Lettre du 13 juin 2021

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Le 13 juin 2021

 

Au sommaire de cette lettre d'information… Parmi les textes de loi… Un décret prorogeant jusqu'au début du mois d'août 2021 les mesures dérogeant aux textes réglementaires relatifs aux visites et examens en santé au travail… un autre décret décrit les modalités du " Passe sanitaire "… Une jurisprudence de la Cour de cassation indiquant qu'il n'y a pas lieu à congés payés en cas d'indemnité compensatrice de préavis… Un point sur l'avancement de la loi réformant la santé au travail… Un commentaire d'une étude de la Dares sur l'évolution des conditions de travail et des expositions aux facteurs de risque psychosociaux et leur retentissement sur la santé physique et psychique des salariés… Une passionnante étude sur les effets sur la santé des facteurs de risque psychosociaux… Et dans la rubrique à vos vidéos, la possibilité de revoir le débat du 27 mai 2021 organisé par Santé & Travail, " La réforme est-elle suffisante ? " Avec un pot-pourri des meilleurs moments…

 

Lettre du secrétaire d'État

L'inspection médicale d'Ile de France a communiqué une lettre 9 juin  2021 du secrétaire d'Etat du aux retraites et à la santé au travail, M. Laurent Pietraszewski, que vous trouverez en pièce jointe. Celui-ci reprend des données sur les risques sur la santé mentale liés à la crise sanitaire mentionnés, ci-dessous, dans le commentaire d'une étude de la Dares. Il invite les services de santé au travail à ce qu'ils " renforcent rapidement leur stratégie de prévention de ces risques psychologiques et s'organisent afin d'offrir aux salariés concernés l'accompagnement nécessaire ". Il va y avoir du boulot !

 

Je vous rappelle que vous pouvez accéder à mes lettres d’information depuis un an sur un blog à l’adresse suivante : https://bloglettreinfo.blogspot.com/.

 

 

·     Textes de loi, circulaires, instructions, accords, questions parlementaires et questions prioritaires de constitutionnalité

 

Décret n° 2021-729 du 8 juin 2021 modifiant le décret n° 2021-56 du 22 janvier 2021 adaptant temporairement les délais de réalisation des visites et examens médicaux par les services de santé au travail à l'urgence sanitaire

Le 1er alinéa du décret 2021-56 est modifié ainsi, la date du 2 août 2021 remplaçant celle du 17 avril 2021 : " La date limite de réalisation des visites et examens médicaux dont l'échéance résultant des textes réglementaires applicables antérieurement à l'entrée en vigueur de l'ordonnance du 1er avril 2020 susvisée intervient avant le 2 août 2021, est modifiée conformément aux articles 2 à 4 ".

Vous pourrez consulter à l'article 2 du décret 2021-56 les visites et examens qui peuvent ou ne peuvent être reportés d'un an au-delà du délai d'échéance prévu par les textes réglementaires. En particulier, ne peuvent être reportés :

" 1° La visite d'information et de prévention initiale prévue à l'article R. 4624-10 du code du travail et à l'article R. 717-13 du code rural et de la pêche maritime ou l'examen médical préalable à la prise de fonction prévu à l'article R. 4626-22 du code du travail, concernant :

a) Les travailleurs handicapés ;

b) Les travailleurs âgés de moins de dix-huit ans ;

c) Les travailleurs qui déclarent être titulaires d'une pension d'invalidité ;

d) Les femmes enceintes, venant d'accoucher ou allaitantes ;

e) Les travailleurs de nuit ;

f) Les travailleurs exposés à des champs électromagnétiques affectés à des postes pour lesquels les valeurs limites d'exposition fixées à l'article R. 4453-3 du code du travail sont dépassées ;

g) Les travailleurs exposés à des agents biologiques de groupe 2 ;

2° L'examen médical d'aptitude initial, prévu à l'article R. 4624-24 du code du travail et à l'article R. 717-16-1 du code rural et de la pêche maritime ;
3° Le renouvellement de l'examen d'aptitude pour les travailleurs exposés à des rayons ionisants classés en catégorie A en application de l'
article R. 4451-57 du code du travail, prévu à l'article R. 4451-82 du même code. "

De plus, le report de la visite ou de l'examen ne peut se faire si le médecin considère que l'échéance doit être maintenue (article 3 du décret 2021-56) et, s'il y a report, le salarié et l'employeur doivent en être informés en communiquant la date de report (article 4 du décret 2021-56).

Ce décret 2021-729 prévoit aussi que la période durant laquelle le médecin du travail peut confier aux infirmiers en santé au travail la réalisation de visites et d'examens ci-dessous soit repoussée du 16 avril 2021 au 1er août 2021. Ainsi, le texte du décret 2021-56 du 22 janvier 2021 devient : " A titre exceptionnel jusqu'au 1er août 2021 et par dérogation aux règles fixées aux articles mentionnés aux 1° et 2° du présent I, le médecin du travail peut confier sous sa responsabilité à un infirmier en santé au travail, selon des modalités définies par un protocole établi dans les conditions et les limites prévues respectivement aux articles R. 4623-14 et R. 4626-13 du code du travail ou à l'article R. 717-52-3 du code rural et de la pêche maritime, et sous les réserves prévues aux II et III du présent article :

1° La visite de préreprise prévue aux article R. 4624-29 et R. 4626-29-1 du code du travail ou à l'article R. 717-17 du code rural et de la pêche maritime ;
2° La visite de reprise prévue à l'
article R. 4624-31 du code du travail ou à l'article R. 717-17-1 du code rural et de la pêche maritime, sauf pour les travailleurs faisant l'objet d'un suivi individuel renforcé en application de l'article R. 4624-22 du code du travail ou de l'article R. 717-16 du code rural et de la pêche maritime. "

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043623619

 

Décret n° 2021-724 du 7 juin 2021 modifiant le décret n° 2021-699 du 1er juin 2021 prescrivant les mesures générales nécessaires à la gestion de la sortie de crise sanitaire

Le décret du 1er juin 2021 est modifié par le rajout d'un chapitre intitulé " Passe sanitaire " visant à assurer l'absence de contamination de la personne concernée exigée pour certains déplacements mentionnés et pour l'accès à certains établissements, lieux et événements exigeant l'absence de contamination.

Ce passe sanitaire comprend les dispositions suivantes :

" 1° Sont de nature à justifier de l'absence de contamination par la covid-19 un examen de dépistage RT-PCR ou un test antigénique d'au plus 72 heures dans les conditions prévues par le présent décret. Le type d'examen admis peut être circonscrit aux seuls examens de dépistage RT-PCR ou à certains tests antigéniques si la situation sanitaire, et notamment les variants du SARS-CoV-2 en circulation, l'exige.

Un justificatif du statut vaccinal est considéré comme attestant d'un schéma vaccinal complet de l'un des vaccins contre la covid-19 ayant fait l'objet d'une autorisation de mise sur le marché délivrée par l'agence européenne du médicament :

a)  S'agissant du vaccin “ COVID-19 Vaccine Janssen ”, 28 jours après l'administration d'une dose ;

b)   S'agissant des autres vaccins, 14 jours après l'administration d'une deuxième dose, sauf en ce qui concerne les personnes ayant été infectées par la covid-19, pour lesquelles ce délai court après l'administration d'une dose ;

Un certificat de rétablissement à la suite d'une contamination par la covid-19 est délivré sur présentation d'un document mentionnant un résultat positif à un examen de dépistage RT-PCR ou à un test antigénique réalisé plus de quinze jours et moins de six mois auparavant. Ce certificat n'est valable que pour une durée de six mois à compter de la date de réalisation de l'examen ou du test mentionnés à la phrase précédente. "

L'article suivant de ce chapitre indique les moyens d'obtention de ces différents justificatifs.

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043618403

 

·       Jurisprudence

 

L'indemnité compensatrice de préavis de l'article L. 1226-14 en cas de licenciement pour inaptitude n'ouvre pas droit aux congés payés

Il s'agit d'un arrêt inédit de la Cour de cassation du 19 mai 2021 – Cass. Soc. pourvoi n° 19-23510 – qui apporte une précision quant à l'indemnité compensatrice de préavis.

Comme je l'ai longuement évoqué dans ma lettre d'information du 23 mai 2021 (accès sur le blog), le licenciement pour inaptitude et impossibilité de reclassement d'un salarié victime d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle lui ouvre droit, au titre de l'article L. 1226-14, à des dispositions favorables spécifiques, doublement de l'indemnité légale de licenciement ou indemnité conventionnelle si elle est plus favorable et indemnité compensatrice de préavis.

Les faits et la procédure – Un salarié a été embauché le 11 juin 2001 par une entreprise de transport de fonds en qualité de convoyeur. Le 27 février 2013, il est victime d'un accident du travail. Le 7 septembre 2015, le médecin du travail le déclare inapte à son poste. Il est licencié par son employeur pour inaptitude et impossibilité de reclassement le 22 octobre 2015.

Le salarié saisit la juridiction prud'homale pour obtenir diverses indemnités en lien avec son licenciement. En particulier, la cour d'appel lui accorde une indemnité compensatrice de préavis assortie du paiement de congés payés (10%).

