Lettre d'information du 13 octobre 2019 - Commentaire n°19




Le 13 octobre 2019

Au sommaire de cette lettre… Un arrêté rajoutant une liste de valeurs limites d'exposition professionnelle à celle de l'arrêté du 30 juin 2004… Une jurisprudence du Conseil d'Etat entérinant la possibilité pour un employeur de demander l'annulation d'une décision d'un agent de contrôle de l'inspection du travail en référé administratif… Un point sur le suivi de la réforme de la santé au travail… Un commentaire du rapport de la commission des affaires sociales du Sénat sur la réforme de la santé au travail peu susceptible de déplaire aux organisations d'employeurs puisqu'on n'y touche ni au financement ni à la structure des services de santé au travail… Et en biblio deux livres qui peuvent éclairer sur le malaise hospitalier et ses raisons avec en pièce jointe un article du Quotidien du médecin sur une réunion du collectif inter-hôpitaux qui s'est réuni le 10 octobre 2019…

Vous trouverez en pièce jointe la 3e veille juridique de 2019 de l'inspection médicale du travail d'Ile de France. Ce document comprend une veille sur la jurisprudence et sur les textes de loi en " médecine du travail ".

·     Textes de loi, réglementaires, circulaires, questions parlementaires et questions prioritaires de constitutionnalité

Arrêté du 27 septembre 2019 fixant des valeurs limites d'exposition professionnelle indicatives pour certains agents chimiques
Cet arrêté du 27 septembre 2019 rajoute à la liste de l'arrêté modifié du 30 juin 2004 les valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP) sur 8 heures et à court terme (15 minute, sauf indication contraire) de nouvelles substances. Cette liste résulte de la transposition en droit français de la Directive de l'Union européenne 2017/164 du 31 janvier 2017.
Ces VLEP rentreront en vigueur au 1er juillet 2020.
Les substances concernées sont les suivantes :
ü  Acide acétique
ü  Acroléine
ü  Acide acrylique
ü  Amitrole
ü  But-2-yne-1,4-diol
ü  Diacétyle
ü  Ether diphénylique
ü  2-Ethylhexan-1-ol
ü  Calcium (dihydroxyde de) fraction alvéolaire
ü  Calcium (oxyde de) fraction alvéolaire
ü  Formiate de méthyle
ü  Lithium (hydrure de) fraction inhalable
ü  Manganèse et ses composés fraction alvéolaire exprimé en manganèse
ü  Manganèse et ses composés fraction inhalable exprimé en manganèse
ü  Nitroéthane
ü  Potassium (cyanure de) exprimé en cyanure
ü  Orthosilicate de tétraéthyle
ü  Sodium (cyanure de) exprimé en cyanure
ü  Soufre (dioxyde de)
ü  Terphényle hydrogéné
ü  Trinitrate de glycérol

·     Jurisprudence
La contestation d'une décision de l'inspecteur du travail de faire stopper une activité dangereuse peut se faire devant le juge administratif par référé
Il s'agit d'un arrêt du Conseil d'Etat en date du 2 octobre 2019 - pourvoi n° 432388, publié au recueil Lebon.
Les faits – Un agent de contrôle de l'inspection du travail a ordonné à un hypermarché, dans une décision du 20 février 2019, l'arrêt des travaux réalisés à l'aide d'une trancheuse à jambon. Sur le fondement de l'article L. 4731-4 du Code du travail, la société a demandé au juge des référés d'annuler la décision de l'agent de l'inspection du travail. Cette demande est refusée par une ordonnance n° 1905278 du 27 juin 2019 du juge administratif.
Le Conseil d'Etat est saisi par l'entreprise :
ü d'une part, d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative à la conformité aux droits et libertés garantis par la constitution de l'article L. 4731-4 du Code du travail ;
ü d'autre part, d'un pourvoi en annulation de l'ordonnance du juge des référés.
Le Conseil Constitutionnel, de même que la Cour de cassation, peut être saisi d'une question prioritaire de constitutionnalité sous " la triple condition que la disposition contestée soit applicable au litige ou à la procédure, qu'elle n'ait pas déjà été déclarée conforme à la Constitution dans les motifs et le dispositif d'une décision du Conseil constitutionnel, sauf changement des circonstances, et que la question soit nouvelle ou présente un caractère sérieux. "
La société soutient que les dispositions de l'article L. 4731-4 du Code du travail n'organisent pas une voie de recours effective pour les employeurs et constituent une entrave à la liberté d'entreprendre et au droit de propriété.
La version actuelle de l'article L. 4731-4 permet, dans le respect du droit commun, de recourir au juge administratif pour contester un excès de pouvoir administratif et d'en demander la suspension en référé.
Ainsi, il apparait au Conseil d'Etat qu'il n'est pas nécessaire de saisir le Conseil constitutionnel de cette question prioritaire de constitutionnalité.
La société demande, par ailleurs, l'annulation de l'ordonnance du juge des référés du tribunal administratif car il n'a pas fait application de l'article L. 521-2 du Code de justice en n'ordonnant pas l'annulation de la décision de l'inspection du travail d'arrêter le travail avec l'outil en cause, au titre de la violation d'une liberté. Pour l'employeur, le juge aurait ainsi entaché son jugement d'une erreur de droit.
Le Conseil d'Etat rejette le pourvoi à ce titre.
Voici le résumé du Conseil d'Etat de cet arrêt : " 1) En vertu de l'article L. 4731-4 du code du travail, ressortit désormais à la compétence de la juridiction administrative la contestation, par un employeur, des mesures administratives prises par l'inspection du travail sur le fondement de l'article L. 4731-1. Une telle contestation relève, en l'absence de disposition contraire, du droit commun des recours devant le juge administratif, c'est-à-dire, au fond, du recours pour excès de pouvoir et aussi, pour le référé que mentionne explicitement l'article L. 4731-4, des articles L. 521-1 et L. 521-2 du code de justice administrative.... , Il est ainsi loisible à l'employeur de demander la suspension de l'exécution de la mesure prise par l'inspection du travail sur le fondement de l'article L. 521-1 du code de justice administrative, voire de saisir le juge des référés sur le fondement de l'article L. 521-2 dans le cas où la situation exigerait à très bref délai que soit ordonnée en référé une mesure de sauvegarde pour faire cesser une atteinte grave et manifestement illégale portée à une liberté fondamentale.... , 2) Dès lors qu'une mesure de suspension de travaux ou d'une activité poursuit ses effets après l'arrêt des travaux ou de l'activité en cause, une demande de suspension en référé conserve un objet tant que l'administration n'a pas mis fin à la mesure. "

·     Suivi de la réforme de la santé au travail
Nous en étions restés en juillet 2019 à un constat de désaccord entre partenaires sociaux lors de la dernière réunion de clôture des travaux du Groupe permanent d'orientation (GPO) du Conseil d'orientation des conditions de travail (Coct). Il y avait une impossibilité d'entente entre les organisations syndicales et les organisations patronales. Ces dernières émettant des lignes rouges sur des points importants. Les refus absolus du patronat concernaient principalement le financement de la santé au travail et, en particulier, un quelconque recueil des cotisations des adhérents des SSTI par l'Urssaf, la mise en place de structures régionales qui aboutissaient à la disparition des services de santé au travail et la mise en cause du contrôle des employeurs sur ces services.
Selon Liaisons sociales quotidien du 4 octobre 2019, les partenaires sociaux ont tenu, au sein du GPO, une réunion, le 27 septembre 2019. Ils ont acté que le gouvernement avait d'importantes réformes en chantier, ce qui pouvait laisser du temps pour continuer à discuter de la santé au travail, alors que l'on est toujours en attente du rapport, que Mme lecocq devrait rendre très prochainement, sur la santé au travail dans la fonction publique (pour laquelle un décret est en cours d'élaboration), et du rapport de MM. Expert, Lanouzière et Seiller.
Ainsi, les partenaires sociaux ont donc décidé de continuer à discuter de la réforme de la santé au travail mais au niveau des confédérations et plus au niveau du Coct.
Récemment, un nouveau rapport a été publié, sénatorial cette fois, qui fait de nombreuses propositions… mais part des refus du patronat ! Ses propositions sont résumées ci-dessous.
L'Inspection des affaires sociales (Igas) doit rédiger, par auto-saisine, un rapport sur le fonctionnement des services de santé au travail qui devrait être rendu dans les 5 mois. Vous trouverez en pièce jointe la lettre de mission de la cheffe de l'Igas du 22 juillet 2019 dans laquelle elle écrit au sujet des services de santé au travail interentreprises (SSTI) que " leur fonctionnement et leur activité suscitent des interrogations et appellent une évaluation précise de leur situation et de la mise en œuvre des missions que leur a confiées la loi, quelles que soient les mesures adoptées dans le cadre de la réforme de la politique de santé au travail en cours de préparation. "
Les membres de l'Igas chargés de cette mission devront examiner et apprécier les points suivants :
ü " l'accomplissement des missions confiées aux SSTI par la loi ;
ü la mise en œuvre des modalités d'intervention prévues par la loi, notamment la pluridisciplinarité rendue obligatoire par la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 ;
ü l'usage des ressources mobilisées via les contributions obligatoires des entreprises adhérentes, plus précisément leur conformité aux finalités pour lesquelles ces contributions ont été légalement imposées et aux règles de partage prévues entre les entreprises adhérentes  ;
ü la pertinence et l'usage des concours publics apportés aux SSTI ;
ü in fine, le service rendu aux salariés et aux employeurs des entreprises adhérentes et la contribution apportée au déploiement d'une politique de promotion de la santé au travail. "

