Le
12 avril 2020
Cette
lettre est toujours consacrée aux textes de loi et à l'épidémie de Covid-19… parmi
les textes de loi… un décret d'application de l'article 3 de l'ordonnance du 1er
avril 2020 relatif aux visites médicales de santé au travail… un autre décret
sur le fonds d'insertion des personnes handicapées de la fonction publique… et
un dernier précisant les modalités d'utilisation de moyens de communication
pour les réunions des instances représentatives du personnel… et une question
sénatoriale relative aux moyens alloués à l'hôpital et aux test du coronavirus…
Quelques éléments d'information sur l'épidémie de Covid-19… une mise à jour du
Guide de prévention de l'OPPBTP… la prépublication des résultats du traitement
de plus de 1000 patients à l'IHU de Marseille… le lancement dans 5 cohortes
d'une enquête sur le vécu de l'épidémie et du confinement… la fiche de prise en
charge en ville d'un patient suspecté de Covid-19 et des manifestations
cutanées signalées par des dermatologues pouvant être en lien avec le
coronavirus.
Je
vous signale que, grâce à l'aide d'un informaticien que je remercie vivement,
je peux mettre en ligne sur un blog ces lettres d'information depuis quasiment un
an. L'adresse du blog : https://bloglettreinfo.blogspot.com/.
· Textes de
loi, réglementaires, circulaires, instructions, questions parlementaires
Décret n° 2020-410 du 8 avril 2020 adaptant temporairement
les délais de réalisation des visites et examens médicaux par les services de
santé au travail à l'urgence sanitaire
Ce décret est pris en application de l'ordonnance2020-386 du 1er avril 2020 (article
3) qui stipulait que " Les visites médicales qui doivent être réalisées
à compter du 12 mars 2020 dans le cadre du suivi individuel de l'état de santé
en application des articles L.4624-1, L.4624-2 et L.4624-2-1 et L.4625-1-1 du code du travail et de l'article L.717-2 du code rural et de la pêche maritime peuvent
faire l'objet d'un report dans des conditions définies par décret en Conseil
d'Etat, sauf lorsque le médecin du travail estime indispensable de maintenir la
visite compte tenu notamment de l'état de santé du travailleur ou des
caractéristiques de son poste de travail.
Le report de la visite ne fait pas obstacle, le cas échéant,
à l'embauche ou à la reprise du travail.
Le décret en Conseil d'Etat prévu au premier alinéa détermine
notamment les exceptions ou les conditions particulières applicables aux
travailleurs faisant l'objet d'un suivi adapté ou régulier en application de l'article
L. 4624-1 du code du travail ou d'un suivi individuel renforcé en application
de l'article L. 4624-2 du même code. "
Le présent décret est d'application immédiate.
Dispositions relatives aux visites de prévention initiale et
de suivi
Ce texte modifie les visites médicales en santé au travail
dont l'échéance, selon les textes réglementaires, survient entre le 12 mars et
le 31 août 2020 (article 1).
Le médecin du travail peut reporter, au plus tard jusqu'au 31
décembre 2020, la date des visites et examens médicaux, sauf s'il porte une
appréciation contraire, au titre de l'article 4 du présent décret :
ü la visite d'information et de prévention initiale (VIPI) de
l'article R.4624-10 du Code du travail [NDR – VIPI qui peut être
réalisée par un professionnel de santé mentionné à l'article L. 4624-1 :
médecin du travail, collaborateur médecin, interne ou infirmier] et de la VIP
prévue à l'article R.717-13 du Code rural et de la pêche maritime
(certaines dérogations à ce report sont précisées plus loin) ;
ü le renouvellement de la visite d'information et de prévention
(VIP) prévue à l'article R.4624-16 du Code du travail [NDR – au maximum tous les
5 ans !] et à l'article 717-13 du Code rural et de la pêche maritime ;
ü le renouvellement de la visite d'aptitude [NDR – Pour les
salariés en surveillance individuelle renforcée prévue à l'article L.4624-2 du Code du travail] et de la visite intermédiaire
de l'article R.4624-28 du Code du travail [NDR – Avec des délais
respectifs maximaux de 4 ans et 2 ans.] ainsi que la visite de suivi individuel
renforcé prévue à l'article R.717-16-2 du Code rural et de la pêche maritime (à
l'exception de la visite d'aptitude initiale des travailleurs exposés à des
rayonnements ionisants).