L'employeur se pourvoit en cassation contre l'arrêt de la cour d'appel qui l'a condamné à verser cette indemnité compensatrice de préavis assortie du paiement de congés payés.

Au visa de l'article L. 1226-24 du Code du travail, la réponse de la Cour de cassation est la suivante : " Selon ce texte, l'indemnité compensatrice d'un montant égal à celui de l'indemnité compensatrice de préavis n'a pas la nature d'une indemnité de préavis et n'ouvre pas droit à congés payés.

Après avoir retenu que l'inaptitude était d'origine professionnelle et alloué au salarié une somme au titre de l'indemnité compensatrice prévue par l'article L. 1226-14 du code du travail, l'arrêt condamne l'employeur à payer une somme à titre de congés payés afférents à cette indemnité.

En statuant ainsi, la cour d'appel a violé le texte susvisé. "

L'arrêt de la cour d'appel est cassé sur le point du paiement des congés payés sur l'indemnité compensatrice de préavis. Et la Haute juridiction indique qu'il n'y a pas lieu à renvoi.

https://www.legifrance.gouv.fr/juri/id/JURITEXT000043565958?cassPubliBulletin=F&cassPubliBulletin=T&init=true&isAdvancedResult=true&juridictionJudiciaire=Cour+de+cassation&page=1&pageSize=10&query=%7B%28%40ALL%5Bt%22inapte%22%5D%29%7D&sortValue=DATE_DESC&tab_selection=juri&typeRecherche=date

 

·     Réforme de la santé au travail

Depuis l'adoption par l'Assemblée nationale du texte de loi de Mmes Lecocq et Grandjean, c'était un peu le silence. Un débat organisé par Santé & Travail avec les deux parlementaires n'a pas apporté d'éléments très instructifs, sinon qu'un certain nombre de professionnels de la santé au travail n'apprécient pas particulièrement ce texte. Et pourtant on leur assure que c'est pour faire de la prévention primaire !

Après l'adoption de la proposition de loi à l'Assemblée nationale, le 17 février 2021, le texte a été transmis au Sénat. Puis plus de nouvelles.

Récemment, des informations nous sont parvenues par l'intermédiaire de la présidente de la Commission des affaires sociales du Sénat qui a indiqué le calendrier prévu pour l'examen de cette proposition de loi " pour renforcer la prévention en santé au travail ".

Le texte de loi est actuellement entre les mains de la Commission des affaires sociales du Sénat qui entendra, le 16 juin 2021, le secrétaire d'État en charge des retraites et de la santé au travail, M. Pietraszewski. Le 23 juin 2021, selon le calendrier prévisionnel de la Commission des affaires sociales, ce texte et les amendements proposés seront discutés devant le Sénat.

Puis, le texte sera soumis au vote des sénateurs le 6 juillet 2021.

 

·     Conséquences de la pandémie sur les conditions de travail et les RPS (Dares)

Il s'agit d'un document Dares Analyses n° 28 de mai 2021 auquel vous pourrez accéder en pièce jointe et sur le site du ministère du travail à l'adresse en fin de commentaire. Ce document, intitulé " Quelles conséquences de la crise sanitaire sur les conditions de travail et les risques psycho-sociaux ? ", est signé de Mikael Beatriz et al.

Introduction

Cette étude avait pour objet d'apprécier les conséquences de la crise sanitaire sur les conditions de travail et les risques psychosociaux grâce aux résultats d'une enquête TraCov qui a été menée par Ipsos pour la Dares et a porté sur 17 216 sujets de 20 à 62 ans, ayant au moins travaillé une semaine depuis le début de la crise sanitaire. Les sujets ont été interrogés du 27 janvier au 7 mars 2021.

Les questions posées aux personnes interrogées ont concerné différents facteurs de risque psychosociaux au sujet desquels il était demandé si la personne considérait qu'ils étaient aussi ou plus ou moins fréquents ou s'étaient dégradés, étaient stables ou s'étaient améliorés depuis le début de la crise sanitaire :

ü la durée du travail sur la semaine,

ü les horaires décalés (soir, nuit, très tôt le matin),

ü l'intensité du travail estimée sur un travail sous pression, penser à beaucoup de choses en même temps, interrompre ses tâches pour faire autre chose et recevoir des indications contradictoires,

ü les objectifs chiffrés,

ü l'autonomie et les marges de manœuvre appréciées à travers la possibilité de prendre des initiatives, l'influence du salarié sur la charge de travail, le développement des compétences professionnelles et la possibilité d'organiser soi-même son travail,

ü la coopération et le soutien social estimés sur le soutien du supérieur, de l'aide apportée dans le travail et de la reconnaissance du travail,

ü les exigences émotionnelles jugées sur le fait d'être bouleversé, secoué, ému et de percevoir des tensions avec le public,

ü les conflits de valeurs relatifs au fait de faire des choses que les sujets désapprouvent et d'avoir les moyens de faire son travail,

ü le sens du travail apprécié sur la notion de travail ressenti comme utile et de la fierté du travail bien fait,

ü l'insécurité de l'emploi appréciée sur les craintes de perte de son emploi.

Le score WHO de bien-être de l'organisation mondiale de la santé a été utilisé pour apprécier l'état de santé psychique (voir en pièce jointe le questionnaire en 5 points de ce score).

 

Résultats

Résultats globaux

Ces résultats montrent que, pour une large majorité des salariés, il existe une stabilité dans l'évolution de ces facteurs de risque psychosociaux (FDR) depuis le début de la crise sanitaire.

Cette stabilité des facteurs de risque psychosociaux au décours de la crise sanitaire est ressentie entre 71% des sujets relativement à l'insécurité de l'emploi et 87% des sujets pour chacun des items suivants, les horaires décalés et la coopération et le soutien social.

On peut noter cependant une dégradation de ces FDR ressentie par un taux non négligeable de sujets pour la durée du travail (17%), les horaires décalés (11%), l'intensité du travail (21%), les objectifs chiffrés (18%), les exigences émotionnelles (26%), les conflits de valeurs (10%) et l'insécurité de l'emploi (26%) qui est l'un des facteurs de risque retrouvé dégradé le plus fréquemment.

En revanche, les résultats de l'enquête indiquent, pour certains FDR, un taux de sujets conséquent qui estiment que la situation s'est améliorée, 10% pour la durée du travail et les objectifs chiffrés, 13% pour l'autonomie et les marges de manœuvre et 18% pour le sens du travail.

Les groupes d'évolution des conditions de travail

L'analyse des données de l'évolution de ces facteurs de risque psychosociaux au décours de la crise sanitaire permet de distinguer quatre catégories de sujets dont les évolutions des conditions de travail sont nettement différentes.

Ces quatre groupes sont les suivants :

ü un groupe majoritaire de 54% des sujets pour lesquels la crise a eu peu d'impact puisqu'ils considèrent que la grande majorité des expositions aux FDR sont stables ;

ü un groupe représentant presque un tiers des sujets (32%) qui a ressenti une intensification du travail ;

ü un groupe plus restreint de 11% des sujets dont les conditions de travail se sont dégradées ;

ü enfin, un groupe très faible de sujets (4%) qui ont ressenti une accalmie durant la crise sanitaire.

Nous allons passer en revue chacun de ces groupes et considérer l'évolution de leurs conditions de travail, de leur exposition aux FDR et fournir les principales caractéristiques socio-démographiques les concernant.

Nous aborderons aussi leur état de santé, la présence de certains symptômes et leur risque de contamination par le Sars-CoV-2.

Groupe " Peu d'impact "

Évolution des expositions

Ce groupe est caractérisé par le fait que les sujets qui le composent ont très majoritairement le sentiment que leur situation vis-à-vis des conditions de travail et de l'exposition aux FDR est stable durant la période de la crise sanitaire. Ce taux de sujets considérant une stabilité des expositions va de 80% pour la sécurité de l'emploi et 82% pour les objectifs chiffrés à 96% pour l'intensité du travail, 95% pour la coopération et le soutien social et 94% pour l'autonomie et les marges de manœuvre.

Les thèmes sur lesquels les sujets de ce groupe considèrent qu'il y a tout de même une dégradation sont l'insécurité de l'emploi (19%, tout de même moindre que les 26% de l'ensemble de la population), 10% pour les objectifs chiffrés et les exigences émotionnelles et 7% pour la durée du travail.

Une amélioration durant la crise sanitaire est perçue par 12% des sujets sur le sens du travail, 9% pour la durée du travail et 8% pour les objectifs chiffrés.

Caractéristiques sociodémographiques

Parmi ce groupe, les homme sont modérément surreprésentés (54% pour 51% dans l'ensemble) et les femmes sous-représentées (46% versus 49%).

Les tranches d'âge surreprésentées sont celles des 45-54 ans (29%) et des 55 à 62 ans (20%) versus respectivement pour l'ensemble des sujets 28% et 17%.

Dans ce groupe, les relations de travail sont bonnes ; plus de 90% des sujets indiquent pouvoir se faire aider dans leur travail par leur supérieur ou leurs collègues et environ 83% considèrent qu'ils disposent de moyens adaptés et suffisant pour remplir leurs tâches, ce qui est, pour chacun de ces items, supérieur au taux pour l'ensemble des sujets de l'enquête.

Caractéristiques socioprofessionnelles (CSP)

Les catégories socioprofessionnelles surreprésentées sont les agriculteurs (2% versus 1% pour l'ensemble des sujets), les employés (27% versus 26%) et, surtout, les ouvriers (25% versus 19%).

On note aussi une surreprésentation de certains secteurs d'activité, l'agriculture (3% versus 2% pour l'ensemble), l'industrie (14% versus 13%) et les arts, les spectacles et les activités récréatives (4% versus 3%).

Autres caractéristiques durant la crise sanitaire

Parmi ces sujets une majorité de 73% (versus 70% pour l'ensemble des sujets)  n'a jamais bénéficié de télétravail).

Et l'activité de l'établissement dans lequel travaillent ces sujets a été majoritairement stable durant la crise sanitaire (52% versus 43% pour l'ensemble).

État de santé et contaminations de ces salariés

Les salariés de ce groupe stable par rapport à l'évolution des conditions de travail et des expositions aux FDR est celui où l'état de santé des salariés est le meilleur.

En effet, alors que, dans l'ensemble 30% des salariés déclarent une santé altérée en janvier 2021 (24% en 2019) et on retrouve pour 23% un score WHO associé à un risque élevé de dépression (contre 10% en 2019), ces taux sont respectivement environ de 23% et 15% parmi les salariés du groupe sur lequel la crise sanitaire a eu peu d'impact.

De la même façon, c'est le deuxième groupe (après celui dans lequel la situation s'est améliorée durant la crise sanitaire) où les troubles du sommeil, la fréquence des douleurs et leur intensité sont nettement moindres que celles de l'ensemble de la population (respectivement 15% versus 28%, 10% versus 20% et 5% versus 12%).

Parmi les salariés de ce groupe, la peur d'être contaminé par le Sars-CoV-2 est nettement moindre que pour l'ensemble des sujets (22% versus 33%), le taux de personnes vulnérables est aussi moindre (11% versus 14%) et 14% des sujets ont été contaminés dont 3% au travail versus respectivement 18% et 3%.

Groupe " Intensification "

Évolution des expositions

Comme nous l'avons écrit, ce groupe comprend 32% des sujets actifs.

L'évolution des conditions de travail et de l'exposition aux RPS durant la crise sanitaire est aussi majoritairement stable pour les sujets mais de façon moindre que pour le groupe précédent.

Ainsi, les taux des sujets déclarant une stabilité de leur exposition va de 59% pour les exigences émotionnelles et 62% pour les objectifs chiffrés à 88% pour la coopération et le soutien social.

Cependant, il y des taux nettement plus importants de sujets qui déclarent une évolution négative de différents items : 40% pour les exigences émotionnelles, 33% pour l'intensité du travail, 30% pour l'insécurité de l'emploi, 26% pour les objectifs chiffrés, 25% pour la durée du travail, 14% pour les horaires décalés et 11% pour les conflits de valeurs.

Les taux de ceux qui ont estimé qu'il y avait une amélioration portent sur moins d'items et sont moins élevés : 23% pour le sens du travail, 18% pour l'autonomie et les marges de manœuvre et 12% pour les objectifs chiffrés.

Caractéristiques sociodémographiques

Les sujets ayant subi une intensification de leur travail durant la crise sanitaire sont majoritairement féminins (52% versus 49% dans l'ensemble).

Les tranches d'âge surreprésentées sont plutôt jeunes, 25 à 34 ans (24% versus 22% pour l'ensemble des sujets) et 35-44 ans (29% versus 26%).

Caractéristiques socioprofessionnelles

Les cadres et les professions intellectuelles supérieures sont particulièrement présents parmi ces sujets ayant vécu une intensification du travail (26% versus 21% pour l'ensemble) ainsi que les professions intermédiaires (30% versus 26%).

Les secteurs dans lesquels le taux des sujets estimant qu'ils ont subi une intensification du travail plus importante que l'ensemble des sujets de l'enquête sont les secteurs de la santé humaine et de l'action sociale (22% versus 17% dans l'ensemble) et de l'enseignement (11% versus 9%).

Dans ce groupe, l'entraide par le supérieur ou les collègues est modérément inférieure à celle de l'ensemble des salariés mais tout de même conséquente, respectivement environ 74% et 90% des sujets. Et environ 70% des sujets estiment qu'ils disposent des moyens adaptés et suffisants pour exercer leur activité.

Autres caractéristiques durant la crise sanitaire

Là aussi, la pratique du télétravail est minoritaire puisque 69% des sujets ne l'ont pas pratiqué.

L'activité de l'établissement dans lequel travaillent ces sujets a été en hausse de 36%, contre 28% pour l'ensemble des établissements, et, dans seulement 35%, elle a été stable (43% de l'ensemble des établissements).

État de santé et contaminations de ces salariés

Le retentissement sur l'état de santé des salariés de ce groupe estimant qu'il a été soumis à une intensification du travail est notable.

Les troubles du sommeil, la fréquence des douleurs et leur intensité sont nettement plus fréquents que chez l'ensemble des sujets : respectivement 38% versus 28%, 28% versus 20% et 20% versus 12%.

Ainsi, environ 35% déclarent une santé altérée, contre environ 30% dans l'ensemble et le risque élevé de dépression touche environ 29% des sujets contre 24% dans l'ensemble des sujets enquêtés.

La peur de la contamination par le Sars-CoV-2 touche 44% des sujets de ce groupe (33% dans l'ensemble) et les personnes vulnérables sont surreprésentées (16% versus 14%).

De la même façon, un taux plus élevé de sujets de ce groupe a été atteint par la Covid-19 (20% versus 18% dans l'ensemble) et plus souvent dans le cadre du travail (7% versus 5%).

Groupe " Dégradation "

Évolution des expositions

Dans ce groupe d'évolution des conditions de travail et d'exposition aux FDR psychosociaux, les taux des salariés qui déclarent une stabilité est nettement moindre, avec une majorité de taux inférieurs à 50%.

Ainsi, les taux de ceux qui considèrent que leur exposition aux différents items est stable est compris entre 27% pour l'intensification du travail et 32% pour les exigences émotionnelles pour les plus faibles et 70% pour les horaires décalés pour le plus élevé.

En revanche, on retrouve des taux élevés de sujets ayant déclaré une dégradation des leurs expositions : 72% pour l'intensité du travail, 66% pour les exigences émotionnelles, 49% pour l'insécurité de l'emploi, 46% pour la durée du travail, 43% pour les conflits de valeurs, 41% pour le sens du travail, 39% pour la coopération et le soutien social, etc…

Les items sur lesquels 10% ou plus des sujets indiquent qu'il y une amélioration sont l'autonomie et les marges de manœuvre (28%), le sens du travail (19%), la durée du travail (12%) et les objectifs chiffrés (10%).

Environ 40% des sujets de ce groupe considèrent qu'ils peuvent se faire aider dans leur activité par leur supérieur et environ 70% que leurs collègues peuvent les aider. Ils sont environ 45% à estimer qu'ils disposent des moyens suffisants et adaptés pour remplir leurs tâches.

Caractéristiques sociodémographiques

Les sujets indiquant une dégradation de leurs conditions de travail et de leurs expositions sont plus souvent des femmes (55%) que pour l'ensemble des sujets (49%).

Les tranches d'âge surreprésentées sont celles des 25-34 ans (27% versus 22% pour l'ensemble) et des 35-44 ans (29% versus 26%).

Caractéristiques socioprofessionnelles

Les CSP surreprésentées parmi les sujets considérant avoir subi une dégradation de leurs conditions de travail sont les cadres et les professions intellectuelles supérieures (30% versus 21% de l'ensemble) et les professions intermédiaires (32% versus 26%).

Les secteurs d'activité les plus touchés sont l'enseignement (16% versus 9% pour l'ensemble) et les secteurs de l'information et de la communication, des activités financières et d'assurances et des activités spécialisées scientifiques et techniques (16% versus 15%).

Autres caractéristiques durant la crise sanitaire

Ces sujets sont ceux qui ont le plus pratiqué le télétravail (41% versus 30% en moyenne).

Les établissements où exercent les sujets ayant subi une dégradation de leurs conditions de travail sont ceux où l'activité a le plus augmenté durant la crise sanitaire (43% contre 28% pour l'ensemble des établissements).

État de santé et contaminations de ces salariés

Ce groupe des sujets indiquant une dégradation des conditions de travail est aussi celui où la santé altérée est la plus fréquente (environ 51% des sujets versus 30% dans l'ensemble des sujets), de même que le risque élevé de dépression dont le taux est légèrement supérieur à celui de la santé altérée (environ 53% versus 23% pour l'ensemble des sujets).

Ce groupe de sujets ayant subi une dégradation de ses conditions de travail est celui qui est le plus impacté par la présence de symptômes : 61% pour les troubles du sommeil (28% pour l'ensemble), 50% pour la présence de douleurs (contre 20%) et 35% pour l'intensité des douleurs (12% pour l'ensemble des sujets).