·     Rapport d'information sur la santé au travail (Sénat)
Au nom de la commission des affaires sociales du Sénat, un rapport a été réalisé par Mme Pascale Gruny et M. Stéphane Artano sur la santé au travail. Il a été enregistré à la présidence du Sénat le 2 octobre 2019 et est intitulé " Pour un service universel de santé au travail ".
Vous pourrez y accéder en pièce jointe et sur le site du Sénat à l'adresse figurant en fin de commentaire.
Introduction
Ce rapport, dans les suites du rapport de Mme Lecocq publié en août 2018, est justifié par plusieurs raisons.
Malgré une certaine stabilisation de la sinistralité au travail, le coût des accidents de travail, de trajet et des maladies professionnelles est particulièrement élevé en France – 12 milliards d'euros -et pèse sur les performances de l'économie.
Des réformes de la santé au travail ont été menées en 2011 et 2016 pour pallier le manque de médecins du travail mais elles ne sont pas intéressées à la gouvernance, aux modalités de financement et au contenu des missions [NDR – Sur ce dernier point, je ne suis pas d'accord car des missions ont été attribuées aux services de santé au travail (SST) dont celles de la prévention de la pénibilité et de la désinsertion, article L. 4622-2 modifié par la loi du 20 juillet 2011].
Les rapporteurs reviennent sur le rapport remis par Mme Lecocq et MM. Dupuis et Forest en indiquant que celui-ci a proposé un schéma de la gouvernance et de fonctionnement de la santé au travail aux niveau national et régional qui représentait une simplification par rapport à la complexité de ce qui existe actuellement.
Cependant, ce schéma n'a pas réussi à faire consensus auprès des partenaires sociaux au sein du Coct (voir ci-dessus) avec la dénonciation par les organisations syndicales des trois lignes rouges énoncées par les employeurs : " le refus d’une gouvernance paritaire des services de santé au travail interentreprises (SSTI) et le maintien de la présidence de leurs conseils d’administration par les employeurs, le refus d’une cotisation unique prélevée par les unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales (Urssaf) et le souhait d’une distinction des activités de contrôle et de conseil. "
[NDR – Si j'étais mauvaise langue, je dirais que le rapport vise à envisager des solutions de réforme sans franchir ces lignes rouges. Le lobbying a bien fonctionné. Pourtant, la lecture d'un article récent de Santé & Travail sur le fonctionnement d'un service de santé au travail d'Ile de France ne pourrait qu'inciter à modifier profondément la gouvernance et ne pas la laisser entre les mains des employeurs – voir en pièce jointe].
Pour les auteurs du rapport, la santé au travail s'appuie trop sur le ministère du travail et pas assez sur le ministère de la santé et sur l'expertise des agences sanitaires nationales. Le ministère de la santé ne pèse donc pas assez pour rééquilibrer le système vers la prévention plutôt que vers la réparation.
D'autant plus que l'on peut constater une évolution des risques qui pourront avoir un effet sur la santé de la population (exposition aux produits phytosanitaires, aux nuisances sonores, ou la montée des risques psychosociaux).
Les rapporteurs constatent aussi que le système de santé au travail actuel est très inégalitaire car :
ü certaines catégories de salariés, pourtant fortement exposées, sont quasiment exclues comme les travailleurs intérimaires et ceux des entreprises sous-traitantes ainsi que les travailleurs non-salariés comme les commerçants, les artisans, les travailleurs indépendants et les chefs d'entreprises ;
ü les plus bénéficiaires de la santé au travail sont les entreprises qui disposent des moyens les plus importants.
Comme le rapport de la mission sur la santé au travail menée par Mme Lecocq, ce rapport souligne que la perception de la santé au travail est problématique pour les employeurs qui considèrent le système ineffectif.
De plus, la santé au travail est très orientée vers la prise en compte des risques industriels alors que le monde du travail a beaucoup évolué et qu'il y a une psychologisation progressive des problèmes de santé au travail, souvent liée à l'organisation du travail.
Ce rapport émet 43 propositions que nous allons passer en revue.
Les propositions du rapport
Premier axe - Améliorer la cohérence et la lisibilité de la gouvernance de la santé au travail
Renforcer le pilotage national de la santé au travail
Proposition n° 1 : Créer une agence nationale de la santé au travail chargée d’harmoniser les activités et les pratiques des SST en établissant un référentiel de certification de ces derniers.
Comme les auteurs du rapport sur la réforme de la santé au travail mené par Mme Lecocq, les auteurs du présent rapport considèrent qu'il y a un manque de lisibilité important du système de santé au travail actuel avec une multiplicité d'intervenant dans le champ de la santé au travail. Ce qui crée des confusions au niveau des entreprises, en particulier pour les TPE/PME.
Les auteurs du rapport déplorent l'absence de pilotage national fort des services de santé au travail capable de garantir des prestations de qualité sur tout le territoire et pour l'ensemble des entreprises, quel que soit leur effectif.
Il y a une carence d'harmonisation des pratiques des SST, telle qu'elle existe à travers la certification des établissements hospitaliers, sociaux ou médico-sociaux. Les rapporteurs regrettent que les SST ne fassent pas l'objet d'une certification de la qualité de leurs activités et prestations et considèrent qu'il existe des faiblesses dans la politique d'agrément des SST.
Les Direccte et, en particulier, l'inspection médicale du travail, ne disposent pas des moyens nécessaires afin de garantir le respect des exigences réglementaires prévues dans les agréments.
Aussi, les auteurs du rapport considèrent qu'il est indispensable de créer une agence nationale de la santé au travail à laquelle seraient confiées les missions suivantes :
" - harmoniser les pratiques des SST ;
 - établir un référentiel de certification des SST, en lien avec les agences sanitaires telles que l’ANSES, Santé publique France et la Haute Autorité de santé (HAS) ;
 - accréditer les organismes chargés de certifier les SST, comme le fait déjà la HAS pour l’accréditation des organismes de certification des établissements sociaux et médico-sociaux ;
 - élaborer des recommandations de bonne pratique en direction des SST et des professionnels de la santé au travail, sur le modèle des recommandations diffusées par la HAS auprès des établissements hospitaliers, sociaux et médico-sociaux ;
 - fournir aux SST un large éventail d’outils d’intervention en matière de prévention des risques professionnels (documents supports, formations…) ;
 - relayer auprès de l’ensemble des acteurs de la santé au travail les recommandations émises par les agences sanitaires et d’expertise scientifique, notamment en matière d’exposition aux substances toxiques ;
- garantir l’interopérabilité des bases de données de santé au travail, en favorisant l’utilisation d’un seul et même système d’information dans tous les SST, afin de faciliter le recueil et le traitement de données médico-professionnelles, en lien avec l’agence nationale des systèmes d’information partagés de santé (ASIP Santé), groupement d’intérêt public chargé d’assurer l’interopérabilité de l’ensemble des systèmes d’information et services et outils numériques en santé ;
 - faire remonter aux agences sanitaires et d’expertise scientifique les données recueillies par les SST, notamment les données d’exposition, afin de développer la recherche en santé au travail dans une optique de santé publique. "
Cette agence nationale serait le fruit de la fusion de l'Anact, de l'Inrs et d'Eurogip. [NDR – Cet organisme apparaît comme un outil technique mais il manque la "direction politique" pour l'orientation de la santé au travail qui était envisagée dans le rapport de la mission sur la réforme de la santé au travail publié l'an dernier].
En revanche, les auteurs du rapport sénatorial sont en désaccord avec la mise en place d'agences régionales de santé au travail sans lien avec les employeurs qui pourrait conduire à une baisse de leur implication. De plus, ces agences régionales devraient absorber les moyens dont disposent aujourd'hui les services de santé au travail interentreprises (SSTI) et le transfert de leur patrimoine foncier et de leurs installations, suite à leur dissolution, pourrait poser des difficultés juridiques importantes.
" Vos rapporteurs partagent donc la forte opposition que suscite parmi les SSTI comme parmi les organisations patronales cet aspect du rapport Lecocq. "
Proposition n° 2 : Instituer une procédure de certification des SST définie par l’agence nationale de la santé au travail qui accréditera les organismes habilités à procéder à cette certification. Conforter le réseau territorial de la santé au travail
Il s'agit, pour cette procédure de certification, gérée par l'agence nationale de santé au travail, de se baser sur le modèle de celle mise en œuvre par la HAS pour les établissements et services du secteur médico-social et social. La certification permettrait d'évaluer la qualité des prestations délivrées par le SST selon un référentiel de certification à établir.
Les résultats de cette certification seront communiqués à l'agence nationale ainsi qu'à la Direccte et à la Carsat appelées à contractualiser avec le SST pour le contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens (Cpom).
Les rapporteurs recommandent la mise en œuvre de ce dispositif avant la mise en œuvre du 4e PST, soit au plus tard fin 2020.
Cette certification est censée assurer la transparence financière du fonctionnement des SST car elle devrait intégrer un audit financier
Proposition n° 3 : Rassembler les Carsat et les Aract au sein de caisses régionales de la santé au travail et en faire le relais territorial de l’agence nationale de la santé au travail dans le conseil et l’accompagnement des SST.
Comme nous l'avons déjà dit, les rapporteurs de ce rapport ne sont pas favorables à la mise en place d'un guichet unique régional regroupant les SST et la branche prévention des Carsat.
Leur proposition consiste en un regroupement de la partie santé au travail des Carsat – la partie retraite devenant indépendante – et les Agences régionales d'amélioration des conditions de travail (Aract) dans un même organisme, qui serait chargé d'accompagner les SSTI et les SSTA (les services interentreprises et autonomes), la caisse régionale de santé au travail.