Exceptions pour les VIPI et dispositions pour les visites
d'aptitude
Les visites ne pouvant faire l'objet d'un report au titre de
du paragraphe ci-dessus sont listées ci-dessous :
1°) la VIPI prévue à l'article R. 4624-10 du Code du travail
et à l'article R. 717-13 du Code rural et de la pêche maritime pour :
a) Les travailleurs handicapés ;
b) Les travailleurs âgés de moins de dix-huit ans ;
c) Les travailleurs qui déclarent être titulaires d'une
pension d'invalidité ;
d) Les femmes enceintes, venant d'accoucher ou allaitantes ;
e) Les travailleurs de nuit ;
f) Les travailleurs exposés à des champs électromagnétiques
affectés à des postes pour lesquels les valeurs limites d'exposition fixées à
l'article R.4453-3 du Code du travail sont dépassées ;
2°) l'examen médical d'aptitude initial prévu à l'article R.4624-24 du Code du travail et à l'article R.717-16-1 du Code rural et de la pêche maritime pour les
salariés en surveillance individuelle renforcée ;
3°) le renouvellement de l'examen médical d'aptitude prévu à
l'article R.4451-82 (renvoyant aux articles R. 4624-24 à 28
évoqués ci-dessus) pour les travailleurs exposés à des rayonnements ionisants
et classés en catégorie A, spécifiée à l'article R.4451-57 du Code du travail.
Visites de pré-reprise
Le médecin du travail n'est pas tenu d'organiser les visites
de pré-reprise prévues à l'article R.4624-29 du Code du travail et à l'article R.717-27 du Code rural et de la pêche maritime pour des
reprises qui doivent avoir lieu avant le 31 août 2020, sauf s'il a une
appréciation contraire.
Les dispositions ci-dessus sont précisées dans l'article 2 du
décret.
Visites de reprise du travail
Par dérogation à l'article R.4624-31 du Code du travail et R.717-17-1 du Code rural et de la pêche maritime, la
visite de reprise du travail doit être organisée selon les modalités suivantes
:
1° Le médecin du travail organise l'examen avant la
reprise effective du travail lorsqu'il concerne [NDR – Alors que les deux
articles cités ci-dessus prévoient que la visite de reprise a lieu après la
reprise du travail !] :
a) Les travailleurs handicapés ;
b) Les travailleurs âgés de moins de dix-huit ans ;
c) Les travailleurs qui déclarent être titulaires d'une
pension d'invalidité ;
d) Les femmes enceintes, venant d'accoucher ou allaitantes ;
e) Les travailleurs de nuit ;
2°) Pour les autres salariés, le médecin du travail peut
reporter l'examen sans que cela n'empêche la reprise du travail, sauf s'il
estime cette visite nécessaire. Le report de la visite de reprise se fera selon
les conditions suivantes :
a) dans la limite d'un mois suivant la reprise du travail
pour les salariés en surveillance individuelle renforcée de l'article R.4624-22 du Code du travail et de l'article R.717-16 du Code rural et de la pêche maritime ;
b) dans la limite de trois mois pour les visites de reprise
des autres travailleurs.