La peur d'être contaminé par le Sars-CoV-2 est présente chez 55% des sujets de ce groupe (contre 33% dans l'ensemble) et il y a un taux de sujets vulnérables supérieur à celui de l'ensemble des sujets (18% versus 14%).

Le taux des sujets atteints par la Covid-19 est aussi élevé, 27% contre 18% dans l'ensemble des sujets enquêtés et le taux des sujets contaminés au travail est le plus élevé de l'ensemble des groupes avec 12% contre 5% dans l'ensemble.

Groupe " accalmie "

Ce groupe très minoritaire, 4% des sujets, a vu ses conditions de travail s'améliorer et ses expositions diminuer.

Évolution des expositions

Une part non négligeable des sujets de ce groupe a constaté une stabilisation des ses conditions de travail et de ses expositions, entre 43% pour le sens du travail et 46% pour l'insécurité du travail et 71% pour les horaires décalés et les objectifs chiffrés.

En revanche, on note la présence de taux conséquents de sujets exprimant une dégradation des conditions de travail et, surtout, de ceux exprimant une amélioration.

Parmi les taux de sujets estimant avoir subi une dégradation, 35% pour l'insécurité de l'emploi, 22% pour l'autonomie et les marges de manœuvre, 19% pour la durée du travail, 18% pour les horaires décalés et les exigences émotionnelles, 15% pour le sens du travail, 13% pour les objectifs chiffrés et la coopération et le soutien social, 11% pour les conflits de valeurs et 10% pour les objectifs chiffrés.

Une amélioration de leurs conditions de travail a été estimée par 42% des sujets pour le sens du travail, 37% pour l'intensité du travail, 32% pour la durée du travail et l'autonomie et les marges de manœuvre, 30% pour les conflits de valeurs, 27% pour la coopération et le soutien social, 25% pour les exigences émotionnelles, 19% pour les objectifs chiffrés et 18% pour l'insécurité de l'emploi (pour laquelle, comme mentionné ci-dessus, 35% des sujets déclarent qu'elle s'est dégradée).

Dans ce groupe, environ 85% et 90% des sujets déclarent qu'ils peuvent respectivement se faire aider de leur supérieur et de leurs collègues et une majorité (environ 70%) indiquent disposer des moyens adaptés et suffisants pour effectuer leur travail.

Caractéristiques sociodémographiques

Les sujets de ce groupe sont majoritairement masculins (55% versus 51% pour l'ensemble des sujets), les femmes y étant sous-représentées (45% versus 49%).

Dans ce groupe les sujets surreprésentés sont plutôt jeunes, les moins de 24 ans (9% versus 7% dans l'ensemble) et 25 à 34 ans (28% versus 22%).

Caractéristiques socioprofessionnelles

Les CSP surreprésentées dans ce groupe " accalmie " sont les employés (29% versus 26% pour l'ensemble) et les ouvriers (24% versus 19%).

On retrouve des taux de sujets impactés plus élevés que dans l'ensemble des secteurs d'activité dans l'hébergement et la restauration (8% versus 2%) et les arts, les spectacles et les activités récréatives (5% versus 3%).

Autres caractéristiques durant la crise sanitaire

Dans ce groupe de sujets, la pratique du télétravail occasionnelle ou régulière a été plus importante que la moyenne, 34% contre 30%, mais elle ne touche néanmoins qu'un peu plus d'un tiers des sujets.

L'activité des établissements dans lesquels travaillent les sujets de ce groupe, comme on pouvait s'y attendre, a été notablement plus fréquemment en baisse (40%) que l'ensemble des établissements (29%).

État de santé et contaminations de ces salariés

Les effets sur la santé de la période de crise sanitaire des sujets de ce groupe ont été limités. Environ 25% contre 30% pour l'ensemble des sujets indiquent un état de santé altéré et 20% contre 23% présentent un risque élevé de dépression.

Environ 8% des sujets de ce groupe présentent des troubles du sommeil (contre 28% dans l'ensemble des sujets) et 8% des douleurs (contre 20%).

La peur d'être contaminé par le Sars-CoV-2 est assez prégnante puisqu'elle touche 42% des sujets de ce groupe " accalmie ", contre 33% pour l'ensemble des sujets et il y a une surreprésentation des personnes vulnérables (17% contre 14%).

Les contaminations sont relativement importantes dans ce groupe (22% contre 18% pour l'ensemble des enquêtés) mais elle n'est pas survenue plus fréquemment au travail que pour l'ensemble des sujets (5%).

Focus sur le télétravail

Lors de l'enquête menée au début de l'année 2021, globalement, 30% des salariés indiquent qu'ils ont été occasionnellement ou régulièrement en télétravail.

L'appréciation de l'évolution de leurs conditions de travail et de leurs expositions à des facteurs de risque psychosociaux permet, comme pour l'ensemble des sujets, de les classer en plusieurs groupes :

ü un groupe ayant connu peu de changements comprenant 48% des sujets (contre 56% pour celui de l'ensemble des non-télétravailleurs) ;

ü un groupe ayant subi une intensification du travail regroupant 33% des sujets en télétravail (contre 32% des non-télétravailleurs) ;

ü un groupe indiquant qu'il a subi une dégradation de ses conditions de travail avec 14% des sujets en télétravail (9% des non-télétravailleurs) ;

ü et, enfin, un groupe reconnaissant une amélioration relative de ses conditions de travail de 4%, comme pour les non-télétravailleurs.

Les horaires et les rythmes de travail ont été appréciés en fonction de la durée du télétravail, absence, quelques jours par mois, 1 jour, 2 jours, 3 ou 4 jours ou 5 jours par semaine.

Évolution du taux de sujets concernés par différents items en fonction de l'augmentation du nombre de jours de télétravail (les taux indiqués correspondent à la différence entre les taux de réponse indiquant une amélioration et ceux indiquant une dégradation de l'item considéré) :

ü l'autonomie et les marges de manœuvre augmentent modérément en fonction de la croissance du nombre de jours de télétravail, passant d'environ 5% en cas d'absence de télétravail à 12% pour 5 jours par semaine ;

ü la durée du travail augmente régulièrement, et de façon non négligeable, entre l'absence de télétravail et 3 ou 4 jours de télétravail par semaine, passant de 2% à 22% des sujets puis accélère sa hausse pour atteindre un delta de 31% pour 5 jours de télétravail par semaine ;

ü l'intensité du travail croît jusque un jour de télétravail par semaine (26%) puis décroît ensuite pour toucher une différence d'environ 20% pour 5 jours de télétravail par semaine ;

ü le fait de disposer de moyens suffisants et adaptés pour travailler augmente modérément entre l'absence de télétravail (7%) et 2 jours par semaine (14%), pour, ensuite, diminuer fortement et atteindre - 5% pour 5 jours de travail par semaine (ce qui signifie qu'il y plus de réponses indiquant une dégradation que celles indiquant une amélioration) ;

ü enfin, le soutien social diminue régulièrement avec l'augmentation du nombre de jours de télétravail, atteignant un minimum de - 5% à partir de 4 jours par semaine.

Relativement à l'état de santé, les troubles du sommeil et la fréquence des douleurs augmentent de façon notable dès que l'on passe à du télétravail puis restent quasiment stables pour les troubles du sommeil à partir d'un jour par semaine de télétravail. En revanche, la fréquence des douleurs augmente de façon notable jusque 1 jour de télétravail puis plus modérément entre 1 jour et 5 jours de télétravail.

https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/d9028bfcdb0a32987b8625d68f195680/Dares_Conditions-de-travail_Conflits-de-valeurs-au-travail_DA.pdf

 

·     Exposition aux RPS et altérations de la santé (Étude)

Vous pourrez accéder à cette étude en pièce jointe et sur le site de la revue du Scandinavian Journal of Work and Environmental Health.

Cette étude publiée en pré-print est intitulée " Psychosocial work exposures and health outcomes: a meta-review of 72 literature reviews with meta-analysis " et elle est signée par Mme Niedhammer et al.

Introduction

Les risques psychosociaux professionnels (RPS) ont commencé à émerger dans le champ de l'épidémiologie de la santé durant les années 1990. Les risques psychosociaux au travail sont caractérisés par une multitude d'exposition à différents facteurs de risque, ce qui crée des difficultés pour les analyser.

De nombreuses études ont investigué les facteurs du modèle de Karasek du job strain , l'un des premiers modèles théorique largement utilisé, reposant sur l'analyse de la demande psychologique et de la latitude décisionnelle. Le job strain étant caractérisé par une forte demande psychologique et une faible latitude décisionnelle.

Cependant, les facteurs professionnels de risque psychosociaux comprennent de multiples autres facteurs tels que les longues heures de travail, l'insécurité de l'emploi, l'équilibre efforts / récompenses et aussi, plus récemment, entre autres, l'injustice organisationnelle et le déséquilibre vie professionnelle / vie privée.

Outre la complexité liée à la diversité des facteurs de risque psychosociaux professionnels, il existe aussi une diversité d'effets sur la santé qui compliquent la synthèse des effets des RPS.

De nombreux articles de la littérature se sont intéressés à l'association entre l'exposition aux RPS et les atteintes psychiques et les maladies cardiovasculaires. Cependant, plusieurs études ont aussi investigué, bien que plus rarement, les relations entre l'exposition aux RPS et les facteurs de risque cardiovasculaires, les risques comportementaux et, encore plus rarement, d'autres problèmes de santé.

Alors que l'exposition aux RPS peut entraîner une telle diversité de problèmes de santé, une synthèse de la littérature peut être difficile à réaliser.

Aussi, l'objectif de cette étude était de réaliser une synthèse de la littérature sur les RPS et leurs effets sur la santé à partir d'une méta-revue, qui est une revue des méta-analyses publiées dans ce domaine. Dans cette étude, tous les facteurs de risque psychosociaux et toutes les associations pris en compte dans des méta-analyse ont été inclus.

Matériel et méthodes

Les méta-analyses prises en compte, au nombre de 72, ont été publiées en Anglais entre janvier 2000 et le 28 septembre 2020. Seules les études relatives au temps et aux horaires atypique de travail ont été exclues de cette méta-review. En revanche, des méta-analyses portant sur des troubles du comportement liés à la prise de psychotrope, de même que les comportements constituant d'autres facteurs de risque pour la santé ont été incluses.

Dans les données fournies, les résultats ajustés sur le genre, l'âge et le statut socio-économique ont été systématiquement retenus ou, à défaut, l'ajustement le plus proche afin de pouvoir établir des comparaisons.

Un score de qualité des méta-analyses (Amstar 2) a été mis en œuvre avec des valeurs allant de 0 à 16 ; la qualité de la méta-analyse étant d'autant meilleure que le score est élevé. Les méta-analyses dont les scores sont inférieurs ou égaux à 7 sont considérées de faible qualité. Le score moyen pour l'ensemble des méta-analyses reprises dans cette méta-revue est de 9.2.

Les résultats des méta-analyses sont exprimés en risque relatif (RR) avec un intervalle de confiance à 95% figurant entre crochets.

 

Résultats

Les deux risques psychosociaux les plus fréquemment étudiés pour divers retentissements sur la santé sont le job strain et les longues heures de travail dont l'association avec, entre autres, les problèmes de santé suivants : maladie coronarienne, accident vasculaire cérébral, diabète, dépression, troubles du sommeil, idées suicidaires, cancers dont cancer colorectal, du sein et de la prostate, etc…

Les troubles de santé qui ont été le plus fréquemment étudiées dans les méta-analyses (entre parenthèses, le nombre de méta-analyses) sont la maladie coronarienne (7), la dépression (7), le diabète (8), le burn out (8), les troubles du sommeil (10), l'utilisation de psychotropes (9) et les troubles musculosquelettiques (6).

Nous allons passer en revue les méta-analyses étudiant les associations entre les différentes pathologies et les expositions aux facteurs ou aux risques psychosociaux.

 

Maladie coronarienne

Job strain

Sept méta-analyses ont pris en compte l'association entre le job strain et une maladie coronarienne dont 6 indiquent une augmentations significative de l'association entre job strain et maladie coronarienne allant d'un RR de 1.17 [1.05-1.31] (cette méta-analyse regroupant 13 études avec un score de qualité maximal de 16) à un RR de 1.45 [1.15-1.84].

Pour la seule étude non significative, l'association est aussi positive, avec un RR de 1.31 mais avec un intervalle de confiance de [0.91-1.88].

Faible latitude décisionnelle

Deux méta-analyses se sont intéressées à l'association entre faible latitude décisionnelle et maladie coronarienne. Les deux indiquent une augmentation de l'association entre faible latitude décisionnelle et maladie coronarienne.

Pour l'une, l'association est significative, avec un RR de 1.50 [1.42-1.56] (5 études et un score de 11) et, pour l'autre, elle n'est pas significative avec un RR de 1.06 [0.93-1.19].

Forte demande psychologique

Isolée, une forte demande psychologique entraîne soit une augmentation de l'association avec la maladie coronarienne non significative (RR de 1.13 [0.97-1.32]), soit une diminution non significative de l'association (RR de 0.89 [0.61—1.29]).

Longues heures de travail

Cinq méta-analyses ont estimé l'association entre de longues heures de travail et la maladie coronarienne avec des RR allant de 1.12 [1.03-1.21] (23 études et un score de 10) à 2.06 [1.55-2.74] (néanmoins seulement 7 études et un score atteignant juste la moyenne de 8).

A noter que les méta-analyses, comprenant chacune 22 études, présentant les scores de qualité les plus élevés de 15 et 13, donnent respectivement des résultats traduisant une augmentation de l'association entre de longues heures de travail et la maladie coronarienne avec des RR respectifs de 1.13 [1.02-1.26] et 1.13 [1.02-1.26].

Déséquilibre efforts / récompenses

Les résultats des deux méta-analyses disponibles fournissent des résultats différents. Pour l'une, l'association est positive mais non significative (RR de 1.58 [0.84-2.97]) (4 études et un score faible de 7) et, pour l'autre, une association significative avec un RR de 1.19 [104-1.38] mais pour une méta-analyse regroupant 11 études et avec un score maximal de 16.

Insécurité de l'emploi

Une seule méta-analyse regroupant 17 études, et avec un score de 11, estime qu'il y a une augmentation significative de la présence de maladie coronarienne avec une insécurité de l'emploi. Le RR est de 1.32 [1.09-1.59]. Cela peut être rapproché du fait que, durant la crise sanitaire, 26% des salariés considèrent que l'insécurité de leur emploi a augmenté (voir le commentaire du document de la Dares ci-dessus).

Injustice organisationnelle

La seule méta-analyse s'étant intéressée à l'association entre injustice organisationnelle et maladie coronarienne rapporte une forte association avec un RR de 1.62 [1.24-2.13] avec, cependant, seulement la prise en compte de 2 études et un score de qualité de 7.

 

Accidents vasculaires cérébraux (AVC)

Job strain

La seule méta-analyse incluse dans cette revue estime un risque d'AVC augmenté, mais non significativement, avec un RR de 1.09 [0.94-1.26].

Longues heures de travail

Les trois méta-analyses incluses montrent une augmentation significative de l'association des AVC avec de longues heures de travail avec des RR de 1.33 [1.11-1.61], de 1.21 [1.01-1.21] et de 1.35 [1.13-1.61] comprenant respectivement 14. 15 et 7 études et dont les scores de qualité sont respectivement de 15, 10 et 13.

 

Diabète

L'association entre le diabète et l'exposition à des facteurs ou des risque psychosociaux a été assez largement étudiée et fournit des résultats divers.

Job strain

Les quatre méta-analyses consacrées à l'association entre diabète et job strain donnent une association significativement augmentée pour deux d'entre elles avec des RR de 1.29 [1.11-1.151] et 1.15 [1.06-1.25]. Elles incluent respectivement 8 et 13 études et leurs scores sont respectivement de 6.4 et 14.4.

Pour les deux autres méta-analyses, l'association entre diabète et exposition au job strain est augmentée, mais non significativement, avec des RR de 1.08 [0.84-1.32] (4 études et score de 5) et 1.12 [0.95-1.32] (6 études et score de 11).

Faible latitude décisionnelle

Les deux méta-analyses réalisées dans ce domaine indiquent une augmentation de l'association non significative d'une faible latitude décisionnelle avec la survenue d'un diabète. Les RR sont de 1.04 [0.86-1.21] et de 1.16 [0.85-1.58].

Demande psychologique

Si l'on ne prend en compte qu'une demande psychologique forte, son association avec le diabète est non significativement diminuée dans deux méta-analyses avec des RR de 0.95 [0.81-1.09] et de 0.94 [0.72-1.23].

Ces deux méta-analyses ne prenant en compte qu'un nombre faible d'études, 4 pour la 1ère et 3 pour la 2e.

Faible support social

La seule méta-analyse ayant traité de la relation entre un faible soutien social et le diabète estime qu'il y a une augmentation non significative de l'association avec un RR de 1.04 [0.88-1.20].

Cette méta-analyse ne repose que sur 4 études et son score de 6 est faible.

Longues heures de travail

Les trois méta-analyses recensées ne fournissent pas de résultat bien établi pour l'association entre longues heures de travail et diabète : pour deux d'entre elles, l'association est non significativement diminuée avec des RR de 0.81 [0.00-1.71] et 0.86 [0.50-1.47].

Pour la 3e méta-analyse, l'association est faiblement augmentée non significativement avec un RR de 1.07 |0.99-1.27]. Cette méta-analyse regroupe 23 études et présente un score de 12.

Insécurité de l'emploi

Le seule méta-analyse explorant l'association entre insécurité de l'emploi et diabète estime qu'il y a une association significativement augmentée avec un RR de 1.15 [1.04-1.28]. Ceci pour une méta-analyse avec des caractéristiques intéressantes, 15 études colligées et un score de qualité excellent de 16.

 

Obésité

Job strain

La relation entre l'exposition au job strain et l'obésité a été étudiée dans des méta-analyses prenant en compte, d'une part, des études transversales et, d'autre part, des études prospectives dont les résultats divergent.

Les trois méta-analyses d'études transversales montrent une augmentation significative de l'association entre le job strain et l'obésité avec les risques relatifs suivants :

ü RR de 1.07 [1.02-1.12] pour l'obésité de classe I,

ü RR de 1.14 [1.01-1.28] pour l'obésité de classe II et III,

(pour ces deux méta-analyses, 13 études et score de 11.2),

ü et RR de 1.12 [1.04-1.20] pour l'obésité globale (8 études et score de 6.4).

Les méta-analyses reposant sur des études prospectives fournissent des résultats non significatifs, avec une augmentation de l'association pour deux d'entre elles avec des RR de 1.01 [0.88-1.16] et 1.12 [0.99-1.28] et, pour la troisième, une diminution non significative de l'association avec un RR de 0.99 [0.88-1.12].

Longues heures de travail

Toutes les méta-analyses étudiant le lien entre une exposition à de longues heures de travail et l'obésité montrent une augmentation significative, à l'exception d'une à la limite de la significativité, avec les risques relatifs suivants :

ü RR de 1.13 [1.07-1.19] pour une méta-analyse reprenant les résultats de 29 études de tous types et avec un score de 9 ;

ü RR de 1.14 [1.06-1.21] pour une méta-analyse reprenant 21 études transversales avec un score de 9 ;

ü RR de 1.17 [1.08-1.27] pour une méta-analyse reprenant les résultats de 19 études prospectives, avec un score de 14.4 ;

ü RR de 1.12 [1.00-1.25] pour une méta-analyse basée sur 8 études prospectives et avec un score de 9.

 

Autres facteurs de risque pour la santé

Tabagisme

Job strain

Dans deux méta-analyses d'études transversales, le job strain est associé de façon significative avec le tabagisme avec des RR de 1.11 [1.03-1.18] (15 études et score de qualité de 14.4) et de 1.14 [1.08-1.20] (8 études et score de 6.4).

Dans une méta-analyse basée sur 4 études prospectives, l'association entre le job strain et le tabagisme n'est pas significative, le RR étant de 1.06 [0.89-1.25].

Longues heures de travail

L'association entre de longues heures de travail et le tabagisme a été étudiée dans une méta-analyse de 4 études et un score de 5. Le résultat est une augmentation non significative avec un RR de 1.06 [0.89-1.25].

Consommation d'alcool

L’étude de l'association de la consommation d'alcool et de l'exposition à certains facteurs de risque psychosociaux fournit des résultats divergents.

Job strain

Deux méta-analyses basées sur des études transversales donnent les résultats suivants pour le lien entre job strain et consommation d'alcool : pour l'une, une augmentation de l'association à la limite de la significativité avec un RR de 1.12 [1.00-1.26] et, pour l'autre ,une augmentation non significative avec un RR de 1.06 [0.99-1.14].

Une méta-analyse d'études prospectives montre une diminution de l'association entre job strain et consommation d'alcool qui n'est cependant pas significative avec un RR de 0.90 [0.79-1.01].

Longues heures de travail

Parmi les trois méta-analyses prenant en compte l'association entre longues heures de travail et la consommation d'alcool, deux montrent une augmentation significative de l'association et la dernière une augmentation non significative de l'association.

La méta-analyse basée sur 61 études transversales de score 11 montre une augmentation significative de l'association entre de longues heures de travail et la consommation d'alcool avec un RR de 1.11 [1.05-1.18].

De la même façon, l'association, entre job strain et consommation d'alcool, est significativement augmentée dans une méta-analyse reposant sur 20 études prospectives et un score de 11 avec un RR de 1.12 [1.04-1.20].

La dernière méta-analyse montre une augmentation non significative de l'association entre de longues heures de travail et l'usage d'alcool avec un RR de 1.08 [0.94-1.24].

 

Dépression

Job strain

Les 3 méta-analyses étudiant le lien entre l'exposition au job strain et la dépression rapportent une augmentation significative de l'association avec des RR relativement élevés pour deux d'entre elles (RR de 1.74 [1.53-1.96] et de 1.77 [1.47-2.13]) regroupant respectivement 11 et 6 études et avec des scores respectifs de 7 et 12.

La 3e méta-analyse estime une association significative moins importante avec un RR de 1.22 [1.02-1.47]. Cette méta-analyse a porté sur 14 études et son score est de 12.

Faible latitude décisionnelle

Une faible latitude décisionnelle isolée est associée avec une augmentation significative de la dépression avec un RR de 1.37 [1.30-1.47] dans cette méta-analyse regroupant 13 études et avec un score de qualité e 7.

Longues heures de travail

Sur les 3 méta-analyses explorant l'association entre longues heures de travail et dépression, toutes indiquent une augmentation de l'association qui n'est, cependant, significative que pour deux d'entre elles. Pour celle avec les meilleures caractéristiques (28 études et score de 13), le RR est de 1.14 [1.03-1.25].

Dans la deuxième méta-analyse indiquant une augmentation significative de l'association entre longues heures de travail et dépression, le RR est de 1.48 [1.22-1.82] mais elle ne regroupe que 7 études et son score de qualité est de 5.

Enfin, pour la 3e étude, l'association est positive mais pas de façon significative, le RR étant de 1.08 avec intervalle de confiance de [0.83-1.39].

Déséquilibre efforts / récompenses

La seule méta-analyse prenant en compte le déséquilibre efforts / récompenses trouve une association forte avec la dépression avec un RR de 1.68 [1.40-2.01], les caractéristiques de la méta-analyse étant moyennes ave 8 études regroupées et un score de 9.

Insécurité de l'emploi

Pour les deux méta-analyses prises en compte pour l'association entre insécurité de l'emploi et dépression, il y a une augmentation significative avec des RR de 1.29 [1.06-1.87] et 14.61 [1.29-2.00].

Ces deux méta-analyses regroupent respectivement 6 et 5 études et leur score de qualité est respectivement de 9 et 12.

Harcèlement moral

Une seule méta-analyse établit un lien entre harcèlement moral et dépression et il est très nettement positif et significatif avec un RR de 2.82 [2.21-3.59]. cette méta-analyse prend en compte 3 études et son score est de 7.

Violences ou menaces de violences

La seule méta-analyse ayant abordé l'exposition à des menaces ou des violences indique une augmentation significative de l'association avec la dépression avec un RR de 1.42 [1.31-1.54]. Elle regroupe 4 études et son score est de 10.

 

Autres troubles de la santé mentale

Burnout

Quel que soit le facteur de risque psychosocial pris en compte, il y a une association positive significative avec le burn out.

Faible latitude décisionnelle

Une méta-analyse regroupant 9 études et avec un score de 6 établit une augmentation significative de l'association d'une faible latitude décisionnelle avec le burn avec un RR de 1.63 [1.53-1.75].

Forte demande psychologique

L'association entre forte demande psychologique et burn out est fortement significative avec un RR de 2.53 [2.36-2.71]. Cette méta-analyse prend en compte 11 études et son score est de 6.

Faible support social

Une méta-analyse montre une augmentation significative relativement importante entre un faible support social et un burn out avec un RR de 1.81 [1.68-1.95] avec un score de qualité faible de 6 et le regroupement de 7 études.

Faible récompense

L'association entre une faible récompense et l'apparition d'un burn est notablement augmentée de façon significative avec un RR de 1.86 [1.37-2.52]. Cependant, avec une méta-analyse ne prenant en compte que 2 études et avec un score de faible qualité de 6.

Insécurité de l'emploi

Le risque de burn out est augmenté d'un facteur 1.39 [1.22-1.57] en cas d'insécurité de l'emploi dans une méta-analyse reposant sur un nombre limité de 3 études et présentant un score faible de 6.

Violences ou menaces

L'exposition à des menaces ou des violences augmente de façon notable le risque de burn out d'un facteur 1.60 [1.25-2.05]. Cette méta-analyse regroupe 6 études et son score est de 10

Injustice organisationnelle

L'exposition à une injustice organisationnelle augmente notablement le risque de burn out avec un RR de 2.88 [[2.22-3.70] dans cette méta-analyse portant sur 3 études et dont le score est de 6.

Exigences émotionnelles

Le burn out est assez fortement associé à de fortes exigences émotionnelles, avec un RR de 2.95 [2.40-6.62] dans cette méta-analyse de 5 études et de score 6.

Anxiété

Longues heures de travail

Le fait de réaliser de longues heures de travail est associé de façon significative à une augmentation de l'anxiété avec, dans cette méta-analyse de 2 études et un score de qualité de 5, un RR de 1.31 [1.04-1.64].

Insécurité de l'emploi

Le risque d'anxiété est significativement augmenté d'un facteur 1.77 [1.18-2.65] lors de l'exposition à une insécurité de l'emploi dans cette méta-analyse portant sur 3 études et dont le score est 12.

Violences ou menaces

Il y a dans cette méta-analyse une augmentation non significative de l'association entre violences ou menaces de violence et l'anxiété avec un RR de 2.40 [0.78-7.36].

Troubles du sommeil

La relation entre l'association de troubles du sommeil et différents facteurs ou risques psychosociaux a été estimée dans 17 méta-analyses.

Job strain

Dans 2 méta-analyses, les auteurs estiment une augmentation de l'association entre job strain et troubles du sommeil avec des RR de 1.35 [1.17-1.56] et 1.23 [1.14-1.34], ces deux méta-analyses regroupant respectivement 4 et 7 études et présentant chacune un score de 6.

Faible latitude décisionnelle

Les 2 méta-analyses prises en compte fournissent des résultats indiquant une augmentation non significative de l'association entre les troubles du sommeil et une faible latitude décisionnelle. Les RR sont de 1.08 [0.89-1.28] et 1.12 [0.99-1.26].

Forte demande psychologique

A la différence d'une faible latitude décisionnelle, une forte demande psychologique est susceptible d'être associée significativement à une augmentation des troubles du sommeil comme le montrent les 2 méta-analyses prises en compte indiquant des RR de 1.48 [1.28-1.72] et 1.35 [1.20-1.51]. Ces 2 méta-analyses ne comprenant qu'un nombre limité d'études, respectivement 6 et 4 avec chacune un score de qualité faible de 6.

Faible support social

Le fait de ne pas disposer d'un support social conséquent peut être lié à une augmentation de la présence de troubles du sommeil. C'est ce que montrent 2 méta-analyses : une association significative de l'augmentation des troubles du sommeil et d'un faible soutien social avec des RR de 1.35 [1.11-1.64] et 1.67 [1.11-2.52] reposant sur un nombre limité d'études, respectivement 4 et 3, et avec un score limité de de qualité de 6 chacune.

Longues heures de travail

Il y a une association significative entre l'accomplissement de longues heures de travail et l'augmentation des troubles du sommeil dans cette méta-analyse estimant le RR à 1.28 [1.13-1.44], ceci reposant sur seulement 2 études et le score de qualité est de 5 est faible.

Déséquilibre efforts / récompenses

Les résultats des deux méta-analyses ayant porté sur l'association entre le déséquilibre efforts / récompenses et les troubles du sommeil sont plus contrastés. L'une des deux trouve une association significativement augmentée avec un RR de 2.63 [1.22-5.69] alors que pour l'autre l'association est augmentée de façon non significative avec un RR de 1.44 [0.98-2.11], le nombre d'études prises en compte étant respectivement de 5 et 3 et le score de qualité de chacune de 6.

Harcèlement moral

Là aussi, deux méta-analyses fournissent des résultats différents, l'une indiquant une association quasi significative entre harcèlement moral et troubles du sommeil avec un RR de 1.62 [1.00-2.63] (regroupant 5 études et score de 6) et l'autre une augmentation de l'association non significative avec un RR de 1.42 [0.75-2.68] (3 études et score de 6).

Violences et menaces

Les violences et les menaces sont associées à une augmentation significative des troubles du sommeil dans deux méta-analyses avec des RR de 2.55 [1.77-3.66] et 1.49 [1.14-1.96] avec, respectivement la prise en compte de 7 et 3 études et des scores de qualité respectifs de 7 et 10.

Injustice organisationnelle

Une seule méta-analyse est recueillie et elle montre une association quasiment significative entre l'exposition à une injustice organisationnelle et des troubles du sommeil, le RR étant de 1.25 [1.00-1.56].

Déséquilibre vie professionnelle / vie privée

Ce facteur de risque psychosocial est fortement associé à une augmentation significative des troubles du sommeil avec un RR de 2.32 [1.53-3.51] mais la méta-analyse ne regroupe que deux études et son score de qualité est faible, 6.

Idées suicidaires

Toutes les méta-analyses consacrées à l'étude des relations entre les facteurs de risque psychosociaux et les idées suicidaires indiquent une augmentation significative de cette association. Pour l'ensemble des méta-analyses prises en compte, le score de qualité est de 7 traduisant un faible niveau qualitatif de ces études.

Job strain

Une méta-analyse étudiant l'association entre job strain et présence d'idées suicidaires montre une augmentation significative de l'association avec un RR de 1.77 [1.42-2.20], cette méta-analyses colligeant les données de deux études.

Faible latitude décisionnelle

Une faible latitude décisionnelle isolée peut aussi être en relation avec une augmentation significative des idées suicidaires, comme le montre une méta-analyse avec un RR de 1.32 [1.14-1.54] et regroupant 6 études.

Forte demande psychologique

Une forte demande psychologique isolée est aussi associée à une augmentation significative des idées suicidaires avec un RR de 1.35 [1.05-1.59] dans une méta-analyse basée sur 7 études.

Faible soutien social

Un faible soutien social est significativement associé à une augmentation des idées suicidaires avec un RR de 1.45 [1.01-2.06] dans une méta-analyse reposant sur 5 études.

Déséquilibre efforts / récompenses

Il existe une association positive entre une exposition à un déséquilibre efforts / récompenses et la présence d'idées suicidaires dans cette méta-analyses estimant le RR à 1.81 [1.30-2.52] et basée sur 3 études.

Insécurité de l'emploi

L'insécurité de l'emploi représente le plus fort risque d'apparition d'idées suicidaires avec un RR significatif de 1.91 [1.22-2.99] reposant sur 5 études;

Suicide

Faible latitude décisionnelle

Le seul facteur de risque associé de façon quasi significative à un suicide est l'exposition à une faible latitude décisionnelle avec un RR de 1.23 [1.00-1.51].

Prise de psychotropes

Les seuls facteurs de risque psychosociaux associés à une augmentation significative de la prise de psychotrope figurent ci-dessous. Ce n'est pas le cas du job strain, d'une faible latitude décisionnelle, d'un faible soutien social, de longues heures de travail, d'un déséquilibre efforts / récompenses et de la précarité.

Forte demande psychologique

Deux méta-analyses ont étudié le lien entre une exposition à une forte demande psychologique et la prise de psychotropes.

L'association est augmentée significativement dans les deux méta-analyses avec des RR de 1.39 [1.06-1.71] et de 1.16 [1.02-1.31]. Ces deux méta-analyses reposent respectivement sur 3 et 5 études et ont chacune un score de qualité de 10.

Insécurité de l'emploi

L'insécurité de l'emploi est associée significativement à une prise de psychotropes dans une méta-analyse estimant le RR à 1.30 [1.09-1.56] reposant sur deux études et avec un score de 12.

Déséquilibre vie professionnelle / vie privée

Le déséquilibre vie professionnelle / vie privée est aussi susceptible d'augmenter significativement le risque de la prise de psychotropes avec un RR de 1.26 [1.03-1.48] dans une méta-analyse reposant sur 3 études et dont le score de qualité est de 10.

 

Troubles musculosquelettiques (TMS)

Tous troubles musculosquelettiques

L'ensemble des expositions à des facteurs de risques psychosociaux ci-dessous sont susceptibles d'être associées significativement à une augmentation des TMS, excepté l'insécurité de l'emploi (RR de 1.12 [0.87-1.45] et l'emploi temporaire (RR de 1.24 [0.69-2.22]) pour lesquels l'augmentation n'est pas significative.

Job strain

Deux méta-analyses établissement une association significativement augmentée entre le job strain et la présence de TMS, l'une avec un RR de 1.35 [1.22-1.50] et l'autre avec un RR de 1.62 [1.22-2.15], ces deux méta-analyses reposant respectivement sur 14 et 12 études et leur score respectif est de 6 et 11.

Faible latitude décisionnelle

Une méta-analyse regroupant 23 études (score de 6) montre une augmentation de l'association entre l'exposition à une faible latitude décisionnelle et la présence de TMS avec un RR de 1.21 [1.10-1.32], le score de cette méta-analyse étant de 6.

Forte demande psychologique

Le risque de présenter des TMS est significativement augmenté d'un facteur 1.19 [1.11-1.29] en cas d'exposition à une forte demande psychologique dans une méta-analyse regroupant 42 études et dont le score est de 6.

Faible support social

L'exposition à un faible soutien social augmente le risque de TMS de façon significative d'un facteur 1.16 [1.10-1.23]. Ceci repose sur la réunion des données de 40 études. Le score de cette méta-analyse est de 6.

Lombalgies

Job strain

Deux méta-analyses qui se sont intéressées à l'association entre job strain et lombalgies concluent à une augmentation significative de l'association avec des RR de 1.40 [1.10-1.80] et 1.38 [1.07-1.78], ces méta-analyses reposant sur 4 et 13 études et leur score de qualité respectif étant de 6 et 8.

Faible latitude décisionnelle

Les deux méta-analyses qui ont pris en compte une faible latitude décisionnelle et le risque de lombalgies indiquent une association significative avec des RR de 1.37 [1.01-1.84] et de 1.30 [1.11-1.52]. La première méta-analyse repose sur 8 études et la deuxième sur 14 études. Les scores de qualité sont respectivement de 6 et 8.

Forte demande psychologique

L'association entre une forte demande psychologique et des lombalgies est attestée dans deux méta-analyses qui montrent une augmentation significative de la présence de lombalgies avec des RR de 1.34 [1.15-1.58] et 1.32 [1.13-1.53]. Ces deux méta-analyses regroupent respectivement 13 et 16 études et leurs scores respectifs sont de 6 et 8.

Faible soutien social

Un faible soutien social est aussi associé à une augmentation significative du risque de lombalgies comme le montrent les deux méta-analyses avec une estimation des RR de 1.22 [1.07-1.38] et 1.42 [1.25-1.61] basées sur respectivement 13 et 14 études et avec des scores respectifs de 6 et 8.

Insécurité de l'emploi

L'une des deux méta-analyses consacrées aux liens entre insécurité de l'emploi et lombalgie conclut à une diminution de l'association non significative avec un RR de 0.85 [0.43-1.69] (2 études et score de 6).

L'autre méta-analyse conclut à une augmentation significative de l'association avec un RR de 1.43 [1.16-1.76] (méta-analyse reposant sur 8 études et présentant un score de 8).

TMS de la nuque et des épaules

Job strain

Deux méta-analyses sur les trois présentées estiment qu'il y a une augmentation significative de l'association entre job strain et TMS de la nuque et des épaules avec des RR de 1.43 [1.25-1.62] et 1.33 [1.06-1.62], ces deux méta-analyses reposant respectivement sur 13 et 12 études et leurs scores respectifs sont de 6 et 8.

La troisième étude estime qu'il y a une forte association mais elle n'est pas significative, le RR étant de 3.73 [0.80-17.5]. Cette méta-analyse repose sur 4 études et son score est de 8.

Faible latitude décisionnelle

Les trois méta-analyses ayant pris en compte l'association entre l'exposition à une faible latitude décisionnelle et la survenue de TMS de la nuque et des épaules indiquent une augmentation significative de l'association pour deux d'entre elles dont les RR sont de 1.16 [1.05-1.29], de 1.27 [1.17-1.38] et une quasi-significativité pour la troisième avec un RR de 1.28 [1.00-1.64].

Ces méta-analyses reposent respectivement sur 11, 26 et 4 études et leurs scores sont de 6 pour la première et de 8 pour les deux autres.

Forte demande psychologique

Deux méta-analyses consacrées au lien entre demande psychologique et présence de TMS de la nuque et du cou concluent à une augmentation l'association, significative pour la première avec un RR de 1.17 [1.10-1.24] (28 études et score de 8) et quasi-significative pour la deuxième avec un RR de 1.28 [1.00-1.64] (9 études et score de 8).

Pour la troisième, l'association n'est pas significative avec un RR de 1.11 [0.97-1.27] (16 études et score de 6).

Faible soutien social

Les trois méta-analyses de score 8 retenues démontrent une augmentation significative de l'association entre les TMS de la nuque et du cou et l'exposition à un faible soutien social avec des RR de 1.15 [1.05-1.26] (20 études), de 1.15 [1.05-1.27] (18 études) et 1.33 [1.02-1.73] (6 études).

TMS du membre supérieur

Job strain

L'association du job strain avec les TMS du membre supérieur n'est pas significativement augmentée dans la méta-analyse présentée dont le RR est de 1.09 [0.85-1.39].

Faible latitude décisionnelle

Parmi les deux méta-analyses retenues, l'une présente une augmentation quasi-significative avec un RR de 1.24 [1.00-1.54] et l'autre une augmentation significative de l'association avec un RR de 1.33 [1.11-1.59] (il s'agit d'une méta-analyse reposant sur 9 études et dont le score est de 8).

Forte demande psychologique

Les deux méta-analyses recherchant le lien entre une forte demande psychologique et les TMS du membre supérieur estiment une augmentation significative du risque avec le même RR de 1.18 et des intervalles de confiance très proches, [1.06-1.32] pour la première et [1.06-1.36] pour la deuxième. Ces deux méta-analyses reposent respectivement sur 12 et 8 études et leur score de qualité est respectivement de 6 et 8.

Faible soutien social

Une méta-analyse estimant l'association entre le soutien social et la présence de TMS du membre supérieur a pu estimer une augmentation significative de l'association avec un RR de 1.18 [1.06-1.32] (15 études et score de 6).

Une deuxième méta-analyse a retrouvé une augmentation non significative avec un RR de 1.23 [0.99-1.53].

TMS du membre inférieur

Un faible soutien social est associé à une augmentation significative de la présence de TMS du membre inférieur dans une méta-analyse avec un RR de 1.62 [1.20-2.18] reposant sur 5 études et avec un score de 8.

En revanche, l'association de TMS du membre inférieur n'était pas significatives avec une faible latitude décisionnelle (RR de 1.14 [0.74-1.78]).

 

Problèmes durant la maternité

Longues heures de travail

L'exposition à de longues heures de travail durant la maternité est susceptible d'entraîner un certain nombre d'effets délétères que nous allons passer en revue.

Fausse couche

Deux méta-analyses montrent une augmentation significative, et non négligeabl,e d'une exposition à de longues heures de travail et les fausses couches.

Les résultats de ces deux méta-analyses sont des RR de 1.36 [1.25-1.49] (10 études et score de 6) et de 1.38 [1.08-1.77] (8 études et score de 10).'

Accouchement prématuré

Quatre méta-analyses se sont penchées sur le lien entre l'exposition à de longues heures de travail et un accouchement prématuré. Pour ces quatre méta-analyses, il y a une augmentation significative de l'association entre le fait pour la femme d'effectuer de longues de travail et de subir un accouchement prématuré.

Les résultats de ces méta-analyses sont les suivants :

ü RR de 1.31 [1.16-1.47] pour 8 études et un score de 7 ;

ü RR de 1.23 [1.13-1.34] pour 17 études et un score de 6 ;

ü RR de 1.25 [1.01-1.54] pour 11 études et un score de 7 ;

ü RR de 1.21 [1.11-1.33] pour 25 études et un score de 10.

Pré-éclampsie

La pré-éclampsie est augmentée de façon non significative en cas d'exposition à de longues heures de travail avec un RR de 1.27 [0.74-2.19].

Faible poids de naissance du nourrisson

L'exposition à de longues heures de travail durant la maternité est associée de façon significative à un faible poids de naissance du nourrisson avec un RR de 1.43 [1.11-1.84]. Il s’agit d'une méta-analyse basée sur 6 études et dont le score de qualité est de 10.

 

Cancers

Tous types de cancer

L'association de l'exposition à des facteurs de risque psychosociaux tels que le job strain et la réalisation de longues heures de travail n'est pas significative, qu'elle soit abaissée ou augmentée.

Cancers d'organes

Cancer colorectal

Il n'y a pas d'augmentation significative de l'association du cancer colorectal avec le job strain ou le fait de travailler de longues heures.

Cancer du poumon

Une méta-analyse a mis en évidence une augmentation significative de l'association entre job strain et cancer du poumon avec un RR de 1.32 [1.01-1.74] (reposant sur 12 études et avec un score de 11.2) alors qu'une autre a mis en évidence une augmentation non significative (RR de 1.16 [0.89-1.50]).

Il existe une baisse non significative de l'association entre cancer du poumon et pratique de longues heures de travail (RR de 0.62 [0.33-1.16]).

Cancer du sein

Une méta-analyse a mis en évidence une augmentation significative de l'association entre la pratique de longues heures de travail et le cancer du sein avec un RR de 1.54 [1.09-2.18]. Cette méta-analyse a été réalisée à partir de 6 études et son score est de 10. En revanche, une autre méta-analyse a mis en évidence une faible diminution de l'association non significative avec un RR de 0.93 [0.79-1.10].

Cancer de la prostate

Il n'y a pas d'association significative, pour le cancer de la prostate, avec le job strain, les deux méta-analyses prises en compte donnant des RR inférieurs à 1 mais non significativement. Il en est de même pour l'exposition à de longues de travail.

https://www.sjweh.fi/article/3968

 

·        vos Vidéos

Voici la présentation sur le site de la revue Santé & Travail de la retransmission des débats de la réunion du 27 mai 2021 organisée sous le titre " La réforme est-elle suffisante ? " (Pour moi, la réponse se trouve dans la question !) :

" Web-débat "santé au travail : la réforme est-elle suffisante ?"

PAR ELSA FAYNER JACQUES-HENRI ROCHEREUIL / 03 JUIN 2021

Jeudi 27 mai, le magazine Santé & Travail a organisé un web-débat avec les députées LREM Charlotte Parmentier-Lecocq et Carole Grandjean, auteures de la proposition de loi visant à « renforcer la prévention en santé au travail ». Avec les interventions de plusieurs professionnels de la prévention, et en présence de près de 400 personnes. A voir ou à revoir le best off, ci-dessous, en accès libre et l'intégrale du débat sur notre chaîne Youtube. "

Le Best off : https://youtu.be/SSSxJH0GTUo

La retransmission du débat : https://www.youtube.com/watch?v=SSSxJH0GTUo

 

 

J'espère que cette longue lettre d'information vous aura intéressés autant que cela a été intéressant pour moi… même si cela m'a occasionné beaucoup de travail… A bientôt pour de nouvelles informations…

 

Jacques Darmon

 


 

 

 

 

 

 

 


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