Cet organisme aurait en charge les missions de réparation, de tarification et de prévention assumées actuellement par les Carsat.
Cette solution permettrait de capitaliser sur l'expertise accumulée par les Carsat et les Aract en termes de prévention des risques professionnels. Les Aract étant particulièrement spécialisées dans le domaine des nouveaux risques professionnels liés à l'organisation du travail et d'amélioration des relations professionnelles au sein de l'entreprise.
Les caisses régionales de santé au travail pourront ainsi bénéficier de l'identification des entreprises présentant la plus forte sinistralité et orienter l'action des SST vers ces entreprises
Proposition n° 4 : Engager, pour les branches professionnelles présentant un taux de sinistralité important, une négociation pour la création, d’ici fin 2020, d’organismes nationaux de prévention de branche. Renforcer la cohérence des outils stratégiques et contractuels en santé au travail
Pour les auteurs du rapport, l'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) ne devrait pas être remis en cause car il a une action efficace et il ne devrait pas être fondu dans le guichet unique comme le préconisait le rapport de la mission sur la médecine du travail menée par Mme Lecocq. Les 13 agences régionales de l'OPPBTP qui assurent des missions exclusives de prévention devraient aussi faire l'objet d'une certification.
Au contraire, les rapporteurs préconisent que d'autres branches d'activité dans lesquelles on retrouve une forte sinistralité (par exemple, hébergement médico-social, transport et entreposage, restauration et hôtellerie) devraient engager des négociations pour la constitution d'un organisme national sur le modèle de l'OPPBTP.
Proposition n° 5 : Aligner la temporalité de la certification et des CPOM des SST sur celle du prochain PST.
La discordance actuelle de temporalités entre le PST et la convention d'objectif et de gestion (COG) de la branche accidents du travail et maladies professionnelles de même qu'avec la délivrance des agréments et la contractualisation des Cpom ne favorise pas la mise en cohérence des actions conduites par les différents acteurs du secteur de la prévention.
D'où cette préconisation.
Proposition n° 6 : Confier à l’agence nationale de la santé au travail le soin d’élaborer une trame nationale des CPOM avec un socle commun d’indicateurs nationaux obligatoires.
Proposition n° 7 : Permettre une prise en compte dans les CPOM des particularités des bassins d’emploi au moyen d’indicateurs complémentaires déclinés, le cas échéant, par branches professionnelles et/ou catégories de travailleurs
Afin d'harmoniser les Cpom, la future agence nationale de santé au travail devrait élaborer une trame nationale des Cpom qui devrait recueillir l'avis et bénéficier de l'expertise des agences sanitaires et des partenaires sociaux réunis dans le Coct.
Cette trame devrait proposer à l'ensemble des SST un socle commun d'indicateurs nationaux obligatoires afin d'homogénéiser la mise en œuvre d'un certain nombre de prestations incontournables dans la prise en compte de problématiques particulières.
Cette trame nationale pourra être déclinée régionalement en fonction des besoins des bassins d'emploi à l'aide d'indicateurs spécifiques pour certaines branches d'activité ou certaines catégories de travailleurs.
Proposition n° 8 : Définir dans les conventions de partenariat entre les caisses régionales de la santé au travail et les SST un protocole d’intervention graduée dans la prévention de risques professionnels prioritaires. Favoriser les innovations en santé au travail
Les Cpom devraient être mis à profit afin de coordonner efficacement l'action des SST et des organismes de Sécurité sociale à travers des conventions annexées au Cpom au titre de l'article L. 422-6 du Code de la Sécurité sociale qui n'ont pas, jusqu'à présent, permis la mise en cohérence des actions respectives.
Ces conventions devraient être l'occasion d'établir un protocole d'intervention graduée entre le SST et la caisse régionale de Sécurité sociale selon le schéma suivant :
" • 1ère étape : analyse de la sinistralité par la caisse régionale de la santé au travail pour l’identification des entreprises nécessitant des actions prioritaires et transmission de l’information aux SST concernés ;
• 2e étape : diagnostic partagé entre l’employeur, les instances représentatives du personnel et le SST pour identifier le contexte et les causes du risque professionnel accru ;
• 3e étape : élaboration d’un plan d’action par le SST et l’entreprise, comprenant des actions de correction ou de prévention, le cas échéant avec le soutien de la caisse régionale de la santé au travail (via, par exemple, le dispositif des aides financières simplifiées ou des contrats de prévention pour l’acquisition d’équipements ou la mise en place d’un programme de formations) ;
• 4e étape : définition d’un rythme de contrôles périodiques par la caisse régionale de la santé au travail afin de vérifier la mise en place du plan d’action ;
• 5e étape : uniquement en dernier ressort, déclenchement de mesures d’injonction ou correctives par la caisse régionale de la santé au travail (mise en demeure, injonction, pénalités financières, arrêt de l’activité…). "
Un tel protocole d’intervention graduée établira la répartition des responsabilités entre la caisse régionale et le SST
Proposition n° 9 : Instituer un dispositif d’expérimentations en santé au travail analogue aux expérimentations de l’article 51 de la LFSS pour 2018, financé par une enveloppe dédiée au sein du FNPAT et une partie des crédits du programme 111 de la mission « Travail et emploi ».
Ce dispositif d'innovation pourrait par exemple permettre des expérimentations dans les domaines suivants :
ü la prévention de la désinsertion professionnelle dans l'accompagnement des salariés à la suite d'un arrêt de travail de longue durée ;
ü le suivi médical de certaines catégories de travailleurs tels que les travailleurs indépendants et les salariés des entreprises de sous-traitance ;
ü la délégation de tâches au sein de l'équipe pluridisciplinaire de santé au travail ;
ü la mutualisation de la ressource médicale et la collaboration entre SSTI et SSTA ;
ü l'amélioration de la qualité de vie au travail.
Deuxième axe – Garantir un service universel de la santé au travail
Proposition n° 10 : Développer des coopérations entre les employeurs publics et l’OPPBTP pour le suivi des agents intervenant sur des chantiers.
Les auteurs du rapport ne sont pas favorables à la mise en cause du système de médecine préventive dans les fonctions publique [NDR – Et pourtant, il y aurait de quoi l'envisager car il est globalement assez peu efficace, notamment en termes de suivi médical des agents. Mais nous verrons ce qu'en dit Mme Lecocq dans son rapport sur la santé au travail dans la fonction publique qui devrait être remis prochainement].
Les rapports considèrent néanmoins qu'il serait pertinent, pour les fonctionnaires et les contractuels travaillant sur des chantiers, que des collaborations soient développées entre les services de médecine préventive et l'OPPBTP.
Proposition n° 11 : Intégrer les chefs d’entreprise dans l’effectif suivi par le SST d’une entreprise, sans majoration de la cotisation versée.
Les auteurs du rapport souhaitent que les chefs d'entreprise puissent bénéficier, à titre gracieux, de la surveillance médicale de leurs salariés, ce qui est justifié dans les petites entreprises car ils sont exposés aux mêmes risques que leurs salariés. Ceci de façon non obligatoire.
Proposition n° 12 : Prévoir un rattachement obligatoire des travailleurs non-salariés qui n’ont pas de salarié au SST de leur choix moyennant une cotisation individuelle.
De plus en plus de travailleurs ne sont pas salariés et ne sont pas suivis par la médecine et la santé au travail alors qu'ils sont exposés à des risques professionnels.
L'idée est donc qu'ils puissent être rattachés à un SST avec des modalités financières qui seraient à déterminer avec les représentants des travailleurs non-salariés.
Proposition n° 13 : Attribuer par convention le suivi de l’ensemble des intérimaires d’une branche au sein d’un même bassin d’emploi à un SSTI identifié à cet effet.
C'est une proposition de plus pour tenter d'améliorer le suivi des intérimaires mais étant donné que ceux-ci peuvent travailler, en particulier pour certains métiers avec de forts risques professionnels, dans toute la France, il apparaît difficile que cela soit mis en œuvre.
Proposition n° 14 : Intégrer les salariés de sous-traitants, intervenant au sein d’une entreprise pendant une période minimale déterminée par voie réglementaire, dans les effectifs suivis par le SST de l’entreprise utilisatrice.
Afin d'améliorer le suivi des sous-traitants au sein d'une même entreprise, les rapporteurs préconisent que leurs salariés intervenant pour une période minimale de deux mois au sein d'un établissement soient suivis par le SST de l'entreprise utilisatrice, éventuellement le SSTA. Ceci permettrait à l'entreprise utilisatrice de prendre en compte l'ensemble des travailleurs qui interviennent dans ses locaux en termes de prévention des risques.
Troisième axe – Renforcer les moyens humains et financier de la santé au travail
Dynamiser le financement des services de santé au travail
Proposition n° 15 : Demander aux SST de transmettre aux Direccte les informations relatives aux montants collectés auprès des entreprises afin de permettre une consolidation au niveau national et une visibilité sur les flux financiers en cause.
Comme on l'a compris les auteurs de ce rapport ne sont pas favorables à ce que les cotisations des adhérents aux SSTI pour la santé au travail soient récupérées par les Urssaf mais se rendent compte qu'il y a tout de même une problématique du financement des SSTI.
Les rapporteurs préconisent donc que, dans le cadre de la certification des SSTI, il serait pertinent que des informations relatives aux montants des cotisations collectées soient communiquées aux Direccte. Une consolidation nationale devrait être faite à partir de ces données.
Proposition n° 16 : Permettre aux SSTI de fixer leur cotisation en tenant compte d’autres critères que le seul nombre de salariés, dans un cadre défini par le CPOM.
Les rapporteurs rappellent que le Code du travail (article L. 4622-6) prévoit une cotisation per capita et que la Cour des comptes a demandé soit d'aménager le Code du travail pour permettre une tarification en fonction de la masse salariale, soit que les SSTI qui pratiquent cela soient sanctionnés. La Cour de cassation a aussi eu l'occasion de trancher sur ce sujet.
Les auteurs du rapport considèrent qu'il serait pertinent de laisser aux SSTI une certaine latitude pour déterminer les modalités de calcul de la cotisation, ce qui nécessite une évolution législative. En outre, les rapporteurs proposent, pour encadrer cette latitude, que des montants plancher et plafond par salarié soient fixés dans le Cpom.
Proposition n° 17 : Faire bénéficier les SSTI de financements publics provenant du FNPAT et du budget de l’État pour le financement de projets ciblés.
Cette proposition a pour but de faciliter la capacité d'intervention des SSTI au bénéfice des petites entreprises en leur donnant accès à des fonds publics. En particulier, des ressources issues du Fonds national de prévention des accidents du travail (FNPAT). Ils pourraient aussi bénéficier de crédits du programme 111 de la mission Travail et emploi d'un montant de 24 millions d'euros destinés en 2019 à la santé et la sécurité au travail.
Proposition n° 18 : Autoriser les Carsat à financer directement et intégralement des dispositifs de prévention pour les TPE et, en contrepartie, renforcer la périodicité des contrôles effectués par les Carsat sur les entreprises concernées. Relever le défi de la démographie médicale Renforcer l’attractivité de la médecine du travail
Les aides financières simplifiées destinées aux petites entreprises nécessitent tout de même un investissement financier de leur part pour la mise en œuvre de moyens de prévention. Aussi, les auteurs du rapport préconisent, pour les entreprises ne disposant pas de la trésorerie nécessaire, une prise en charge totale de l'investissement. Ceci devrait être prévu dans la COG. Les entreprises bénéficiaires, en contrepartie, pourraient faire l'objet de contrôles renforcés de la part de la caisse régionale de santé au travail.
Renforcer l'attractivité de la médecine du travail
Proposition n° 19 : Autoriser les étudiants du deuxième cycle des études médicales à effectuer une partie de leur stage obligatoire de médecine générale en alternance entre un cabinet de médecine générale et un SST.
Afin de renforcer l'attractivité de la médecine du travail pour les étudiants, qui a fait l'objet, en 2017, d'un rapport de l'Igas-Igaenr dont peu des propositions ont été mises en œuvre, les auteurs du rapport préconisent que les SST puissent accueillir des étudiants de 2e cycle des études médicales.
Proposition n° 20 : Autoriser les médecins du travail à prescrire dans le cadre strict de l’exercice d’une spécialité complémentaire transversale étroitement liée à la prévention (allergologie, addictologie, nutrition, médecine du sport…). Expérimenter pour répondre en urgence aux besoins de zones sous-dotées en médecins du travail
Cette proposition est censée améliorer l'attractivité de la médecine du travail. La demande a été formulée par l'Association des internes en médecine du travail.
Proposition n° 21 : Autoriser, dans des zones sous-dotées en médecins du travail, la signature d’un protocole de collaboration entre le SST et des médecins non spécialisés en médecine du travail pour assurer le suivi médical de travailleurs. Renforcer la pluridisciplinarité des équipes de santé au travail
Encore cette idée que les autres spécialités de médecine, dont les médecins généralistes, pourraient se substituer aux médecins du travail. Ceci alors que ces médecins sont aussi en sous-effectif et qu'il faut parfois plusieurs jours pour obtenir un rendez-vous avec un médecin généraliste.
Une expérimentation du suivi des apprentis par des médecins traitants est en cours, on verra ce que cela donnera.
Ceci pourrait se faire, dans des zones sous-dotées en médecins du travail par la mise en place de conventions entre la Direccte et les SSTI pour le suivi des salariés par des médecins qui auraient signé des protocoles de collaboration avec les SSTI et présenteraient des garanties en termes de formation à la prévention des risques professionnels.
Proposition n° 22 : Élargir le champ de l’exercice infirmier en pratique avancée au diagnostic de certains risques professionnels.
Pour permettre une intervention plus importante des infirmiers en santé au travail, les auteurs du rapport préconisent que les infirmiers en pratique avancée pourraient développer une expertise spécifique dans le diagnostic de certains risques professionnels dont la prévention est identifiée comme prioritaire (TMS, troubles auditifs et problèmes respiratoires par exemple).
A l'heure actuelle, la pratique avancée des infirmiers est limités à trois champs : les pathologies chroniques stabilisées, l'oncologie, la maladie rénale chronique, la dialyse et la transplantation rénale.
Proposition n° 23 : Autoriser la mise à disposition par l’agence nationale de la santé au travail et par les caisses régionales de la santé au travail au bénéfice des SST de moyens humains et financiers pour la réalisation d’actions de prévention au sein des entreprises. Rééquilibrer l’accès à la ressource médicale entre les SSTI et les SSTA
L'objectif de cette proposition est de permettre aux SST de s'investir pleinement dans une démarche pro-active d'accompagnement des entreprises, en particulier des TPE/PME. A cet effet, les SST pourraient bénéficier de l'aide de personnes ressources ayant une bonne expérience de la prévention.
Il en est ainsi des ressources de l'OPPBTP, de l'Inrs et des Aract.
Proposition n° 24 : Prévoir, dans les conditions de certification des SSTA dans les zones où des écarts importants d’accès à la ressource médicale sont observés entre SSTA et SSTI, une mutualisation obligatoire du temps médical entre SSTA et SSTI, avec mise à disposition partielle du médecin du travail par les SSTA au profit des SSTI.
La DGT a fait part aux rapporteurs du Sénat qu'il y avait un déséquilibre entre les effectifs suivis par les médecins des SSTA et des SSTI.
Aussi, à la différence du rapport sur la réforme de la médecine du travail mené par Mme Lecocq, qui préconisait une participation financières des entreprises avec SSTA, le présent rapport préconise une mutualisation des médecins. La certification des SSTA devrait prévoir que du temps médical soit mis à disposition des SSTI par les SSTA.
Quatrième axe – Ancrer la santé au travail dans le parcours de soins
Faire de la médecine du travail un levier de la prévention primaire
Proposition n° 25 : Charger les SST d’accompagner les entreprises dans l’élaboration de dossiers de candidature aux aides financières simplifiées ou aux contrats de prévention.
Les TPE/PME sont souvent ignorantes des possibilités de financement de la prévention par des aides financières. Les SSTI devraient donc jouer un rôle actif dans l'information et l'aide à l'élaboration des demandes de financement de la prévention.
Pratiquement, les caisses régionales de santé au travail confieraient aux services de santé au travail les premières étapes d'élaboration et d'instruction du dossier pour l'obtention des aides financières simplifiées.
La décision finale d'attribution restera du ressort de la caisse régionale de santé au travail. En cas d'attribution de l'aide, le SSTI devra veiller à sa mise en œuvre.
Proposition n° 26 : Imposer une rédaction commune du DUERP entre l’employeur, les représentants du personnel et le SST.
Proposition n° 27 : Rendre obligatoire la réalisation par le SST d’actions en milieu de travail au sein de toutes les entreprises de moins de dix salariés.
Les auteurs du rapport constatent que le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP) obligatoire depuis 2002 est finalement incomplètement mis en œuvre dans les entreprises. En 2013, plus de 50% des entreprises de moins de 50 salariés ne disposaient pas d'un DUERP récent contre moins de 10% des entreprises de 500 salariés et plus.
Or les rapporteurs sont convaincus que le DUERP doit s'imposer comme le document stratégique permettant de recenser les risques professionnels et démontrer l'implication de l'employeur dans la mise en œuvre de son obligation de sécurité.
Pour les auteurs du rapport, ce document devrait être rédigé conjointement par l'employeur, les représentants du personnel et le SST.
Le recensement de l'ensemble des risques devrait incomber au SST et il devra proposer des outils de nature à protéger les salariés et d'accompagner l'entreprise dans la collecte des données collectives et individuelles d'exposition.
" Le DUERP deviendra ainsi un document stratégique contractuel définissant non seulement les engagements de l’employeur mais également ceux du SST dans le déploiement de la stratégie de prévention de l’entreprise : il précisera ainsi les actions en milieu de travail qui devront obligatoirement être conduites par le SST, de même que, par exemple, l’assistance que ce dernier fournira dans l’élaboration des dossiers de demandes d’aides financières simplifiées ou de contrats de prévention. Il convient, en particulier, de rendre obligatoire la réalisation par le SST d’actions en milieu de travail au sein de toutes les entreprises de moins de dix salariés qui requièrent un accompagnement de proximité. "
Décloisonner la médecine du travail et la médecine de ville
Proposition n° 28 : Imposer aux SST de passer des conventions de partenariat avec les CHU disposant de CCPP [centre de consultations de pathologies professionnelles] et les agences sanitaires impliquées dans le RNV3P afin de déployer une politique de prévention primaire au sein des entreprises et de mieux détecter les maladies d’origine professionnelle.
L'objectif est de capitaliser avec les CHU et les agences sanitaires, dans le cadre de conventions, sur les connaissances scientifiques afin de déployer une réelle politique de prévention primaire au sein des entreprises et aussi de mieux détecter les maladies professionnelles.
Proposition n° 29 : Autoriser l’accès, partiel ou total, du médecin du travail au DMP sous réserve du consentement explicite du travailleur.
Cette proposition vise à améliorer la communication entre les médecins traitants et les médecins du travail pour un meilleur suivi des salariés.
La loi du 24 juillet 2019, article 51, prévoit, à partir du 1er juillet 2021, que les médecins du travail puissent enrichir le dossier médical partagé (DMP) informatique des patients/salariés mais en revanche, ils ne peuvent en consulter les données.
Les auteurs préconisent que les patients puissent autoriser l'accès partiel ou total de leur DMP au médecin du travail et décider de la nature des informations de leur parcours de santé qu'ils souhaitent porter à sa connaissance. Ceci pourrait permettre une meilleure anticipation des aménagements nécessaires au maintien en emploi.
Proposition n° 30 : Autoriser, avec le consentement du patient, des téléconsultations entre le médecin du travail et le médecin traitant.
Une proposition concourant aussi à fluidifier les relations entre le médecin traitant et le médecin du travail.
Rénover le système de reconnaissance des maladies professionnelles
Les auteurs indiquent que la problématique des maladies professionnelles n'est pas leur sous-reconnaissance [NDR – Et pourtant celle-ci est réelle !] mais leur sous-déclaration Ainsi, selon les données des quinzaines des maladies à caractère professionnel, entre 50% et 75% des TMS qui rentrent dans le cadre d'un tableau des maladies professionnelles ne seraient pas déclarées.
Cette sous-déclaration pourrait être le fait de tentatives de dissimulation des employeurs en vue d'éviter une augmentation de leurs cotisations AT/MP mais aussi de l'insuffisance de sensibilisation des médecins traitants et hospitaliers aux pathologies en lien avec des expositions professionnelles.
La mise à jour des tableaux des maladies professionnelles est très lente puisque reposant sur une négociation entre partenaires sociaux avec des intérêts contradictoires.
Une rationalisation a été entreprise en termes d'évolution des tableaux des maladies professionnelles en confiant à l'ANSES l'étude scientifique de la reconnaissance d'une pathologie. Les partenaires sociaux auraient alors le rôle d'inscrire ou non la pathologie dans un tableau.
Proposition n° 31 : Instituer, pour certaines pathologies multifactorielles déterminées par décret, un système de pourcentage de risque attribuable à l’environnement professionnel.
Le but de cette proposition est d'inscrire dans la loi le possibilité, pour certaines pathologies multifactorielles déterminées par décret, d'instituer un système de pourcentage de risque attribuable pour tenir compte de facteurs non-professionnels dans la survenue de pathologies professionnelles.
Pour les auteurs, la prise en compte de la fraction attribuable serait susceptible de lutter contre la sous-déclaration des maladies professionnelles.
Améliorer la prévention des risques psychosociaux et les conditions de leur reconnaissance comme maladies d’origine professionnelle
Proposition n° 32 : Accorder une ristourne sur le taux de cotisation AT-MP aux entreprises ayant permis la formation d’au moins 50 % de leur effectif à la prévention et à la gestion des RPS dans un délai déterminé par la caisse régionale de la santé au travail.
Actuellement, la formation et l'information sur les risques psychosociaux (RPS) est plutôt réservée aux ressources humaines et aux managers.
Les rapporteurs proposent qu'un système incitatif soit mis en place par la Cnam et les Carsat/Aract afin d'encourager les employeurs à former l'ensemble de leurs salariés sur les RPS. L'incitation pourrait donc consister en une ristourne sur le taux de cotisation AT/MP pour les entreprises qui auraient formé au moins 50% de leur effectif à la prévention et à la gestion des risques psychosociaux dans un délai déterminé par la caisse régionale de santé au travail, après avis du SST.
Proposition n° 33 : Déployer, sous l’égide de l’agence nationale de la santé au travail, un plan de formation national à destination des encadrants, des salariés et des personnels de l’inspection du travail à la prévention des RPS et à l’évaluation de l’impact de l’organisation du travail sur l’état de santé des salariés.
Proposition n° 34 : Rendre obligatoire la présence dans tous les SST d’un psychologue du travail au sein de l’équipe pluridisciplinaire ou le conventionnement du SST avec une structure disposant de psychologues et de spécialistes de la prévention et de la gestion des RPS.
Proposition n° 35 : Renforcer la collaboration entre l’équipe pluridisciplinaire des SST et les services sociaux du travail en matière d’amélioration de la qualité de vie au travail.
Les trois propositions ci-dessus vont dans le sens de la prévention primaire des risques psychosociaux et d'amélioration de la qualité de vie au travail.
Proposition n° 36 : Charger les SST de conduire une évaluation triennale de la qualité de vie au travail dans chaque entreprise adhérente débouchant, le cas échant, sur un plan d’action dans ce domaine examiné et validé par le CSE ou les autres instances de consultation du personnel. Développer la prévention de la désinsertion professionnelle Mieux anticiper les risques d’éloignement de l’emploi
L'accord national interprofessionnel (ANI) sur la qualité de vie au travail, signé le 19 juin 2013, vise une approche systémique de la qualité de vie au travail comme facteur de bien-être et de santé des travailleurs en engageant à un dialogue social renforcé sur cet enjeu.
Les auteurs du rapport citent les propos de la CFDT durant les auditions, laquelle " rappelle que la qualité de vie au travail est envisagée dans l’ANI de 2013 sous les angles des relations de travail, de la qualité du contenu du travail, de la qualité du dialogue social, de la qualité de l’environnement physique de travail et de la conciliation de la vie personnelle et de la vie professionnelle. Pour autant, elle reste, selon la CFDT, encore trop peu examinée à la lumière des enjeux d’organisation du travail. "
Cette évaluation triennale de la qualité de vie au travail devrait déboucher sur la co-construction entre l'employeur, les représentants du personnel et le SST d'un plan d'action en faveur de l'amélioration de la qualité de vie au travail qui devra être validé par le CSE pour les entreprises d'au moins 50 salariés ou les autres instances pour celles ne disposant pas d'un CSE.
Mettre l'accent sur la prévention de la désinsertion professionnelle
Proposition n° 37 : Demander à la CNAM de fournir à chaque entreprise les données relatives à l’absentéisme de ses salariés pour raisons de santé en comparaison avec les autres entreprises de sa branche.
Les employeurs ne sont pas forcément responsables des problèmes de santé qui conduisent à l'absentéisme. Cependant un absentéisme plus important au sein d'une entreprise peut être en relation avec des facteurs sur lesquels il est possible d'agir.
Les auteurs du rapport reprennent donc, ci-dessus,  la proposition qui avait été formulée par MM. Bérard, Oustric et Seiller dans leur rapport sur les arrêts de travail.
Proposition n° 38 : Prévoir une obligation pour l’employeur de signaler au médecin du travail les absences répétées ou prolongées d’un de ses salariés pour raison de santé. Renforcer la collaboration entre médecine du travail et médecine de ville
Comme le recommande la HAS dans sa recommandation sur la prévention de la désinsertion professionnelle, il serait souhaitable que l'employeur informe le médecin du travail ou le SST en cas d'absence prolongée ou répétée d'un salarié. Ceci pourrait permettre l'intervention du médecin du travail auprès du salarié et envisager des mesures d'aménagement de poste susceptibles de favoriser le retour au travail.
Cette mesure devrait être fixée par voie réglementaire sans être assortie de sanction.
Proposition n° 39 : Associer le médecin du travail à l’élaboration du protocole de soins en ce qui concerne les éléments favorisant le retour au travail. Mieux prévenir l’inaptitude
L'article L. 324-1 du Code de la Sécurité sociale prévoit que toute personne en arrêt de travail au-delà de 6 mois doit bénéficier d'un protocole de soins élaboré par le médecin traitant.  Il serait pertinent, pour les auteurs du rapport, que ce protocole soit construit en collaboration avec le médecin du travail. Ce protocole prévoit que le patient doit " accomplir les exercices ou les travaux prescrits en vue de favoriser sa rééducation ou son reclassement professionnel. "
Proposition n° 40 : Rendre la visite de pré-reprise obligatoire dans un délai de trois mois à compter de l’arrêt et prévoir que cette visite doit permettre l’élaboration d’un plan de retour au travail.
Les arrêts de travail de longue durée représentent un facteur important de désinsertion professionnelle. La visite de pré-reprise peut permettre de faciliter la reprise du travail en prévoyant des aménagements du poste de travail. Or, cette visite est encore insuffisamment organisée et, parfois, lorsqu'elle l'est, c'est seulement quelques jours avant la reprise du travail. C'est pour ces raisons que les auteurs du rapport préconisent d'organiser une visite de pré-reprise assez tôt durant l'arrêt maladie.
Proposition n° 41 : Inciter les SSTI, dans le cadre des CPOM, à organiser en leur sein une structure dédiée au maintien dans l’emploi.
Il s'agit d'une recommandation de la HAS.
Proposition n° 42 : Recenser le nombre d’avis d’inaptitude prononcés chaque année ainsi que le nombre de licenciements pour inaptitude.
Les auteurs du rapport recommandent que les médecins du travail transmettent aux Direccte les avis d'inaptitude qu'ils rendent afin qu'une consolidation des statistiques puisse être réalisée au niveau national. Ils recommandent aussi que les licenciements pour inaptitude soient recensés.
Proposition n° 43 : Préciser la rédaction de l’article L. 6315-1 du code du travail relatif à l’entretien professionnel, afin de faire de cet entretien une occasion d’envisager des évolutions professionnelles vers des postes moins exposés.
La prévention de la désinsertion professionnelle passe aussi par une attention portée par l'employeur à la santé des salariés et par l'anticipation des difficultés qu'ils pourraient avoir à tenir leur poste de travail. Cette attention devrait être renforcée pour les salariés exposés à des risques professionnels entrant dans le cadre du compte professionnel de prévention (C2P). La mobilisations des points du compte professionnel de prévention (C2P) peut permettre un passage à temps partiel, une formation pour aller vers un métier moins pénible ou un départ à la retraite anticipé.
L'entretien professionnel de l'article L. 6315-1 du Code du travail pourrait être l'occasion d'aborder ces points.

·     Rapport de la Cour des comptes sur les indemnités journalières
Dans le dernier rapport de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale publié, en octobre 2019, le chapitre III est intitulé " Les indemnités journalières : des dépenses croissantes pour le risque maladie, une nécessaire maîtrise des arrêts de travail ". Je me suis intéressé pour ce commentaire à uniquement ce chapitre. Vous pourrez accéder à la totalité du rapport sur le site de la Cour des comptes à l'adresse figurant en fin de commentaire (il fait plus de 6 Mo).
La Cour des comptes fait un bilan de la prévalence des différents types d'arrêts maladie et propose ensuite la mise en œuvre de mesures visant à diminuer le nombre et la durée des arrêts maladie.
Introduction
Les indemnités journalières sont attribuées au titre des arrêts maladie ordinaires, des arrêts suite à accident du travail et maladie professionnelle et au titre de la maternité.
En 2017, les prestations pour les arrêts maladie ont été de 14.5 milliards (Md) € pour l'ensemble des régimes obligatoires de Sécurité sociale, dont 12.9 Md € pour le Régime général (RG). Les dépenses pour les arrêts maladies représentent la plus grande partie, 8 Md € dont 7.4 Md € pour le Régime général.
Données sur les indemnités journalières
Une forte dynamique des dépenses
Les auteurs du rapport notent que, tous régimes confondus, les indemnités journalières pour l'ensemble des risques (maladie, AT/MP et maternité) ont atteint, en 2017,  un montant de 14.5 Md €, ce qui représente 5.3% de l'ensemble des dépenses de santé et 6.3% des dépenses pour les trois risques évoqués.
Les 9/10e des dépenses sont assumées par le Régime général de Sécurité sociale qui a indemnisé en 2017, 6.97 millions d'arrêts maladie ordinaire, 1.05 million au titre des AT/MP et 635 000 arrêts pour maternité.
Ces arrêts ont entraîné une dépense de 7.4 Md € pour les arrêts maladie, de 2.9 Md € pour les AT/MP et de 2.6 Md € pour la maternité. Soit une dépense totale de 12.9 Md € pour le Régime général.
Depuis 2013, les dépenses au titre de l'indemnisation des arrêts maladie augmentent plus vite que les dépenses d'assurance maladie comprises dans l'Objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM). Ces dépenses progressent plus vite que la masse salariale qui constitue l'assiette du calcul des indemnités journalières et l'assiette de la part prépondérante des recettes de l'assurance maladie.
En effet, depuis 2013, la hausse des dépenses pour les indemnités journalières du RG a été en moyenne de 4.2% par an alors que celle de l'évolution de la masse salariale plafonnée à 1.8 Smic a été de 2.2% par an.
Les dépenses pour les indemnités journalières augmentent aussi plus vite depuis 2013 que la masse salariale du secteur privé (plus 2.3% par an) sur laquelle sont assises 61.7% ressources du RG (cotisations sociales et CSG sur les revenus).
La durée des arrêts maladie augmente
Une augmentation de plusieurs paramètres
Les auteurs du rapport constatent une augmentation de plusieurs paramètres relatifs aux arrêts maladie qui retentit bien évidemment sur les dépenses : le nombre, la durée moyenne et le nombre par bénéficiaire.
La proportion de salariés du RG qui ont bénéficié d'au moins un arrêt maladie dans l'année est passée, entre 2013 et 2017, de 26.7% à 27.1%.
Le nombre moyen d'arrêt maladie par bénéficiaire d'indemnités journalières a aussi augmenté, passant de 1.39 à 1.421 au cours de la même période, ce qui représente une augmentation de 2.2%.
La durée des arrêts maladie pour ceux en ayant bénéficié d'un ou de plusieurs est passée, entre 2013 et 2017, de 43.5 jours à 47.4 jours, soit une hausse de 9%.
Quant à la durée moyenne de chaque arrêt maladie, elle est passée de 31.2 jours à 33.5 jours, soit une hausse de la durée de 7.4%.
Des dépenses importantes pour les arrêts de longue durée
Les arrêts maladie de 30 jours et moins ont représenté 74.6% d l'ensemble des arrêts maladie (5.2 millions) et 17.6% des dépenses (1.3 Md €). Parmi ces arrêts de 30 jours ou moins, ceux de moins de 8 jours (45% du total) ont engendré 308 millions € de dépenses. En revanche, les 3% d'arrêts de plus d'un an ont entraîné 1.8 Md € de dépenses, soit 24% de l'ensemble des coûts.
Entre 2011 et 2017, la part des arrêts de moins de 31 jours a diminué, passant de 76.4% à 74.6%, en revanche celle des arrêts d'une durée supérieure à 30 jours a augmenté. Ainsi, la durée des arrêts de plus de 6 mois est passée, entre 2011 et 2017, de 5.5% à 6.2% des arrêts. Le taux du coût de ces arrêts de 6 mois ou plus est passé de 43.2% à 44.6% de l'ensemble des dépenses pour les indemnités journalières alors que celui des arrêts de moins de 31 jours est passé, entre 2011 et 2017, de 19.2% à 17.6%.
Pour les auteurs du rapport, un enjeu déterminant de maîtrise des dépenses d'indemnisation est lié à ces arrêts de 6 mois ou plus.
Facteurs retentissant sur les arrêts maladie
Le vieillissement de la population au travail et le développement de pathologies chroniques survenant éventuellement avec l'âge constituent une explication importante de l'augmentation des dépenses pour les arrêts maladies. Mais ce facteur explicatif n'est pas exclusif, dans la mesure où la durée moyenne des arrêts maladie augmente dans la plupart des classes d'âge.
Les auteurs du rapport mettent aussi en avant des disparités selon les secteurs d'activité professionnels et les régions.
Arrêts maladie et vieillissement de la population
Suite aux différentes réformes des retraites, dont celle de 2010 qui a fait passer l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, le taux d'emploi des seniors est passé, entre 2011 et 2017, de 63.9% à 72.4% pour les 55-59 ans et de 18.6% à 29.2% pour les 60-64 ans.
Les salariés de 55 ans et plus ont été à l'origine de 16% des arrêts maladie en 2017 contre 13% en 2011 avec des coûts respectifs des arrêts maladie de 23% et 25%.
On constate un gradient de la durée moyenne des arrêts en fonction de l'âge. En effet, en 2017, la durée moyenne des arrêts maladie pour la population des sujets de 55 à 59 ans est de 48.3 jours et celle des sujets de plus de 60 ans de 56.1 jours. Alors que cette durée moyenne est de 18.4 jours pour les sujets de moins de 24 ans, de 22.8 jours pour les sujets de 25-29 ans, de 25.6 jours pour ceux de 30 à 35 ans, de 28.5 jours pour les 36-39 ans, de 32.6 jours pour la tranche des 40-44 ans, de 37.3 jours pour la tranche des 45-49 ans et de 41.8 jours pour les sujets de 50 à 54 ans.
Entre 2011 et 2017, la durée moyenne des arrêts maladie augmente modérément, à l'exception de la tranche des 55-59 ans pour laquelle on constate une légère diminution.
La part des indemnités journalières versées en 2017 pour des patients en affection de longue durée (ALD) (2.6 Md €) ne représente qu'une part minoritaire de l'ensemble des dépenses pour les arrêts maladie (35%). Cette part du coût des arrêts maladie pour les ALD ne devient majoritaire (58%) que pour les arrêts d'une à deux années et, encore plus (66%) pour les arrêts de plus de deux ans.
Arrêts maladie et secteurs d'activité
Il existe de fortes disparités de recours aux arrêts maladie pour maladie ordinaire et AT/MP en fonction des secteurs d'activité.
Le secteur où il y a le plus grand nombre moyen de jours d'arrêts maladie par salarié est le secteur de la santé humaine et de l'action sociale (environ 19 jours d'arrêts maladie en moyenne et 4 jours pour les AT/MP), suivi de la production et la distribution d'eau (environ 13 jours en moyenne d'arrêt maladie), puis les industries extractives (environ 12 jours en moyenne) et la construction (environ 11 jours). Le secteur de la construction présente le plus important nombre moyen de jours d'arrêts pour AT/MP (environ 5 jours).
Pathologies et arrêts maladie
Les dépenses d'arrêts maladie sont principalement en lien, pour 26.4% avec des hospitalisations ponctuelles, 15.2% des traitements psychotropes, 7.7% des maladies psychiatriques, 5.5% des cancers et 5% des maternités avec ou sans pathologie.
Disparités régionales des arrêts maladie
Sans que l'on puisse complètement l'expliquer par la structure de l'âge des populations ou la prévalence des pathologies, il existe de fortes disparités de prescription des arrêts maladie selon les régions.
En 2015, dernière année pour laquelle on dispose de données de population active par département, 8 départements connaissent un nombre très élevé de journées d'arrêt de travail rapporté à leur population active : l'Isère (9.8), le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône, la Loire, la Haute-Loire, la Haute-Saône, la Corse du sud et le Nord (8.5). Les plus faibles taux de nombre de journées d'arrêts de travail rapportés à la population sont constatés en Ile de France, à Paris (3.9), dans les Hauts-de-Seine (5) et le Val-de-Marne, ainsi qu'en Haute-Savoie.
Des faiblesses de gestion
Le rapport de la Cour des comptes relève des faiblesses de pour l'assurance maladie dans la législation de l'indemnisation et dans sa gestion.
Une réglementation complexe
Ouverture des droits et montant des indemnisation
Il existe, malgré certaines simplifications, des conditions d'ouverture des droits à l'indemnisation, des définitions des salaires de référence et des bases de calcul des indemnités et des taux de remplacement qui sont complexes et diffèrent selon les risques.
Ainsi, pour les AT/MP, les conditions d'indemnisation sont plus favorables que pour les deux autres types d'arrêts de travail.
Pour les indemnités journalières maladie ou maternité, le calcul du montant des indemnités, qui s'effectue sur les 3 ou 12 derniers mois (respectivement pour un arrêt maladie d'un salarié à temps plein ou saisonnier), peut nécessiter de recueillir des informations chez plusieurs employeurs si le salarié a plusieurs emplois simultanés ou a exercé des emplois successifs.
De même, les conditions d'ouverture des droits en termes d'ancienneté de l'emploi varient selon les risques et selon les durées des arrêts pour la maladie.
Le montant de l'indemnisation varie aussi en fonction de l'arrêt : 50% du salaire brut plafonné à 1.8 Smic (Smic mensuel en 2019 : 1 521,22 €) en cas de maladie, salaire journalier de base dans la limite du plafond de la SS moins 21% en cas de maternité (plafond de la Sécurité sociale 2019 : 3377 €) et, pour les arrêts suite à AT/MP, 60% du salaire journalier de base plafonné à 337.97 € moins 21% les 28 premiers jours puis 80% du salaire journalier de base plafonné moins 21% les jours suivants (le calcul du montant des indemnités se fait à partir du montant du salaire du mois précédent).
Période d'indemnisation
L'indemnisation pour maladie par l'assurance maladie commence au 4e jour d'arrêt pour les assurés du RG.
La durée de la prise en charge des indemnités journalières varie aussi en fonction de la maladie.
Les patients en ALD peuvent bénéficier d'une durée d'indemnisation maximale de 3 ans qui est reconduite s'ils ont repris le travail pendant un an ou s'ils ont une autre ALD.
Les salariés dont l'absence est due à une pathologie non reconnue en ALD bénéficient d'une période d'indemnisation d'au plus 360 jours sur une période glissante de 3 ans.
Les indemnités d'arrêt maladie sont versées pendant la période d'incapacité temporaire totale jusque la guérison ou la consolidation de l'état de santé et celles pour maternité durant tout le congé.
Outre cette indemnisation de base par l'assurance maladie, il existe une indemnisation complémentaire pour les salariés du privé avec un an d'ancienneté puisque la loi sur la mensualisation du 19 janvier 1978 prévoit une prise en charge par les employeurs d'un complément d'indemnisation à partir du 7e jour de 90% du salaire brut pendant les 30 premiers jours et de 66.66% pendant les 30 jours suivants. La prise en charge est prolongée de 10 jours par période de 5 ans d'ancienneté, avec au maximum 90 jours d'indemnisation.
Des accords de branche, ou d'entreprise, peuvent permettre une indemnisation allant au-delà de cela, en particulier par la prise en charge des 3 jours de carence (selon la Drees, 43% des établissements prendraient en charge tout ou partie des jours de carence).
Une gestion lourde des arrêts maladie
Dématérialisation du traitement des données des arrêts maladie
La dématérialisation des données nécessaires à l'acquisition et au traitement des données nécessaires à l'indemnisation des arrêts maladie n'est que partielle et elle concourt à la longueur des délais de paiement des arrêts maladie [NDR - Et aussi à leur contrôle].
Concernant les données des salaires adressées par les employeurs, seules 14% des transmissions se font par papier en 2017.
La transmission dématérialisée des données des salaires par la déclaration sociale nominative (DSN) en principe obligatoire depuis 2017 dans le privé ne concernait que 55% des attestations dématérialisées en 2018.
Les avis d'arrêt de travail des médecins sont encore moins transmis par voie dématérialisée, 47% contre 22.6% en 2016. Dans les autres cas, le médecin transmet à l'assuré les volets de l'arrêt de travail destinés à l'assurance maladie.
Les auteurs constatent des délais de paiement des indemnités journalières assez longs de 27.7 jours en 2017, en légère amélioration par rapport aux 28.8 jours de 2015 et 34.4 jours de 2013. La Convention d'objectifs et de gestion 2018/2022 prévoit une réduction de ce délai de paiement à 25 jours.
L'instauration d'une obligation de prescription par la voie dématérialisée prévue d'ici le 31 décembre 2021 par la loi du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé devrait permettre d'augmenter le taux de transmission dématérialisée.
Un contrôle du service médical à renforcer
Les auteurs du rapport constatent que les actions de gestion du risque déployées par l'assurance maladie en direction des assurés et des médecins prescripteurs atténuent l'évolution spontanée du nombre et de la durée des arrêts de travail indemnisés.
Mais elles ne suffisent pas à réaliser les économies nécessaires pour respecter le sous-objectif de l'ONDAM consacré aux indemnités journalières.
Contrôle des assurés
Malgré l'augmentation de l'effectif des bénéficiaires d'indemnités journalières passé, entre 2012 et 2017, de 4.6 à 4.9 millions, le nombre de convocations d'assurés est resté stable à 948 025 en 2018 contre 937 832 en 2015. La Cnam envisage de porter le nombre de contrôles en 2019 à 1.2 million.
La prescription de l'arrêt de travail du médecin traitant n'est remise en cause que dans une minorité de cas. Cependant, un ciblage des dossiers contrôlés a permis d'augmenter le taux d'avis défavorables en atteignant 19% des dossiers sur les premiers mois de 2019, contre 13.5% en 2017 et 8.7% en 2014.
Cependant, ces contrôles ne couvrent pas l'ensemble des arrêts. Fin juillet 2018, 94.2% des arrêts de travail de plus de 6 mois en ALD avaient été contrôlés mais seulement 66.5% de ceux des autres assurés alors que la cible était de 85%. Les contrôles avaient concerné 43% des arrêts indemnisés depuis plus de 310 jours.
Mais les auteurs du rapport constatent que ces contrôles des arrêts maladie sont mis en œuvre alors que l'arrêt maladie a déjà duré ce qui en atténue l'efficacité en cas d'avis défavorable.
Actions vis-à-vis des gros prescripteurs d'arrêts maladie
Le service médical de l'assurance maladie analyse la justification et l'efficience des prescriptions médicales. La Cnam évalue à environ 7000 le nombre de médecins fortement prescripteurs d'arrêts maladie et à 700 à 1000 sur-prescripteurs.
Les actions vis-à-vis de ces médecins sont principalement non contraignantes à type d'actions de communication visant à les impliquer dans la maîtrise des arrêts de travail et de visites de délégués de l'assurance maladie.
Pour les médecins qui dépassent, en termes de prescription d'arrêts maladie, la moyenne régionale, le service médical organise des entretiens préalables ou d'alerte qui précèdent, le cas échéant, des mesures plus coercitives. En 2016/2017, 527 médecins ont fait l'objet de tels entretiens dans le cadre d'une campagne d'actions chez 30% desquels le volume des prescriptions a baissé de 20%, tout en restant supérieur à la moyenne.
En dernier ressort, lorsque ces mesures non contraignantes n'ont pas suffi, l'assurance maladie peut conclure avec le médecin une convention de mise sous objectif (MSO) En cas de refus, le directeur de la Cpam peut conditionner les prescriptions du médecin à une mise sous accord préalable (MSAP) du service médical.
En 2018, 596 médecins ont été identifiés comme susceptibles de faire l'objet d'une MSO ou d'une MSAP, soit 0.6% des 101 400 médecins ayant prescrit des arrêts de travail.
L'impact sur les dépenses d'arrêts maladie de ces actions serait limité. La campagne 2017/2018 d'actions du service médical auprès des médecins sur-prescripteurs d'arrêts de travail aurait permis 59.1 M € d'économies (dont 36.2 M € pour les entretiens préalable, 9.8 M € pour les alertes et 13.1 M € pour les MSO/MSAP).
Mesures pour réguler les plus efficacement les dépenses
Réduction des arrêts de travail résultant des conditions de travail
Les arrêts de travail représentent une source de désorganisation du travail dans les entreprises et de coûts pour la collectivité à travers leur prise en charge par l'assurance maladie et, éventuellement, par des assurances complémentaires subventionnées sur les plans fiscal et social.
Il apparaît donc nécessaire de faire évoluer les comportements des employeurs et des salariés qui suscitent leur demande.
Amplifier les actions de sensibilisation des entreprises
Les échanges du service médical de l'assurance maladie avec les médecins du travail, les représentants des employeurs et des salariés, les médecins traitants devraient être significativement renforcés.
Les réunions territoriales mises en œuvre depuis fin 2018 par les échelons locaux du service médical en vue de favoriser la coordination des acteurs du retour au travail du salarié représentent une première étape dans cette direction;
A la suite de premières expérimentations, le service médical de l'assurance maladie devrait élargir les échanges réguliers initiés avec les entreprises affectées par des fréquences ou des volumes particulièrement élevés d'arrêts de travail, ainsi qu'avec les médecins du travail dont elles relèvent.
Les actions envisagées pourraient consister à améliorer la connaissance des entreprises sur les motifs des arrêts de leurs salariés, à leur communiquer des éléments de comparaison avec des entreprises ayant une activité et une taille similaires et à mettre en place un suivi des arrêts en liaison avec leur service des ressources humaines et la médecine du travail.
Inciter les entreprises à agir sur les causes internes des arrêts de travail
La typologie sectorielle des arrêts de travail pour maladie et les écarts qui peuvent être constatés au sein d'un même secteur d'activité peuvent permettre de mettre en place des mécanismes de régulation visant à responsabiliser les employeurs.
L'instauration d'une nouvelle incitation financière pour aller au-delà des couvertures complémentaires légale et conventionnelle pourrait être envisagée, sous réserve que son efficacité soit établie dans les pays qui l'ont mise en place et sans que soient constatées des discriminations à l'embauche.
Par exemple, un report sur les employeurs de 20% des coûts de l'indemnisation des arrêts de travail de moins de 6 mois (dans lesquels les ALD ne sont impliquées qu'à 20%) permettrait une économie pour l'assurance maladie de 0.8 Md € qui pourrait permettre une baisse des cotisations des entreprises.
Responsabilisation des salariés
Afin de limiter le nombre d'arrêts de travail de courte durée, les auteurs du rapport préconisent un jour de carence d'ordre public qui ne pourrait être indemnisé ni par l'employeur ni par un organisme de prévoyance.
Cette journée de carence pourrait permettre des économies en réduisant les arrêts de courte durée, sous réserve que cela ne soit pas compensé par des arrêts de plus longue durée [NDR – Les économies ne sont donc pas sûres ! Et de plus, les études qui ont été mené sur la journée de carence dans la fonction publique ont montré une augmentation des arrêts de plus longue durée !].
Mais cela pourrait, selon les auteurs du rapport, avoir une portée psychologiques vis-à-vis des salariés, des employeurs et des médecins prescripteurs et cette mesure serait susceptible de mieux maîtriser les arrêts courts, parfois répétés, source de désorganisation de l'entreprise.
Recentrer les arrêts de travail prescrits sur leur finalité médicale
Réguler les prescriptions d'arrêts maladie des médecins
Cette préconisation vise à limiter l'évolution de la durée des arrêts maladie qui, comme nous l'avons vu, augmente de façon non négligeable, quelle que soit la tranche d'âge des salariés.
La mesure consisterait à augmenter le nombre des fiches établies par la HAS depuis 2010, au nombre de 67 à ce jour, déterminant des durées indicatives d'arrêt en fonction de certaines situations cliniques ou de pathologies courantes. Ces fiches ne couvrent cependant actuellement que 15% des dépenses d'indemnisation des arrêts maladie.
L'obligation par la loi du 24 juillet 1019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé d'une transmission dématérialisée devrait s'accompagner d'une indication obligatoire par le médecin, éventuellement susceptible de bloquer la transmission, de deux données, la cause principale de l'arrêt maladie non systématiquement renseignée aujourd'hui et la motivation d'une durée prescrite lorsqu'elle déroge à celle des fiches repères.
Ainsi, les contrôles pourraient porter sur les prescriptions qui dérogeraient à la durée des fiches repères de la HAS.
De cette façon, le médecin conseil pourrait plus facilement cibler les patients à examiner et inviter les médecins sur-prescripteurs à rentrer dans le rang.
Ces médecins pourraient se voir diminuer leur rémunération sur objectif de santé publique (ROSP).
Ultime sanction, les médecins sur-prescripteurs pourraient être déconventionnés.
Prévenir les risques de désinsertion professionnelle
Dès 6 mois d'arrêt maladie, le risque de désinsertion professionnelle est prévisible. La période de 3 ans sur laquelle il est possible de bénéficier de 360 jours d'indemnisation peut, pour les auteurs du rapport, conduire à des situations préjudiciables au retour au travail.
La préconisation, pour les patients qui ne seraient pas en ALD, consisterait à réduire la période d'indemnisation à 2 ans et d'adapter en conséquence la durée maximale de 360 jours d'arrêts maladie fixée actuellement.
Les salariés en arrêt long dont les perspectives de retour dans leur emploi sont incertaines devraient bénéficier en temps utile d'un accompagnement personnalisé afin de préparer leur retour au travail bien avant la fin de l'arrêt.
A cet effet, un contact du service médical avec l'assuré devrait intervenir en fonction de la pathologie dans les tous premiers mois de l'arrêt de travail en vue de mettre en place, avec l'assuré et son employeur [NDR – Là on zappe le médecin du travail !], un plan d'accompagnement et de retour au travail qui pourrait comprendre une période de télétravail, l'aménagement du poste de travail ou la mise en place d'actions de formation.
Ces échanges précoces pourraient permettre de contribuer à la prévention des arrêts de travail de longue durée qui fragilisent, voire détériorent, l'employabilité de l'assuré.
Et si le retour à l'emploi apparaissait trop compromis, ces échanges pourraient préparer une mise en invalidité ou une orientation vers une inaptitude de la sécurité sociale si l'assuré atteint l'âge légal de départ à la retraite [NDR – Au titre de l'article L. 351-7 du Code de la Sécurité sociale].
Conclusion et recommandations de ce chapitre du rapport de la Cour des comptes
" Sous l’effet de la hausse rapide du nombre et, plus encore, de la durée des arrêts de travail qui en sont à l’origine, les indemnités journalières pour maladie pèsent sur l’équilibre financier de l’assurance maladie. L’année 2018 confirme cette évolution préoccupante, avec une hausse de 4,4 % des dépenses d’indemnisation des arrêts de travail pour maladie, tandis que la masse salariale sur laquelle est assise le financement de la sécurité sociale a progressé de 3,5 %.
Des efforts convergents des médecins prescripteurs, des employeurs de salariés, des salariés et de l’assurance maladie elle-même sont indispensables pour ralentir la hausse des dépenses tout en répondant aux besoins des assurés.
Ils doivent viser à prévenir les arrêts injustifiés ou évitables, à favoriser une prescription mesurée, à contrarier la désinsertion professionnelle des salariés arrêtés ou, à l’inverse, à tirer plus rapidement les conséquences de l’absence de perspective d’amélioration de leur état de santé par la reconnaissance d’une invalidité (ou d’une inaptitude pour les assurés qui atteignent l’âge légal de départ à la retraite). La réduction des dépenses injustifiées ou évitables versées par l’assurance maladie du fait d’informations manquantes et de systèmes d’information et de procédures de gestion parfois défaillants ou sous-optimaux constitue un autre enjeu majeur.
La Cour formule ainsi les recommandations suivantes :
9. mieux accompagner les médecins dans la prescription des arrêts de travail grâce à des durées indicatives d’arrêt pour l’ensemble des pathologies courantes, dont le dépassement devrait être motivé par le prescripteur et adapter le montant de la rémunération sur objectifs de santé publique versée aux médecins dont les prescriptions s’avèrent excessives (CNAM, HAS) ;
10. instaurer un premier jour de carence d’ordre public pour les salariés afin de mieux maîtriser les arrêts de travail répétés de courte durée, en accompagnant cette mesure par une communication adaptée en direction de ces derniers et des médecins prescripteurs (ministère chargé de la sécurité sociale) ;
11. afin de réduire les risques de désinsertion professionnelle des assurés non en ALD, réduire de trois à deux ans la période de référence de l’indemnisation des arrêts de travail pour maladie et ajuster en conséquence la durée maximale d’indemnisation (ministère chargé de la sécurité sociale) ;
12. mettre en oeuvre un accompagnement plus individualisé dès le premier trimestre d’arrêt pour favoriser le retour au travail, dans tous les cas où un risque d’éloignement durable de l’emploi peut être identifié (ministère chargé de la sécurité sociale, CNAM) ;
13. poursuivre la réduction des dépenses injustifiées ou évitables versées par l’assurance maladie du fait des conditions de gestion des indemnités journalières :
- en renforçant leur processus médico-administratif par la fixation de délais d’action à respecter par les services médical et administratif à ses différentes étapes ;
- en exploitant les données déclarées dans la DSN afin de mieux assurer les conditions d’ouverture des droits à indemnisation, la cohérence de ces derniers avec les bases salariales des cotisations déclarées et l’exactitude du calcul des indemnités (ministère chargé de la sécurité sociale, CNAM). "