(Article 3 du décret)
Je reprends intégralement les dispositions de l'article 4 : "
Aucune visite ni aucun examen ne peut faire l'objet d'un report en
application du I de l'article 2 ou du 2° de l'article 3 du présent décret ou ne
pas être organisé en application du III de l'article 2, lorsque le médecin
du travail estime indispensable de respecter l'échéance résultant des textes
réglementaires en vigueur, au regard des informations dont il dispose
concernant l'état de santé du salarié, ainsi que les risques liés à son poste
de travail ou à ses conditions de travail. Pour les travailleurs titulaires
d'un contrat à durée déterminée, le médecin du travail tient compte des visites
et examens dont l'intéressé a bénéficié le cas échéant au cours des douze
derniers mois.
Pour fonder son appréciation, le médecin du travail
recueille, en tant que de besoin, les informations utiles sur la base
d'échanges réalisés par tout moyen entre le travailleur et un membre de
l'équipe pluridisciplinaire. "
L'article 5 stipule que lorsque la visite médicale du salarié
est reportée selon les termes du présent décret, il doit en informer
l'employeur et le travailleur en leur communiquant la date à laquelle la visite
est prévue. Dans le cas où le médecin du travail ne dispose pas des coordonnées
du salarié, il demande à l'employeur de communiquer les informations évoquées
ci-dessus.
S'agissant d'une visite de pré-reprise qui est reportée, le
médecin du travail en informe le salarié.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041789669&dateTexte=&categorieLien=id
Décret n° 2020-420 du 9 avril 2020 modifiant le décret n°
2006-501 du 3 mai 2006 relatif au fonds pour l'insertion des personnes
handicapées dans la fonction publique
Ce décret vise à la mise en oeuvre pratique de l'article 90 de la loi 2019-828 du 6 août 2019 visant à
étendre à l'ensemble de la fonction publique l'obligation d'emploi de
travailleurs présentant un handicap, prévue à l'article L.5212-2 du Code du travail, et intégrée à l'article 33 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires.
Ce décret modifie le décret 2006-501 du 3 mai 2006 relatif au fonds pour
l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique.
Concrètement, ce décret :
ü remplace systématiquement, dans le décret du 3 mai 2006,
chaque occurrence de la référence à l'article L. 323-8-6-1 du Code du
travail - créant le Fonds d'insertion des personnes handicapées de la fonction
publique - par la référence à l'article 35 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des
fonctionnaires qui détermine les missions de ce fonds d'insertion ;
ü indique que, au
plus tard le 30 avril de chaque année, les employeurs publics doivent déposer
auprès du comptable public la déclaration annuelle d'emploi des travailleurs
handicapés, accompagnée du paiement de leur contribution.
Décret n° 2020-419 du 10 avril 2020 relatif aux modalités de
consultation des instances représentatives du personnel pendant la période de
l'état d'urgence sanitaire
Ce décret vise l'organisation des réunions du CSE pendant la
période d'état d'urgence sanitaire prévue à l'article 4 de la loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 avec les
moyens dérogatoires prévus pour les réunions de ces instances représentatives,
c'est à dire la conférence téléphonique et la messagerie instantanée.
Conférence téléphonique
Lorsque la réunion a lieu en conférence téléphonique, le
dispositif technique utilisé doit permettre d'identifier les membres de
l'instance et assurer la retransmission continue et simultanée du son des
délibérations. Des suspensions de séances sont permises.
Le président informe les membres de l'instance de la tenue de
la réunion en conférence téléphonique.
Le vote à bulletins secrets doit être permis et répondre aux
conditions du 3e alinéa de l'article D.2315-1 du Code du travail.
Messagerie instantanée
L'utilisation de la messagerie instantanée doit permettre l'identification
des membres participant à la réunion ainsi que leur participation effective en
assurant la communication immédiate des messages écrits au cours de la réunion.
De la même façon que pour la conférence téléphonique, le vote
à bulletins secrets doit être permis et répondre aux conditions du 3e
alinéa de l'article D. 2315-1 du Code du travail.
Le président doit informer les membres de la délégation de la
tenue d'une réunion par messagerie instantanée et en indique la date et l'heure
du début.
La réunion doit se dérouler selon les dispositions suivantes
:
" 1° L'engagement des délibérations est subordonné à la
vérification que l'ensemble des membres a accès à des moyens techniques
satisfaisant aux conditions prévues aux premier et deuxième alinéas du présent
article ;
2° Les débats sont clos par un message du président de
l'instance, qui ne peut intervenir avant l'heure limite fixée pour la clôture
de la délibération ;
3° Le vote a lieu de manière simultanée. A cette fin, les
participants disposent d'une durée identique pour voter à compter de
l'ouverture des opérations de vote indiquée par le président de l'instance ;
4° Au terme du délai fixé pour l'expression des votes, le
président de l'instance en adresse les résultats à l'ensemble de ses membres.
"
Question parlementaire
15e législature
Moyens budgétaires
alloués à l'hôpital et tests généralisés
Question
d'actualité au gouvernement n° 1234G de Mme Sabine Van Heghe (Pas-de-Calais -
SOCR) publiée dans le JO Sénat du 26/03/2020
" Mme Sabine
Van Heghe. La lutte contre le Covid-19 impose l'unité nationale, à laquelle
nous souscrivons.
Je m'associe aux
hommages que vous avez formulés, mes chers collègues, à l'endroit de nos
concitoyens qui travaillent dans des conditions très difficiles, au premier
rang desquels les personnels de santé, mais aussi les professionnels de tous
les secteurs qui permettent aux Français de disposer des biens et services
indispensables. Je souligne également l'investissement des fonctionnaires de
nos services publics, dont on réalise, plus encore en ces périodes de crise
majeure, qu'ils sont, non pas une dépense, mais un investissement, une
protection dont on ne peut se passer.
Les maires et les
élus locaux sont également en première ligne.
L'unité nationale
ne doit pas empêcher le débat démocratique, et je veux me faire la porte-parole
des interrogations exprimées par nos concitoyens sur les mesures sanitaires
mises en place par le Gouvernement pour lutter contre cette pandémie.
Le renforcement du
confinement protège et sauve des vies, mais il est grand temps de
mettre tout en œuvre pour se doter de masques, de tests de dépistage, de gels
hydroalcooliques, de respirateurs, qui continuent de manquer scandaleusement.
Quand les personnels mobilisés pour combattre cette épidémie disposeront-ils
de ces éléments de protection et de soins élémentaires ?
Il faut tirer les
leçons de cette crise sanitaire sans précédent et, dès maintenant, augmenter
les moyens financiers et humains qui manquent cruellement à notre système de
santé.
L'OMS (Organisation
mondiale de la santé) demande la généralisation des tests de dépistage du
Covid-19 afin de confiner les personnes positives et, ainsi, éviter de
nouvelles contaminations*. Les tests disponibles à ce jour et dans les
jours qui viennent seront absolument insuffisants, notamment au regard des 800
000 résidents des Ehpad menacés d'une effroyable hécatombe si des dispositions
drastiques ne sont pas prises de toute urgence.
Monsieur le
ministre, quand vous rangerez-vous à ces recommandations de l'OMS et quand
ces tests seront-ils enfin généralisés dans notre pays ? "
M. Patrick Kanner.
Très bien !
Réponse du
Ministère des solidarités et de la santé - publiée dans le JO Sénat du
26/03/2020 - page 2845
" M. le
président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier
Véran, ministre des solidarités et de la santé. Je vous remercie de votre
question, madame la sénatrice Van Heghe, qui me donne l'occasion de revenir sur
les annonces que j'ai faites.
Nous allons
continuer de nous conformer scrupuleusement aux recommandations de
l'Organisation mondiale de la santé en matière de tests. Les recommandations
ont évolué avec la connaissance du virus, les recommandations ont évolué avec
l'apparition de la pandémie, les recommandations ont évolué avec
l'identification des différentes stratégies mises en place dans tous les pays
qui ont fait face en même temps que nous, ou quasiment en même temps que nous,
à l'épidémie. Ces pays ont choisi des stratégies qui leur étaient
propres, en fonction des moyens à leur disposition.
J'ai déjà souligné
que j'avais entendu l'appel du directeur de l'OMS : « testez, testez,
testez ! » Cet enjeu sera encore plus important au moment où nous
nous apprêterons à déconfiner la France, à l'heure où les Français seront
amenés à quitter leur domicile pour retrouver une vie normale. L'enjeu de
ces tests sera surtout de savoir qui aura été malade et qui ne l'aura pas été.
Je peux vous
confirmer que nous aurons, sous quinzaine, la possibilité de passer des 5 000 tests
par jour que nous réalisons actuellement à près de 20 000 à 25 000 tests – sans
doute un peu plus. L'Allemagne, souvent citée en exemple, réalise aujourd'hui
12 000 tests par jour. Cela sous-entend aussi de pouvoir amener suffisamment de
réactifs, de kits de prélèvement… Nous passons toutes les commandes nécessaires
aux pays étrangers et auprès des producteurs présents sur le territoire
national. Il s'agit d'un enjeu important.
Toutefois, nous
n'allons pas nous contenter des PCR, qui nous indiquent si l'on est malade à un
moment donné. Ce qui nous intéresse, c'est la sérologie, laquelle va aussi se
développer à une vitesse grand V. La recherche et l'innovation nous
permettront rapidement de savoir, par une simple prise de sang, qui aura été
immunisé contre le virus, asymptomatique ou non, et qui ne l'aura pas été.
Cette information
sera très importante pour savoir où nous en sommes dans l'épidémie à l'échelle
du pays, à l'échelle de l'Europe et à l'échelle du monde. Cela permettra
aussi à chacun de savoir s'il est immunisé pour de bon contre la maladie ou pas
encore.
Je pense également
à la recherche et au développement en cours sur les autotests et les tests
rapides sur l'ensemble du territoire national, en Europe et ailleurs dans le
monde. Ils seront disponibles pour les Français, dès l'instant où ils seront
validés, où que ce soit dans le monde.
Voilà ce que je
pouvais vous répondre, madame la sénatrice, sur les tests. Je vous prie de
m'excuser de ne pouvoir répondre à vos autres questions, faute de temps. "
*
Le 8 avril 2020, sur France Info, lors d'une interview, le Pr Delfraissy,
président du Conseil scientifique du Gouvernement, a estimé que de 10 à 15% de
la population a été touchée par le coronavirus et, a priori, été immunisée, ce
qui signifie qu'il pense que le déconfinement ne peut pas être immédiat sans
risque de rebond de l'épidémie. Ce qui veut aussi dire que ce déconfinement
devra prendre en compte ce fait pour qu'on n'assiste pas à une flambée de
nouveaux cas de Covid-19. L'obtention de l'immunité populationnelle, ainsi
qu'il la dénomme, ou de groupe, selon une communicationde M. Samuel Alizon - directeur de recherche au CNRS (
CNRS/IRD/Université de Montpellier) - devrait survenir, pour le coronavirus
pour une immunisation de 66% de la population. On en est donc loin actuellement
et, de plus, nous ne disposons pas, pour l'instant, d'assez de recul pour
apprécier la durée de l'immunisation des patients ayant été en contact avec le
virus. Selon l'avis d'un spécialiste recueilli par le Quotidien du médecin ("Covid-19 : encore incertaine, la durée d'immunisation post infection pourrait être de quelquesmois "),
se basant sur les données de l'immunisation aux autres coronavirus, l'immunité
acquise face au SARS-CoV-2 pourrait être assez courte, de 3 à 6 mois. En
outre, l'apparition d'anticorps protecteurs pourrait prendre de 21 jours à 28
jours selon un autre article du Quotidien du médecin. Un vaccin apparaît donc nécessaire
pour permettre une large immunisation de la population. Il faudrait attendre 18
mois pour en obtenir un (si c'est possible, car pour le HIV, il n'y en a pas).
· Eléments d'information sur
l'épidémie de Covid-19
Mise à jour du Guide de prévention
de l'OPPBTP
Le Guide de prévention
de l'OPPBTP, dont je vous parlais dans la dernière lettre d'information, a été
mis à jour. Des conseils pratiques pour les situations de travail sont
présentés dans les pages 3 à 7.
La mise à jour
fait suite à l'avis de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des
produits de santé (ANSM) du 8 avril 2020 ] sur l'usage des masques alternatifs
en tissu complétant son avis du 24 mars 2020
[Vous trouverez en pièce jointe un tableau du 8 avril 2020 présentant des
entreprises susceptibles de fournir des masques alternatifs avec les
caractéristiques de filtration de ces masques].
" L’ANSM indique que certains
travaux réalisés dans le cadre d'une activité professionnelle interdisent le
respect des gestes barrières (portage de charges ou autres opérations
nécessitant la présence de plusieurs opérateurs à proximité immédiate). Dans
ces cas, et après qu’une analyse du poste ait conclu sur ce fait, la
préconisation d'utilisation de masques est la suivante :
· Utilisation pour
chacun des travailleurs d'un masque alternatif ayant un niveau de filtration de
90 à 95 % (exclusion des masques alternatifs avec une efficacité de filtration de 70
à 80 %). Si disponible, un masque FFP1 peut être également utilisé.
· En cas d'effort intense,
envisager le changement du port du masque alternatif avant le terme des quatre
heures d'utilisation, ou en cas d'inconfort lié au port. Dans ce
dernier cas, il faut privilégier l'utilisation d'un masque FFP1, dont la
portabilité fait l'objet de tests dans la norme.
Dans le cas d'un
travail de plusieurs opérateurs dans un environnement confiné sans ventilation,
le port du FFP1 devra être privilégié. "
Vous pourrez
accéder au guide en pièce jointe et sur le site de l'OPPBTP à l'adresse internet
ci-dessous.
Suivi des patients de l'IHU Méditerrané
de Marseille
Les données
présentées ici du suivi de patients traités par hydroxychloroquine / azithromycine
proviennent de l'abstract et du tableau des résultats, présentés en pré-print
sur le site de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de
Marseille. Ce travail est signé par M. Million et al. (dont le Pr Raoult).
Matériel et
méthodes
Du 3 mars au 9
avril, 2020, l'IHU a réalisé 59 655 tests de 38 617 patients en utilisant la
technique RT-PCR. Un total de 3165 patients ont été traités dont 1061 ont
correspondu aux critères d'inclusion pour le suivi du traitement.
Ce traitement
consistait en hydroxychloroquine et azithromycine supérieur ou égal à 3 jours avec
adjonction d'un autre antibiotique an cas d'atteinte pulmonaire.
L'appréciation des
effets du traitement se faisait sur la charge virale et l'état clinique.
Résultats
L'âge moyen des
patients était de 43.6 ans et il y avait 46.4% d'hommes (492).
Une évolution
clinique favorable était retrouvée chez 91.7% des patients (973).
L'évolution
clinique était défavorable - se traduisant par une hospitalisation de 10 jours
ou plus, le transfert en unité de soins intensifs ou le décès du patient - dans
4.3% des cas (46 patients), dont 10 furent transférés en unité de soins
intensifs et 10 nécessitèrent une hospitalisation de 10 jours ou plus.
Parmi ce groupe,
25 patients sont guéris et 16 sont encore hospitalisés. Cinq patients sont
décédés avec un âge compris entre 74 et 95 ans
Du point de vue de
la charge virale, les résultats étaient mauvais dans 4.4% des cas dans lesquels
la charge virale restait positive à l'issue du traitement avec, cependant, une culture
du virus négative au 10e jour et, à l'exception d'un patient, une
PCR négative au 15e jour.
L'âge moyen des
patients pour lesquels l'évolution était défavorable était en moyenne de 69.2
ans, différence d'âge significative avec p<0.001 par rapport à la moyenne de
42.4 ans pour les patients avec issue clinique favorable et il y avait une
surreprésentation des hommes dans les cas d'évolution défavorable (50% versus
46.4% dans l'échantillon).
C'est parmi ces
patients dont l'évolution était défavorable que l'on trouvait de façon
significative (p<0.001) une surreprésentation de certaines comorbidités
(cancer, diabète, atteintes coronariennes et hypertension).
Une mauvaise
évolution de l'état clinique était retrouvée de façon significative chez les
sujets les plus âgés (OR de 1.11) et avec une sévérité initiale de la
pathologie (OR de 10.05) et de faibles concentrations sériques .
De plus, cette
évolution clinique défavorable était associée avec la prise d'un traitement par
bétabloquants et les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II
(p<0.05).
Conclusion
Le traitement par
hydroxychloroquine et azithromycine est sûr et efficace dans le traitement du
Covid-19 avec un taux de mortalité de 0.5%. Ce traitement évite la dégradation
de l'état de santé et diminue la persistance du virus dans la plupart des cas.
Enquête nationale sur les réactions face
à l'épidémie
Une enquête nationale
va être menée auprès d'un échantillon de 200 000 sujets afin de mieux
comprendre les enjeux épidémiologiques et les réactions aux mesures de
prévention mises en œuvre pour lutter contre le Covid-19. Cette enquête est
intitulée SAPRIS (" Santé, pratiques, relations et
inégalités sociales en population générale pendant la crise COVID-19 ").
L'enquête est coordonnée par l'Inserm et s'appuie sur un groupe de travail
multidisciplinaire. L'enquête repose sur des cohortes déjà suivies en
population générale : Constances, Etude familiale E3N-E4N, Elfe / Epipage 2 et
NutriNet Santé.
" L’avantage de
ces cohortes est qu’elles concernent plusieurs dizaines de milliers de
personnes suivies depuis des années, dont les habitudes de vie et alimentaires,
l’état de santé et les consommations de soins, les activités professionnelles
et des données biologiques avant le début de l’épidémie sont finement
détaillées”.
Les coordinateurs
de cette enquête, Nathalie Bajos de l'Inserm et Fabrice Carrat, professeur de
santé publique à la Sorbonne, indiquent que s'appuyer sur ces cohortes "
permettra aux chercheurs d’étudier l’impact de la situation de confinement en
documentant notamment les inégalités sociales et géographiques d’exposition au
risque et de conditions de vie et de caractériser les facteurs liés à la
susceptibilité et la sévérité de l’infection. "
Un questionnaire
sera administré dès les premiers jours d'avril et il sera reconduit à plusieurs
reprises durant et à l'issue du confinement afin d'étudier " l’incidence
des symptômes du Covid-19 et d’autres problèmes de santé, le recours ou le
renoncement aux soins pour d’autres pathologies, la perception du risque pour
soi-même et en général, les effets des mesures de prévention sur la vie
quotidienne, les relations sociales et le travail, ainsi que la prise en charge
des enfants "
Fiche de prise en charge d'un
patient en ville
Vous trouverez en
pièce jointe cette fiche, publiée sur le site du ministère de la santé,
fournissant toutes informations utiles pour la prise en charge de patients
suspectés d'être atteints par le coronavirus.
J'en profite pour rapporter
que des dermatologues ont signalé des manifestations cutanées, associées ou non
avec le Covid-19 qui pourraient être en lien avec l'affection par le
coronavirus et jusque là passées inaperçues : de l'urticaire et des
manifestations d'acrosyndromes (voir l'article duQuotidien du médecin du 9 avril 2020.
Jacques Darmon
Si
vous souhaitez ne plus figurer sur cette liste de diffusion, vous pouvez m'en faire
part à l'adresse suivante : jacques.darmon@orange.fr.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire