Lettre d'information du 7 mai 2023

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Le 7 mai 2023

 

Au sommaire de cette lettre… Parmi les textes de loi… Un décret qui permet de supprimer, pour des raisons de sobriété énergétique, l’eau chaude des lavabos sanitaires dans les entreprisesUne question parlementaire relative à la prévoyance dans la fonction publique… Des jurisprudences… La réintégration est de droit après un licenciement jugé nul, même s’il y a eu harcèlement moralLa contestation du licenciement d’un salarié protégé pour inaptitude est possible même s’il y a autorisation du licenciement par l’inspection du travailLes expositions aux poussières de bois en 2017Une étude sur l’association entre l’exposition à de longues heures de travail et la survenue d’accidents vasculaires cérébraux ischémiques et hémorragiquesLe handicap en chiffres en ce qui concerne l’emploi et les prestationsLes fins de carrières des seniors… Et les projections des 40-59 ans pour leur fin de carrière professionnelle…

 

Les lettres d’information sont accessibles, depuis janvier 2019, sur un blog à l’adresse suivante : https ://bloglettreinfo.blogspot.com/.

 

·       Textes de loi, réglementaires, circulaires, instructions, questions parlementaires, Conseil d’État

 

Décret n° 2023-310 du 24 avril 2023 relatif à la faculté de déroger jusqu'au 30 juin 2024 à l'obligation de mettre à disposition des travailleurs de l'eau à température réglable sur les lieux de travail

Ce décret entre en vigueur le 28 avril 2023.

L’article R. 4228-7 prévoit à son 2e alinéa que dans les lavabos sanitaires « L'eau est à température réglable et est distribuée à raison d'un lavabo pour dix travailleurs au plus. »

Le présent décret prévoit, pour tous les lieux de travail privés et publics, une dérogation à ce texte et ses modalités : « Jusqu'au 30 juin 2024, par dérogation au deuxième alinéa de l'article R. 4228-7 du code du travail, l'employeur peut, après avis du comité social et économique, s'il existe, mettre à disposition des travailleurs, sur leur lieu de travail, de l'eau dont la température n'est pas réglable, sous réserve que l'évaluation des risques réalisée en application de l'article L. 4121-3 du même code, mise à jour préalablement, n'ait révélé aucun risque pour la sécurité et la santé des travailleurs du fait de l'absence d'eau chaude sanitaire et en tenant compte des besoins liés à l'activité éventuelle de travailleurs d'entreprises extérieures. »

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000047495895

 

Question parlementaire

La prévoyance dans les fonctions publiques

Préambule

La protection complémentaire en cas d’incapacité de travail, d’invalidité, d’inaptitude et de

décès dans la fonction publique, prévue initialement dans l’ordonnance n° 2021-175 du 17 février 2021 (commentée dans la lettre d’information du 14 mars 2021, voir le blog), est maintenant intégrée dans le Code général de la fonction publique aux articles L. 827-1 à L. 827-3 pour l’ensemble de la fonction publique et, spécifiquement, pour la fonction publique territoriale, aux articles L. 827-4 à L. 827-12.

Question de Mme Élisabeth Doineau (Mayenne - UC) - Publiée dans le JO Sénat du 30 mars 2023 - page 2066

« Mme Élisabeth Doineau interroge M. le ministre de la transformation et de la fonction publiques sur la réforme en cours de la protection sociale complémentaire dans la fonction publique.

Le champ des garanties prévoyance et les moyens que le Gouvernement envisage de mettre en œuvre pour soutenir ces garanties protectrices pour tous - titulaires, contractuels, actifs, retraités - sont en train d'être arbitrés.

L'approche prévoyance doit être abordée le plus largement possible, au travers de l'incapacité, l'invalidité, le décès mais encore de la perte d'autonomie, en passant par les autres leviers d'action incontournables que sont la prévention et l'accompagnement social.
La réflexion sur le volet prévoyance peine pourtant à aboutir, notamment pour les personnels de l'État, où aucune construction de couverture cofinancée par l'employeur n'est aujourd'hui imposée par le cadre légal. La prévoyance risque donc fortement de devenir secondaire dans la réforme en cours, ce qui laisserait les agents dépourvus de garanties alors qu'ils ont cotisé pendant de nombreuses années.

De plus, pour les personnels territoriaux, les niveaux de couverture, corrélés aux aides financières des collectivités, risquent d'être inaccessibles pour les personnels aux plus bas revenus. Quant aux hospitaliers, durement touchés, la prévoyance n'est toujours pas abordée.

Elle lui demande ce qu'il en est des discussions et réflexions au sein de son ministère et quelles garanties peut-il donner aujourd'hui. Il apparaît urgent que le dossier soit priorisé et tienne compte des fragilités des personnels des services publics, la prévoyance garantissant au sens large des protections incontournables pour tous, les plus fragiles notamment, pour mieux faire face aux aléas de la vie (perte conséquente de salaire, risque de basculer sous le seuil de pauvreté, difficultés de retour à l'emploi, dépendance…).
Nous manquons d'information. Aussi, elle lui demande des précisions sur la réforme en cours. »

Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de l'écologie - Publiée dans le JO Sénat du 05 avril 2023 - page 3327

Mme Bérangère Couillard, secrétaire d'État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée de l'écologie.

« Madame Élisabeth Doineau, vous abordez le sujet majeur de la réforme de la protection sociale complémentaire dans la fonction publique.

Une première étape importante a été franchie grâce à l'ordonnance n° 2021-175 du 17 février 2021, qui définit un nouveau cadre, afin de favoriser et d'améliorer la couverture sociale complémentaire des agents de la fonction publique. Avec cette ordonnance, l'employeur public a pris ses responsabilités il est important de le souligner. Les employeurs publics sont en effet désormais tenus de financer au moins 50 % de leur complémentaire santé.

Cette ordonnance permet également une participation de l'employeur à des contrats de prévoyance couvrant les risques d'incapacité de travail, d'invalidité, d'inaptitude ou de décès.

Cette obligation s'applique bien aux trois versants de la fonction publique, tout en tenant compte des points de départ différents et des spécificités.

La question de la protection sociale pose également celle de la prévoyance, qui est au cœur des négociations que mène actuellement le ministère de la transformation et de la fonction publiques avec les organisations syndicales. Celles-ci se dérouleront d'ici à la fin du premier semestre 2023.

Pour renforcer les garanties, les employeurs publics ont plusieurs choix : améliorer les revenus de remplacement qu'ils servent c'est ce qu'on appelle les garanties statutaires ou l'auto-assurance ou recourir à des contrats de protection sociale complémentaire.

De la même façon, des négociations se poursuivent dans la fonction publique territoriale et s'engageront dans la fonction publique hospitalière.

D'ici à l'été, le ministère de la transformation et de la fonction publiques réunira les employeurs publics et les organisations syndicales des trois versants, afin de faire un premier bilan de la mise en œuvre, par les employeurs, de l'ordonnance « protection sociale complémentaire ».

 

·       Jurisprudence

 

La nullité d’un licenciement pour harcèlement moral n’empêche pas la réintégration du salarié

Arrêt de la Cour de cassation du 19 avril 2023 – Cass. soc., pourvoi n° 21-25221, publié au Bulletin – qui traite de la possibilité de réintégration après harcèlement moral. La considération d’une nullité du licenciement est le seul cas où il est possible d’obliger un employeur à la réintégration du salarié. Voir sur le site du Village de la justice un article d’un avocat sur la nullité du licenciement.

Faits et procédure – Un salarié a été embauché en tant qu’ingénieur commercial par une société en janvier 2001. À compter du 4 décembre 2008, il est nommé, par le conseil d’administration, directeur général délégué non-administrateur.

Il est licencié pour inaptitude et impossibilité de reclassement le 6 avril 2017.

Le salarié saisit la juridiction prud’homale et demande l’annulation de son licenciement et une indemnité d’éviction.

L’entreprise se pourvoit en cassation contre l’arrêt de la cour d’appel qui a ordonné la réintégration du salarié.

Moyen de l’employeur

L’employeur fait grief à l’arrêt de la cour d’appel d’avoir ordonné la réintégration du salarié et de l’avoir condamné à verser au salarié une indemnité égale au montant de la rémunération brute qu’il aurait dû percevoir entre le jour de son licenciement et le jour où sa réintégration aura été effective.

Pour la société, en ordonnant la réintégration d’un salarié après avoir reconnu un harcèlement moral, la cour d’appel aurait violé les articles L 1152-3 et L. 1226-2 du Code du travail. En outre, au titre de l’obligation de motivation du juge, l’employeur reproche au jugement de la cour d’appel d’avoir, de façon péremptoire, considéré que l’état de santé avait changé depuis l’avis d’inaptitude du 2 février 2017 et ainsi violé l’article 455 du Code de procédure civile.

Réponse de la Cour de cassation

« Lorsque le licenciement est nul, le salarié doit être, s'il le demande, réintégré dans son emploi ou un emploi équivalent, demande à laquelle l'employeur est tenu de faire droit sauf s'il justifie d'une impossibilité de procéder à cette réintégration.

La cour d'appel, après avoir retenu exactement que l'existence du harcèlement moral à l'origine de l'inaptitude du salarié ayant conduit à la nullité du licenciement ne constitue pas une impossibilité de réintégration, a pu décider qu'au jour où elle a statué, cette impossibilité n'était pas, par ailleurs, caractérisée par une inaptitude constatée le 2 février 2017.

Le moyen n'est, dès lors, pas fondé. »

Le pourvoi de l’employeur est donc rejeté.

https://www.courdecassation.fr/decision/643f8685ad85da04f53a3943?search_api_fulltext=&date_du=&date_au=&judilibre_juridiction=cc&judilibre_chambre%5B%5D=soc&judilibre_publication%5B%5D=b&op=Rechercher+sur+judilibre&previousdecisionpage=0&previousdecisionindex=5&nextdecisionpage=0&nextdecisionindex=7

 

L a contestation devant les prud’hommes de manquements de l’employeur à l’origine d’un licenciement pour inaptitude est possible, même si le licenciement du salarié protégé a été autorisé par l’inspection du travail

Cet arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation du 19 avril 2023 - Cass. soc., pourvoi n° 21-21349, publié au Bulletin – rappelle les obligations de l’inspecteur du travail confronté à une demande d’autorisation de licenciement pour inaptitude d’un salarié protégé et qu’il est tout de même possible de contester les manquements de l’employeur à l’origine de l’inaptitude devant la justice prud’homale.

Faits et procédure – Une salariée a été embauchée en tant qu’employée de libre-service à compter de juillet 2001. En 2011, elle est élue membre titulaire du comité d’entreprise. Elle est en arrêt maladie entre le 27 novembre 2013 et le 3 septembre 2014.

Le médecin du travail la déclare définitivement inapte à son poste de travail à la suite de deux consultations des 4 et 19 septembre 2014. Elle est licenciée pour inaptitude et impossibilité de reclassement le 18 mars 2015, après autorisation de l’inspecteur du travail. Celui-ci n’estimait pas que la demande de licenciement était en lien avec l’exercice de son mandat et une discrimination syndicale était exclue.

La salariée saisit la justice prud’homale en faisant valoir que son inaptitude était liée à des faits de harcèlement moral de son employeur en lien avec une discrimination syndicale. Le conseil de prud’hommes se déclare incompétent pour juger le licenciement dans la mesure où l’inspecteur du travail a autorisé le licenciement pour inaptitude.

La salariée fait appel et la cour d’appel fait droit à sa demande  car le conseil de prud’hommes « demeure compétent, sans porter atteinte à ce principe [de séparation des pouvoirs], pour rechercher si l'inaptitude du salarié avait ou non une origine professionnelle, y compris lorsqu'est invoqué devant lui un manquement de l'employeur à ses obligations consistant en un harcèlement moral ».

L’employeur se pourvoit en cassation contre l’arrêt de la cour d’appel qui a considéré le conseil de prud’hommes compétent.

Moyen de l’employeur

L’employeur fait grief à l’arrêt de la cour d’appel d’avoir déclaré le conseil de prud’hommes compétent pour juger des manquements de l’employeur pour le licenciement pour inaptitude alors que l’inspecteur du travail avait autorisé le licenciement. Hors, pour l’employeur, si l’inspecteur du travail n’a pas à rechercher, en cas d’inaptitude, la cause de cette dernière, en revanche il ne peut autoriser un licenciement en rapport avec le mandat d’un salarié protégé ou ses fonctions syndicales.

Or, dans le cas présent alors que la plainte de la salariée concernait une inaptitude qu’elle mettait en lien avec un harcèlement moral qui a dégradé sa santé et était dû au fait qu’elle rencontrait des difficultés liées à l’exercice de son mandat, l’inspecteur du travail a autorisé le licenciement. L’autorisation de licenciement de l’inspecteur du travail fait donc obstacle à ce que le juge prud’homal soit compétent pour se prononcer sur l’origine professionnelle de l’inaptitude, y compris s’il y a reconnaissance d’un harcèlement moral. Ainsi, la cour d’appel a violé le principe de la séparation des pouvoirs de la loi des 16-24 août 1790 et l’article L. 2421-3 du Code du travail dans sa version applicable au litige.

Réponse de la Cour de cassation

« Dans le cas où une demande d'autorisation de licenciement d'un salarié protégé est motivée par son inaptitude, il appartient à l'administration du travail de vérifier que celle-ci est réelle et justifie son licenciement. Il ne lui appartient pas en revanche, dans l'exercice de ce contrôle, de rechercher la cause de cette inaptitude, y compris dans le cas où la faute invoquée résulte d'un harcèlement moral ou d'une discrimination syndicale dont l'effet, selon les dispositions combinées des articles L. 1132-1L. 1132-4L. 1152-1 à L. 1152-3 du code du travail, serait la nullité de la rupture du contrat de travail. Ce faisant, l'autorisation de licenciement donnée par l'inspecteur du travail ne fait pas obstacle à ce que le salarié fasse valoir devant les juridictions judiciaires tous les droits résultant de l'origine de l'inaptitude lorsqu'il l'attribue à un manquement de l'employeur à ses obligations.

Dès lors, la cour d'appel a décidé exactement que le contrôle exercé en l'espèce par l'administration du travail, saisie d'une demande d'autorisation administrative de licenciement pour inaptitude, de l'absence de lien entre le licenciement et les mandats détenus par le salarié ne faisait pas obstacle à ce que le juge judiciaire recherche si l'inaptitude du salarié avait pour origine un manquement de l'employeur à ses obligations consistant en un harcèlement moral ou une discrimination syndicale

Le moyen n'est donc pas fondé. »

Le pourvoi de l’employeur est donc rejeté.

https://www.liaisons-sociales.fr/Content/Document.aspx?params=H4sIAAAAAAAEACWNyw6CMBBF_6Y7k4KvVVdgIkY3Ut2akU5gYpkxbSXi10tgcRf3nMWJIwuPvbHhg4qcM6eb1nq922dZvlUDhkjC5k4tckIFMVIshFMQXzlzeIq8bFk8JpoWacc3mgsmWO4VuEWjVeMRQgkJC_DIDsIShEHInQVcxTXGOTXzHr6lNDX90MqR2s5PS2aV6XzzBwKHXYaxAAAAWKE

 

·       Exposition aux poussières de bois en 2017 (BEH)

L’article du n° 7 du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 25 avril 2023 est intitulé « Exposition aux poussières de bois chez les travailleurs salariés et non-salariés en France en 2017 » et il est signé par M. Ducamp Stéphane et coll.

Vous pourrez y a accéder en pièce jointe et sur le site du BEH à l’adresse en fin de commentaire.

[NDR - Il existe une recommandation de la Société française de santé au travail (SFST) sur le suivi post-exposition ou post-professionnel des salariés ayant été exposés aux poussières de bois que vous pourrez consulter sur le site de la SFST.]

Introduction

Le bois est l’un des matériaux naturels les plus utilisés dans de nombreux secteurs d’activité (construction, fabrication de meubles, d’instruments de musique, etc…).

La plupart des activités utilisant du bois entraînent une libération plus ou moins importante de poussières auxquelles des travailleurs sont susceptibles d’être exposés. Ces poussières libérées lors des activités du bois peuvent être plus ou moins fines (elles sont plus fines lors du ponçage).

Les poussières de bois peuvent être responsables de plusieurs pathologies telles que l’asthme, la rhinite, une conjonctivite, l’eczéma, un syndrome respiratoire (avec dyspnée, toux, expectorations, etc…), une fibrose pulmonaire et aussi des cancers (carcinome des fosses nasales, de l'ethmoïde et des autres sinus de la face) qui figurent aux tableaux des maladies professionnelles n° 47 du Régime général et n° 36 du Régime agricole.

L’Union européenne (UE) a classé les travaux exposant aux poussières de bois « durs » (en général ce sont des arbres feuillus, par exemple : chêne, érable, hêtre, orme, charme, eucalyptus, châtaignier, orme et frêne) comme cancérogènes. L’UE a fixé des valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) à 2 mg/m3 pour les poussières inhalables de bois dur à compter du 18 janvier 2023.

Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé les poussières de bois dans le groupe 1 des cancérogènes avérés pour l’homme pour les cancers des fosses nasales et des sinus de la face et du nasopharynx.

En France, les travaux exposant aux poussières de bois inhalables ont été classés en 2000 dans la liste des substances, préparations et procédés cancérogènes (la dernière évolution de cette liste est donnée par l’arrêté du 26 octobre 2020 qui a rajouté les expositions à la silice cristalline).

Depuis 2004, une valeur limite d’exposition contraignante a été définie à 1 mg/m3 sur 8 heures dans les atmosphères de travail, quelle que soit l’essence de bois.

En 2017, 69 cancers ont été reconnus en maladie professionnelle (11 carcinomes des fosses nasales et 58 cancers primitifs de l’ethmoïde et des sinus), soit 16.7% des cancers reconnus d’origine professionnelle.

[NDR – Le rapport 2020 de la Branche AT/MP (p. 150) indique qu’il y a eu 52 cancers (9 des fosses nasales et 43 de l’ethmoïde et des sinus de la face) en 2019 et 61 cancers (15 des fosses nasales et 46 de l’ethmoïde et des sinus de la face) en 2020 liés aux poussières de bois du tableau des maladies professionnelles n° 47].

Pour le Régime agricole, le nombre de reconnaissances annuelles entre 2000 et 2015 fluctue entre 1 et 7.

L’enquête Sumer 2016/2017 a mis en évidence que la semaine précédant l’enquête 444 200 salariés avaient été exposés aux poussières de bois, soit 1.8% de l’ensemble des salariés. Sachant que des non-salariés y sont aussi exposés mais ils ne sont pas pris en compte dans l’enquête Sumer..

Matériels et méthodes

L’étude s’est basée sur les matrices emplois-expositions réalisées par Santé publique France dont l’une a été spécifiquement développée pour évaluer l’exposition professionnelle aux poussières de bois inhalables en France entre 1970 et 2020.

Les emplois sont considérés comme exposés dès lors qu’au moins 1% des travailleurs sont exposés aux poussières de bois inhalables.

Les probabilités d’exposition sont définies pour des périodes homogènes selon les réglementations (en particuliers, la mise en œuvre des VLEP) et les évolutions des conditions d’exposition aux poussières de bois dans différents secteurs d’activité.

Ainsi, il y a eu trois périodes pour l’ensemble des secteurs hors menuiserie (1970-1995, 1996-2005 et 2006-2020) et, pour la menuiserie, deux périodes (1970-1984 et 1985-2020).

Résultats

En 2017, l’étude a dénombré, parmi les actifs en emploi (25 745 350) 304 960 sujets exposés (280 610 hommes et 24 350 femmes) soit globalement 1.2% de sujets exposés (2.1% chez les hommes et 0.2% chez les femmes).

Chez les salariés, sur 22 652 550 salariés, 212 210 sont exposés, soit 0.9%, 194 510 hommes (1.7%) et 17 700 femmes (0.2%).

Chez les non-salariés (3 092 790), 92 750 (3.0%) sont exposés, 86 100 hommes (4.2%) et 6 650 femmes (0.6%).

Ainsi, la proportion des travailleurs exposés est un peu plus de trois fois plus importante chez les non-salariés que chez les salariés.

Parmi les secteurs d’activité exposant de façon importante aux poussières de bois on retrouve la sylviculture et l’exploitation forestière (65.6% d’exposés, 84.9% de non-salariés et 57% de salariés), le travail du bois et la fabrication d’articles en bois et en liège (62.6% d’exposés dont 71.4% de non-salariés et 61.4% de salariés) et, de façon moins importante, la fabrication de meubles (40.5% de sujets exposés, 44.3% chez les non-salariés et 39.4% chez les salariés).

Selon les catégories socio-professionnelles, on note les expositions suivantes : 26.8% des artisans, 21.1% des ouvriers qualifiés de type artisanal, 16.7% des ouvriers qualifiés de type industriel, respectivement 8.6% et 8.4% pour les ouvriers non qualifiés de type artisanal et de type industriel, 4.4% des ouvriers agricoles et 3.1% des agriculteurs exploitants.

La répartition selon les principaux secteurs d’activité des travailleurs exposés aux poussières de bois figure ci-dessous ;

ü pour les salariés, 38% dans les travaux de construction spécialisés, 14% dans le secteur du travail du bois et la fabrication d’articles en bois et en liège, 10% dans le commerce de gros et 22% dans d’autres secteurs d’activité ;

ü pour les non-salariés, 55% dans les travaux de construction spécialisés, 16% dans les services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager, 8% dans la sylviculture et l’exploitation forestière et 11% dans d’autres secteurs d’activité (à noter seulement 4% dans la fabrication de meubles).

Du fait du faible nombre de femmes exposées, il n’a pas été possible de fournir des répartitions en fonction du sexe.

Le secteur d’activité dans lequel les femmes sont les plus exposées est celui du commerce de gros (27%) chez les salariés et, chez les non-salariés, celui des travaux de construction spécialisés (22%).

Discussion

En 2017, près de 305 000 travailleurs étaient exposés aux poussières de bois, soit 1.2% des actifs en emploi.

Les hommes sont 10 fois plus nombreux que les femmes à être exposés. Les métiers du bois, techniques et assez physiques, ont longtemps été réservés aux hommes.

Cependant, le nombre de femmes qui y exercent est en augmentation ces dernières décennies. En effet, on est passé de 34 900 à 64 632 femmes travaillant dans ces secteurs entre 1990 en 2017. Leur exposition aux poussières de bois devrait donc continuer à augmenter.

La plus grande parties des sujets exposés sont des salariés, dont plus d’un tiers de type artisanal.

Par rapport à d’autres études, en particulier Sumer, qui estime que 444 300 salariés sont exposés en 2017, la différence avec les chiffres de la présente étude peuvent résulter de l’appréciation de l’exposition, par les matrices emplois-expositions dans la présente étude et la semaine précédant l’enquête dans Sumer.

Néanmoins, on retrouve la même répartition des catégories socio-professionnelles les plus exposées, les ouvriers qualifiés (65.8% dans Sumer versus 57.6% dans la présente étude) et les ouvriers non-qualifiés ou agricoles (respectivement, 20.3% versus 31.1%) puis des professions intermédiaires telles que les agents de maîtrise, les techniciens ou les contremaîtres (respectivement, 7.4% versus 8.1%).

La sous-population des travailleurs non-salariés représente une part non négligeable des sujets exposés alors que ces travailleurs, à la différence des salariés, ne bénéficient d’aucun suivi spécifique de leur état de santé dans le cadre de la santé au travail ou de système de reconnaissance des pathologies professionnelles (sauf assurance volontaire individuelle AT/MP qui garantit les mêmes indemnisations que pour les salariés, voir le site Ameli).

http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2023/7/pdf/2023_7.pdf

 

·       Association entre longues heures de travail et AVC (Étude)

Cette étude a été publiée dans la revue Occupational and Environmental Medicine sous le titre « Association between prolonged exposure to long working hours and stroke subtypes in the CONSTANCES cohort » et elle est signée par Fadel M. et coll.

Vous pourrez accéder à ce document en pièce jointe et sur le site de la revue à l’adresse figurant en fin de commentaire.

Introduction

Les effets de longue heures de travail (LHT) sur les affections cardio-vasculaires ont été largement documentés. Des revues systématiques de la littérature et des méta-analyses de l’Organisation mondiale de la santé /Organisation internationale du travail (WHO/ILO) ont apporté des preuves suffisantes des effets de longues heures de travail de plus de 55 heures par semaine sur les AVC et les cardiopathies ischémiques.

Bien que la force de l’association entre de longue heures de travail et les AVC ait été considérée comme modérée par rapport à d’autres expositions professionnelles, la forte prévalence des LHT mène à une estimation de près de 400 000 décès mondiaux par AVC en 2016 avec une fraction attribuable de 6.9%. Cependant, AVC est un terme générique et ces données ne distinguent pas les deux types d’AVC, les AVC hémorragiques, dus à la rupture d’une artère cérébrale, et les AVC ischémiques, en lien avec l’obstruction d’une artère cérébrale.

La revue systématique menée par WHO/ILO n’a pas fourni d’informations sur les effets de longues heures de travail sur les différents types d’AVC. Parmi les études prises en compte, certaines ont reporté une plus forte survenue d’AVC hémorragiques.

Cependant, ces études n’ont pas pris en compte d’autres facteurs de risque tels que le diabète ou le tabagisme de même que la durée d’exposition.

Aussi, cette étude a pour but d’étudier la relation entre de LHT et la survenue d’AVC, hémorragiques et ischémiques, dans une large cohorte en prenant en compte les facteurs de risque cardio-vasculaires.

Matériels et méthodes

Cette étude repose sur la cohorte CONSTANCES (Consultants des centres d’examens de santé de la Sécurité sociale) dont le suivi d’adultes de 18 à 69 ans a commencé en 2012.

Les sujets faisaient l’objet d’un suivi médical et remplissaient un questionnaire sur leur style de vie et leurs expositions professionnelles.

Les sujets de la cohorte ont été couplés avec leurs données de l’Assurance maladie afin d’extraire les AVC survenus durant le suivi jusqu’en 2018 chez les patients, dont seul le premier AVC était pris en compte.

Au total, il y a eu 160 751 participants sans aucun antécédent d’AVC.

Les autres variables prises en compte étaient l’âge, le sexe, le tabagisme, la catégorie socio-professionnelle (CSP), la présence d’un diabète, d’une HTA, d’une dyslipidémie, le nombre d’années d’exposition à de LHT (définie comme un travail de plus de 10 heures par jour au moins 50 jours par an).

Résultats

Parmi les 160 751 sujets, au total, 20 763 des sujets étaient exposés à de longues heures de travail (13.4% des sujets) et 190 (0.12%) AVC sont survenus, 134 AVC ischémiques (AVCi) et 56 AVC hémorragiques (AVCh).

Caractéristiques de l’échantillon et des victimes d’AVC

Dans l’ensemble de l’échantillon, l’âge moyen était de 47.7 ans et de respectivement 58.9 ans et 59.7 ans pour les AVC ischémiques et hémorragiques.

La répartition selon le sexe, comprenant globalement 53.2% de femmes et 46.8% d’hommes, variait selon le type d’AVC. Pour les AVCi, il y avait 33.8% de femmes et 66.2% d’hommes alors que les AVCh concernaient à peu près à parts égales femmes (50.9%) et hommes (49.1%).

En termes d’HTA les sujets victimes d’un AVC étaient sensiblement moins concernés que l’ensemble (88.7%), 76.9% pour les AVCi et 73.2% pour les AVCh.

Pour le diabète et les histoires familiales de maladies cardio-vasculaires, les trois groupes étaient très proches.

Relativement au statut tabagique, les sujets victimes d’un AVCi (40.8%) et d’un AVCh (30.9%) étaient moins nombreux à être non-fumeurs que l’ensemble de l’échantillon (45.6%) et plus nombreux à être anciens fumeurs de moins de 30 paquets-années et fumeurs actuels de plus de 30 paquets-années. Respectivement pour l’ensemble de l’échantillon versus AVCi et AVCh, 50.5% versus 46.9% et 49.1% et 3.93% versus 12.3% et 20%.

En termes de CSP, il y avait une majorité de CSP+ qui représentaient 64% de l’ensemble de l’échantillon et seulement, 25.8% d’employés et 10.2% d’ouvriers. On peut noter les différences notable suivantes, les ouvriers représentaient un taux de 16.8% des AVCi (contre 10.2% dans l’ensemble de l’échantillon et 7.84% pour les AVCh) et les cadres et activités intellectuelles supérieures 45.1% des AVCh (30% dans l’ensemble de l’échantillon et 29% pour les AVCi).

Les employés étaient sous-représentés dans les AVCh (15.7%) contre 25.8% dans l’ensemble de l’échantillon et 22.1% chez les AVCi.

Selon la durée de l’exposition, en moyenne inférieure à 10 ans pour 86.6% de l’échantillon, elle était de 80.2% pour les AVCi et de 72.2% pour les AVCh. En revanche, une durée de LHT de 10 heures et plus était plus fréquente parmi les AVCi (19.8%) et les AVCh (27.8%) que dans l’ensemble de l’échantillon (13.4%).

Je trouve regrettable qu’il n’y ait pas eu la signification statistique d’exprimée pour ces différents résultats.

Association de l’exposition à de LHT et AVC

Cette association a été calculée sans et avec ajustement selon deux méthodes statistiques, une régression logistique multinomiale et une régression selon le modèle de Cox. Je ne fournirai, pour les résultats que ceux qui sont statistiquement significatifs.

Selon la régression logistique multinomiale

Les résultats statistiquement significatifs exprimés en Odds ratio avec intervalle de confiance à 95% concernent :

ü l’âge (sans plus de précision !) avec pour les AVCi, 1.08 [1.07-1.10] sans ajustement et 1.08 [1.06-1.10] avec ajustement et respectivement pour les AVCh, 1.09 [1.06-1.12] et 1.08 [1.05-1.12] ;

ü l’indice de masse corporelle avec uniquement pour les AVCi un OR de 1.06 [1.03-1.09] sans ajustement ;

ü le sexe, les femmes prises comme références, on trouve des OR respectivement sans et avec ajustement de 2.22 [1.55-3.18] et de 1.92 [1.26-2.91] pour les hommes ;

ü pour la présence d’une HTA, une augmentation significative de l’association pour les AVCi avec OR de 2.36 [1.58-3.53] et pour les AVCh de 2.87 [1.59-5.19] uniquement sans ajustement ;

ü pour un diabète diagnostiqué, l’association est la plus forte de toutes, avec pour les AVCi sans ajustement un OR de 6.76 [3.65-12.55] et avec ajustement un OR de 3.86 [1.95-7.65] ;

ü une dyslipidémie qui augmente significativement uniquement sans ajustement avec OR de 3.08 [2.04-4.66] pour les AVCi et de 3.38 [1.82-6.28] pour les AVCh ;

ü en cas de tabagisme, il y a une association significative pour les fumeurs actuels avec 30 paquets-années et plus sans ajustement pour les AVCi avec OR de 3.50 [2.00-6.13] et pour les AVCh avec OR de 7.51 [3.52-16.04] sans ajustement et de 4.58 [1.06-10.68] avec ajustement ;

ü en termes de CSP, les cadres et professions intellectuelles supérieures servant de référence, les résultats indiquent une augmentation significative de l’association pour les AVCi pour les ouvriers avec OR sans ajustement de 1.71 [1.01-2.88] et une diminution significative de l’association pour les employés avec OR sans ajustement de 0.40 [0.18-0.90] ;

ü enfin, il n’y a d’association significative que pour les durées d’exposition de 10 ans et plus (celles de moins de 10 ans servant de référence), pour les AVCi sans ajustement avec OR de 1.61 [1.04-2.49] et pour les AVCh sans et avec ajustement aves OR respectifs de 2.50 [1.38-4.53] et 1.92 [1.01-3.69].

Selon la régression avec modèle de Cox

Les résultats de l’association des AVCi et AVCh avec de longues heures de travail étant très proches de ceux repris ci-dessus, je laisse ceux qui y seraient particulièrement intéressés les consulter dans l’étude (j’ai du mal à saisir l’intérêt de cette nouvelle régression par rapport à la précédente, mais mes connaissances en statistique sont défaillantes !).

Discussion

Je note les points intéressants que j’ai relevés dans la discussion.

Les AVC hémorragiques ont présenté une association significative, sans et avec ajustement (et quelle que soit la méthode de régression) avec une durée d’exposition de 10 ans et plus de LHT.

Les AVC, qu’ils soient ischémiques ou hémorragiques, sont significativement associés avec de LHT dans les analyses sans ajustement mais on ne retrouve une association entre LHT et AVC que pour ceux d’origine ischémique après ajustement sur les variables. Pour les AVC hémorragiques, l’absence de résultat significatif pourrait être en lien avec un manque de puissance du fait du faible nombre de ces AVC.

Le risque d’AVC hémorragique, après exposition à de LHT, demeure après ajustement sur les facteurs de risque cardio-vasculaires, suggérant un effet direct ou des facteurs qui précipitent la survenue de l’AVC.

On peut estimer que la survenue d’AVC est associée à l’exposition à de longues heures de travail avec un niveau de preuve suffisant.

conclusion

Les résultats de cette étude mettent en évidence de possibles différences de l’association de longues heures avec les sous-types d’AVC. De futures études sont nécessaires pour comprendre les mécanismes physiopathologiques, les médiateurs possibles et les effets de mesures correctrices. Quoi qu’il en soit, la réduction du fardeau global des AVC nécessite de meilleurs contrôles et interventions sur les expositions professionnelles et les modes de vie.

https://oem.bmj.com/content/80/4/196

 

·       Le handicap en chiffes (Drees)>

Il s’agit de l’édition 2023 du document de la Drees relatif au handicap intitulé « Le handicap en chiffres » dont la synthèse des données a été réalisée par Mme Bellamy.

Vous pourrez y accéder en pièce jointe et sur le site de la Drees à l’adresse en fin de commentaire.

Je me suis focalisé sur l’emploi des personnes handicapées et sur certaines prestations sociales dont peuvent bénéficier ces personnes.

Situation des personnes handicapées par rapport à l’emploi

Il faut préciser que, sous le terme générique de personnes handicapées, sont prises en compte dans l’expression des proportions, d’une part, les personnes disposant de la reconnaissance administrative du handicap (la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, la RQTH) et, d’autre part, les personnes pour lesquelles il y a reconnaissance du handicap ou limitation de la possibilité d’activité du fait de leur état de santé. Les sujets actifs sont ceux qui sont, selon le Bureau international du travail, les sujets en emploi ou au chômage.

En 2021, il y a 2 913 000 personnes avec reconnaissance administrative du handicap et 6 000 000 avec reconnaissance et limitations liées à l’état de santé, soit respectivement 1 537 000 femmes et 1 376 000  hommes et 3 301 000 femmes et 2 699 000 hommes.

Parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans reconnues administrativement comme travailleur handicapé (incluant les sujets avec incapacité permanente et invalides), seulement 44% sont considérées actives (soit en emploi, soit au chômage) contre 73% pour l’ensemble de la population. Le taux est de 55% si l’on prend en compte reconnaissance du handicap et limitations liées à la santé.

Il n’y a quasiment pas de différence entre hommes et femmes, respectivement 44% et 45% pour la reconnaissance du handicap et 56% et 55% pour l’ensemble des sujets présentant un handicap alors qu’il existe une différence plus importante dans l’ensemble de la population, avec des taux respectifs de 76% et 70%.

En 2021, 15% des personnes actives reconnues handicapées (14% des femmes et 15% des hommes) sont au chômage contre 8% pour l’ensemble de la population  (taux identique pour femmes et hommes).

Parmi les personnes handicapées en emploi, 1 103 000 disposent d’une reconnaissance administrative du handicap et 2 939 000 en disposent et présentent des limitations d’activité. Ces effectifs sont respectivement composés de 54% et 55% de femmes et 46% et 45% d’hommes alors que, dans la population totale en emploi, il y a 49% de femmes et 51% d’hommes.

Les tranches d’âges dans lesquelles se trouvent les plus forts taux de sujets reconnus handicapés et limités dans leurs activités sont les plus élevées. Ainsi entre 40 et 64 ans, il y a respectivement des taux de 77% et 74% de sujets handicapés avec reconnaissance administrative et de reconnus administrativement et avec limitations d’activité contre 57% dans l’ensemble de la population.

Les personnes en situation de handicap reconnu administrativement et au sens le plus large occupent respectivement plutôt des emplois non qualifiés, comme ouvriers (respectivement, 29% et 25%) ou employés (respectivement, 35% et 33%) alors que ces emplois ne représentent que 19% et 26% des emplois pour la population générale.

L’obligation d’emploi des personnes handicapées

[NDR - L’obligation d’emploi des personnes handicapées (OETH) est prévue à l’article L. 5212-2 du Code du travail pour le taux pour les entreprises de plus de 20 salariés et à l’article L. 5212-13 pour les catégories de sujets susceptibles de bénéficier de l’OETH.]

En 2021, 107 900 entreprises sont assujetties à l’OETH, ce qui représente un effectif de 12 084 100 personnes employées. Un nombre de 672 100 travailleurs handicapés (TH) devrait avoir été embauché. Un taux de 5.6% est attendu, soit 628 000 TH et 421 900 équivalents temps pleins (ETP).

Le taux d’emploi direct par les entreprises est de 3.5% et de 4.5% si l’on tient compte de la majoration pour l’emploi des TH de 50 ans et plus prévue depuis la réforme de 2020.

Le taux d’emploi direct représente 80% des effectifs d’emploi de l’OETH et 29% des entreprises remplissent ainsi leur obligation.

Le taux d’emploi direct et majoré est plus élevé que dans l’ensemble des entreprises pour celles de 2 500 salariés et plus (6.1%), légèrement supérieur à celui de l’ensemble des entreprises pour celles de 500 à 2 499 salariés (4.6%) et à peu près équivalent à la moyenne pour les entreprises de 250 à 499 salariés (4.5%). Le taux est plus faible (3.3%) pour les entreprises de 20 à 49 salariés.

Les secteurs d’activité employant le plus de TH en direct sont l’administration publique, l’enseignement et la santé (5.7%) et l’industrie (5.4%) alors que ce taux est nettement plus faible pour l’information et la communication (2.8%).

Professions occupées par les travailleurs handicapés

Les personnes reconnues en situation de handicap occupent un champ moins large de métiers que la population générale. Si l’on prend les 20 professions les plus répandues, entre 2016 et 2018, 37% des personnes reconnues handicapées exercent dans ces métiers contre 25% de celles non reconnues. Ce taux de 37% se retrouve dans le privé contre 24% des non reconnues et, pour le public, il s’agit de 72% des TH contre 66% des personnes non reconnues handicapées.

Globalement, les personnes reconnues handicapées occupent plus souvent des emplois d’ouvriers (31% versus 20%) et d’employés (35% versus 27%) que les sujets sans reconnaissance du handicap. À contrario, elles occupent moins souvent des emplois de professions intermédiaires (20% versus 26%) et, surtout, de cadres et de professions libérales (8% versus 18%).

Dans le secteur public, les personnes reconnues handicapées sont surreprésentées dans les postes d’employés civils et d’agents de service (44%) contre 28% chez les sujets non reconnus handicapés.

Ces personnes handicapées occupent le plus souvent des postes d’adjoints administratifs, d’agents de service et d’ouvriers qualifiés de type artisanal dans la fonction publique. Ces personnes reconnues handicapées sont en revanche sous-représentées dans les postes qualifiés de cadres et de professions intermédiaires.

Dans le secteur privé, seulement 6% des personnes reconnues handicapées occupent des postes de cadres, contre 16% des personnes sans reconnaissance du handicap. Ces personnes avec reconnaissance du handicap travaillent plus souvent comme ouvriers non qualifiés dans l’industrie ou l’artisanat et sont surreprésentées parmi les employés, par exemple parmi les agents de service hospitaliers ou les secrétaires.

Fin de carrière et départ à la retraite des personnes handicapées

Cette partie est particulièrement intéressante à prendre en compte dans le contexte actuel de relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans à partir du 1er septembre 2023 (article L. 161-17-2 du Code de la Sécurité sociale).

En 2020, les personnes handicapées liquident leur retraite en moyenne à 62.7 ans, soit 0.3 an de plus que les personnes sans incapacités.

Cette même année 2021, les années passées en emploi et hors emploi entre 50 ans et l’âge moyen de départ à la retraite, pour les différentes situations sont les suivantes :

ü pour les personnes fortement limitées (environ 10% des sujets), 4.2 ans en emploi et 8.5 ans sans emploi ni retraite ;

ü pour les personnes limitées mais pas fortement (environ 16% des sujets), 7.7 ans en emploi et 4.7 ans ni en emploi ni en retraite ;

ü pour les personnes pas du tout limitées, 10.5 ans en emploi et 1.8 an ni en emploi ni en retraite.

Ainsi, après 50 ans, quel que soit l’âge, moins de 40% des personnes fortement limitées sont en emploi.

Le handicap joue aussi sur les situations un an avant l’âge légal de départ à la retraite :

ü les personnes fortement limitées sont majoritairement hors emploi, soit sans emploi ni retraite (67%), soit en retraite anticipée (17%) et minoritairement en emploi (16%) ;

ü la population des personnes limitées mais pas fortement est mieux répartie avec 37% en emploi, 39% sans emploi ni retraite et 24% en retraite anticipées ;

ü les personnes non limitées sont majoritairement en emploi (53%), en retraite anticipée (34%) et plus faiblement sans emploi ni retraite (13%).

Après 2010 et le passage de l’âge légal de retraite de 60 à 62 ans, la durée moyenne passée en emploi après 50 ans pour les personnes sans incapacité a augmenté de 1.2 an entre 2013 et 2020. En revanche, pour les personnes handicapées, cette durée en emploi n’a presque pas augmenté mais l’augmentation de 2 ans de l’âge légal de départ à la retraite s’est traduite par un allongement de 1.2 an de la durée sans emploi ni retraite.

Les différentes prestations pour les personnes handicapées

Allocation adulte handicapé

Les personnes handicapées avec revenus modestes âgées d’au moins 20 ans peuvent prétendre à une allocation d’adulte handicapé (AAH).

Fin 2020, il y a 1 237 800 personnes bénéficiant de l’AAH (1 050 000 de moins de 60 ans), soit 18.4 personnes pour 1 000 habitants. Ces personnes sont plutôt dans les tranches d’âges moyennes, 13% chez 20-29 ans, 17% chez les 30-39 ans, 23% chez les 40-49 ans et 32% chez les 50-59 ans puis 15% chez les 60 ans et plus.

Pension d’invalidité

Fin 2020, 830 000 personnes bénéficient d’une pension d’invalidité, soit 12.3/1 000 habitants qui touche majoritairement les personnes au-delà de 40 ans, 18% de 40 à 49 ans, 54% de 50 à 59 ans et 20% au-delà de 60 ans. Ces personnes reconnues en invalidité sont 13 900 à disposer d’une majoration pour tierce personne (MTP) et 67 100 d’une allocation supplémentaire d’invalidité.

Rente pour incapacité permanente

Un effectif de 1 083 000 personnes ont droit à une rente d’incapacité permanente, soit 16/1 000 habitants.

Prestation de compensation du handicap

Enfin, 347 100  personnes reconnues handicapées peuvent bénéficier d’une prestation de compensation du handicap qui a pour objet de permettre de financer cinq types de dépenses. En 2020, les prestations sont ainsi réparties : 94% sont consacrées à l’aide humaine, 3% à l’aménagement du domicile, du véhicule ou à des surcoûts liés à des transports et 1% à l’aide technique. Des dépenses spécifiques et exceptionnelles les complètent à hauteur de 2%. L’aide animalière (chiens de guides d’aveugles et aux chiens d’assistance) ne représente que 0.03% des dépenses de la prestation complémentaire du handicap.

L’allocation aux adultes handicapés

Fin 2021, 1.25 million de personnes perçoivent l’AAH, soit 2.4% de la population âgée de 20 ans ou plus. Cette population percevant l’AAH a fortement crû depuis les années 1990 puisqu’on est passé de 524 000 allocataires à la fin des années 1980 à 1 252 000 fin 2020 et d’un taux de 1.3% à 2.4% de la population de plus de 20 ans entre ces deux périodes.

[NDR - Pour information, le montant de l’AAH en 2023 est au maximum de 971,37 euros par mois à compter du 1er avril 2023 (décret n° 2023-328 du 29 avril 2023 portant revalorisation de l'allocation aux adultes handicapés) dont 60% des allocataires perçoivent le taux plein. À noter que l’article 10 de la loi n° 2022-1158 du 16 août 2022 portant mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat prévoit la « déconjugalisation » de l’attribution de l’AAH à compter du 1er octobre 2023 par modification des articles L. 821-1 et L. 821-3 du Code de la Sécurité sociale (lien avec les versions en vigueur à compter du 1er octobre 2023). Seules seront prises en compte les ressources de la personne reconnue handicapée et plus celles de son conjoint ou de sa conjointe]

Les bénéficiaires de l’AAH sont à 48% des femmes et à 52% des hommes. On constate pour les bénéficiaires de l’AAH une répartition différente de celle de la population générale âgée de 20 ans et en termes de taux selon les tranches d’âges : pour les 30-39 ans, 17% versus 16%, pour les 40-49 ans, 23% versus 17%, pour les 40-49 ans, 32% versus 17%. En revanche, à partir de 60 ans, il y a moins de bénéficiaires de l’AAH (15%) que de sujets dans cette tranche d’âges dans la population générale (35%).

Les bénéficiaires de l’AAH vivent majoritairement seuls, 72% versus 23% dans la population de 20 ans et plus. Ils sont moins nombreux à vivre en couple sans enfants (13%) et en couple avec enfants (9%) que la population de 20 ans et plus (respectivement 32% et 36%).

Les pensions d’invalidité

Fin 2020, 831 000 personnes bénéficient d’une pension d’invalidité dont 112 000 nouveaux bénéficiaires.

Au 31 décembre 2020, 708 000 personnes perçoivent une pension d’invalidité du Régime général, 79 000 des régimes de la fonction publique et 39 000 de la Mutualité sociale agricole (MSA) (dans ce derniers cas qu’ils soient ou non-salariés).

Le nombre de bénéficiaires d’une pension d’invalidité de droit direct augmente avec l’âge jusqu’à 61 ans. Parmi les sujets dans la population âgée de 61 ans, 9% sont en invalidité. Après 62 ans la part des personnes en invalidité baisse fortement puisqu’elle ne concerne plus que celles qui ont toujours une activité professionnelle, pour la majorité des autres personnes reconnues invalides, il est mis fin à la pension d’invalidité à 62 ans et passage à la retraite.

À l’exception des militaires de la fonction publique, l’âge des nouveaux bénéficiaires d’une pension d’invalidité en 2020 est compris entre 49 et 55 ans (52.4 ans pour le régime général et 54.4 ans pour les non-salariés de la MSA, 54.9 ans dans la fonction publique territoriale, 55.7 ans dans la fonction publique hospitalière, 55.7 ans dans la fonction publique d’État et 49.5 ans pour les agents des industries électriques et gazières).

Dans le Régime général, les femmes représentent 55% des personnes bénéficiaires d’une pension d’invalidité, 61% dans la fonction publique d’État et 37% la MSA pour les non-salariés

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-04/Handicap2023.pdf

 

·       Fin de carrière des seniors (France stratégies)

Il s’agit de la note d’analyses n° 121 d’avril 2023 de France stratégies intitulé « Fin de carrière des seniors : quelles spécificités selon les métiers ? » signée par Jean Flamand. Elle fournit des informations qu’il aurait été intéressant de prendre en compte avant de promulguer un texte de loi repoussant de deux ans l’âge légal de départ à la retraite.

Pour compléter la lecture de ce document vous pouvez (re)lire le commentaire d’une étude de la Dares « Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite ? » dans la lettre d’information du 9 avril 2023, voir le blog.

Introduction

Le taux d’activité de la population des 15-64 ans a augmenté depuis le début des années 1990. Cependant, si le taux d’emploi des seniors français entre 55 et 59 ans est proche de celui de la moyenne européenne (72.2% versus 72.8% en 2019), ensuite les choses se gâtent et, entre 60 et 64 ans, le taux d’emploi des seniors en France est nettement inférieur au taux d’emploi de cette tranche d’âge dans l’Union européenne (30.7% versus 46%).

Ce phénomène peut être en lien avec ce que l’on dénomme les « sorties précoces de l’emploi » de seniors qui ne sont ni en emploi ni à la retraite.

Il importe d’identifier les déterminants de ces sorties précoces d’emploi qui peuvent refléter le poids tant des conditions de vie et de santé des travailleurs que des conditions de travail et des modes de gestion de la main d’œuvre au sein des entreprises.

Ce document se propose d’étudier les raisons des départs en fin de carrière ces 15 dernières années en identifiant les métiers dans lesquels les sorties précoces de l’emploi sont les plus ou les moins fréquentes. Puis l’étude examinera le lien entre les départs pour raison de santé et les conditions de travail et les métiers pour lesquels il y a des difficultés de recrutement.

Matériels et méthodes

Les transitions vers le non-emploi ont été identifiées à partir des enquêtes Emploi de l’Insee sur la période 2004-2019 en se restreignant aux personnes âgées de 50 à 69 ans. Ces enquêtes identifient, pour un échantillon représentatif de la population française, les personnes en emploi un an avant l’enquête et qui se retrouvent l’année de l’enquête dans l’une des quatre situation suivantes : en retraite ou pré-retraite, hors emploi pour raisons de santé, de chômage ou d’inactivité. Sur la période 2004-2019, 13 729 personnes ont été concernées par une sortie de l’emploi en fin de carrière.

Les différentes raisons de départs précoces :

ü les départs pour raisons de santé concernent les personnes qui déclarent avoir quitté leur emploi pour longue maladie ou pour invalidité à partir de 51 ans ainsi que les personnes en emploi mais en congé de longue maladie dès 56 ans ;

ü les personnes en chômage âgées de 59 ans et plus ;

ü tout autre type d’inactivité des personnes de 56 ans ou plus ayant renoncé à la recherche d’un emploi ou qui ne sont pas disponibles pour un emploi, par exemple parce qu’elles s’occupent d’un proche en situation de dépendance.

Le taux de retour à l’emploi des personnes dans ces situations n’est pas nul mais il est très faible. Ainsi, dans les 18 mois qui suivent l’inscription à Pôle emploi d’un senior de 59 ans, le taux de retour à un emploi est de 15% et il est, dans plus de 9 cas sur 10, négatif dans les autres cas de sorties précoces de l’emploi.

Résultats

Les fins de carrière sur la période 2003-2018

Sur les années 2003-2018, on compte en moyenne annuelle 587 000 départs en fin de carrière. Parmi ceux-ci, 171 000 correspondent à des sorties précoces de l’emploi hors retraite et pré-retraite, soit 29.1%.

Les raisons de santé sont à l’origine de 10% des départs, le chômage à 4% et les situations d’inactivité à 15%.

Les caractéristiques des personnes en inactivité sont les suivantes (entre parenthèses, les taux pour l’ensemble des départs à la retraite) : ce sont des femmes à 52% (47%), 33% n’ont aucun diplôme (30%), ces personnes sont 11% à être en contrat à durée limitée (CDD et intérim) (8%), 41% ont de 56 à 58 ans (21%), 44% ont de 59 à 61 ans (46%) et 15% de 67 à 70 ans (34%). Un quart de ces personnes sont dans le halo du chômage, sans recherche d’emploi ou non disponible, etc…

L’auteur fait remarquer que la période d’étude couvre les suites de la réforme des retraites de 2010 qui a entraîné une forte augmentation du taux d’emploi des 55-64 ans mais s’est aussi traduite par une augmentation du non-emploi.

Départs précoces et catégories socio-professionnelles

Dans l’ensemble des sorties d’emploi, il y a environ 70% de départs à la retraite ou la pré-retraite, environ 10% pour raisons de santé, 4.% au chômage et 15 % d’inactivité.

Plus l’on descend dans les CSP plus la part des départs à la retraite ou en pré-retraite diminue au profit des autres raisons de départ.

Ainsi, chez les cadres et professions intellectuelles supérieures, les sorties précoces hors retraite et pré-retraite représentent 21% des cas, chez les ouvriers peu qualifiés, c’est 46% des cas, 36% des cas chez les ouvriers qualifiés, 40% chez les employés peu qualifiés et 27% chez les employés qualifiés.

Les départs pour raisons de santé sont particulièrement fréquents chez les ouvriers peu qualifiés (22%), les ouvriers qualifiés et les employés peu qualifiés (15% chacun), environ 9% chez les employés qualifiés et un peu plus de 3% chez les cadres et professions intellectuelles supérieures.

Les sorties en inactivité sont à peu près les mêmes pour les ouvriers peu qualifiés, les ouvriers qualifiés et les employés peu qualifiés (environ 17%).

Ainsi, les professionnels les plus concernés par des sorties précoces de l’emploi sont des ouvriers et des employés. On trouve dans ces salariés des ouvriers non qualifiés de la manutention et du second œuvre du bâtiment, des aides à domicile ou des agents d’entretien et des caissiers.

Les départs précoces se font à des âges différents selon les métiers, 57 ans en moyenne pour les ouvriers peu qualifiés des industries de process, les caissiers et employés de libre-service et près de 60 ans pour les assistants maternels et les cadres d’hôtels, cafés et restaurants.

Parmi les métiers les moins concernés par les départs précoces, on peut citer les techniciens ou les cadres et professions intellectuelles supérieures, parmi lesquels les médecins, les personnels d’études et de recherche, les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie et les cadres de la banque ou les enseignants.

Les métiers avec la part de sorties précoces la plus élevée

Pour l’ensemble des résultats suivants, j’ai calculé les taux à partir de graphiques, ils sont donc plutôt indicatifs.

Voici, parmi les 20 métiers pour lesquels les sorties précoces de l’emploi sont les plus fréquentes, avec indiqué entre parenthèses le taux total de sorties et celui des sorties pour raisons de santé (en gras les métiers où les salariés ont été les plus nombreux à répondre qu’ils ne se sentaient pas capables de faire le même métier jusque la retraite) les plus concernés par les sorties précoces de l’emploi :

ü ouvriers peu qualifiés de la manutention (55%, 30%) ;

ü ouvriers peu qualifiés du second œuvre du bâtiment (51%, 30%) ;

ü ouvriers peu qualifiés de la mécanique ou de la métallurgie (50%, 17%) ;

ü ouvriers peu qualifiés du gros œuvre du BTP (48%, 22%) ;

ü employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration (46%, 17%) ;

ü caissiers et employés de libre-service (44%, 30%) ;

ü ouvriers qualifiés de la manutention (43%, 17.5%) ;

ü ouvriers qualifiés de l’électricité et de l’électronique (43%, 13%) ;

ü assistants maternels (42%, 11%) ;

ü ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment (41%, 17%) ;

ü aides à domicile (41%, 20.5%) ;

ü cuisiniers (40%, 15.5%) ;

ü ouvriers du textile et du cuir (39%, 20%) ;

ü ouvriers peu qualifiés des industries de process (38%, 17.5%) ;

ü agents d’entretien (38%, 17.5%).

Les métiers avec la part de sorties précoces la plus faible

Parmi les 20 métiers dont moins de 25% des travailleurs présentent des sorties précoces de l’emploi sur la période 2004-2019 avec indiqué, entre parenthèses, le taux total de sorties et celui des sorties pour raisons de santé (en gras les métiers où les salariés ont été les plus nombreux à répondre qu’ils se sentaient capables de faire le même métier jusque la retraite) on peut citer :

ü armée, police et pompiers (2.8%, 1.7%) ;

ü cadres de la fonction publique de catégorie A (10.5%, 2.8%) ;

ü enseignants (14%, 16%) ;

ü professions para-médicales (17%, 8.5%) ;

ü cadres de la banque et des assurances (17%, 7.5%) ;

ü infirmiers et sage-femmes (17%, 9.5%) ;

ü professions intermédiaires administratives de la fonction publique (18%, 7.5%) ;

ü techniciens et agents de maîtrise de maintenance (19%, 4%) ;

ü techniciens de la banque et des assurances (19%, 5%) ;

ü médecins et assimilés (19.5%, 5%) ;

ü techniciens et agents de maîtrise de l’électricité et de l’électronique (20%, 1%) ;

ü techniciens des services administratifs, comptables et financiers (23%, 8%) ;

ü employés de banque et des assurances (24%, 6.5%) ;

ü professionnels de l’action sociale et de l’orientation (25%, 8.5%).

L’auteur, au vu de ces résultats, constate qu’il existe une relation, mais faible, entre l’appréciation par les salariés de leur soutenabilité au travail et une sortie précoce de l’emploi.

Onze des métiers qui connaissent un taux élevé de sorties précoces de l’emploi figurent aussi parmi ceux où les travailleurs indiquent qu’ils ne pourront soutenir leur travail jusque la retraite. Et huit des métiers les moins sujets aux sorties précoces de l’emploi sur vingt indiquent se sentir capables de soutenir leur travail jusque la retraite.

Métiers avec la part de sorties de l’emploi par le chômage la plus élevée

Parmi ces métiers ceux dont plus de 8% des travailleurs finissent leur carrière au chômage sont :

ü les professionnels des arts et des spectacles (18%) ;

ü les formateurs (13%) ;

ü les assistants maternels (10%) ;

ü les ouvriers peu qualifiés de la manutention (8.5%) ;

ü les cadres du bâtiment et des travaux publics (8.5%) ;

ü les dirigeants d’entreprises (8%) ;

ü les professionnels de la communication et de l’information (8%).

On peut se poser la question de savoir si cette modalité de fin de carrière n’est pas liée aux modes de gestion de la main d’œuvre pour ces emplois.

En effet, pour onze des vingt métiers pour lesquels le chômage est l’issue la plus fréquente, la proportion de seniors en emploi à durée limitée (CDD et intérim) est supérieure à la moyenne 2003-2018 de 5.8% chez les 58-69 ans.

Ainsi, la proportion d’emplois à durée limitée est de 16% chez les professionnels des arts et spectacles, de 20% chez les formateurs, de 12% chez les assistants maternels et de respectivement 14% et 13% chez les ouvriers peu qualifiés du bâtiment et les employés de l’hôtellerie et de la restauration (environ  5.5% de sorties précoces de l’emploi par le chômage dans ces deux métiers).

Pour ces métiers, on peut penser que les sorties vers le chômage correspondraient à des fins de contrats courts.

Métiers avec les taux de sortie vers l’inactivité les plus importants

Parmi les 20 métiers dont les taux de sortie précoce se font le plus vers l’inactivité (entre 19% et 30%) hors raisons de santé, on peut retenir :

ü les patrons et cadres d’hôtels, cafés et restaurants (29%) ;

ü les ouvriers qualifiés de l’électricité et de l’électronique (28%) ;

ü les ouvriers peu qualifiés de la mécanique ou de la métallurgie (27.5%) ;

ü les cadres commerciaux et technico-commerciaux (25%) ;

ü les professionnels de la communication et de l’information (24%) ;

ü les techniciens et agents de maîtrise des industries mécaniques (22.5%) ;

ü les employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration (22%).

Métiers avec les taux de sortie pour raisons de santé les plus élevés de 2004 à 2019

Parmi les 20 métiers dont les taux de sortie précoce de l’emploi pour raisons de santé sont les plus importants, on peut retenir :

ü les ouvriers peu qualifiés de la manutention (32%) ;

ü les ouvriers peu qualifiés du second œuvre du bâtiment (31%) ;

ü les caissiers et employés de libre-service (30.5%) ;

ü les ouvriers peu qualifiés du gros œuvre du BTP (24%) ;

ü les aides à domicile (22%) ;

ü les ouvriers du textile et du cuir (21%) ;

ü les aides-soignants (18.5%) ;

ü les ouvriers qualifiés de la manutention (18%) ;

ü les agents d’entretien (18%) ;

ü les ouvriers qualifiés du gros œuvre du BTP (16.5%) ;

ü les ouvriers peu qualifiés des industries de process (16.5%) ;

ü les ouvriers peu qualifiés de la mécanique et de la métallurgie (16.5%) ;

ü les employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration (16.5%) ;

ü les conducteurs d’engins du BTP (16%) ;

ü les cuisiniers (16%) ;

ü les ouvriers des industries graphiques (14%) ;

ü les employés de maison (14%) ;

ü les ouvriers du travail du bois et de l’ameublement (14%).

Parmi ces métiers pour lesquels la sortie précoce de l’emploi est la plus due à des raisons de santé, il y a une majorité d’emplois d’ouvriers (manutention, BTP, métallurgie, bois, agro-alimentaire) et d’employés de service aux particuliers (aides à domicile, employés de maisons).

Le motif de la sortie de l’emploi en fin de carrière pour raisons de santé peut être en lien avec des causes étrangères à l’activité mais il s’agit tout de même d’activités avec des conditions de travail difficiles et dans lesquelles il y a un risque accru d’accidents du travail.

Les maladies professionnelles, aussi fréquentes dans ces métiers, peuvent de même jouer un rôle dans la sortie précoce de l’emploi, en premier lieu les troubles musculo-squelettiques représentant environ 80% des maladies professionnelles. Or, ces pathologies sont concentrées dans l’industrie de transformation alimentaire, le gros œuvre du BTP, les activités d’hyper et de supermarchés (caissiers) et dans le secteur de l’aide à domicile et des activités hospitalières.

On peut se demander si l’amélioration des conditions de travail ne pourrait améliorer ces situations et permettre de réduire les sorties précoces d’emploi pour raisons de santé dans ces métiers.

Relations entre intensité des conditions de travail contraignantes et difficultés de recrutement

On parle beaucoup de secteurs d’activité dans lesquels les employeurs peinent à trouver des salariés, surtout après l’épidémie de Covid-19. Ce travail a mis en évidence des relations entre, d’une part, des métiers pour lesquels il existe des difficultés de recrutement et, d’autre part, des conditions de travail contraignantes et des sorties précoces de l’emploi en raison de l’état de santé.

Ainsi, il apparaît que les contraintes associées aux conditions de travail et les sorties précoces d’emploi pour raisons de santé sont en partie corrélées (0.6).

Certains métiers présentent un niveau de départs précoces supérieurs à la moyenne de l’ensemble des métiers et des conditions de travail contraignantes fortes à très fortes qui concernent environ un salarié sur trois âgé de 50 à 69 ans. Il en est ainsi des conducteurs de véhicules, des ouvriers qualifiés du BTP, certains ouvriers qualifiés de l’industrie (métallurgie, bois, textile et cuir), les aides-soignants et les employés de services à la personne et à la collectivité comme les aides à domicile, les agents d’entretien et les agents de gardiennage et de sécurité.

Dans les trois-quarts de ces métiers, les employeurs sont confrontés à des difficultés de recrutement. Pour que ces salariés puissent continuer à travailler plus longtemps et augmenter ainsi leur taux d’emploi, il faudrait améliorer les conditions de travail – et aussi de rémunération – et prévenir l’usure professionnelle.

Des études récentes ont montré, suite à la précédente réforme de 2010, que l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite avait entraîné une augmentation du risque d’avoir un arrêt maladie pour les salariés proches de l’âge d’ouverture des droits à la retraite avec une augmentation de la consommation de soins de santé.

Conclusion

« Les fins de carrière sont le plus souvent analysées au prisme de l’âge et du sexe, mais assez peu sous l’angle de la catégorie socio-professionnelle, et encore moins selon le métier. Si la retraite est le principal motif de fin de carrière à partir de 51 ans, certains seniors quittent leur poste prématurément - avant la liquidation de leur pension - suite à des problèmes de santé ou à la perte d’un emploi par exemple. Dans le contexte actuel d’une réforme des retraites, le diagnostic que nous livrons ici donne à voir la diversité des parcours de fins d’emploi des seniors selon le métier exercé.

Chaque année, environ 30 % des seniors en emploi qui partent en fin de carrière ne liquident pas leurs droits à retraite tout de suite. Ce taux de sorties précoces varie de manière importante d’un métier à l’autre. De manière générale, il est plus élevé chez les employés et les ouvriers que chez les cadres ou les indépendants. Si la qualification n’apparaît pas comme un marqueur évident des sorties pour chômage et pour inactivité, les départs pour maladie ou invalidité sont en revanche plus courants chez les ouvriers de la manutention et de l’industrie (maintenance, bois, métallurgie, bâtiment) et chez les employés de services aux particuliers (aides à domicile, employés de maison), à la collectivité (agents d’entretien) et de l’hôtellerie-restauration. En ce sens, l’analyse souligne les effets différenciés d’un recul du passage à la retraite sur ces seniors les moins qualifiés, en particulier lorsque les employeurs rencontrent des difficultés à recruter dans ces métiers. Tout en pointant l’amélioration de la sinistralité dans certains secteurs d’activité sur la dernière décennie, un rapport récent de la Cour des comptes met en évidence une augmentation des accidents du travail et des maladies professionnelles dans les activités du soin aux personnes et du nettoyage. Il invite de ce fait à cibler les actions de prévention sur ces filières, en insistant sur la nécessaire prise en compte à la fois de l’âge et de la catégorie socio-professionnelle des travailleurs concernés, mais aussi de la taille de l’entreprise dans laquelle ils exercent leur métier.

Cet examen par métier nécessite d’être enrichi afin de mieux distinguer les ressorts qui conduisent une partie des seniors à basculer dans cette zone grise qui précède la retraite. De ce point de vue, une analyse des trajectoires individuelles permettrait de mieux comprendre la part respective des conditions de vie, des conditions de travail

et des modes de gestion de la main-d’œuvre au sein des entreprises dans ces sorties précoces de l’emploi. »

https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2023-na121-emploi-seniors-avril_0.pdf

 

·       Projections des 40-59 ans pour leur fin de carrière (Credoc/Fondation ADECCO)

Ce document reprend les éléments d’un sondage réalisé par le Credoc (Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie) et la Fondation Adecco Group.

Vous pourrez accéder à ce document à partir du site du Credoc et en pièce jointe uniquement sur le blog (sinon les fichiers joints dépasseraient la limite de réception de plusieurs messageries professionnelles).

Matériels et méthodes

Le Credoc a mis en œuvre depuis 1998 un dispositif d’enquêtes sur les conditions de vie et les aspirations des français. L’enquête est réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la population française avec trois vagues par an, en janvier, juin et octobre (depuis 2015, l’enquête est faite par questionnaire auto-administré en ligne auprès d’un panel).

Lors de chaque vague de l’enquête, un échantillon de 3 000 personnes âgées de 15 et plus est constitué en respectant des quotas en termes d’âge, de sexe, de catégorie socio-professionnelle (CSP), de région, de taille d’agglomération et d’habitat individuel ou collectif.

Le questionnaire de l’étude pour la Fondation Adecco Group a été insérée dans la vague d’enquête de janvier 2023 qui a eu lieu entre le 13 et le 26 janvier 2023 alors qu’avait lieu le débat sur la réforme des retraites. Parmi les 3 000 personnes interrogées, il y avait 960 actifs de 40 à 59 ans.

Résultats

Inquiétudes pour la fin de carrière

Il a été demandé aux personnes interrogées si elles ressentaient parfois de l’inquiétude pour leur fin de carrière vis-à-vis des risques suivants (entre parenthèses le taux de réponses beaucoup et assez inquiets) :

ü d’avoir des problèmes de santé, une moins grande résistance au stress et à la fatigue, qui rendent votre travail difficile ou impossible (68%, dont 37% s’en inquiètent beaucoup) ;

ü de gagner moins bien sa vie (52%) ;

ü de ne plus aimer votre travail, être lassé et perdre votre motivation (52%) ;

ü d’être discriminé à cause de votre âge si vous cherchez un nouvel emploi (49%) ;

ü de devoir vous occuper de proches malades ou dépendants et que ce soit incompatible avec une activité professionnelle (44%) ;

ü de stagner ou régresser dans votre parcours (38%) ;

ü de perdre votre emploi (37%) ;

ü de vous sentir en décalage avec vos collègues plus jeunes, d’avoir du mal à vous intégrer à une équipe (32%) ;

ü d’accéder difficilement à la formation et à l’actualisation de vos compétences (32%) ;

ü d’être dépassé par les nouveaux outils et les nouvelles méthodes de travail (30%).

Les inquiétudes relatives à la santé concernent l’ensemble des CSP mais de façon plus importante les ouvriers (72%) et les professions intermédiaires (69%) mais moins que la moyenne les cadres (62%)

Pour leur part, les cadres sont plus nombreux que la moyenne à craindre la lassitude et la démotivation vis-à-vis de leur emploi (56%) et d’avoir à prendre en charge des proches malades ou dépendants (49%).

Les actifs de 40 à 49 ans sont plus nombreux à être inquiets que les 50-59 ans pour leur santé (respectivement, 71% versus 63%) et l’apparition d’une lassitude ou d’une démotivation (respectivement, 55% versus 48%).

Ceci pourrait s’expliquer par le fait que la tranche des 50-59 ans est plus proche de la retraite et pourrait relativiser les inquiétudes.

La problématique vis-à-vis de la santé est assez largement répandue dans la population française puisque, en 1997, 90% des Français se disaient en bonne santé et, en début d’année 2023, seuls 72% des Français s’estimaient en bonne santé.

Les principaux objectifs des personnes interrogées

Voici les principaux objectifs actuels des personnes interrogées (avec, entre parenthèses le taux en 2000) :

ü améliorer son niveau de vie, 75% (78%) ;

ü être en meilleure santé, 72% (47%) ;

ü avoir une vie plus tranquille, moins d’embêtements, 72% (70%) ;

ü avoir plus de temps de loisirs, 56% (54%) ;

ü avoir une famille plus unie, 56% (45%) ;

ü mieux s’épanouir dans son travail ou ses activités, 54% (60%) ;

ü voir ses capacités mieux appréciées, 49% (60%) ;

ü lier de nouvelles amitiés, 47% (58%) ;

ü créer quelque chose, 38% (49%).

Les femmes sont plus souvent préoccupées par les difficultés de santé que les hommes (71% versus 65%) et par une baisse possible de leur niveau de vie (57% versus 19%).

Cette inquiétude plus importante des femmes peut être reliée au fait que les femmes sont beaucoup plus présentes dans les métiers du soin et les métiers des services qui impliquent une pénibilité physique et psychique importante.

Motivations pour travailler après l’âge légal de départ à la retraite

Ci-dessous à la question de savoir quelle serait la motivation pour travailler après l’âge légal de départ à la retraite (entre parenthèses, taux du choix en second) :

ü la possibilité de toucher une meilleure pension de retraite, 27% (17%) ;

ü continuer à toucher son salaire pendant quelques années et maintenir ainsi son niveau de vie tant que l’on reste en emploi, 18% (17%) ;

ü avoir une activité qui plaît ou qui est utile à la société, 15% (11%) ;

ü pouvoir former des jeunes, transmettre son savoir et ses compétences, 8% (9%) ;

ü rester intégré dans la société, continuer à avoir une vie sociale, voir ses collègues, 6% (11%) ;

ü aucune de ces raisons et vous n’envisagez à aucune condition de continuer à travailler, 27% (6%).

Les employés (50%) et les professions intermédiaires (45%) sont les plus sensibles à la possibilité de travailler après l’âge légal de départ à la retraite alors que les ouvriers ne le souhaitent que nettement moins (37%).

Les cadres sont un peu plus nombreux que la moyenne à être motivés à l’idée de continuer à avoir une activité après l’âge légal de départ à la retraite (31% versus 26% en moyenne).

Choix du départ à la retraite

Près d’un tiers des sujets interrogés (32%) est, plutôt disposé à partir dès l’âge légal de départ à la retraite. De même, 32% des sujets seraient prêts à partir à la retraite s’ils ont assez cotisé pour obtenir le maximum de leurs droits.

De façon moindre, 19% indiquent qu’ils souhaitent conserver une activité professionnelle tant que cela leur plaira de travailler et 16% souhaitent arrêter de travailler progressivement.

L’idée d’une réduction du temps de travail pour rendre la fin de carrière plus soutenable est retenue par 46% des sujets mais uniquement si cela se fait sans perte de revenus. Les professions intermédiaires (20%) et les cadres (19%) sont plus intéressés par cette solution que les ouvriers et les employés (respectivement, 13%).

La préoccupation des revenus est d’autant plus prégnante que 67% des Français indiquent qu’ils s’imposent régulièrement des restrictions sur certains postes de leur budget (entre 1980 et 2014, cela avait été le cas entre 66% et 69% des Français).

Projection dans l’avenir de l’emploi

Il est demandé aux répondants quel sera le type d’emploi qu’ils occuperont en fin de carrière :

ü un emploi salarié, 78%,

ü un emploi indépendant, 15%,

ü un emploi salarié cumulé avec un emploi indépendant, 9%.

Selon le type de contrat :

ü un emploi en CDI, 86%,

ü un emploi en CDD, 7%,

ü un emploi en intérim, 6%,

ü ne se prononcent pas, 1%.

Selon le temps de travail :

ü emploi à temps plein, 77%,

ü emploi à temps partiel, 23%.

Selon l’entreprise :

ü un emploi dans la structure (entreprise ou établissement) dans laquelle ils sont actuellement en emploi, 59%,

ü un emploi dans une autre entreprise ou un autre établissement que celui actuel, 40%,

ü ne se prononcent pas, 1%.

Selon le secteur d’activité :

ü un emploi dans le secteur d’activité actuel, 71%,

ü dans un autre secteur d’activité, 29%.

Ainsi, les sujets âgés de 40 à 59 ans se projettent majoritairement dans un emploi salarié (78%), en CDI (86%) et à temps plein (77%) pour leur fin de carrière et pensent majoritairement qu’ils continueront à travailler dans la même entreprise ou le même établissement (59%) et le même secteur d’activité (71%).

Les cadres (91%) et professions intermédiaires (92%)  estiment largement majoritairement qu’ils termineront leur activité en CDI, ce qui est moins le cas pour les ouvriers (82%) et les employés (83%) qui anticipent plus un passage en emploi précaire, intérim pour les ouvriers (11%) et CDD pour les employés (11%).

Les employés sont aussi les plus nombreux à envisager une fin de carrière à temps partiel (33%) alors que c’est nettement moins le cas des cadres (22%), des professions intermédiaires (18%) et des ouvriers (20%). Globalement, c’est dans la CSP des employés que l’on trouve le plus de salariés à temps partiel (32%) contre 10% chez les cadres, 15% des professions intermédiaires et 12% des ouvriers.

Actuellement, parmi les 55-64 ans en emploi, 83% sont salariés, 6% en CDD ou en intérim et, un peu plus fréquemment, 23% travaillent à temps partiel (du fait principalement du cumul emploi retraite).

Mais à 60 ans, seulement 42% des Français sont en emploi, 22% inactifs, 7% au chômage et 29% déjà à la retraite.

Les sujets de plus de 50 ans sont plus touchés par du chômage de longue durée avec un retour à l’emploi moins favorable après le chômage. Seulement 13% des 50-64 ans au chômage retrouvent un emploi le trimestre suivant versus 21% en moyenne pour l’ensemble des chômeurs. De plus, les actifs de 50-64 ans qui ont connu un passage chômage/emploi sont 28% à se trouver en sous-emploi contre 23% dans l’ensemble des actifs ayant connu la même transition.

Anticipation de la fin de carrière

Il est demandé aux seniors s’ils envisagent de se reconvertir avant leur départ à la retraite (taux des actifs en fonction des tranches d’âges) :

ü tranche des 40-44 ans, 52%,

ü tranches des 45-49 ans, 41%,

ü tranche des 50-54 ans, 32%

ü tranche des 55-59 ans, 15%.

Les actifs de 40 à 59 ans sont peu nombreux à avoir conscience de la nécessité de formation en fin de carrière (32%) pour acquérir de nouvelles compétences ou s’adapter à de nouveaux outils ou méthodes (30%).

Les actifs en 2e partie de carrière sont peu nombreux à se projeter dans des dispositifs qui pourraient être mis en place pour favoriser l’intégration des seniors dans l’emploi. Par exemple, l’adaptation des parcours professionnels à l’état de santé ne suscite l’intérêt que de 23% des 40-59 ans.

Les ouvriers sont un peu séduits par cette idée (30%) et par une amélioration de l’ergonomie de leur poste de travail (25%). Les cadres et les professions intermédiaires sont plutôt en faveur d’une plus grande part de télétravail (32%) et une plus grande liberté dans l’organisation de leurs horaires (30%).

Solutions pour favoriser l’intégration dans l’emploi des personnes en fin de carrière

Les taux retenus par les répondants pour différentes solutions figurent ci-dessous (taux en première intention et, entre parenthèses, taux en 2e intention) :

ü une réduction du temps de travail avec le maintien du niveau de revenu, 28% (18%)

ü occuper un poste ou vous transmettez votre expérience, votre savoir-faire où vous formez des jeunes, 14% (14%) ;

ü la possibilité de changer de métier dans la même entreprise pour exercer un métier plus adapté à votre état de santé ou de fatigue, 13% (10%) ;

ü la possibilité d’être davantage en télétravail ou d’organiser votre activité de manière plus souple (choix de vos horaires, récupération d’heures, choix de vos journées de congé...), 11% (11%) ;

ü une adaptation de votre poste de travail (siège ergonomique ou la disparition de certaines tâches comme le port de charge lourdes), 5% (11%) ;

ü la possibilité d’exercer un métier davantage en accord avec vos valeurs et vos aspirations, 9% (9%) ;

ü l’accès à des formations pour actualiser vos compétences, 4% (5%) ;

ü un appui pour organiser la prise en charge des proches dépendants, proposé par votre entreprise, 2% (3%) ;

ü la possibilité de travailler dans le secteur associatif, 2% (3%) ;

ü ne rien changer à votre situation actuelle, pouvoir continuer dans les mêmes conditions qu’actuellement, 9%.

Les auteurs notent qu’à part un intérêt de 28% des salariés pour une réduction du temps de travail avec maintien du revenu [ce qui apparaît assez illusoire], on constate un certain désintérêt pour les différents dispositifs proposés (tutorat, reconversion, formation).

https://www.credoc.fr/publications/comment-les-40-59-ans-se-projettent-ils-dans-leur-fin-de-carriere

 

 

Une trentaine de décrets pour la mise en œuvre de la loi rectificative de financement de la Sécurité sociale portant sur les retraites sont dans les tuyaux… pour une mise en œuvre des nouvelles dispositions pour la retraite au 1er septembre 2023… À suivre donc…

 

Jacques Darmon


 


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