·     Biblio

Deux livres sur l'hôpital qui éclairent le malaise qui peut s'y rencontrer. Ils sont antérieurs à la crise des services des urgences.
La casse du siècle – A propos des réformes de l'hôpital public de Pierre-André Juven, Frédéric Pierru et Fanny Vincent publié dans la collection " Raisons d'agir " (8 €)


Voici la présentation de ce livre
" Des couloirs transformés en hébergements de fortune, des personnels de santé au bord de la crise de nerfs, des mobilisations récurrentes, l’hôpital public est mis à rude épreuve. Ce livre propose une analyse des politiques hospitalières successives qui ont abouti à la crise actuelle. Une véritable casse de ce service public est engagée par des réformateurs adeptes de l’acculturation de l’univers médical à des logiques managériales qui contredisent son bon fonctionnement.
À l’encontre de toute évidence, les défenseurs d’une réorganisation du travail continuent de promouvoir à la fois des indicateurs de rentabilité ineptes et une vision techniciste de la médecine qui prétend substituer l’innovation aux relations humaines. Alors que la montée de la précarité et des souffrances sociales née de décennies de politiques néolibérales conduit une part croissante de la population à trouver refuge dans des services hospitaliers sous tension, l’hôpital se trouve devoir résister aussi bien aux manquements de la médecine de ville qu’à la concurrence de cliniques privées largement dispensées des obligations de service public. À l’heure où les mobilisations pour le défendre s’intensifient, un débat s’impose sur les missions de l’hôpital et les moyens qui lui sont accordés. "

Hôpitaux en détresse, Patients en danger – Arrêtez le massacre de Philippe Halimi et Christian Marescaux (Editions Flammarion – 19.90 €).

" Plus de deux ans après le suicide du professeur Jean-Louis Mégnien à l’hôpital Georges-Pompidou, c’est un vibrant SOS que lancent les professeurs Philippe Halimi et Christian Marescaux, ardents défenseurs du service public hospitalier : « Nous ne sommes pas des incendiaires mais nous voulons alerter et dénoncer un mal insidieux qui divise les équipes et laisse à terre des gens qui perdent le goût de travailler, parfois même le goût de vivre… »
À travers de nombreux témoignages, souvent bouleversants, ce livre démontre les effets dévastateurs, pour les personnels comme pour les patients, d’un système qui contraint aujourd’hui les équipes hospitalières à soigner vite par souci de rentabilité et d’économies. Une logique financière qui pousse de nombreuses directions d’établissement à diminuer les effectifs et les moyens, puis à écarter violemment ceux qui s’opposent à ces stratégies mortifères ou décident d’en dénoncer les dérapages.
Abus de pouvoir, menaces de représailles, mises au placard, harcèlement moral, impunité pour les maltraitants, tous les moyens sont bons pour que l’ordre règne…
L’heure est venue d’une véritable prise de conscience pour que cesse la destruction de l’hôpital public "

Voilà une lettre d'information avec des éléments qui m'ont paru très intéressants pour notre réflexion sur la santé au travail… dont malheureusement on ne peut que constater qu'elle est malmenée…

Jacques Darmon

Si vous souhaitez ne plus figurer sur cette liste de diffusion, vous pouvez m'en faire part à l'adresse suivante : jacques.darmon@orange.fr.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire