilotage et à la gouvernance de la santé au travail intégrant les modifications
apportée par la loi du 2 août 2021 à la structure du Coct, la création des
comités national et régionaux de prévention et de santé au travail en lieu et
place du groupe permanent d'orientation et des groupes régionaux d'orientation du
Coct (voir le décret 2021-1792 à ce sujet dans la lettre précédente du 2 janvier 2022).
Ce 4e plan santé et travail comprend
10 objectifs répartis dans les quatre axes évoqués ci-dessus, chacun comprenant
un certain nombre d'actions avec éventuellement un effet attendu, des livrables
et des indicateurs.
Dans ce document, il est fait référence à
la sinistralité de 2019, cependant le rapport de la Branche AT/MP de 2020
apporte des données plus récentes auxquelles vous pouvez vous référer (voir le
commentaire du rapport dans la lettre d'information du 26 décembre 2021).
Axe transversal - Lutter
contre les accidents du travail graves et mortels
L'idée de ce 4e plan est de
mettre en œuvre une prévention primaire afin de diminuer le risque d'accidents
graves ou mortels.
Les constats
Évolution des AT et des décès
Sur la période 1998-2020, on a assisté à
une baisse importante des accidents de travail en 1er règlement, d'environ
670 000 à 539 833 (sachant néanmoins que du fait de la pandémie et de la baisse
d'activité économique l'année 2020 est très particulière).
Cependant, en termes d'accidents du
travail mortels, le nombre 550 décès en 2020 (en baisse par rapport au pic de
750 pour le Régime général en 2019) est assez proche de ceux des années 2010 à
2018, compris entre 514 et 562 décès annuels, marquant ainsi une certaine
constance.
Les causes de décès
La première cause de décès, en 2019, est
due aux accidents de la route, 406 décès dans ce cadre, 295 en accident de
trajet et 111 en accident de mission durant le travail [NDR – En 2020, il y a
eu 204 décès en 1er règlement liés au risque routier dont 55 accidents
de mission et 149 accidents de trajet – Rapport 2020 de la
Branche AT/MP,
page 10.]
Une autre cause importante de décès est
celle des chutes de hauteur [NDR – En 2020, c'est la 3e cause d'AT
avec 12% de ceux-ci – 17% pour les chutes de plain-pied – mais la 2e
en termes de décès avec 17% (15% pour les décès routiers)].
Secteurs les plus touchés
Les secteurs d'activité les plus touchés,
en termes de fréquence et de gravité, sont les secteurs de la construction, de
l'agriculture, les industries extractives, le travail du bois, le transport et
l'entreposage et la gestion de l'eau et des déchets.
Une grande majorité des décès ont lieu, en
2019, au sein de l'intérim (109 décès pour le CTN I), du BTP (176 décès), des
industries des transports et de l'eau, du gaz et de l'électricité (CTN C) (145
décès) pour le Régime général de la Sécurité sociale.
Populations à risque
Afin de prévenir les AT entraînant des
décès, il est important de constater que ceux-ci surviennent majoritairement
chez des ouvriers, plutôt des hommes, des travailleurs détachés et des
travailleurs avec statut précaire.
Ainsi, selon la Dares, suite à l'enquête
Sumer, les médecins du travail considèrent que la qualité de la prévention pour
les intérimaires est mauvaise ou très mauvaise.
Une autre population particulièrement
exposée aux accidents graves est celle des sujets jeunes, en particulier de
moins de 18 ans.
De plus, 15% des accidents graves et
mortels surviennent au cours des trois premiers mois suivant l'embauche et un
quart des accidents du travail concernent des salariés avec moins d'un an
d'ancienneté.
Les actions du plan
Formation
Parmi ces actions, il est préconisé de
mieux former les jeunes et d'être attentifs aux jeunes embauchés.
Une autre voie est de renforcer la
formation en santé et sécurité au travail tout au long de la carrière. C'est en
particulier l'objet du passeport de prévention instauré par la loi du 2 août
2021 [NDR – Créé par l'article 6 de la
loi 2021-1018,
dans un article L. 4141-5 du Code du travail en vigueur à compter du 31 mars
2022].
Action dirigée
Il est aussi envisagé une action envers
les secteurs employant des travailleurs en détachement et en intérim.
Priorisation des risques
Le plan prévoit une action orientée vers
les secteurs les plus à risque de chutes de hauteur. En particulier il est
envisagé de renforcer la sécurité sur les chantiers de maisons individuelles,
le plus en amont possible, auprès des maîtres d'ouvrage.
L'accompagnement des entreprises
Un accompagnement des entreprises, en
particulier des TPE/PME par tous les acteurs de proximité est à l'ordre du jour.
Cet accompagnement concerne :
ü les branches
professionnelles qui peuvent faire connaître, proposer ou décliner des outils
de prévention adaptés aux différents métiers et situations de travail ;
ü les services de
prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI) devront accompagner
les petites entreprises en les aidant notamment à l'élaboration du document
unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP). Ils devraient également
proposer une offre de services harmonisée tournée vers les besoins des
entreprises, ainsi dans le domaine de l'information sur la prévention et la
lutte contre l'accidentalité ;
ü l'inspection du
travail et la Branche AT/MP ont aussi un rôle à jouer dans la mesure où les
premiers réalisent des enquêtes sur les accidents mortels dont les résultats
peuvent ensuite être utilisés pour la prévention par les préventeurs des
Carsat.
Prise en compte régionale
En fonction des données statistiques
régionales sur les sinistres graves, des mesures spécifiques pourront être
introduites par les comité régionaux de prévention et de santé au travail (CRPST)
dans les plans régionaux de santé au travail (PRST). Et les CRPST pourront
mobiliser l'ensemble des acteurs locaux dans le cadre des actions définies.
Axe stratégique 1 - Renforcer la
prévention primaire au travail et la culture de prévention
Cet axe comprend 3 objectifs.
Objectif 1 - Favoriser la
culture de prévention, accompagner l'évaluation des risques professionnels et
les démarches de prévention
Enjeux
Les enjeux de cet objectif sont, selon
l'approche consistant à donner la priorité à la prévention par rapport à la
réparation [NDR – Ce qui est aussi une façon facile de s'abstraire de
l'exposition de salariés durant des décennies à des facteurs de risque
professionnels et de la réparation qui leur est due. Donc, personnellement, la prévention
est essentielle mais la réparation, d'ailleurs assez faible selon les barèmes
actuels, des effets délétères du travail sur la santé des salariés est
indispensable]. Dans cette optique, il ne s'agit plus uniquement de réagir aux
accidents et maladies mais d'évaluer systématiquement a priori les risques pour
les réduire et les éviter et, même de promouvoir un environnement favorable à
la santé.
Action 1.1 – Renforcer les
démarches d'évaluation et de prévention des risques professionnels.
Il s'agit, outre la systématisation de
l'évaluation des risques dans toutes les entreprises, par la réalisation du
DUERP, de permettre que celle-ci soit réellement pertinente. Pour cela, on peut
s'appuyer sur des outils développés lors du PST3 tel que l'outil interactif en
ligne d'évaluation des risques (OiRA), MonDocUnique pour le BTP et Systera pour le monde
agricole. Les préventeurs qui accompagnent les TPE/PME doivent davantage
promouvoir ces outils, en particulier les services de prévention et de santé au
travail (SPST) dont le rôle essentiel a été rappelé et renforcé dans l'ANI et
la loi du 2 août 2021.
Indicateurs
Nombre d'utilisateurs des outils
numériques d'aide à l'évaluation des risques ; part des entreprises
accompagnées par les SPST pour la réalisation ou la mise à jour du document unique
d'évaluation des risques [NDR – Au moins annuelle selon l'article L. 4121-2 du Code du
travail] et le plan de prévention pour chaque SPST et en moyenne.
L'ANI et la loi du 2 août 2021 ont prévu
la traçabilité des DUERP, d'une part, par une conservation pendant 40 ans et,
d'autre part, par le dépôt des versions dématérialisées dans un portail
numérique qui devrait être créé et géré par les organisations professionnelles
ou interprofessionnelles d'employeurs [NDR – Ces dispositions sont prévues à l'article 3 de la
loi n° 2021-1018
qui a créé l'article L. 4121-1-3 du Code du
travail. L'entrée en vigueur est prévue pour le 1er juillet 2023
pour les entreprises d'au moins 150 salariés et sera prévue par décret pour les
entreprises plus petites].
Livrable
Mise en service du portail numérique de
conservation des DUERP.
Indicateur
Nombre de DUERP mis en ligne sur le
portail.
Action 1.2 – Intégrer les
enjeux de santé et sécurité au travail dans la formation à toutes les étapes de
la vie.
ü
Le
plan prévoit, à travers cette action, de développer la place de la santé et
sécurité au travail dans la formation initiale. Ceci permettra d'améliorer la
sécurité au travail des jeunes à leur entrée dans le monde du travail. Comme on
l'a vu, les sujets jeunes sont plus à risque d'accidents de travail graves ou
mortels.
Effet attendu
Meilleure sensibilisation et formation en
santé et sécurité au travail des élèves et étudiants.
Indicateur
Part des formations initiales intégrant la
santé et la sécurité au travail.
ü
Cette
action 1.2 prévoit aussi de diminuer les risques professionnels chez les
nouveaux embauchés. Il est rappelé que près de 15% des accidents graves et
mortels surviennent au cours des trois premiers mois suivant l'embauche et un
quart des accidents du travail concernent des salariés ayant moins d'un an
d'ancienneté dans l'entreprise. Un outil, TutoPrév, développé par
l'Inrs pour 11 secteurs d'activité, destiné aux employeurs accueillant un
nouvel embauché, pourrait contribuer à améliorer la prévention à l'arrivée dans
l'entreprise. Les branches professionnelles devraient jouer un rôle pour
promouvoir des initiatives et les enrichir dans le domaine de l'accueil des
nouveaux embauchés.
Livrable
Bonnes pratiques sur les parcours
d'intégration et de sensibilisation à la prévention des nouveaux embauchés.
Indicateur
Nombre des accidents graves et mortels
survenant au cours des 12 mois suivant l'embauche.
ü
Il
est aussi envisagé par cette action la mise en œuvre du passeport de prévention
pour promouvoir la formation des salariés. Ce passeport regroupe les
attestations, certificats et diplômes obtenus en matière de santé et sécurité
au travail. Cela permet de s'assurer que chaque salarié a suivi une formation
en santé et sécurité au travail suffisante pour l'exécution sans risque de son
contrat de travail. Les modalités de mise en œuvre de ce passeport et de sa
mise à disposition de l'employeur seront déterminées par le comité national de
prévention et de santé et sécurité au travail.
Indicateur
Nombre de passeports de prévention.
Action 1.3 – Agir en amont sur
la conception des équipements et des lieux de travail.
Effet attendu
Réduction de la fréquence et de la gravité
des accidents grâce à des équipements de travail et de protection individuelle
plus sûrs et adaptés.
Indicateur
Nombre de modifications d'équipements par
les fabricants à la suite des actions de surveillance du marché.
Action 1.4 – Adapter la prévention
primaire aux mutations et transitions du travail.
Il s'agit principalement, dans le cadre de
cette action, de s'adapter aux évolutions du marché du travail en agissant en
direction des formes d'emploi spécifiques. Parmi ces formes d'emploi, celles
liées aux plateformes numériques mais aussi les salariés détachés et
intérimaires qui apparaissent plus vulnérables que d'autres face aux risques
professionnels. Ainsi, on peut constater depuis plusieurs années, par exemple
dans le secteur de la maintenance industrielle, le recours à de la
sous-traitance en cascade faisant, finalement, intervenir des ouvriers détachés.
ü
La
loi du 2 août 2021 a prévu que les SPST étendent et améliorent le suivi des
travailleurs intérimaires et des indépendants, pour ceux qui le souhaitent
concernant ces derniers. Les SPST doivent aussi mettre en œuvre des actions de
prévention collective à destination des entreprises de travail temporaire. Les
SPST devraient donc améliorer le suivi de l'état de santé des travailleurs des
entreprises de travail temporaire, des salariés itinérants et des salariés
détachés.
Indicateur
Nombre de tels travailleurs suivis par les
SPST.
Livrables
Enquête sur la qualité des services
offerts par les SPST à ces types de publics ; enquête nationale spécifique sur
l’état de santé et les risques professionnels des indépendants sur le fondement
du nouveau suivi facultatif dont ils peuvent bénéficier.
Objectif 2 – Accorder une
priorité aux principaux risques professionnels
Enjeux
Cet objectif vise à prendre en compte les
risques professionnels entraînant des sinistres dont la fréquence ou la gravité
sont élevées. Il en est ainsi du risque chimique (2e cause de
maladies professionnelles après les TMS), le risque de chutes de hauteur ou de
plain-pied (2e cause de décès d'origine professionnelle) le risque
routier professionnel (1ère cause de mortalité professionnelle) et
les troubles musculosquelettiques (TMS) représentant la 1ère cause
de maladies professionnelles.
Action 2.1 – Prévenir l'exposition aux produits
chimiques.
En 2019, 4 015 maladies professionnelles
(MP) ont été reconnues au titre des expositions à des substances chimiques,
pour les régimes général et agricole, dont 1707 cancers et 230 décès. Les
expositions professionnelles à des substances chimiques seraient à l'origine de
5.7% des cancers chez l'homme et 1% chez la femme. D'après l'enquête Sumer, un
tiers des salariés sont exposés à au moins un produit chimique et 10%, soit
environ 1.8 million, sont exposés à un produit cancérogène. La poly-exposition
concerne 15% des salariés et est présente dans de nombreux secteurs.
Cette action comprend plusieurs aspects.
ü
Renforcement
de la réglementation sur la prévention et la traçabilité des expositions au
risque chimique et en faciliter l'application pour les petites entreprises.
Dans le domaine de l'exposition aux substances
chimiques, la prévention primaire et la traçabilité des expositions sont
primordiales.
Ceci peut être facilité par certains outils développés
durant le PST3 tels que Seirich et MiXie (ce dernier pour
les poly-expositions). Dans ce domaine, l'Assurance maladie – Risques
professionnels propose une démarche Risques chimiques
Pros
permettant d'initier une démarche de prévention et de réaliser un plan de
prévention dans l'entreprise.
L'accompagnement des entreprises est particulièrement
important et les branches professionnelles ont un rôle à jouer dans ce domaine.
Elles devraient participer à l'adaptation et à la diffusion d'outils dans leur
secteur d'activité.
Effet attendu
Amélioration de la prévention et de la
traçabilité des expositions aux risques chimiques.
Livrables
Outils d’accompagnement permettant une
appropriation de la réglementation pour les entreprises (Questions-Réponses
(QR), instructions, téléchargements de l’outil Seirich…) ; stratégie sur la
biosurveillance des expositions professionnelles en lien avec le programme
national de biosurveillance piloté par Santé publique France ; outils complets
de déclinaison de la démarche de prévention des risques chimiques par secteur
d’activité.
ü
Accompagner
les acteurs confrontés à l'amiante, notamment pour effectuer son repérage avant
travaux et son retrait de manière sécurisée. En 2021, la quasi-finalisation du
dispositif réglementaire relatif au repérage de l'amiante doit permettre sa mise
en œuvre de façon opérationnelle et de mettre à disposition des outils
d'accompagnement des différents acteurs (entreprises, particuliers,
collectivités territoriales) élaborés
Effet attendu
Amélioration de l’identification de la
présence d’amiante avant travaux.
Livrables
Outils d’accompagnement en matière de
repérage avant travaux ; enrichissement des sites Internet
regledelartamiante.fr et reglestechniquesss3-syrtaseddre.net.
Indicateur
Nombre de personnes formées au repérage
avant travaux.
ü
Mieux
connaître les expositions et poly-expositions professionnelles aux agents
chimiques (perturbateurs endocriniens, nanomatériaux, poussières, etc…) afin de
faciliter leur prévention via la substitution. Il s'agit de cibler des études,
en y intégrant la poly-exposition, comme souhaité par l'ANI du 10 décembre 2020
et la loi du 2 août 2021, afin de mieux connaître la part des travailleurs
exposés en France, de repérer les populations les plus exposées et de connaître
les risques liés à ces expositions (par des études de cohortes ou à partir de
base de données) et également de mener des études toxicologiques sur les
dangers et les mécanismes d'action de certains agents chimiques en fonction des
voies d'exposition. A partir de ces données, il sera possible d'établir des
VLEP ou des indicateurs biologiques qui inciteront les entreprises à agir en
prévention.
Livrables
Évaluations permettant d’établir des Vlep
et/ ou des indicateurs biologiques d’exposition pour certains agents chimiques,
dont les perturbateurs endocriniens avérés, les nanomatériaux etc. ; rapports
liés à la campagne Carto-silice ; identification des situations de travail ou
des filières particulièrement concernées par la poly-exposition ; outils d’aide
à la substitution intégrant les paramètres utiles pour les utilisateurs, qui
demeurent à définir mais pourront par exemple intégrer les dangers, les mesures
de prévention, etc.
Action 2.2 – Améliorer la
prévention des chutes de hauteur et de plain-pied.
Les chutes de hauteur et de plain-pied
représentent une cause importante d'accidents de travail, notamment dans le
secteur du bâtiment, de façon encore plus marquée dans les petites entreprises.
Ces chutes représentent, ensemble, la 2e cause d'accidents du
travail et la 2e cause de décès suite à un accident de travail [NDR
– En 2020, les chutes de hauteur et de plain-pied représentent 29% des AT en 1er
règlement (respectivement 17% et 12%) et la 1ère cause de décès avec
22% des décès (respectivement 17% et 5%, versus 18% pour la manutention
manuelle de charges et 15% pour le risque routier].
Les différentes possibilités d'action
figurent ci-dessous.
ü
Mieux
connaître les situations de travail et secteurs accidentogènes pour renforcer
la prévention. Les situations susceptibles d'entraîner un accident du travail
du fait d'une chute concernent nombre de secteurs d'activité et peuvent se
produire à l'intérieur comme à l'extérieur des locaux. Il s'agit donc de
connaître mieux toutes les circonstances des chutes de plain-pied et de
hauteur.
Livrables
État des lieux de l’accidentologie,
notamment des circonstances et causes des accidents, et enseignements tirés en
matière de prévention en lien avec les CTN le cas échéant.
ü
Promouvoir
la prévention des chutes de hauteur pour les métiers et les secteurs
particulièrement exposés. Les chutes de toiture sont largement majoritaires en
termes de chutes de hauteur et les victimes en sont majoritairement des
ouvriers couvreurs, des charpentiers et des façadiers d'entreprises de petite
taille, de 20 salariés et moins.
Les travaux menés avec des cordes doivent aussi faire
l'objet d'une attention certaine car entraînant une exposition à des risques
importants.
D'autres secteurs devraient faire l'objet d'attention
comme la logistique et le transport routier de marchandises (pour les
opérations de chargement / déchargement).
Effet attendu
Recul de la sinistralité « chutes » pour
ces professions et secteurs.
Livrables
Campagnes de communication à destination
des employeurs et salariés ; rapport sur l’enquête relative à la prise en
compte des recommandations publiques pour les cordistes ; outils et pratiques
innovants à destination des secteurs-cible.
Action 2.3 – Mieux évaluer et prévenir les risques
psychosociaux.
Sont rattachés, comme conséquence des facteurs
de risque psychosociaux (RPS), le stress au travail, les harcèlements moral et
sexuel, les violences internes ou externes à l'entreprise et l'épuisement
professionnel. Les facteurs de risque à l'origine de ces RPS ont été mis en
évidence par le groupe de travail sur le suivi statistique des facteurs de RPS
mené par M. Gollac (2011).
Les expériences menées en entreprise ont
montré deux difficultés : d'une part, le passage d'une phase de diagnostic à
une phase de mise en œuvre d'un plan d'action efficace et, d'autre part, la
mise en œuvre d'une prévention primaire.
La problématique des RPS a été accentuée
avec la pandémie pendant laquelle on a pu constater une dégradation notable de
la santé mentale de la population.
Il est donc souhaitable d'agir selon les
modalités ci-dessous.
ü
Faciliter
l'appropriation par les TPE-PME et par les managers à tous les niveaux des
outils et méthodes pour évaluer et prévenir les RPS. Dans cette optique, de
nombreux outils existent déjà pour aider les entreprises à évaluer les RPS puis
mettre en place des plans d'action adaptés. Il en est ainsi de l'outil RPS-DU développé par
l'Inrs qui propose une grille d'évaluation en 26 questions.
L'idée est donc d'onc d'encourager les Carsat, les
SPST, les agents de contrôle de l'inspection du travail et tous les acteurs de
la prévention à relayer ces outils et à accompagner leur mise en œuvre.
Effet attendu
Une utilisation effective des outils et
méthodes d’évaluation et de prévention des RPS par tous les managers et chefs
de petites entreprises, une mobilisation participative et continue favorable à
une prévention primaire.
Livrables
Des outils adaptés aux dirigeants de
petites entreprises et encadrants, favorisant une mise en œuvre effective de
solutions, leur évaluation ainsi que des retours d’expériences.
ü
Élaborer
un outil de prévention des RPS en amont des évolutions organisationnelles. Les
organisations du travail évoluent rapidement de nos jours en lien avec des
évolutions technologiques, des crises sanitaires, des innovations managériales.
Ces évolutions organisationnelles peuvent générer des RPS, notamment
lorsqu'elles ne font pas l'objet d'une information des salariés et/ou d'un
accompagnement à la conduite du changement. Il s'agit dans ce domaine, d'aider
les décideurs et les managers à anticiper les facteurs de risque le plus en amont
possible au moyen d'un outil qui permettrait d'identifier les points de
vigilance et les clefs de réussite d'un projet afin d'éviter la survenue de
RPS.
Effet attendu
Meilleure anticipation par l’encadrement,
les responsables de projet, les CSE et représentants du personnel des
conséquences d’évolutions organisationnelles en matière de RPS et des moyens de
les prévenir.
Livrables
Outils d’analyse et d’anticipation des
facteurs de RPS potentiellement causés par les évolutions organisationnelles
Indicateurs
Nombre d’alertes des IRP, nombre de mises
en demeure.
Action 2.4 – Prévenir les risques routiers
professionnels de trajet et de mission.
Le risque routier constitue la première
cause de mortalité au travail. En 2019 on a compté 406 personnes tuées dans un
accident, 296 dans un accident de trajet et 111 dans un accident de mission
[NDR – En 2020, 204 décès liés au risque routier au total dont 149 accidents de
trajet et 55 accidents de mission – p. 154 du rapport de
l'Assurance maladie – Risques professionnels de 2020]. Outre ces
décès, il y a eu en 2019, selon l'observatoire national interministériel du
risque routier, 13 302 personnes victimes d'un accident de trajet et 9 690
victimes d'un accident de mission.
Les objectifs de cette action figurent
ci-dessous.
ü
Approfondir
la connaissance du risque routier professionnel en identifiant mieux les
situations à risque, les secteurs et les publics exposés. Il s'agit de mieux
connaître l'exposition au risque routier en élargissant les données recueillies
à la fonction publique et au monde agricole, de même que dans certains secteurs
d'activité (BTP, banque et assurance, livreurs, travailleurs des plateformes,
salariés de l'aide à domicile). Des études quantitatives ciblées associant les
branches professionnelles permettront de préciser les facteurs d'exposition au
risque routier en interaction avec l'organisation du travail.
Effet attendu
Une connaissance plus fine du risque
routier qui permettra l’adaptation des supports de sensibilisation et outils de
prévention aux réalités des publics et secteurs concernés (contexte métier,
organisation du travail…).
Livrable
Données statistiques sur la sinistralité
routière liée au travail consolidées et enrichies.
ü
Sensibiliser
et impliquer les entreprises les plus exposées sur la prévention du risque
routier, en mission comme sur le trajet domicile-travail, en mobilisant les
branches professionnelles. Ceci pourrait se faire au travers de campagnes
ciblées " métiers et évaluation des risques " à l'aide de
supports de communication adaptés aux différents secteurs concernés afin de les
sensibiliser aux enjeux et à l'impact du risque routier sur la performance de
l'entreprise.
Effet attendu
Une sensibilisation plus efficace grâce à
la prise en compte des enjeux propres à chaque secteur professionnel et une
diminution de la sinistralité liée au risque routier professionnel pour les
secteurs mobilisés.
Livrables
Organisation de campagnes de communication
ciblées sur certains secteurs ou populations ; publication annuelle du support
de communication « L’essentiel du risque routier professionnel » comprenant un
volet sur les données des secteurs d’activité et les actions menées par les
branches professionnelles accompagné du tableau de bord « statistiques RRP » ;
communications publiques visant la mobilisation des branches professionnelles
et publics concernés (tables rondes, résultats d’études, etc.).
ü
Il
serait nécessaire d'impliquer les branches professionnelles dans la mise en
place d'une offre de services adaptée aux problématiques des entreprises pour
concevoir des actions de sensibilisation et de formation des chefs d'entreprise
à l'évaluation du risque routier et à sa prise en compte dans le DUERP.
Livrables
Mise à disposition et diffusion, en
concertation avec les branches et les comités techniques nationaux, d’un
ensemble d’outils et d’incitations adaptés aux spécificités métiers (dossiers
thématiques d’évaluation du risque routier, grilles d’analyse du risque routier
adaptées, mesures socles et bonnes pratiques de prévention, serious games,
foires aux questions, support d’e-learning, webinaires…).
Action 2.5 – Prévenir les
troubles musculosquelettiques.
Les troubles musculosquelettiques (TMS)
représentent plus de quatre maladies professionnelles reconnues sur cinq avec,
de plus, une tendance à l'augmentation ces dernières années. Ces TMS sont
généralement liés à la combinaison de facteurs en lien avec les conditions de
travail, en particulier les contraintes physiques, mais aussi avec l'organisation
du travail et des facteurs de risque psychosociaux.
La prévention des TMS est aussi un enjeu
majeur pour prévenir l'usure et la désinsertion professionnelles. La prévention
des TMS repose sur la mise en œuvre de solutions techniques, d'actions en
matière d'organisation du travail et de sensibilisation au risque et à sa
prévention.
Des éléments pouvant concourir à une
meilleure prévention sont évoqués ci-dessous.
ü
Promouvoir
les démarches de prévention des TMS auprès des entreprises les plus concernées
grâce à un élargissement des programmes d'accompagnement dédiés.
Il existe deux programmes portés par l'Assurance
maladie et la MSA permettant d'aider les entreprises dans la mise en place de
prévention des TMS. Il s'agit, pour la Branche AT/MP du programme TMS Pros créé en 2014 qui
accompagne, de façon ciblée, plus de 13 000 établissements où la sinistralité
en termes de maladies et accidents du travail (atteintes lombaires) est
importante. Pour la MSA, la méthode Trouver/Trouvons mes Solutions adaptées (TMSa) est consacrée à
l'aide aux chefs d'entreprise et employeurs de main d'œuvre, de façon
individuelle ou collective, à prévenir la survenue de TMS.
Indicateurs
Nombre d’entreprises du régime général
engagées dans les différents programmes de prévention des TMS et effectif
correspondant de salariés concernés ; nombre d’entreprises du secteur agricole,
employeuses de main-d’œuvre ou non, ayant bénéficié d’une action de
transformation en prévention des TMS.
ü
Améliorer
les outils et méthodes proposés aux branches et aux entreprises sur les TMS
afin qu'elles s'impliquent davantage dans l'évaluation de ce risque et des
plans d'action associés. Le PST4 se devra d'améliorer la visibilité et la
qualité des outils d'évaluation et de mise en place de plans d'action. Il se
devra aussi de renforcer la communication pour sensibiliser les publics et les
secteurs concernés et valoriser les bonnes pratiques dans ce domaine.
Pour ce faire, des conventions pourraient être signées
avec les branches professionnelles.
Livrables
Mise à disposition d’outils d’évaluation
prédictive du risque TMS adaptés à différents secteurs et branches concernés
(comme Eval Risk TMS pour le BTP) ; campagnes de communication ; conventions
d’engagement entre institutions publiques et branches professionnelles pour
promouvoir l’implication des entreprises sur les TMS.
Objectif 3 – Favoriser la
qualité de vie et des conditions de travail, en particulier sur le plan
organisationnel
Enjeux
La qualité de vie au travail a été
introduite dans un accord national interprofessionnel (ANI du 19 juin
2013).
La qualité de vie au travail (QVT) consiste à promouvoir des organisations du
travail favorables à la santé au travail et à la performance économique et
sociale de l'entreprise. Ceci recouvre plusieurs dimensions telles que les
conditions de travail, l'environnement et les relations de travail, la
conciliation vie professionnelle / vie privée, la reconnaissance du travail, le
climat social dans l'entreprise et l'égalité professionnelle… [NDR – L'article L. 2242-1 du Code du
travail prévoit que tous les quatre ans une négociation soit entamée sur
différents points, dont la qualité de vie au travail et l'égalité
professionnelle.]
Action 3.1 – Promouvoir la
démarche QVTC (qualité de vie et des conditions de travail) en entreprise : une
vision large des réalités du travail et une méthode pragmatique fondées sur le
dialogue social et professionnel.
L'ANI de 2013 a consacré la méthode
opérationnelle développée par l'Anact pour construire et mettre en œuvre une démarche
de QVTC qu'il importe de faire connaître, en particulier dans les TPE/PME.
Dans cette optique, il s'agit pour le PST4
de prévoir les orientations suivantes.
ü
Former
et outiller les acteurs de l'entreprise à la mise en œuvre de démarches QVTC,
en particulier pour les métiers de l'autonomie et de l'agriculture. Ce principe
est basé sur l'utilisation de l'outil développé par l'Anact mais aussi de
recenser les initiatives et d'en diffuser les enseignements obtenus.
D'autres organismes de prévention que l'Anact
devraient se mobiliser pour apporter leur expérience et leur savoir-faire et
diffuser les ressources produites au sein de leurs réseaux. Les SPST ont aussi
un rôle à jouer dans l'accompagnement des entreprises dans une démarche de QVTC
et pourraient y être incités via leur contrat pluriannuel d'objectifs et de
moyens.
Dans le secteur agricole, la MSA devrait agir auprès
des chefs d'entreprises et des managers afin de les accompagner dans la
démarche de QVTC.
Livrables
Ressources de formation et kit
méthodologique.
ü
Accompagner
le dialogue social et professionnel pour permettre des démarches QVTC réussies
mais aussi la conclusion d'accords collectifs sur ce thème.
Le dialogue social est indispensable pour mener à bien
une démarche de QVTC. La méthode de l'Anact insiste beaucoup sur cette
dimension de collaboration de l'ensemble des parties prenantes pour garantir
une bonne démarche de QVTC. Dans ce domaine, le comité social et économique (CSE)
joue un rôle primordial. Il est aussi nécessaire de continuer la tendance qui,
de 2017 à 2019, a vu la conclusion de près de 4000 accords sur la QVT seule ou
la QVT et l'égalité professionnelle.
Livrables
Repères de méthodes paritaires pour les
démarches QVCT et la conduite de négociations sur ce thème.
ü
Déployer
et enrichir le dispositif "ReflexQVT" pour mettre à la disposition des TPE/PME
une offre de conseil de qualité sur la QVTC.
Ce dispositif est destiné aux entreprises de types
TPE/PME qui ne disposent pas forcément des ressources internes pour concevoir,
animer et mettre en œuvre une démarche de QVTC. Le dispositif "ReflexQVT",
conçu et initié dans le PST3, propose une plateforme sur internet qui permet de
mettre en relation les entreprises et des consultants en QVTC adhérant à une
charte de bonnes pratiques.
Indicateur
Taux de satisfaction des entreprises sur
les prestations des consultants par les entreprises.
Action 3.2 - Accompagner les
transformations du travail et des organisations grâce aux démarches QVTC.
L'objectif de cette action prend en compte
l'évolution des changements organisationnels, en particulier en lien avec la
pandémie, modifiant le travail et les conditions de sa réalisation. Cette
action prend aussi en compte les transformations liées à la numérisation qui sont
susceptibles de générer des difficultés.
Les éléments de cette action sont
répertoriés ci-dessous.
ü
Accompagner
les nouvelles configurations des lieux et espaces de travail, notamment le
travail à distance, en promouvant le dialogue professionnel comme levier de
QVTC. A cet effet, il est envisagé de produire un kit méthodologique permettant
d'intégrer les enjeux de santé au travail et d'amélioration des conditions de
travail dans l'accompagnement des transformations afin de favoriser l'engagement
durable des personnels et d'accroître la performance économique et sociale des
entreprises.
Livrable
Kit méthodologique à destination des
équipes, managers et salariés.
Indicateur
Nombre de téléchargements du kit.
ü
Accompagner
les mutations et les transitions agricoles sur les territoires. En effet le
secteur agricole connaît de fortes mutations techniques dans les modes de
production, les attentes environnementales et sociétales.
Livrable
Évaluation qualitative des accompagnements
d’entreprises dans leur projet de transition et partage des expériences.
Action 3.3 - Faire des
démarches QVTC de véritables leviers d'égalité hommes-femmes.
La démarche QVTC exige de prendre en
compte et de s'adresser à l'ensemble du personnel. Elle concerne donc autant
les travailleuses que les travailleurs soumis à des expositions et des parcours
professionnels différenciés et doit intégrer une dimension de lutte contre les
inégalités femmes-hommes et de conciliation de la vie professionnelle / vie
privée. Elle devrait aussi s'intéresser à certains enjeux de société comme les
violences sexuelles et sexistes mais aussi les violences conjugales (?).
Les démarches envisagées dans le cadre de
cette action figurent ci-dessous.
ü
Concevoir
des outils dédiés à la santé au travail des femmes en lien avec les services de
prévention et de santé au travail.
Il s'agit de prendre en compte les expositions
différenciées des hommes et des femmes à différentes conditions de travail
et de vie afin d'améliorer l'évaluation et la prévention des risques
professionnels les concernant. Cela pourrait par exemple concerner
l'ergonomie des équipements de travail et des équipements de protection
individuelle, le plus souvent basés sur des modèles masculins.
Les SPST sont donc, du fait de leur proximité avec les
entreprises, en première ligne pour les aider à développer une approche
différenciée prenant plus en compte les caractéristiques féminines.
Livrables
Outils sur l’approche différenciée des conditions
de travail selon les sexes à destination des SPST.
ü
Accompagner
les entreprises dans la prévention des violences sexistes et sexuelles au
travail ainsi que dans la prise en compte des violences conjugales.
L'objectif est de développer des outils à destination
des services des ressources humaines et des comités sociaux et économiques pour
prévenir les violences sexistes et sexuelles au travail. Le PST4 indique aussi
que les SPST pourraient également être associés à un dispositif
d'identification et d'accompagnement des violences conjugales qui peuvent avoir
de fortes conséquences sur la vie professionnelle. Ils pourraient ainsi
apporter leur concours et leur expertise pour appuyer les démarches mises en
œuvre dans les entreprises.
Livrables
Expérimentations et outils sur la
prévention des violences sexistes et sexuelles au travail ainsi que la prise en
compte des violences conjugales.
Axe stratégique 2 – Structurer, développer la prévention de la
désinsertion professionnelle, la prévention de l'usure, le maintien dans
l'emploi et accompagner les salariés et les entreprises concernés
Objectif 4 – Prévenir la
désinsertion et l'usure professionnelles en accompagnant les salariés et les
entreprises concernés pour faciliter le maintien en emploi
La prévention de la désinsertion
professionnelle (PDP) renvoie aux dispositifs d'accompagnement des salariés en
situation de vulnérabilité du fait d'un état de santé posant des problèmes de
compatibilité avec leur emploi.
L'origine de la vulnérabilité peut être
professionnelle ou non et peut, ou non, avoir donné lieu à une reconnaissance
de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).
Le risque de désinsertion professionnelle
est d'autant plus prégnant qu'on assiste à un allongement de la durée de vie au
travail et donc d'une population vieillissante et, de ce fait, à l'apparition
de nombreuses pathologies chroniques susceptibles d'interférer avec le travail,
comme les cancers, le diabète, la sclérose en plaque, les maladies
cardio-vasculaires, etc…
L'usure professionnelle, susceptible de
mener à la désinsertion professionnelle, est en lien avec une exposition à des
contraintes professionnelles durant des années qui concourent à une altération
des capacités physiques du salarié et de son état de santé. Les conséquences de
l'usure professionnelle sont multiples : douleurs, TMS, troubles psychosociaux.
Sa traduction dans l'entreprise est une démotivation des salariés, de
l'absentéisme, un turn over, des restrictions d'aptitude, voire des
inaptitudes.
Il est important d'anticiper les
conséquences de l'usure professionnelle avant qu'elle ne débouche sur une
rupture du contrat de travail, d'une période de chômage, soit d'une
désinsertion professionnelle.
[NDR – J'avais commenté dans la lettre
d'information du 31 octobre 2021 (voir sur le blog), une étude de
l'Agirc-Arcco sur la situation des salariés l'année précédant la retraite.
Ainsi, en 2017, l'année précédant leur retraite : 11.6% des salariés étaient au
chômage et 6.5% étaient en arrêt maladie ou en invalidité et 20.7% des sujets
ne pouvaient être rattachés à aucun dispositif médico-social connu : indemnisation
par Pôle emploi, indemnités journalières, pension d'invalidité ou rente
d'incapacité permanente.]
Ainsi, la prévention de l'usure
professionnelle contribue fortement à la prévention de la désinsertion
professionnelle. Elle vise à agir collectivement sur les facteurs de risque et
les facteurs protecteurs techniques, organisationnels ou liés aux parcours
professionnels. Elle s'avère d'autant plus importante que l'on assiste à un
allongement de la durée de vie au travail.
Le maintien en emploi est défini par la HAS comme un
processus d'accompagnement des personnes présentant un problème de santé
retentissant sur leur capacité de travail afin qu'elles puissent se maintenir
en emploi. Ce maintien en emploi peut être un maintien au poste de travail avec
éventuel aménagement, un maintien dans l'entreprise avec reclassement interne
ou un reclassement externe, dans une autre entreprise.
Dans ce domaine de la prévention de la
désinsertion professionnelle et du maintien dans l'emploi, les approches et
actions demeurent insuffisamment coordonnées, encore peu lisibles et
accessibles, notamment du fait de la pluralité des intervenants et dispositifs.
L'ANI du 10 décembre 2020 et la loi du 2
août 2021 sur la réforme de la santé au travail ont prévu une forte implication
des SPST dans le domaine de la prévention de la désinsertion professionnelle,
avec l'obligation de mise en œuvre d'une cellule pluridisciplinaire de
prévention de la désinsertion professionnelle [NDR – A l'article 18 de la
loi du 2 août 2021
qui crée un article L. 4622-8-1 du Code du travail consacré à la cellule pluridisciplinaire
dont le Contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens (Cpom) devrait déterminer
la composition minimale.]
Deux expérimentations en cours devraient
pouvoir enrichir les enseignements sur ce qu'il est possible de faire :
ü l'une, de
l'Assurance maladie qui a mis en place des plateformes départementales
pluridisciplinaires dont le but est de repérer des salariés en risque de
désinsertion professionnelle du fait d'arrêts maladie longs ou répétés et
d'engager un accompagnement coordonné du salarié ;
ü l'autre, lancée en
septembre 2020, menée par le ministère du travail et cinq services de santé au
travail sur les modalités de détection précoce des salariés à risque
d'évolution défavorable de leur état de santé, avant même les arrêts de travail
et les outils déployés pour l'accompagnement de ces salariés.
Action 4.1 - Renforcer la
prévention primaire collective de l'usure professionnelle.
Cette prévention primaire concerne une
large population et pas seulement les seniors. Elle devrait même être mise en
œuvre dès le début de l'activité professionnelle.
Les sous-ensembles de cette action sont
les suivants.
ü
Inciter
davantage les entreprises à identifier et réduire les facteurs à l'origine
d'usure professionnelle grâce au dialogue social d'entreprise et de branche.
Dans ce domaine, toutes les mesures de prévention
envisagées dans les parties précédentes - Objectifs 1 et 2 - peuvent évidemment
aussi être utilisées dans le cadre de la prévention de l'usure professionnelle
qu'il faut autant que possible mettre en œuvre en prévention primaire.
La prévention de l'usure professionnelle peut faire
l'objet d'accords dans le cadre de la négociation de branche. Mais cela peut
aussi se faire dans le cadre d'accords d'entreprise, ce qui est d'ailleurs déjà
prévu dans le Code du travail à l'article L. 4162-1 pour les
entreprises de plus de 50 salariés dont 50% des salariés sont exposés à des
facteurs de risque professionnels ouvrant droit au compte personnel de
prévention et/ou présentant un indice de sinistralité de plus de 0.25 [NDR -Selon
l'article D. 4162-1 du Code du
travail].
Les SPST sont appelés à mobiliser l'ensemble des
entreprises afin qu'elles s'approprient au mieux leurs obligations et lancent
des démarches de prévention de l'usure professionnelle. Les branches
professionnelles ont aussi un rôle à jouer dans ce domaine.
Indicateurs
Nombre d’accords de prévention prévus à
l’article L. 4162-1 du code du travail au niveau des entreprises et des
branches ; nombre de référentiels de branche mentionnés à l’article L. 4163-2 du même code.
ü
Anticiper
les processus d'usure intervenant au cours des parcours professionnels, en
particulier par le développement des compétences, notamment en milieu et fin de
carrière.
La prévention de l'usure professionnelle peut aussi se
faire en diversifiant les trajectoires professionnelles. En particulier, il est
éventuellement possible de changer de poste ou de se réorienter pour préserver
sa santé.
La gestion prévisionnelle des emplois et des parcours
professionnels (GEPP) est tout à fait adaptée à une prise en compte de la
prévention de l'usure professionnelle et il faudrait, à ce sujet, mobiliser les
branches professionnelles, et articuler cela avec l'action des SPST qui doivent
mettre en œuvre, selon l'article 22 de la
loi du 2 août 2022
(qui a créé un article L. 4624-2-2 du Code du travail, à compter du 31 mars
2022) une visite médicale de mi-carrière.
Livrable
Outils d’aide à la mise en place d’une
GEPP tenant compte de l’usure professionnelle et des possibilités liées à la
nouvelle visite de mi-carrière.
Article 4.3 - Repérer les
salariés exposés à un risque de désinsertion professionnelle afin de déclencher
des prises en charge plus précoces et mieux coordonnées.
Afin de mettre en œuvre une PDP efficace,
il est important de repérer le plus en amont possible de l'arrêt de travail
toute altération de l'état de santé du salarié retentissant sur des capacités
fonctionnelles et de travail. Les SPST peuvent jouer un rôle majeur dans la
détection précoce des situations individuelles de vulnérabilité permettant une
prise en charge anticipée. Il en est aussi ainsi de l'Assurance maladie et des
employeurs. Une PDP sera d'autant plus
efficace que les acteurs en seront coordonnés, ce que pourront permettre les
cellules de PDP des SPST ainsi que les plateformes pluridisciplinaires de
l'Assurance maladie.
Les axes de cette action figurent
ci-dessous.
ü
Détecter
le plus tôt possible les salariés en risque de désinsertion professionnelle
dans les entreprises grâce à des critères de repérage partagés et à une
vigilance accrue des SPST et des employeurs à ce sujet.
Cette action est basée sur les deux expérimentations
évoquées ci-dessus, l'une, de l'Assurance maladie dépistant les sujets sur des
critères liés aux arrêts de travail (longs ou répétés) et aux pathologies
chroniques et, l'autre, du ministère du travail en lien avec les SPST sur la
recherche de critères précoces de désinsertion.
Au niveau des SPST, une fois la liste de ces critères
validée par le comité national de prévention et de santé au travail du Coct et
les acteurs concernés, ces critères pourront servir d'alerte lors de chaque
consultation du suivi individuel des salariés.
Les acteurs de la PDP pourront aussi construire des
outils de sensibilisation destinés aux employeurs afin qu'eux aussi puissent
identifier les situations à risque et solliciter les structures adéquates.
Livrable
Critères de repérage à l’usage des SPST.
Indicateurs
Nombre de rendez-vous de liaison [NDR – Il s'agit,
lors de la suspension du contrat de travail d'une disposition, créée par l'article 27 de la
loi du 2 août 2021,
(dans l'article L. 1226-1-3 du Code du travail au 31 mars 2022), permettant la
possibilité, à la demande de l'employeur ou du salarié d'une rencontre, en
présence éventuelle d'un membre du SPST, afin d'envisager la mise en œuvre, en
cas de besoin, d'une PDP] ; nombre de visites de mi-carrière, de visites de
reprise et de pré-reprise et suites données à ces visites (aménagements ou
adaptations de postes ou de temps de travail, reclassements, inaptitudes,
licenciement, etc.).
ü S'appuyer
sur les nouvelles structures dédiées à la PDP au sein des SPST et de
l'Assurance maladie pour mieux coordonner la prise en charge des salariés.
Les cellules pluridisciplinaires de prévention de la
désinsertion des SPST sont appelées à devenir le point d'entrée incontournable,
tant pour les employeurs que pour les acteurs régionaux. Leurs missions et leur
fonctionnement devront être déterminés par le comité national de prévention et
de santé au travail puisqu'elles font partie de l'offre socle des SPST.
La loi prévoit aussi des échanges d'information, sous
réserve de l'accord du salarié, entre l'Assurance maladie et les SPST dans le
cadre d'une collaboration prévue dans un futur article L. 4624-8-1 (créé par l'article
18 de la loi du 2 août 2021). Échanges qui pourront permettre de
déclencher des visites de pré-reprise dès que nécessaire.
Livrables
Guides de bonnes pratiques sur les
missions et le fonctionnement des cellules PDP au sein des SPST et sur le
traitement des arrêts de travail reçus de l’Assurance Maladie. [NDR
– Un certain nombre de SST ayant déjà mis en place une cellule de prévention de
la désinsertion, il serait peut-être utile d'en examiner le fonctionnement et
l'organisation, les résultats positifs et les difficultés rencontrées.]
Indicateurs
Nombre et part de SPSTI ayant mis en place
une cellule de prévention de la désinsertion professionnelle [NDR – C'est un
indicateur étonnant dans la mesure où tous les services sont tenus de mettre en
place une cellule de PDP ! Est-ce que l'on prévoit déjà qu'un certain nombre ne
le feront pas ?] ; nombre de salariés suivis par les cellules PDP des SPSTI.
Action 4.3 – Renforcer la
lisibilité et la pertinence des nombreux dispositifs de maintien en emploi dans
une logique de parcours, notamment pour les personnes atteintes de maladies
chroniques ou en situation de handicap.
Il s'agit de rationaliser le recours aux
dispositifs aujourd'hui disponibles.
ü
Rendre
plus lisibles et mieux connus les dispositifs et parcours de maintien en emploi
à travers une cartographie partant des besoins des usagers.
Du point de vue de ceux qui en ont besoin, les
parcours et dispositifs de maintien en emploi apparaissent particulièrement
complexes avec de nombreux intervenants et des dispositifs qui leur sont
propres.
Livrable
Nouvelle rubrique Internet sur le maintien
dans l’emploi privilégiant une « approche usager », i.e. centrée sur les
usages que pourront en avoir les travailleurs, employeurs et acteurs de la PDP.
ü
Concevoir
un parcours de prise en charge des travailleurs atteints de maladies chroniques
impliquant les SPST et l'Assurance maladie.
Les maladies chroniques touchent actuellement 15% de
la population active et elles pourraient en concerner 25% d'ici 2025. Un à deux
millions de salariés seraient concernés par un risque de désinsertion
professionnelle liée aux maladies chroniques, soit 5 à 10% des salariés selon
un rapport de l'Igas de 2017. Le maintien en emploi de ces personnes devient
donc un enjeu majeur.
Ainsi, pour les sujets victimes d'un cancer, pour
améliorer la coordination entre médecine du travail, médecine de ville et
médecin conseil autour de ces salariés,
des actions de sensibilisation et la création d'un
guichet unique concernant les dispositifs et ressources mobilisables pourraient
être déployés.
Livrable
Kit de sensibilisation pour le maintien en
emploi des travailleurs atteints de maladies chroniques, plateforme de
ressources répertoriant les aides et dispositifs mobilisables pour les
personnes atteintes de cancer.
ü
Soutenir
la mobilisation des entreprises autour du maintien en emploi des personnes
atteintes de maladies chroniques, dont le cancer.
Des initiatives d'associations œuvrant pour le
maintien en emploi des personnes atteintes de pathologies chroniques, dont le
cancer, devraient être soutenues dans le cadre du PST4.
Lors de la visite de mi-carrière dans les SPST, il
sera possible de sensibiliser les salariés à la prévention et au dépistage des
cancers et des maladies chroniques.
Axe stratégique 3 – Adapter la
politique de santé au travail aux défis d'aujourd'hui et de demain
Objectif 5 – encourager
le développement d'une approche partagée de la santé (santé publique, santé au
travail, santé environnement)
La stratégie nationale de santé (SNS
2048-2022) a traduit la volonté de développer la transversalité entre les
différentes politiques de santé publique. La pandémie a mis en évidence le lien
entre santé publique et santé au travail en mobilisant fortement les services
de santé au travail. La loi du 2 août 2021 continue dans cette direction en
fixant aux services de prévention et de santé au travail des objectifs de santé
publique, en particulier introduits à l'article 7 de la
loi 2021-1018
qui modifie les missions des SPST de l'article L. 4622-2 (5°).
Cette loi lie aussi le dossier médical
partagé avec le dossier médical en santé au travail en permettant au médecin du
travail de le consulter et d'y verser des éléments du dossier médical en santé
au travail importants pour le suivi de la santé du salarié (voir la version au
31 mars de l'article L. 1111-17
(IV)
du Code de la santé publique).
Ainsi, la santé au travail repose sur une
logique et des moyens spécifiques mais elle doit participer à l'état global de
santé de la population. Et le PST4 encourage l'approche partagée de la santé
car les travailleurs sont concernés par des risques ou des pathologies relevant
de plusieurs facteurs sur lesquels il faut agir de façon coordonnée.
Action 5.1 - Développer une approche partagée entre santé
publique, santé au travail et santé-environnement.
Il s'agit de comprendre les enjeux communs
de ces approches :
ü en concevant des
documents de référence sur l'approche partagée de la santé à destination des
professionnels de santé : il s'agit de produire et diffuser, auprès des
professionnels de santé au travail et de soin, des recommandations sur le
développement d'une approche partagée en santé-environnement, santé au travail
et santé publique afin qu'ils intègrent pleinement le caractère multifactoriel
de certains risques dans leurs approches et pratiques ;
ü rapprocher les
acteurs de la santé publique, santé-environnement et santé au travail. La
pandémie a montré la nécessité de l'approche commune des réseaux locaux de
santé au travail et de santé publique pour apporter une réponse. Cela passe par
un rapprochement des centres régionaux de pathologies professionnelles et des
communautés professionnelles territoriales de santé.
Action 5.2 – Prévenir les risques
multifactoriels et agir sur les déterminants de santé en milieu professionnel.
Au-delà des risques strictement
professionnels inhérents à l'activité de l'entreprise, certaines pathologies
peuvent apparaître en lien avec des risques divers (consommation de tabac,
d'alcool, sédentarité).
Les actions à envisager figurent
ci-dessous.
ü
Expérimenter
des démarches de promotion de la santé cardio-vasculaire. Il s'agit, en
agissant sur des déterminants de l'état de santé cardio-vasculaire de réduire
la survenue de pathologies chroniques dans la population active et de diminuer
ainsi leur répercussion sur l'emploi. A partir d'une analyse de l'exposition
des travailleurs à des contraintes ou des risques professionnels susceptibles
de retentir sur le système cardio-vasculaire, une démarche de prévention des
atteintes cardio-vasculaires pourra être entamée afin de mener des actions
pilotes multi-déterminants de prévention des maladies cardio-vasculaires, de
produire des guides et des outils méthodologiques, de diffuser et mettre à
disposition la démarche et les outils pour le développement d'autres
thématiques, notamment la promotion d'activités physiques et sportives en
milieu professionnel, la lutte contre la sédentarité… [NDR – Et pourquoi pas du
stress au travail dont on sait qu'il a un effet particulièrement délétère en
termes de pathologies cardio-vasculaires ?]
Effet attendu
Développement de comportements et d’un
environnement favorables à la santé pour améliorer l’anticipation des risques
cardio-vasculaires dans certains secteurs professionnels et réduire la
sinistralité liée aux malaises et accidents cardio-neuro-vasculaires au
travail.
ü Promouvoir les
activités physiques et sportives en milieu professionnel. L'inactivité physique
et la sédentarité sont considérées comme le principal paramètre de morbidité
évitable selon l'Organisation mondiale de la santé. Le milieu professionnel
constitue un espace possible pour développer les activités physiques et sportives.
La loi du 2 août 2021 a intégré cette dimension dans les missions des SPST.
Ceci pourrait se faire en facilitant l'accès aux ressources utiles pour la
pratique des activités physiques, l'implication des comités sociaux et
économiques et la mise à disposition d'espaces ou d'activités dédiés pour les
salariés volontaires.
ü Développer des
actions de lutte contre les addictions en milieu professionnel. En particulier,
les SPST doivent mieux sensibiliser et orienter les salariés lors des
consultations médicales et mieux conseiller les entreprises. Les branches
professionnelles peuvent aussi jouer un rôle dans ce domaine;
Effet attendu
Sensibilisation des salariés aux conduites
addictives tout au long de la carrière pour éviter les conséquences de ces
conduites sur la désinsertion professionnelle et les accidents du travail.
ü
Faciliter
l'accès à la vaccination via les professionnels de santé au travail. La loi du
2 août 2021 (article 7 de la
loi 2021-1018
modifiant l'article L. 4624-2 du Code du travail) permet la contribution des
médecins du travail à la politique vaccinale et à des actions de dépistage.
Dans les suites de l'épidémie, une réflexion sera menée sur la prescription de
vaccins par les médecins du travail.
Action 5.3 – Prendre en compte
les effets du changement climatique sur la santé des travailleurs, en
particulier les effets des vagues de chaleur.
Au cours des
dernières décennies des vagues de chaleur sont apparues de façon récurrente sur
le territoire métropolitain. La chaleur engendre des risques professionnels
spécifiques pour certaines activités (fonderies, verreries) mais les vagues de
chaleur sont susceptibles de retentir sur des activités extérieures (BTP par
exemple) mais aussi intérieures dans les bureaux. Ces vagues de chaleur
entraînent une dégradation des conditions de travail et augmentent les risques
d'accidents du travail.
Cette action vise
à mieux prendre en compte les effets des températures extrêmes.
ü Il s'agit de
continuer des actions déjà entamées :
Ø surveillance de la
morbidité et de la mortalité lors des vagues de chaleur ;
Ø production
d'expertises en vue de définir des critères objectivables, éventuellement mesurables,
permettant d'envisager des mesures de restriction d'activité ;
Ø sensibiliser les
entreprises à l'évaluation des risques liés aux épisodes de canicule.
ü D'autres actions
seront lancées dans les prochaines années, comme le renforcement de la
prévention vers les secteurs et métiers identifiés à risque et la mise en œuvre
d'une réglementation à ce sujet.
Effet attendu
Atténuation des effets des vagues de chaleur
sur la santé des travailleurs.
Livrables
Conclusions des travaux du HSCP et
déclinaison opérationnelle, action de sensibilisation et/ou de communication
interinstitutionnelle, consolidation des données issues du système d’alerte mis
en œuvre par SP France/ DGT, évolution des indicateurs de surveillance de la
mortalité et proposition de définition et de consolidation des indicateurs de
morbidité associés aux vagues de chaleur.
Action 5.4 – Faire converger
les efforts de prévention des risques à la fois professionnels et
environnementaux.
Le PST4 converge
avec le plan national santé environnement car certains risques environnementaux
pouvant atteindre la population sont aussi susceptibles de toucher les
travailleurs lors de leur activité professionnelle. Il en est ainsi de
l'exposition à certaines substances chimiques (amiante, pesticides), du radon
ou de la pollution des sols. La prévention de ces expositions constitue un
enjeu commun entre santé au travail et santé environnementale.
Les actions
envisagées sont les suivantes.
ü
La
poursuite de la surveillance et de la lutte contre certains risques chimiques
(amiante, pesticides) à l'interface de la santé au travail, publique et
environnementale. L'un des exemples est l'évaluation des expositions à
l'amiante de patients atteints d'un mésothéliome pleural avec un renforcement
des actions de prévention ciblée auprès des jeunes et des travailleurs. Il est
ainsi envisagé de surveiller les mésothéliomes afin de caractériser les
déterminants professionnels et environnementaux, de mieux connaître et agir sur
les gisement d'amiante au sein des exploitations agricoles et de poursuivre le
développement d'actions de prévention dans le secteur du bâtiment. [NDR – Il
existe un Programme national de surveillance du mésothéliome pleural (PNSM) mis
en œuvre depuis 20 ans – Voir sur le site de Santé publique
France.]
Livrables
Réalisation du bilan du dispositif
national de surveillance des mésothéliomes (DNSM).
ü
Le
PST3 a permis la production d'outils et de documents en ligne pour accompagner
les entreprises dans la mise en place d'une prévention par la substitution de
produits dangereux utilisés. Le PST4 doit être l'occasion d'une large diffusion
de ces outils.
Livrables
Outils appropriés (formation, outils
d’aide à la décision) pour accompagner la substitution des produits contenant
des substances préoccupantes pour la santé – notamment celles en lien avec les
priorités de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers et PNSE 4, les
substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) et
les perturbateurs endocriniens (PE) – par des substances moins dangereuses, en
particulier de biocontrôle.
Encouragement à la mise au point de
solutions alternatives efficaces sur les plans technique, environnemental,
sanitaire, et économique et pour accompagner la substitution progressive des
produits les plus préoccupants pour la santé humaine et l’environnement, dont
la biodiversité (plans Ecophyto et Ecophyto II +). Mise à disposition des
concepteurs d’agroéquipements des exigences essentielles de sécurité contre le
risque chimique en lien avec le plan Ecophyto II+.
ü
Poursuivre
le renforcement des démarches de prévention du risque radon sur les lieux de travail.
Le radon est un gaz radioactif présent partout à la
surface de la terre. Il constitue en France la principale source d'exposition
naturelle aux radiations ionisantes et, du fait du risque de cancer pulmonaire
qu'il peut générer, représente un risque avéré. En conséquence, tous les lieux
de travail en rez-d- chaussée ou dans des sous-sols de bâtiments ainsi que dans
des souterrains doivent faire l'objet d'une évaluation des risques de
l'exposition au radon. L'employeur doit mettre en œuvre des mesures de
réduction du niveau du radon pour être en dessous du seuil de référence [NDR - Le
niveau de référence est de 300 Bq/m3] et, si ce n'est pas
possible, de mettre en œuvre un système renforcé radioprotection.
Il est donc important de prendre en compte
l'évaluation du risque radon.
Effet attendu
Meilleure information des entreprises du
risque radon ainsi que des mesures de réduction du niveau de radon, et
notamment pour les entreprises ayant un risque plus accru (activités en milieu
souterrain ou sur des territoires en zone à potentiel radon significatif (zone
3), etc.), renforcement des démarches d’évaluation et de prévention du risque
radon dans les lieux de travail.
Livrable
Bilan de l’action de l’inspection du
travail sur la prise en compte du risque radon dans les DUERP.
Indicateur
Nombre de saisines des Carsat sur le
risque radon.
ü
Limiter
les effets de certaines pollutions (sols, air intérieur) sur la santé des
travailleurs. Il y a en France plus de 9 000 sites pollués ou potentiellement
pollués du fait d'activités humaines anciennes ou actuelles (pollutions
industrielles, ou minières, pollutions liées à des activités de défense,
pollutions d'origine agricole, à l'utilisation de matières radioactives,
friches commerciales et urbaines, anciens sites ferroviaires). Les populations
travaillant sur ces sites ou à proximité doivent être protégées. Il important
aussi de veiller à la qualité de l'air intérieur.
Livrables
Outils de sensibilisation et
d’information, par exemple sur la mise en œuvre de moyens de protection
collective à la pollution de l’air (intérieur et extérieur), aux particules
fines (y compris particules ultrafines) et aux poussières.
Objectif 6 – Anticiper
les crises pour mieux les gérer et limiter leurs effets dans la durée
Enjeux
La crise peut être
définie comme une situation exceptionnelle dépassant les capacités habituelles
de réponse du système actuel. Ces dernières années, plusieurs crises ont eu
lieu, liées à des épisodes météorologiques extrêmes, à l'incendie de Notre Dame
ou de l'usine Lubrizol de Rouen. Lors de ces crises, les travailleurs peuvent
être affectés au même titre que l'ensemble de la population.
Ces crises
nécessitent l'intervention coordonnée d'acteurs compétents de proximité afin de
mettre à disposition des ressources adaptées pour permettre de faire face à la
crise.
Le 4e
plan santé au travail représente un levier pour développer et partager des
stratégies d'anticipation et des outils de gestion des crises adaptés.
Action 6.1 – Accompagner les
entreprises pour concilier la continuité de l'activité et la protection des
salariés pendant les épisodes de crise.
ü
Aider
les entreprises à adapter leur évaluation des risques et leurs mesures de
prévention aux situations de crise, notamment via l'information des salariés et
des exercices de gestion des crises.
Voici quelques pistes qui pourraient permettre
d'anticiper l'outillage des entreprises face à des crises :
Ø élaborer des
méthodologies simples de prise en compte des nouveaux risques dans le document
unique d'évaluation des risques professionnels et les plans de prévention ;
Ø encourager les
entreprises à inclure dans leur plan de continuité de l'activité la démarche
d'évaluation des risques ;
Ø inclure des
mesures de prévention et de protection en cas d'accident ;
Ø permettre une
meilleure formation et information des représentants du personnel et des
salariés sur les risques des crises, en associant éventuellement le SPST, les
Carsat et les acteurs de la société civile ;
Ø aider à
l'organisation d'exercices de gestion de crise au sein des entreprises ;
Ø inciter les
entreprises à élaborer des plans de continuité et de reprise d'activité.
Effet attendu
Des entreprises mieux outillées et
accompagnées.
Livrables
Outils pédagogiques sur l’adaptation des
DUERP et plans d’actions de prévention aux situations exceptionnelles, outils
pour aider les entreprises, notamment les TPE-PME à organiser des exercices de
simulations de crise et s’entraîner, etc.
ü Favoriser le
dialogue social sur les conditions de travail en situation de crise. La
pandémie a donné un exemple de ce dialogue :
Ø au niveau national,
avec l'association des partenaires sociaux aux décisions prises quant à la
prévention ;
Ø dans les branches
qui ont élaboré des guides et des protocoles et ont élaboré des accords pour
faire face à la crise ;
Ø dans les
entreprises avec de nombreux accords conclus sur le télétravail en 2020.
Action 6.2 – Accompagner la
sortie de la crise sanitaire et limiter ses effets.
La crise sanitaire a touché l'activité des
entreprises et elle a retenti sur l'état de santé des salariés.
Voici, ci-dessous, les mesures que l'on
peut envisager dans le cadre de cette action.
ü Accompagner le
monde du travail pendant et après l'épidémie. La crise sanitaire pose plusieurs
questions aux salariés, à leurs représentants et aux employeurs : la
réalisation de campagne de vaccination sur site, le soutien psychologique aux
salariés fragilisés et le maintien des mesures de prévention et des gestes
barrières.
ü Assurer le suivi
des salariés affectés par l'épidémie et, en particulier, des salariés vulnérables.
Les SPST sont au premier plan pour assurer la traçabilité des expositions et le
suivi médical des salariés impactés par la crise sanitaire, en particulier ceux
atteints d'un Covid long.
Objectif 7 – Développer la
recherche et améliorer les connaissances notamment sur les risques émergents
Enjeux
Il s'agit d'identifier les risques
professionnels émergents par la recherche et la production de connaissances en
santé au travail. L'objectif du PST4 est de continuer dans la lignée du PST3 à
réaliser des travaux de recherche dans le domaine des conditions de travail.
Action 7.1 – Poursuivre la
structuration de la recherche en santé au travail, gage de sa qualité.
Une stratégie nationale de recherche en
santé au travail pourrait permettre de mieux parvenir à structurer la recherche
en santé au travail en la dotant d'un pilotage et de financements dédiés. Le PST4
cherchera à promouvoir des recherches menées dans le domaine de la prévention
des risques qui font appel à plusieurs disciplines des sciences humaines et
sociales, notamment l'ergonomie, les sciences économiques et de gestion, la
psychologie et la sociologie.
Les actions envisagées sont les suivantes.
ü
Examiner
la faisabilité d'une stratégie nationale de recherche en santé au travail, pour
la déployer le cas échéant. Il existe de nombreux chercheurs dépendant de
plusieurs environnements institutionnel qui interviennent dans le domaine de la
santé au travail. La mise en place d'une stratégie nationale de recherche en
santé au travail permettrait de disposer de leviers efficaces de mobilisation
de la recherche, notamment pour anticiper les enjeux sanitaires liés aux
nouvelles formes de travail ou aux risque émergents. La faisabilité d'une telle
stratégie pourrait prendre la forme d'un "livre blanc" ou d'une
"cartographie de la recherche en santé au travail" fondée sur une
étude bibliométrique des travaux de recherche menés en santé au travail depuis
le PST1, dont ceux des sciences sociales et humaines;
Effet attendu
Rendre la recherche en santé au travail
plus attractive, plus visible et plus opérationnelle.
Livrables
Livre blanc sur la stratégie de recherche
en santé au travail ; cartographie de la recherche française en santé au
travail.
ü
Consolider
le rôle du parcours doctoral national en santé sécurité au travail (PDNST).
Ce parcours doctoral national en santé au travail a été
créé en 2016, dans le cadre du PST3. Son objectif est de promouvoir des
recherches innovantes et pluridisciplinaires en santé au travail répondant à
des priorités fixées.
Concrètement, le PDNST permet :
Ø l'attribution de
contrats doctoraux (actuellement, 5 thèses sont financées) ;
Ø l'allocation de
bourses d'aide à la mobilité dans un autre laboratoire durant la thèse ;
Ø la facilitation de
l'accès à une formation de haut niveau en santé au travail.
Indicateurs
Nombre de projets de thèses financées,
initiées et soutenues dans le cadre du PDNST ; nombre de nouveaux soutiens
institutionnels.
ü
Soutenir
le développement de chaires spécialisées en santé au travail et particulier la
chaire internationale de santé au travail comparée.
Effet attendu
Mise en exergue de pratiques
internationales innovantes en matière de santé au travail permettant
d’améliorer la politique nationale en santé au travail.
Indicateurs
Nombre de partenaires institutionnels
soutenant (y compris financièrement) la Chaire et participant aux travaux ;
nombre de projets de recherche initiés.
Livrable
Rapport d’activité à mi-parcours ;
colloque annuel.
ü
Promouvoir
le développement des travaux de recherche pluridisciplinaires en santé au
travail et la contribution des sciences humaines et sociales.
Effet attendu
Une meilleure appropriation des enjeux en
santé au travail.
Livrable
Séminaires sur la santé au travail / la
santé publique / les sciences humaines et sociales organisés sous le pilotage
d'acteurs institutionnels du PST permettant de favoriser / valoriser les
recherches transversales en santé au travail.
ü
Développer
la recherche-action et la recherche participative.
Livrable
Publication de rapports de
recherche-action et de recherche participative.
Action 7.2 – Concentrer la
recherche sur des thèmes prioritaires garantissant son caractère pertinent et
opérationnel et sur les risques émergents.
Cette action comporte la priorisation de
thèmes de recherche afin que les connaissances produites puissent être en phase
avec les besoins du terrain. Parmi ces thèmes de recherche prioritaires :
ü les évolutions de
l'organisation du travail ;
ü les changements
technologiques, environnementaux et sociaux ;
ü la prévention des
risques professionnels.
Axe stratégique 4 – Consolider le pilotage et la
gouvernance de la prévention des risques professionneks et de la santé au
travail
Objectif 8 – Renforcer le
paritarisme et le dialogue social au bénéfice de la prévention et de la santé
au travail
Enjeux
Le Conseil d'orientation des conditions de
travail (Coct) et ses organismes régionaux (Croct) ainsi que les branches professionnelles
et les instances nationales et locales de la Branche AT/MP (comités techniques
nationaux et régionaux, CTN et CTR) jouent un rôle important en termes de
dialogue social des partenaires sociaux relativement à la santé au travail.
L'ANI et la loi du 2 août 2021 de réforme
de la santé au travail ont prévu de nouvelles instances avec des missions plus
larges, le comité national de prévention et de santé au travail (CNPST) et les
comités régionaux de prévention et de santé au travail (CRPST) qui remplacent
le Groupe permanent d'orientation (GPO) au niveau national et les groupes
permanents régionaux d'orientation (GPRO) dans les régions (voir le commentaire
du décret n° 2021-1792 du 23 décembre 2021 dans la lettre d'information du 2
janvier 2021 sur le blog).
Action 8.1 – Accompagner la mise en place des nouvelles
instances de gouvernance nationale et régionale.
Le rôle du CNPST, particulièrement
important en ce qui concerne les SPSTI,
comporte les missions suivantes :
ü " participer
à l'élaboration du plan santé au travail et à sa gouvernance ;
ü définir le socle
de l’offre de services en matière de prévention des risques professionnels, de
suivi individuel des travailleurs et de prévention de la désinsertion professionnelle proposés par les
services de prévention et de santé au travail interprofessionnels (SPSTI) ;
ü proposer les
référentiels et les principes guidant l'élaboration du cahier des charges de
certification, des indicateurs en santé au travail et des indicateurs
d’évaluation des SPSTI ;
ü déterminer les modalités de mise en œuvre du
passeport de prévention ;
ü assurer le suivi
de la mise en œuvre de la collaboration entre médecin du travail et médecin
praticien correspondant (MPC) ;
ü participer aux
orientations de la recherche en santé au travail et à l’exploitation des
données en santé au travail. "
Les CRPST ont à assurer les missions
suivantes dont certaines sont aussi en lien avec les SPSTI :
ü " s’assurer
de la mise à disposition effective auprès des entreprises de l’offre socle et
du bon fonctionnement du réseau régional de prévention de la désinsertion
professionnelle, de l’application du cahier des charges de la certification des
SPSTI élaborée au niveau national ;
ü participer à
l’évaluation de la qualité des services de prévention et de santé au travail ;
ü suivre la mise en
œuvre de la collaboration médecine du travail/médecine de ville ;
ü s’assurer de la
contribution des observatoires régionaux de santé au travail à la politique
régionale de santé au travail. "
Dans le cadre de cette action les mesures
suivantes doivent être prises.
ü Mettre en œuvre
les nouvelles missions du CNPST. Dès l'installation du CNPST, les partenaires
sociaux devront :
ü définir l'offre
socle des SPST ;
ü proposer les
référentiels et principes de la certification des SPST ;
ü déterminer les
modalités de mise en œuvre du passeport de prévention et de sa mise en œuvre.
Livrables
Délibération du CNPST.
ü
Développer
le rôle opérationnel des CRPST et leur fournir un appui méthodologique à cet
effet. Le CRPST doit coordonner au niveau régional les acteurs de la
prévention. Il devra définir les priorités régionales partagées en matière de
prévention, assurer la communication avec les organisations concernées,
réaliser un bilan des actions de prévention des différents intervenants et
transmettre un bilan annuel au CNPST.
Les CRPST pourront aussi organiser des rencontres de
représentants paritaires des SPSTI (présidents et vice-président ou président
de la commission de contrôle) ou d'autres acteurs issus des SPSTI pour suivre
l'évolution de leur qualité.
Effet attendu
Meilleure articulation entre le niveau
national et le niveau régional, pleine appropriation par le CNPST et les CRPST
de leurs nouvelles missions.
Livrable
Mise en place d’une plateforme permettant
les échanges entre le niveau régional et le niveau national, bilans annuels.
Indicateurs
Nombre de CPRST accompagnés.
Action 8.2 – Promouvoir le rôle
des branches professionnelles en matière de conditions de travail.
Les branches professionnelles constituent
un espace de dialogue social entre les partenaires sociaux, employeurs et
organisations syndicales. De nombreux sujets de négociation interfèrent avec la
santé au travail.
Aussi, il est important que les actions
suivantes soient mises en œuvre.
ü
Inciter
les branches professionnelles à définir de façon paritaire les priorités de la
prévention des risques professionnels pour leur secteur d'activité. Les
branches professionnelles devraient mettre à la disposition des entreprises, en
particulier des TPE/PME, des outils facilitant l'évaluation et la prévention
des risques professionnels. Ces branches professionnelles pourraient aussi
diffuser les recommandations des CTN de la Branche AT/MP. Elles peuvent
éventuellement être épaulées par des organismes de prévention.
Effet attendu
Faciliter la prise en compte des
problématiques de santé au travail dans le dialogue social de branche et
d’entreprise.
Indicateurs
Mise en place de commissions paritaires
dédiées aux conditions de travail, nombre de recommandations des CTN, nombre
d’outils d’évaluation des risques de branche.
Action 8.3 – Renforcer le
dialogue social relatif aux conditions de travail au sein des entreprises.
La prise en compte de la santé au travail
est une prérogative du comité social et économique (éventuellement assisté de
la commission santé, sécurité et conditions de travail, CSSCT).
Parmi les orientations retenues.
ü
Développer
la formation des représentants du personnel dans le domaine de la santé, de la
sécurité et des conditions de travail. L'article L. 2315-18 du Code du
travail prévoit (à compter de la version au 31 mars 2022) une formation
minimale d'une durée de 5 jours lors du premier mandat des membres du CSE. En
cas de renouvellement, cette durée minimale de formation est de 3 jours pour
les membres du CSE et de 5 jours pour les membres de la CSSCT.
Effet attendu
Montée en compétences des membres du CSE
sur les problématiques de santé au travail.
Indicateur
Nombre de formations dispensées
conformément à la réglementation et qualité de ces formations.
ü
Promouvoir
l'implication du CSE dans l'évaluation des risques professionnels dans
l'entreprise. L’article L. 4121-3 du Code du
travail prévoit, dans sa version à compter du 31 mars 2021, que le CSE et sa
commission santé sécurité et conditions de travail (CSSCT) participent à
l'évaluation des risques et que le CSE soit consulté sur le document unique
d'évaluation des risques professionnels et ses évolutions.
Effet attendu
Meilleure acculturation du CSE à la
problématique de la santé au travail.
Indicateur
Taux de DUERP soumis annuellement au CSE.
Action 8.4 – S'appuyer
pleinement sur le rôle consultatif du Coct.
Les textes de loi relatifs à la santé au
travail sont soumis au Coct et à ses commissions spécialisées. Ce qui permet la
prise en compte éventuelle des points de vue des partenaires sociaux.
Objectif 9 – Renforcer
l'accompagnement des entreprises par la mobilisation des branches
professionnelles et la coordination des acteurs de prévention
Enjeux
L'objectif est de renforcer
l'accompagnement de proximité des entreprises sur la question des conditions de
travaill, en lien avec les branches professionnelles. Parmi les acteurs, les
SPSTI jouent un rôle important dans la mesure où ils constituent le réseau de
préventeurs le plus dense et le plus proche du terrain. Cependant, d'autres
acteurs peuvent accompagner les entreprises dans le domaine des conditions de
travail (Dreets, Carsat, INRS, OPPBTP, etc…).
Action 9.1 – Renforcer la
place des services de prévention et de santé au travail auprès des entreprises.
La loi du 2 août 2021 a renforcé le rôle
des SPST vis-à-vis de l'ensemble des entreprises, en particulier en obligeant
ces services à proposer une offre socle de services qui seront mis à la
disposition de l'ensemble des entreprises, en particulier des TPE/PME.
ü
Garantir
la lisibilité et la qualité de l'offre de services en prévention des SPSTI et
SST agricoles grâce à la définition d'une offre socle et au déploiement de la
certification.
La loi du 2 août 2021 a prévu une offre socle selon
trois axes : la prévention des risques professionnels, le suivi médical
individuel des salariés et la prévention de la désinsertion
professionnelle.
Pour garantir la fourniture de cette offre socle, les
SPST devront être soumis à une certification portant notamment sur les aspects
suivants : " qualité et effectivité des services rendus ; organisation,
continuité du service ainsi que qualité des procédures suivies ; gestion
financière et tarification ; conformité du traitement des données personnelles
avec le RGPD ".
Dans une première étape, l'élaboration du référentiel
fera l'objet d'une concertation entre le ministère du travail et les
partenaires sociaux au niveau de la CNPST. Dans une deuxième étape, le
processus de certification sera rendu opérationnel pour la certification de
l'ensemble des SPST.
Livrables
Publication et communication autour du
décret détaillant le contenu de l’offre socle ; publication du référentiel de
certification.
Indicateurs
Taux de SPSTI certifiés et délai moyen
d’obtention de la certification par les SPSTI.
ü
Amener
les SPST à proposer une offre de services aux travailleurs indépendants et
chefs d'entreprises et à mieux prendre en compte les travailleurs temporaires
et ceux des entreprises sous-traitantes.
La loi du 2 août 2021 a prévu l'élargissement de la
prestation de services des SPSTI aux travailleurs indépendants, de façon
facultative, et a proposé une prise en charge gratuite du chef d'entreprise
[NDR - Par la création à l'article 23 de la
loi n° 2021-1018
des articles L. 4621-3 et 4 du Code du travail à compter du 31 mars 2022].
Quant aux SPST autonomes, ils sont incités à assurer le suivi individuel des
travailleurs salariés et non-salariés exerçant sur leur site. Une convention
sera établie entre le SPST autonome et le SPST de l'entreprise extérieure afin
de mener, de façon conjointe, les actions de prévention.
Indicateurs
Nombre de travailleurs indépendants
affiliés à un SPSTI ou SST agricole ; nombre de chefs d’entreprise bénéficiant
des services offerts à leurs salariés par leur SPSTI ; nombre de SPST autonomes
prenant en charge le suivi individuel de travailleurs extérieurs ; nombre de
conventions conclues par les SPST autonomes sur l’exercice conjoint de la
prévention avec les SPST ou SST agricoles des entreprises extérieures.
ü
Inciter
davantage les SPST à relayer les outils et messages de prévention du PST et du
PRST ou des branches professionnelles, notamment sur les Cpom. Les SPST,
représentant un réseau dense de proximité des entreprises, pourront relayer les
messages nationaux et régionaux de prévention définis dans le PST et le PRST.
Une instruction commune du ministère du travail et de
la Branche AT/MP précisera les exigences que devra respecter la nouvelle
génération de Cpom afin de mobiliser pleinement les SPSTI dans la mise en œuvre
de la politique de prévention.
Indicateur
Part des SPSTI ayant conclu un contrat
pluriannuel d’objectifs et de moyens avec leur Dreets et Carsat dont le contenu
est conforme aux exigences fixées par instruction.
Action 9.3 – Déployer des
stratégies de diffusion des ressources en prévention, en mobilisant tous les
relais.
Cette action comprend trois composantes :
ü communiquer de
manière large et coordonnée sur les messages de prévention les plus importants,
en sensibilisant sur les accidents du travail et les maladies professionnelles
en lien avec les secteurs les plus concernés ;
ü valoriser er
mettre à disposition les outils développés par les acteurs du PST et du PRST en
les identifiant visuellement et en les rassemblant sur le Code du travail numérique ;
ü développer les
stratégies partenariales en direction des réseaux d'acteurs pouvant relayer des
ressources en prévention vers les entreprises.
Objectif 10 – Structurer et
partager les données en santé au travail grâce aux outils numériques
Enjeux
La collecte, l'analyse et la diffusion de
plusieurs types de données de santé au travail sont importantes pour contribuer
à la politique de prévention.
Parmi ces données :
ü les données
individuelles de santé issues du dossier médical en santé au travail et des
centres de pathologies professionnelles sont importantes pour améliorer la
qualité du suivi et de la prise en charge individuels ;
ü disposer de
données de santé au travail anonymisées et agrégées dans une optique de
prévention collective, telles que le traitement par la Cnam des données de
santé au travail, permet de dégager les tendances sectorielles ou géographiques
pour mieux orienter les politiques publiques ;
ü les données
relatives au fonctionnement et à l'activité des acteurs de la santé au travail,
notamment celles des SPST, sont importantes pour contribuer à un meilleur
pilotage de la santé au travail.
Actuellement, le recueil, la structuration
et le partage de ces données apparaissent insuffisants. Des évolutions sont
cependant possibles avec certaines dispositions récentes (utilisation du numéro
identifiant unique de l'Insee, compatibilité entre les systèmes d'information
pour la communication de données, etc…)
Action 10.1 - Accompagner la
numérisation des données individuelles de santé au travail pour améliorer le
suivi des salariés et des entreprises.
Cet objectif passe par le développement du
numérique au sein des SPST et par l'élaboration d'outils permettant une
interopérabilité des systèmes d'information. La loi du 2 août a ouvert, comme
on l'a vu, le dossier médical partagé aux médecins du travail et permet aux
autres professionnels, avec l'accord du salarié, d'accéder à des éléments du
dossier médical en santé au travail. La possibilité pour les SPST de
communiquer en suivant des référentiels d'interopérabilité pourrait être l'un
des points de la certification, comme l'indique l'article L. 4624-8-2 du Code du
travail, sous réserve des propositions du CNPST.
Les éléments concourant à cet objectif
sont les suivants.
ü
Garantir
le déploiement de l'identifiant national de santé (INS), préalable
indispensable à l'échange de données de santé au travail entre services de
prévention et de santé au travail.
L'INS constitue une identité de référence du patient
partagée par tous les acteurs de santé. Il permet un référencement fiable des
données de santé de chaque individu. Son utilisation par les SPST constitue
l'un des chantiers prioritaires du PST1.
Livrable
Cahier des charges destiné aux éditeurs de
logiciel et aux SPST, traduisant notamment le référentiel de structuration du
DMST.
Indicateur
Évolution de la part des SPST utilisant un
logiciel conforme au cahier des charges.
ü Harmoniser
la structuration du dossier médical en santé au travail et assurer son
versement au sein du dossier médical partagé.
Cette harmonisation pourrait se faire selon la
structure du dossier médical en santé au travail préconisée par la HAS
en 2009. Par ailleurs, il serait nécessaire de définir les
données du dossier médical en santé au travail utiles pour le développement de
la prévention ainsi que pour la coordination et la qualité des soins qui
devraient être versées dans le dossier médical partagé.
Livrable
Construction d’un référentiel de
structuration du DMST rénové et du volet santé au travail du DMP.
ü
Accompagner,
en lien avec les éditeurs de logiciels, le développement d'outils informatiques
permettant l'interopérabilité des systèmes d'information des SPST.
Livrable
Cahier des charges destiné aux éditeurs de
logiciel et aux SPST, traduisant notamment le référentiel de structuration du
DMST.
Indicateur
Évolution de la part des SPST utilisant un
logiciel conforme au cahier des charges.
ü
Mise
en place d'une messagerie sécurisée permettant les échanges entre
professionnels de santé ayant accès au DMST et/ou au DMP. Dans le cadre du
PST4, la mise en place d'une messagerie sécurisée conforme aux exigences
relatives au traitement des données de santé constitue un axe de travail
prioritaire afin de garantir la pleine confidentialité des échanges. Elle
pourrait s'inspirer de celle testée par la Cnam expérimentée pour le maintien
en emploi.
Livrable
Mise en service d’une messagerie sécurisée
permettant les échanges entre professionnels de santé.
Action 10.2 – Mieux collecter
et structurer les données en santé au travail pour en faciliter l'exploitation
à des fins de prévention et de recherche.
Il existe déjà de nombreuses données
collectives relatives à la santé au travail publiées par différentes
institutions sur des thèmes variés (expositions et risques professionnels, sinistralité
au travail, données de veille sanitaire, données de santé publique). De
nouvelles modalités de recueil et d'analyse des données collectives devraient
être mises en œuvre, notamment dans la perspective de développement du système
national des données de santé (SNDS). La finalité de tout cela est d'améliorer
les connaissances relatives à la santé au travail pour mettre en œuvre des
actions de prévention mieux ciblées et plus efficaces.
ü
Moderniser
et mettre en cohérence les différentes bases de données en santé au travail et
promouvoir l'open data. L'anses a déjà recensé une cinquantaine de bases de
données en santé au travail accessible sur le site data.gouv.fr (mais parmi
lesquelles quasiment pas de base de données sur la santé au travail).
Livrable
Publication de bases de données
anonymisées et rationalisées en santé au travail sur le site data.gouv.fr.
ü
Optimiser
les dispositifs de veille et de surveillance des risques professionnels.
Plusieurs dispositifs de surveillance des expositions professionnelles existent
actuellement et contribuent à leur connaissance (Sumer, les quinzaines des
maladies à caractère professionnel ou MCP, Everest ou le dispositif de
surveillance des salariés exposés aux nanomatériaux). Une amélioration de ces
enquêtes pourra être menée. Il pourra aussi être utile que les logiciels des
SPST puissent intégrer des modules facilitant le recueil de données de ces
enquêtes, comme cela est réalisé pour l'enquête MCP depuis mai 2021.
Livrables
Améliorations de l’enquête Sumer ; mise en
œuvre de l’expérimentation sur l’enquête MCP.
ü
Poursuivre
les travaux sur les thésaurus et en particulier le thésaurus des expositions
professionnelles. L'utilisation de thésaurus harmonisés et opérationnels est
essentielle afin que les données saisies dans les logiciels puissent être
consolidées afin de mieux tracer les expositions. Le réseau national de vigilance
et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P) - dont l'Anses est
l'opérateur - a développé un thésaurus sur quelques classes de risques
professionnels. L'Anses a pour objectif de poursuivre son développement. Le
PST4 s'attachera à piloter l'extension de ce thésaurus et à développer d'autres
thésaurus par exemple sur la durée des expositions, les accidents du travail,
les actions menées pour le maintien en emploi, etc…
Livrables
Nouveaux thésaurus harmonisés en lien avec
les partenaires sociaux, le cas échéant partagés au niveau international.
Indicateur
Part des SPST utilisant les thésaurus
harmonisés de manière effective.
Action 10.3 – Développer des
outils permettant le recueil et l'exploitation des données d'activité des
services de prévention et de santé au travail à des fins de pilotage.
Cette action a trait à la remontée de
données d'activité, administratives et financières des SPST nécessaires au
pilotage du système de santé au travail pour lesquelles il n'existe
actuellement aucun système numérique de collecte des données. Ce qui serait
utile pour leur suivi par les DREETS et les CRPST.
Dans le cadre de cette action, il faudrait
donc envisager les dispositions suivantes.:
ü
Dématérialiser
la collecte de données d'activité, administratives et financières des SPST et
moderniser les supports existants dans le cadre de la loi du 2 août 2021.
Livrable
Modèle actualisé de rapport annuel des
SPST sous format numérique.
ü
Exploiter
les données transmises par les SPST de manière régulière à travers la
publication de documents de synthèse sur l'activité des SPST
Livrable
Publication chaque année d’un panorama
chiffré amélioré sur les SPST au sein du Bilan des conditions de travail.
En annexe un tableau fournit, pour les
différents indicateurs évoqués dans le PST4, les organismes responsables ainsi
que la périodicité de la mise à disposition des informations.
https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/pst4.pdf
Voilà pour le
thème unique de cette lettre qui peut paraître difficile à avaler mais qui
apparaît important pour la santé au travail dans les prochaines années… Il y
aura sûrement plus de diversité dans les prochaines lettres d'information…
Jacques Darmon
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