Lettre d'information du 15 septembre 2019



Le 15 septembre 2019

Dans cette lettre d'information, nous nous intéresserons aux sujets suivants… Parmi les textes de loi… un arrêté déterminant le nombre d'internes à former pour l'année en cours et les quatre années suivantes… Des jurisprudences… l'une de la Cour de cassation validant la possibilité, pour les salariés exposés à des produits cancérogènes autres que l'amiante, d'être indemnisés pour le préjudice d'anxiété… et l'autre du Conseil d'Etat sur la nécessité de la présence d'un spécialiste de la pathologie en cause lorsque la commission de réforme est saisie d'un cas d'invalidité… Une méta-analyse étudiant l'association entre la précarité de l'emploi et la présence d'altérations de la santé mentale… Un document sur l'évolution des expositions aux risques professionnels ces 20 dernières années… Un commentaire du 5e baromètre Réhalto sur les arrêts de travail…

·     Textes de loi, réglementaires, circulaires, questions parlementaires et questions prioritaires de constitutionnalité

Arrêté du 2 septembre 2019 rappelant pour l’année 2019 et projetant pour la période 2020-2023 le nombre d’internes en médecine à former, par spécialité et par centre hospitalier universitaire
Dans la lettre d'information du 21 juillet 2019, j'invoquais la publication de l'arrêté du 19 juillet 2019 fixant, au titre de l'année universitaire 2019-2020, le nombre d'étudiants susceptibles d'être affectés à l'issue des épreuves classantes nationales en médecine, par spécialité et par centre hospitalier universitaire. Cet arrêté prévoyait 125 postes d'internes en médecine et santé au travail pour l'année 2019/2020.
Le présent arrêté rappelle les postes prévus pour 2019/2020 et fournit les données des postes d'internes envisagés pour les quatre années suivantes en médecine et santé au travail (p. 8 du document) : 125 pour 2020/2021, 128 pour 2021/2022, 134 pour 2022/2023 et 135 pour 2023/2024.
Pour mémoire, l'arrêté du 7 août 2017 projetant le nombre de postes d'internes pour la période 2018-2021 prévoyait 140 postes pour les années 2019/2020 et 2020/2021 et 143 postes pour l'année 2021/2022. On voit donc que les nombreux postes d'internes en médecine et santé au travail laissés vacants ces dernières années après les épreuves classantes nationales retentissent sur le nombre de postes ouverts pour les années suivantes.
Vous pourrez accéder dans le document à la répartition des postes pour chacun des CHU dont voici le nombre de postes pour les plus importants :
ü Assistance publique - Hôpitaux de Paris : 25 pour 2020/2021, 27 pour 2021/2022, 28 pour 2022/2023 et 29 pour 2023/2024 ;
ü Hospices civils de Lyon : 8 pour 2020/2021, 9 pour 2021/2022, 10 pour 2022/2023 et 10 pour 2023/2024 ;
ü CHU de Lille : 8 pour 2020/2021, 8 pour 2021/2022, 9 pour 2022/2023 et 9 pour 2023/2024 ;
ü Assistance publique - Hôpitaux de Marseille : 7 pour 2020/2021, 7 pour 2021/2022, 8 pour 2022/2023 et 8 pour 2023/2024 ;
ü CHU de Toulouse : 6 postes par an pour les années 2020/2021à 2023/2024.


·     Jurisprudence
Le préjudice d'anxiété reconnu pour des salariés exposés à d'autres produits cancérogènes que l'amiante
Il s'agit d'une très importante jurisprudence du 11 septembre 2019 - Cass. Soc. pourvois n° 17-24879 à 17-25623, publié au Bulletin d'information et sur le site internet de la Cour de cassation, puisqu'elle ouvre, dans certaines conditions, la porte à une indemnisation du préjudice d'anxiété pour des salariés exposés à des produits cancérogènes autres que l'amiante.
Les faits - Plus de 700 mineurs de Lorraine (786) ont saisi la justice prud'homale en 2013 pour demander l'indemnisation du préjudice d'anxiété du fait de leur multi-exposition à des produits toxiques alors qu'ils travaillaient dans les Houillères du Bassin de Lorraine, devenues les Charbonnages de France.
Ils ont eu gain de cause devant le conseil de prud'hommes de Forbach, en juin 2016, qui a accordé à chacun d'entre eux une indemnité très faible de 1000 €. L'employeur et les salariés ont fait appel de la décision du conseil de prud'hommes. La cour d'appel de Metz, a débouté les mineurs de leur demande d'indemnisation.
Ils sont 732 à se pourvoir en cassation en 2017 contre le jugement de la cour d'appel. Il apparaît important de souligner d'emblée que, entre 2013 et 2017, le nombre des salariés a diminué du fait de nombreux décès qui justifieraient presque à eux seuls de justifier le préjudice d'anxiété.
L'arrêt rappelle que " En application des règles de droit commun régissant l'obligation de sécurité de l'employeur, le salarié qui justifie d'une exposition à une substance nocive ou toxique générant un risque élevé de développer une pathologie grave et d'un préjudice d'anxiété personnellement subi résultant d'une telle exposition, peut agir contre son employeur pour manquement de ce dernier à son obligation de sécurité. "
L'arrêt indique que les plaignants ont apporté à la cour d'appel de nombreux témoignages de leurs expositions et de l'absence ou de l'inefficacité des moyens de protection, en particulier les masques fournis par l'employeur et les systèmes d'arrosage destinés à la captation des poussières. Certains témoignages étant particulièrement accablants sur les conditions de travail. Ainsi, un témoin rapporte que, descendu dans une galerie, il n'était pas possible de voir à deux mètres du fait de l'empoussièrement (voir page 54, le témoignage de M. Gadler).
La cour d'appel a considéré que ces attestations et témoignages faisaient état de constats qui ne pouvaient être reliés à la situation concrète de chaque salarié.
La cour d'appel a aussi retenu, sur la base d'un certain nombre de témoignages, qu'il était démontré que l'employeur avait pris toutes les mesures de protection nécessaires, tant individuelles que collectives.
Et elle a finalement débouté les salariés de leurs demandes en prenant plus en compte les témoignages faisant part de la mise en œuvre de moyens de prévention que de ceux indiquant leur manque.
La Haute juridiction conclut, au visa des articles L. 4121-1, dans sa version antérieure à l'ordonnance du 22 septembre 2017 alors en vigueur, et L. 4121-2 du Code du travail " En se déterminant ainsi, par des motifs insuffisants à établir que l'employeur démontrait qu'il avait effectivement mis en oeuvre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs, telles que prévues aux articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du code du travail, la cour d'appel, qui devait rechercher si les conditions de mise en oeuvre de la responsabilité de l'employeur telles que définies aux paragraphes 3 et 4 étaient réunies, n'a pas donné de base légale à sa décision. "
L'arrêt de la cour d'appel de Metz est cassé et l'affaire renvoyée devant la cour d'appel de Douai.
L'absence d'un médecin spécialisé dans la pathologie dont souffre le fonctionnaire sujet de la réunion de la commission de réforme justifie l'annulation de sa décision
Arrêt du Conseil d'Etat en date du 24 juillet – pourvoi n° 417 902, mentionné dans les tables du recueil Lebon.
Les faits – Mme A… a été mise en retraite d'office pour invalidité par le directeur des Hospices civils de Lyon (HCL) par une décision du 7 décembre 2012.
La fonctionnaire a saisi le tribunal administratif pour faire annuler cette décision, se prononcer sur l'imputabilité au service de sa pathologie et procéder à son reclassement sur un poste adapté à son état de santé. Le tribunal administratif a partiellement fait droit à ses demandes.
L'employeur a saisi la cour administrative d'appel qui a suivi l'argumentation des HCL et a annulé la décision du tribunal administratif.
Mme A… se pourvoit en cassation devant le Conseil d'Etat.
Le Conseil d'Etat rappelle que l'article 16 de l'arrêté du 4 août2004 relatif aux commissions de réforme des fonctions publiques territoriale et hospitalière prévoit que " La commission de réforme doit être saisie de tous témoignages, rapports et constatations propres à éclairer son avis. Elle peut faire procéder à toutes mesures d'instructions, enquêtes et expertises qu'elle estime nécessaires. Dix jours au moins avant la réunion de la commission, le fonctionnaire est invité à prendre connaissance, personnellement ou par l'intermédiaire de son représentant, de son dossier, dont la partie médicale peut lui être communiquée, sur sa demande, ou par l'intermédiaire d'un médecin, il peut présenter des observations écrites et fournir des certificats médicaux. La commission entend le fonctionnaire, qui peut se faire assister d'un médecin de son choix. Il peut aussi se faire assister par un conseiller ".
En outre, l'article 3 de cet arrêté, indique que la commission de réforme comprend " 1. Deux praticiens de médecine générale, auxquels est adjoint, s'il y a lieu, pour l'examen des cas relevant de sa compétence, un médecin spécialiste qui participe aux débats mais ne prend pas part aux votes ".
Pour le Conseil d'Etat, lorsqu'il apparaît manifeste que la présence d'un médecin spécialiste de la pathologie est nécessaire lors de la réunion de la commission de réforme afin d'examiner le cas du fonctionnaire, l'absence du spécialiste est susceptible de priver le fonctionnaire d'une garantie et d'entacher la procédure d'une irrégularité justifiant l'annulation de sa décision.
Le conseil d'Etat en conclut que " Par suite, en s'abstenant de rechercher s'il ressortait manifestement des éléments dont elle disposait que la présence d'un médecin spécialiste en neurologie était nécessaire lors du passage de Mme A... devant la commission de réforme, la cour administrative d'appel a entaché son arrêt d'une erreur de droit qui en justifie l'annulation, sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens du pourvoi ".
L'affaire est renvoyée devant la même cour administrative d'appel.

·     Emploi précaire et santé mentale (Etude)
Cette étude signée par T. Ronnblad et al., est intitulée " Precarious employment and mental health: a systematic review and meta-analysis of longitudinal studies ".
L'étude a été publiée en septembre 2019 dans le Scandinavian Journal of Work, Environment & Health (2019;45(5):429-443).
Introduction
Ces trente dernières années ont vu d'énormes changements survenir dans le monde du travail dans les pays de l'Ouest tels que la globalisation, des politiques néo-libérales, des progrès technologiques et une désindustrialisation qui ont entraîné une demande de flexibilisation du travail des employeurs.
Ainsi la prévalence des emplois précaires, caractérisés par une faible sécurité de l'emploi ou l'absence d'emploi à durée indéterminée, a augmenté.
Il n'existe pas de définition universellement admise pour la notion d'emploi précaire qui est discutée mais plusieurs auteurs, dont l'Organisation internationale du travail, décrivent différentes situations pouvant ressortir d'une précarité de l'emploi : incertitude sur la durée de son emploi, employeurs multiples ou relation ambiguë avec son employeur, absence de protection sociale, règles d'embauche et de licenciement défaillantes, absence de protection contre les accidents du travail, impossibilité de développer de nouvelles compétences, etc…
L'hypothèse de cette étude est que la précarité de l'emploi représente un agent stresseur susceptible de retentir sur la santé mentale des individus. Il existe cependant une difficulté qui résulte du fait qu'il peut y avoir une causalité bidirectionnelle, les sujets présentant une bonne santé pouvant être plus probablement dans des emplois stables.
L'objectif de cette étude est d'estimer le retentissement de la précarité de l'emploi sur la santé mentale.
Matériel et méthodes
Il s'agit d'une méta-analyse portant sur 14 études qui se sont intéressées aux effets de différentes modalités d'emploi précaire sur la santé mentale.
Parmi ces études, 4 étaient des études de haute qualité, en fonction de leur protocole,  et les autres de qualité modérée. Parmi ces études, les résultats de l'enquête Santé et itinéraire professionnel française publiée en 2015 et considérée de haute qualité.
Les critères d'emploi précaire qui ont été pris en compte sont :
ü l'insécurité de l'emploi,
ü l'emploi temporaire,
ü des heures de travail non prévisisibles,
ü une exposition à plusieurs dimensions de la précarité.
Résultats
Insécurité de l'emploi
Au total, 10 études, comprenant 45 075 participants, ont pris en compte les effets sur la santé mentale de l'insécurité de l'emploi selon différents paramètres.
Symptômes dépressifs
Six études ayant pris en compte 23 648 participants ont apprécié le retentissement de l'insécurité de l'emploi sur la présence d'une symptomatologie dépressive. Le résultat en est un Odds ratio (OR) de 1.61 avec un intervalle de confiance à 95% de [1.29-2.00].
Sur les six études, cinq fournissaient une augmentation significative de l'association de la présence de symptômes dépressifs avec l'insécurité de l'emploi (dont deux études de haute qualité) et, la dernière étude, une augmentation de l'association non significative. Pour les auteurs, la qualité de la preuve était modérée.
Détresse psychologique
Quatre études avec 14 778 participants ont porté sur l'estimation de l'association entre insécurité de l'emploi et détresse psychologique dont trois montrent une augmentation significative de l'association et la dernière une augmentation non significative. Globalement, l'OR est de 1.65 [1.25-2.18] mais les auteurs considèrent le niveau de preuve faible.
Anxiété
Seulement deux études se sont intéressées à l'association entre insécurité de l'emploi et anxiété. Elles portaient sur 7 910 participants. Le résultat est une augmentation significative de cette association avec un OR de 1.77 [1.18-2.68], avec une qualité de preuve modérée.
Utilisation de psychotropes
Deux études, avec 9 350 participants, ont pris en compte l'association entre l'insécurité de l'emploi et l'utilisation de psychotropes.
Le résultat global en est une augmentation significative de l'association avec un OR de 1.30 [1.09-1.56], avec une qualité de preuve faible.
Effet de l'ensemble des modalités de précarité sur la santé mentale
Si l'on prend en compte l'ensemble des effets de l'insécurité de l'emploi sur la santé mentale, portant sur 43 568 participants, le résultat en est une association significative avec un OR de 1.52 [1.35-1.71] avec une qualité de preuve modérée.
Emploi intermittent
Cette modalité de précarité de l'emploi a été moins étudiée. Une étude portant sur 660 participants a mis en évidence une augmentation significative de l'association avec la dépression avec un OR de 1.79 [1.04-3.08].
Deux études se sont intéressées à l'association entre l'intermittence de l'emploi et la présence d'une détresse psychologique, l'une portant sur 660 participants avec un OR significatif de 1.90 [1.33-2.71] et l'autre de 1005 participants avec une augmentation non significative (OR de 1.34 [0.43-4.21]).
Les trois études qui se sont intéressées à l'association entre emploi intermittent et absence maladie due à une dépression fournissent des résultats non significatifs.
Imprévisibilité des heures de travail
Les résultats des trois études ayant porté sur l'association entre l'imprévisibilité des heures de travail et la présence d'une symptomatologie dépressive, de trouble anxieux ou de l'utilisation de produits psychotropes fournissent des résultats non significatifs.
Exposition à plusieurs modalités de précarité de l'emploi
Le résultat global portant sur l'association de l'ensemble des modalités d'emploi précaire des études et la dépression, la présence d'une détresse psychologique et de l'utilisation de psychotrope est une augmentation significative avec un OR de 2.01 [1.60-2.53].
Conclusion
Cette méta-analyse a prouvé l'effet délétère sur la santé mentale de l'insécurité de l'emploi. Pour les emplois intermittents et l'imprévisibilité des heures de travail, une association avec un retentissement sur la santé mentale a recueilli un faible niveau de preuve.

·       Exposition des salariés du privé aux risques professionnels (Enquête Sumer)
Ce numéro de Dares analyse n° 41 publié en septembre 2019 est intitulé " Comment ont évolué les expositions des salariés du secteur privé aux risques professionnels sur les vingt dernières années ? – Premiers résultats de l'enquête Sumer 2017 " et signé par Mme S. Memmi et al.
Introduction
Ce document fournit les résultats de l'enquête Sumer 2016/2017 (dans le commentaire je dénommerai cette enquête 2017) à laquelle ont participé 1200 médecins du travail (soit moitié moins que les 2400 de l'enquête 2010).
Cette enquête 2016/2017 a porté sur 26 500 salariés et agents du secteur privé et des trois fonctions publiques représentant près de 25 millions de salariés.
Les résultats de la dernière enquête sont comparés à ceux des enquêtes 1994, 2003 et 2010 chaque fois que cela est possible pour marquer quelle est l'évolution des expositions professionnelles en un peu plus de 20 ans. Cette comparaisons depuis 1994 limite la population au secteur privé, soit environ 18.5 millions de salariés.
Résultats
Contraintes physiques
Les résultats divergent selon le type de contrainte physique prise en compte.
Manutention manuelle de charges 20 heures ou plus par semaine
Cette contrainte diminue globalement passant de 7% de sujets exposés en 1994 à 4.7% en 2017. Néanmoins la prévalence de cette contrainte augmente dans le secteur de l'agriculture (0.5% à 0.8%) et chez les employés administratifs (3.7% à 6%).
Position debout ou piétinement 20 heures ou plus par semaine
Là aussi l'exposition moyenne diminue entre 1994 et 2017, passant de 28.4% à 21.2% de sujets exposés. On note, comme ci-dessus, une augmentation de cette contrainte dans le secteur de l'agriculture (24% à 37%) et chez les employés administratifs (2.3% à 3.1%).

Conduite professionnelle sur la voie publique
Entre 1994 et 2017, l'exposition à la conduite sur la voie publique a augmenté, passant de 22.9% à 26.2%.
Cette augmentation se retrouve aussi dans les secteurs de l'agriculture (27.8% à 33.1%), de l'industrie (14.4% à 15.8%), de la construction (37.9% à 53.8%) et du tertiaire (24.2% à 25.7%). Parmi les catégories socio-professionnelles (CSP), la prévalence de la conduite a augmenté chez les employés administratifs, ceux du commerce et des services et les ouvriers qualifiés et non qualifiés.
Exposition aux nuisances sonores
Entre 1994 et 2017, l'exposition aux nuisances sonores est passée de 27.4% des sujets à 31.6%, en précisant toutefois que le taux des sujets exposés est moindre qu'en 2010 (33.4%).
L'exposition aux nuisances sonores augmente aussi, entre 1994 et 2017, dans les secteurs de l'industrie (42.9% à 50.8%), de la construction (46.3% à 64.8%) et du tertiaire (16.5% à 24.2%). L'exposition aux nuisances sonores augmente aussi durant cette période dans plusieurs CSP : les cadres (10.5% à 13.1%), les professions intermédiaires (22% à 25.6%), les employés du commerce et des services (12.5% à 20.8%), les ouvriers qualifiés (48.4% à 67.5%) et non qualifiés (44.2% à 52.2%).
Travail exigeant une position forcée d'une ou plusieurs articulations
Cette contrainte est globalement passée, entre 2010 et 2017, d'une exposition de 18.2% à 18.8% des sujets avec une augmentation notable dans l'agriculture (22.3% à 37.9%) et pour les ouvriers qualifiés (31.2% à 36%) et non qualifiés (34.1% à 38.8%).
Outils transmettant des vibrations aux membres supérieurs
L'exposition aux vibrations du membre supérieur a augmenté entre 1994 et 2017, passant de 8.7% à 11.1% de sujets exposés mais ce taux est moindre que celui de 2010 (12.8%).
Le taux de sujets exposés aux vibrations a augmenté dans les quatre secteurs d'activité pris en compte, l'agriculture (25.4% à 26.9%), l'industrie (9% à 14.6%), la construction (34.9% à 54.4%) et le tertiaire (3.6% à 5.9%). Cette exposition aux vibrations a aussi augmenté dans la plupart des CSP, notamment chez les ouvriers qualifiés ( 22.9% à 34.4%) et non qualifiés (15.9% à 23.8%).
Répétition d'un même geste ou d'une série de gestes à cadence élevée
Cette contrainte physique a globalement diminué entre 1994 et 2017, passant de 20.3% de sujets exposés à 16.1%.
La diminution de l'exposition a été présente dans tous les secteurs d'activité et les CSP.
Exposition aux agents chimiques
Il s'agit de l'exposition au cours de la dernière semaine travaillée.
Le taux des sujets exposés à au moins un produit chimique a diminué entre 1994 et 2017, passant de 33.8% à 32.2%, ce qui signifie tout de même que près d'un tiers des salariés y est exposé. Cependant, ce taux a augmenté dans la construction (55.8% à 57.5%) et le tertiaire (25.4% à 28.6%) et chez les employés du commerce et des services (38.7% à 45.5%), les ouvriers qualifiés (56.1% à 61%) et non qualifiés (51.8% à 56.4%).
L'exposition à au moins un produit chimique 10 heures ou plus par semaine concerne 8.5% des sujets en 2017 versus 12.5% en 1994.
L'exposition à au moins un solvant a augmenté entre 1994 et 2017, passant de 12.4% des sujets à 13.2%, de même que l'exposition à au moins trois produits chimiques dont les sujets exposés sont passés, durant cette période, de 13% à 14.6%.
La prise en compte de l'exposition à au moins un produit chimique cancérogène a diminué entre 2003 (13.8%) et 2017 (9.7%) mais on peut constater qu'elle concerne presque 10% des salariés.
Le secteur de la construction expose, en 2017, 30.5% de ses salariés à au moins un produit chimique cancérogène et l'industrie 14.6% de ses salariés. Les ouvriers qualifiés sont aussi massivement exposés à au moins un produit cancérogène (30%) et les ouvriers non qualifiés de façon un peu moindre (13.6%)
Exposition aux agents biologiques
L'exposition au risque biologique s'apprécie au cours de la dernière semaine travaillée.
L'exposition à des agents biologiques a augmenté entre 1994 et 2017 puisqu'elle est passée d'un taux de sujets exposés de 10.3% à 19.3%. Cette augmentation de l'exposition aux agents biologiques est marquée pour les quatre secteurs d'activité, l'agriculture (33.7% à 48.9%), l'industrie (4.3% à 9.9%), la construction (1.8% à 8.7%) et le tertiaire (12% à 21.8%). L'augmentation de l'exposition est aussi notable chez les employés du commerce et des services (20% à 46.4%) et chez les ouvriers qualifiés (5.5% à 12.2%) et non qualifiés (14% à 25.6%).
L'exposition aux agents biologiques par un travail au contact d'un réservoir humain est passée de 5.3% à 10.8% entre 1994 et 2017. Les employés du commerce et des services sont particulièrement exposés à ce risque biologique lié au contact humain, en 2017, avec un taux de 33%.
Contraintes organisationnelles
Elles s'appliquent à la semaine précédente.
Travail plus de 40 heures par semaine
Le taux des travailleurs exposés à plus de 40 heures de travail par semaine diminue entre 1994 et 2017 pour l'ensemble des salariés. Il passe de 29.1% à 17.7%. Cette diminution est généralisée à tous les secteurs d'activité et à toutes les CSP.
Travail de nuit ou en équipe postée
Cette modalité d'activité professionnelle a augmenté modérément dans la période 1994 à 2017, passant de 12.5% à 12.8%.
Le travail de nuit ou en équipe postée est particulièrement présent en 2017 dans l'industrie (23.6%), chez les employés du commerce et des services (15.2%) et les ouvriers qualifiés (22.3%) et non qualifiés (22%).
Variation des horaires selon les jours
Cette contrainte organisationnelle a augmenté entre 1994 et 2017 puisqu'elle est passée d'un taux de 19.8% à 22.9% des salariés exposés. On retrouve, en 2017, cette contrainte au-delà de la moyenne dans le tertiaire (25.4%) et chez les employés du commerce et des services (37.2%).
Astreintes
Entre 1994 et 2017, le taux de salariés amenés à effectuer des astreintes a augmenté, passant de 5.5% à 7.9% mais il faut signaler qu'il était nettement plus élevé en 2010 (8.5%) et, surtout, en 2003 (10.3%).
En 2017, les astreintes sont plus fréquentes dans l'industrie (8.5%) et, parmi les CSP, chez les cadres (13.6%) et les professions intermédiaires (11.3%).
Travailler souvent ou toujours plus que l'horaire prévu
Entre 2003 et 2017, le taux de salariés amenés à travailler toujours ou souvent au-delà de l'horaire prévu a augmenté de façon modérée, passant de 24.3% à 25.5%, ce qui représente tout de même un peu plus d'un quart des salariés.
Ce temps de travail au-delà de l'horaire prévu est présent, en 2017, à un taux supérieur à l'ensemble des salariés dans l'agriculture (26.5%), l'industrie (26.3%) mais surtout chez les cadres (47.7%) et, de façon un peu moindre, dans les professions intermédiaires (30.5%).
Absence de connaissance de son horaire de travail du lendemain ou de la semaine suivante
Entre 2003 et 2017, la prévisibilité des horaires de travail s'est améliorée. Ils sont 4.5% en 2017 à ne pas connaître leur horaire de travail du lendemain contre 6.7% en 2003. Ce manque de prévision de l'horaire de travail du lendemain touche plus souvent les ouvriers qualifiés (6.4%) et non qualifiés (6.7%) ainsi que les cadres (7%).
De la même façon, l'imprévisibilité de la connaissance de ses horaires de travail pour la semaine suivante a diminué entre 2003 et 2017, passant de 13.2% à 9.3%. En 2017, l'absence de connaissance de ses horaires de travail la semaine suivante est marquée dans l'agriculture (20.9%) et chez les ouvriers qualifiés (12.9%) et non qualifiés (14.1%).
Contraintes organisationnelles et relationnelles
Subir au moins trois contraintes de rythme de travail
Ces trois contraintes de rythme de travail sont prises en compte parmi les suivantes : le déplacement automatique d’un produit ou d’une pièce et/ou la cadence automatique d’une machine, d’autres contraintes techniques, la dépendance immédiate vis-à-vis du travail d’un ou plusieurs collègues, des normes de production ou des délais à respecter en une journée au plus, une demande extérieure obligeant à une réponse immédiate, les contrôles ou surveillances permanents exercés par la hiérarchie et un contrôle ou un suivi informatisé.
Entre 1994 et 2017, cette exposition à trois contraintes de rythme a augmenté pour l'ensemble des salariés puisqu'elle passe de 28.3% à 32.3%.
En 2017, elle est plus marquée que la moyenne dans l'industrie (40.3%), pour les professions intermédiaires (34.9%) et les ouvriers qualifiés (41.1%) et non qualifiés (34.2%).
Contraintes de rythme de travail
Le fait d'avoir un rythme de travail imposé par :
ü une demande extérieure obligeant à une réponse immédiate a augmenté entre 1994 et 2017, passant de 49.8% à 55.7%. En 2017, cette contrainte est élevée pour les cadres (63.9%) et les employés administratifs (65%) ;
ü des normes de production ou des délais à respecter en une journée ou plus dont le taux a diminué entre 1994 et 2017, respectivement 37.6% et 35%. Cette contrainte est très présente en 2017 dans l'industrie (44.4%), et, assez logiquement, chez les ouvriers qualifiés (52.3% et non qualifiés (47.6%) ;
ü une dépendance immédiate vis-à-vis de collègues, contrainte qui a diminué sur la période 1994-2017 de 26.3% à 24.2% mais est présente en 2017 de façon plus importante dans l'industrie (34.3%) et chez les ouvriers qualifiés (29.5%) et non qualifiés (27.6%) ;
ü les contrôles ou la surveillance permanente exercée par la hiérarchie a aussi diminué entre 1994 et 2017, passant de 28.4% à 24.9%, contrainte qui s'exerce en 2017 plus que la moyenne dans le secteur tertiaire (26.1%), sur les ouvriers qualifiés (30.7%) et non qualifiés (27.3%) et les employés du commerce et des services (28%) ;
ü un contrôle ou un suivi informatique, en forte augmentation, dont le taux de sujets exposés est passé, entre 1994 et 2017, de 14.5% à 32.1% de salariés exposés. Contrôle ou suivi informatique qui est plus marqué que pour l'ensemble des salariés dans l'industrie (33.2%), le secteur tertiaire (34%) et, parmi les CSP, chez les professions intermédiaires (40.9%), les employés administratifs (36.5%) et les ouvriers qualifiés (34.8%).
Devoir fréquemment interrompre une tâche pour en faire une autre non prévue
Entre 1994 et 2017, cette contrainte de travail a augmenté de façon conséquente, passant de 46.2% de salariés concernés à 57.8%.Cette contrainte est particulièrement présente, en 2017, dans l'industrie (60.4%), chez les cadres (75.8%), les professions intermédiaires (66.5%) et les employés administratifs (67.9%).
Ces interruptions apparaissent moins perturbantes en 2017 (47.9%) qu'en 2003 (50.6%) mais elles le sont, en 2017, de façon plus importante que la moyenne dans l'industrie (51%), chez les cadres (55.1%), les professions intermédiaires (51.6%) et les employés administratifs (51%).
Ne pas pouvoir faire varier les délais fixés
Cette contrainte est en augmentation en 2017 (41.8%) par rapport à 2003 (35.4%). Les ouvriers qualifiés (50.6%) et non qualifiés (54.7%) sont les plus nombreux à ne pas pouvoir faire varier les délais fixés en 2017.
Être en contact direct avec le public (de vive voix ou par téléphone)
Entre 1994 et 2017, le taux de salariés en contact avec le public a augmenté puisqu'il est passé de 63.2% à 70.7%. Les secteurs d'activité les plus concernés sont la construction (79%) et le tertiaire (77.3%). Parmi les CSP, celles qui sont plus exposées aux contacts avec le public sont les professions intermédiaires (73.6%), les employés administratifs (78.9%) et, surtout, les employés du commerce et des services (95%).

Vivre en permanence ou régulièrement des tensions avec le public
Parmi l'ensemble des salariés, entre 2003 et 2017, le fait de vivre des tensions avec le public a diminué, passant de 10% à 7.5%.
En 2017, les tensions avec le public sont particulièrement présentes dans le secteur tertiaire (9.1%), chez les professions intermédiaires (9.5%), les employés administratifs (11.1%) et ceux du commerce et des services (11.9%).
Moyens pour effectuer son travail
L'exposition à un manque de moyens pour effectuer son travail mène au travail empêché.
Il y a, concernant cette thématique, majoritairement une amélioration entre 2003 et 2017 car les salariés n'ont pas en général :
ü les moyens matériels adaptés et suffisants, 19% en 2003 et 15% en 2017 ;
ü des informations claires et suffisantes, 18% en 2003 et 14% en 2017 ;
ü un nombre de collègues ou de collaborateurs suffisants, 25% en 2003 et 18% en 2017 ;
ü une possibilité de coopérer qui reste à peu près stable, aux environs de 7% ;
ü une formation suffisante et adaptée, 20% en 2003 et 14% en 2017 ;
ü trois parmi ces indicateurs de travail empêché, 11% en 2003 et 7% en 2017.
Facteurs de risques psychosociaux
Exposition au stress
Le stress est apprécié selon la demande psychologique et la latitude décisionnelle du questionnaire de Karasek avec les questions portant sur le soutien social.
Entre 2003 et 2017, la demande psychologique est restée quasiment stable, les médianes de ce score sont respectivement de 21 et 21.5. La médiane du score de latitude décisionnelle a légèrement diminué, 70.8 en 2003 et 69.8 en 2017. Le soutien social est resté quasiment stable, 23.3% en 2003 et 23.5% en 2017.
Au total, en 2017, 31.6% des salariés sont en job strain contre 26.8% en 2003. Les secteurs où l'on trouve, en 2017, des salariés en job strain au-delà du taux pour l'ensemble de la population sont l'industrie (32.3%) et le tertiaire (32.4%).
Les CSP les plus touchées par le job strain en 2017 sont les employés administratifs (42.6%), les employés du commerce et des services (35.8%), les ouvriers qualifiés (32.3%) et non qualifiés (37.2%). Les cadres sont les moins touchés avec un taux de 19.3%.
En 2017, la médiane de la demande psychologique des cadres est plus élevée que la moyenne (23.5 versus 21.5) mais la médiane de la latitude décisionnelle est aussi plus élevée (76.6 versus 69.8), ce qui explique que les cadres sont nettement moins nombreux en job strain (19.3%) que l'ensemble des salariés (31.6%).
L'iso-strain, caractérisé par un job-strain accompagné d'un soutien social faible, a augmenté entre 2003 et 2013, il est passé de 16.2% à 17.9%. Il est plus fréquent, en 2017, chez les employés administratifs (23.3%), ceux du commerce et des services (19.7%), les ouvriers qualifiés (19.8%) et surtout les ouvriers non qualifiés (22.4%).
Manque de reconnaissance
Le manque de reconnaissance est l'un des facteurs de risques psychosociaux pouvant le plus influer sur l'état de santé psychique.
Le taux de manque de reconnaissance, seulement questionné en 2010 et 2017, a diminué entre ces deux dates, respectivement 53.3% et 49.4%. Il est présent de façon plus importante dans l'industrie (51.8%) et chez les professions intermédiaires (53.6%) et les ouvriers qualifiés (50.2%).
Satisfaction au travail
La satisfaction au travail est largement majoritaire chez les salariés en 2017 (89%), en augmentation par rapport aux 86.9% de 2010. En 2017, elle est plus importante que pour l'ensemble des salariés dans la construction (90.9%), chez les employés du commerce et des services (90.6%) et les ouvriers qualifiés (90.5%).
Agressions verbales de la part du public au cours des 12 derniers mois
Ce point concerne les salariés en contact, de vive voix ou par téléphone, avec le public, soit 70.9% et 70.7% respectivement en 2003 et 2017.
Entre 2003 et 2017, le taux des salariés déclarant avoir subi une agression verbale de la part du public a diminué. Il est passé de 21% en 2003 à 14.5% en 2017. En 2017, les salariés du secteur tertiaire sont les plus touchés par les agressions verbales du public (16.3%). Parmi les CSP les plus exposées aux agressions verbales du public on retrouve les professions intermédiaires (16.5%), les employés administratifs (18%) et les employés du commerce et des services (17.2%).
Comportements hostiles au travail
A l'exception des atteintes dégradantes au travail qui augmentent très modérément, on passe de 1.9% des salariés exposés en 2003 à 2% en 2017 (mais, en 2017, 2.5% chez les ouvriers qualifiés et 3.5% chez les non qualifiés), les comportements hostiles ont plutôt tendance à diminuer.
Dans leur ensemble, 15.1% des salariés sont au moins confrontés à un comportement hostile en 2017 versus 16.3% en 2003. Ces comportements hostiles sont plus fréquents que pour l'ensemble des salariés dans l'industrie (16.5%) et, parmi les CSP, chez les employés (17%), les ouvriers qualifiés (15.6%) et non qualifiés (16.1%).
Selon la taille des entreprises, celles où le plus de salariés sont exposés à au moins un comportement hostile sont celles de 50 à 249 salariés (environ 17%), suivies de celles de 10 à 49 salariés et de 250 salariés ou plus avec environ 16% de salariés exposés.
La prévalence des comportements méprisants au travail est stable entre 2003 et 2017, respectivement 10.6% et 10.5%. En 2017, ces comportement sont plus présents que dans l'ensemble des salariés dans l'industrie (12.2%), chez les employés administratifs (12%), chez les ouvriers qualifiés (11.1%) et non qualifiés (12.8%).
Enfin, le déni de reconnaissance du travail est aussi en diminution, 10.2% en 2003 et 9.4% en 2017, après 13.2% en 2010.
Ce déni de reconnaissance du travail touche, en 2017, un peu plus le secteur tertiaire (9.7%), les employés administratifs (9.8%) et ceux du commerce et des services (11.3%).

·     5e Baromètre sur les arrêts de travail (BVA/Réhalto)
Ce Baromètre a été réalisé par l'institut de sondage BVA pour la société Réhalto qui se présente comme " pionnière en Europe dans le développement du bien-être au travail.
Expert de :
ü la prévention des risques psychosociaux et du stress ;
ü la gestion du traumatisme psychologique individuel et collectif ;
ü l’accompagnement au retour à la santé et à la vie active. "
Ce baromètre, publié en juillet 2019, est intitulé " Baromètre sur les arrêts de travail - «Comprendre pour agir» ".
Vous pourrez accéder au document en pièce jointe et par le lien au site de BVA figurant à la fin du commentaire.
Méthodologie
Cette enquête comprend deux parties.
L'une, menée auprès des salariés, a été réalisée par Internet du 14 au 27 juin 2019 auprès de 1505 salariés d'entreprises de plus de 50 salariés.
La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas portant sur les critères suivants : le sexe, l'âge, la catégorie socio-professionnelle (CSP), la taille de l'entreprise et le secteur d'activité.
L'autre a été menée auprès de 301 DRH par téléphone du 1er au 12 juillet 2019, avec une représentativité assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : taille d'entreprise, secteur d'activité et région.
Données sur les arrêts de travail en 2018
Eléments concernant l'absentéisme
Taux d'absentéisme
Le taux d'absentéisme entre juin 2018 et juin 2019 a été globalement de 3.9%, en augmentation par rapport aux 3.2% de 2016/2017 mais identique au taux de 2015/2016 qui était lui supérieur aux taux de 3.3% de 2014/2015 et 2.8% de 2013/2014.
Ainsi, sur 5 ans, le taux de croissance annuel composé de l'absentéisme a été de 6.85%.
Le taux d'absentéisme est le rapport du nombre de jours calendaires d'absence dans l'année sur le nombre de jours calendaires travaillés sur l'année multiplié par 100.
Taux de salariés absents
Les absences prises en compte n'incluent pas les congés maternité et paternité.
En 2018/2019, 36% des salariés ont eu au moins un arrêt au cours des 12 derniers mois, ce qui est inférieur aux 28% de 2016/2017, aux 40% de 2015/2016, aux 38% de 2014/2015 et seulement supérieur aux 34% de 2013/2014.
Nombre moyen de jours d'arrêt par salarié
Entre juin 2018 et juin 2019, le nombre moyen de jours d'arrêt par salarié a été de 14.1, en augmentation par rapport aux 11.6 jours de 2016/2017 et proche des 14.2 jours de 2015/2016. En 2013/2014 et 2014/2015, les nombres moyens de jours d'arrêt par salarié étaient respectivement de 10.1 et 12.1.
Taux d'absentéisme en fonction de différentes variables
Selon le sexe
Le taux d'absentéisme pour les femmes, de 5.1%, est supérieur à celui des hommes de 2.9%.
Selon la taille de l'entreprise
Le taux d'absentéisme est de 4% pour les entreprises de 50 à 249 salariés, de 3.6% pour celles de 250 à 4 999 salariés et de 4.1% pour celles de 5 000 salariés et plus.
Selon la CSP
Le taux d'absentéisme selon la CSP marque un gradient inversement proportionnel au niveau de la CSP : chez les cadres, il est de 1.4%, chez les professions intermédiaires de 3.2%, chez les employés de 4.6% et chez les ouvriers de 6.5%.
Selon l'âge
Le taux d'absentéisme varie avec l'âge : 2.5% chez les 18-29 ans, 4.2% chez les 30-39 ans, 3.6% chez les 40-49 ans et les 50-54 ans et 5% chez les 55 ans et plus.
Selon le secteur d'activité
L'industrie est le secteur présentant le taux d'absentéisme le plus élevé (4.8%), suivi des services (3.9%), du transport (3.4%), de la construction (3.3%) et du commerce (2.2%).
Selon les caractéristiques du travail et les contraintes pesant sur les salariés
Télétravail
En l'absence de télétravail, le taux d'absentéisme est de 4.3%. Il est de 2.3% pour un télétravail quotidien, de 3% pour un télétravail d'un jour ou deux par semaine et de 1.2% en cas de télétravail occasionnel.
Personne à charge
Le taux d'absentéisme est de 3.9% en l'absence de personne à charge, de 3.7% en cas de personne à charge habitant dans le même domicile et de 3.8% si la personne à charge habite dans un autre domicile.
Charge de travail
En fonction de la charge de travail, le taux d'absentéisme est de 6.2% si la charge de travail est importante et que le salarié peine à y faire face, de 3.3% si la charge de travail est importante et que le salarié parvient à y faire face et de 2.4% si la charge de travail n'est pas importante.
Il est à noter que 22% des salariés sont confrontés à une charge de travail importante à laquelle ils peinent à répondre, 68% des salariés ont une charge de travail importante qu'ils peuvent assumer et 10% une charge peu importante.
Le taux d'absentéisme varie aussi en fonction du temps de transport avec 4.3% pour un temps de transport supérieur à une heure, 3.0% pour une demi-heure à une heure et 3.1% pour moins d'une demi-heure.
Les motifs des arrêts maladie
Les salariés déclarent comme motifs des arrêts maladie [la classification des raisons médicales m'apparaît un peu farfelue !] :
ü des maladies ordinaires (46%),
ü des troubles musculo-squelettiques (27%) (lombalgie mais aussi fibromyalgie et syndrome de fatigue chronique) [Ces dernières pathologies selon moi n'ont rien à voir avec les TMS !],
ü un arrêt pour un épuisement professionnel (19%),
ü un accident (13%),
ü des troubles psychologiques (10%),
ü des maladies de longue durée (10%) (cancer, maladie neurologique),
ü des maladies chroniques (9%) (diabète, sclérose en plaque, maladie de Crohn, etc…),
ü s'occuper d'un proche (4%),
ü et 15% invoquent une autre raison.
Le présentéisme
Parmi les salariés auxquels un arrêt de travail est prescrit, 56% le posent (27% sans hésiter et 29% avec une certaine appréhension) et 44% ne posent pas d'arrêt de travail maladie (10% prennent un congé payé ou utilisent une journée de récupération de temps de travail et 34% font acte de présentéisme).
Le taux de personnes n'utilisant pas leur arrêt de travail est modérément en hausse par rapport aux 43% de 2017/2018 et 41% de 2016/2017.
Les principales raisons pour lesquelles les salariés n'utilisent pas leur arrêt de travail sont qu'ils ne veulent pas voir leur revenu baisser (41% et 59% chez les ouvriers), leur charge de travail est trop importante pour qu'ils puissent s'absenter (32% et 46% chez les cadres), la crainte du report de la charge de travail sur leurs collègues (24%), la peur d'être mal perçus par leur supérieur hiérarchique ou leurs collègues (18%), le fait d'avoir une échéance importante dans son travail (16%) et une autre raison (13%).
Regards croisés salariés/DRH sur les arrêts maladie
Durée des arrêts
Une majorité des arrêts maladie (57%) dure une semaine ou moins et 34% sont d'un à trois jours (soit moins que les 39% de 2016/2017 et 2017/2018). Ces arrêts de 1 à 3 jours concernent à 54% les 18-29 ans.
Les arrêts de plus d'une semaine (43%) comprennent 34% d'arrêts de plus d'une semaine à trois mois et 9% d'arrêts de trois mois et plus, en augmentation par rapport aux 7% de 2016/2017 et 2017/2018.
Ces arrêts de longue durée de plus de trois mois concernent des sujets âgés de 55 ans et plus pour 17%, soit presque le double de l'ensemble de la population.
Répartition des causes des arrêts
Selon les salariés, 85% des arrêts sont dus à la maladie, 7% à des accidents de travail, 6% à des maladies professionnelles et 2% à des accidents de trajet.
Les causes des arrêts
Une majorité des arrêts (67%) était due à une pathologie non liée au travail, 9% à des difficultés liées à la vie personnelle, 11% à des tensions liées à l'organisation du travail, 7% à des difficultés liées aux pratiques managériales de l'entreprise et 5% à des difficultés liées aux pratiques managériales du manager de proximité.
Les arrêts liés au travail représentent sur l'année 2018/2019, 23% de l'ensemble des arrêts, soit moins que les 25% de 2016/2017 et surtout les 27% de 2016/2017. Mais ils sont plus élevés que les arrêts liés au travail de 20% en 2013/2014 et 2014/2015.
Arrêts et syndrome d'épuisement professionnel
En 2017, 7% des arrêts sont dus à un syndrome d'épuisement professionnel (en 2018, selon les données plus haut, c'est 19%).
Certaines populations sont plus exposées au syndrome d'épuisement professionnel : les femmes (9%) que les hommes (5%), les aidants familiaux avec la personne à charge habitant au domicile (14%), les 18-29 ans et les 30-39 ans, les 55 ans et plus semblant moins susceptibles de souffrir d'un épuisement professionnel (4%), les salariés soumis à une charge de travail importante à laquelle ils peinent à faire face (15% mais 7% si elle est importante et qu'ils parviennent à y faire face et 13% si elle n'est pas importante), 11% en cas de CDD et 7% en cas de CDI.
Impact des arrêts de travail sur l'entreprise
Ces données sont fournies par l'enquête menée auprès des DRH.
Impact sur l'entreprise
Les DRH sont respectivement 75% et 58% à indiquer que l'absentéisme a un impact négatif sur l'organisation et la performance de l'entreprise.
Ces taux sont en baisse par rapport à 2014/2015 où ils étaient respectivement 86% et 65% à considérer que l'absentéisme a un impact négatif sur l'organisation et la performance de l'entreprise.
Cependant, 59% n'ont pas idée du coût de l'absentéisme sur l'entreprise et 41% ont une idée de ce coût (pour 25%, elle est imprécise et pour 16% cette idée du coût est précise).
Les interlocuteurs des DRH
Concernant l'absentéisme, les interlocuteurs des DRH sont à 72% la médecine du travail (77% en 2016/2017 et 2017/2018), la direction générale de l'entreprise (66%), le CSE ou le CHS-CT ou les délégués du personnel (61%), les DRH ou dirigeants d'autres entreprises (32%), la Caisse primaire d'assurance maladie (26%), l'inspection du travail (14%), des entreprises spécialisées dans la prévention (12%), un préventeur tel qu'un ergonome ou un psychologue (11%), l'assureur ou le courtier (4%) et personne (4%).
Appréciation de la médecine du travail
Une majorité de 79% des DRH estiment que la médecine du travail a une bonne connaissance de l'activité, des métiers et des spécificités de l'entreprise (38% de "Oui, tout à fait" et 41% de "Oui, plutôt") et 21% pensent le contraire.
Les DRH qui apprécient le plus la bonne connaissance des activités, des métiers et des spécificités de l'entreprise au-delà de la moyenne sont ceux de l'industrie et du commerce (83%).
Besoin de soutien
Certains DRH ont des attentes concernant la prévention des arrêts de travail et la gestion des situations d'arrêt de travail dans leur entreprise : 35% souhaitent bénéficier de programmes d'accompagnement au retour à l'emploi, 33% de conseils de prévention des arrêts de travail, 23% d'avoir accès à des outils d'analyse des causes des arrêts de travail et 7% d'avoir accès à des statistiques d'arrêts de travail.

Accompagnement des salariés en arrêt
Ces données suivantes proviennent de l'enquête salariés.
Souhaits d'accompagnement
Une majorité de 69% des salariés en arrêt long auraient souhaité être accompagnés (24% "Oui, tout à fait" et 45% "Oui, plutôt"). Le taux des salariés en arrêt court souhaitant être accompagnés est plus faible, 34% mais il représente tout de même plus d'un tiers d'entre eux.
L'accompagnement souhaité consiste pour 20% des salariés en de l'écoute et de la considération et une absence de jugement, pour 15% des salariés en un accompagnement administratif, pour 14% en la prise de leurs nouvelles et pour 13% en une adaptation du poste et des horaires de travail.
Retour au travail après un long arrêt
Pour 39% des salariés ayant connu un arrêt de longue durée, le retour dans l'entreprise a été insatisfaisant (20% "Très insatisfaisant" et 19% "Plutôt insatisfaisant"). Et il a été jugé satisfaisant pour 57% des salariés, soit moins que les 62% de 2017/2018.
Mise en place d'action de prévention des arrêts de travail
Les DRH sont moins de la moitié (42%) à déclarer que leur entreprise a mis en place des actions spécifiques de prévention des arrêts de travail. Ils étaient 46% en 2017/2018.
Cependant, interrogés sur des améliorations de l'environnement de travail pour prévenir les arrêts de travail, ils sont beaucoup plus nombreux à indiquer la mise en place dans leur entreprise :
ü d'un environnement de travail de qualité (80%),
ü d'un aménagement des horaires et des rythmes de travail (65%),
ü d'un renforcement de l'équipe du salarié en arrêt de travail (62%),
ü de l'accompagnement des salariés au retour d'un arrêt de travail (59%),
ü d'une sensibilisation de l'encadrement et de la direction à la problématique des arrêts de travail (55%),
ü d'une mise en place des dispositifs préventifs du harcèlement moral au travail (40%),
ü d'une formation des managers à l'accueil des salariés au retour d'un arrêt de travail (40%),
ü d'un contrôle des arrêts de travail (40%),
ü d'une commission de suivi des salariés de retour d'arrêt de travail (30%),
ü du télétravail (28%),
ü d'un accompagnement psychologique des salariés en retour d'un arrêt de travail (28%),
ü de services pour améliorer l'adéquation entre vie professionnelle et vie privée, par exemple, une crèche d'entreprise (26%).
Mise en place d'actions spécifique RPS/QVT (risques psychosociaux/qualité de vie au travail)
Les principales mesures de prévention mises en œuvre dans ce domaine sont :
ü le document unique d'évaluation des risques (82%), ce qui est plus que les 76% de 2017/2018 [NDR – Et ceci pour une obligation qui date de 2002 !],
ü une évaluation de la pénibilité (64%),
ü une analyse ergonomique des postes de travail (63%),
ü des actions de prévention des TMS (56%),
ü une formation à la prévention des RPS (53%),
ü un coaching des managers (46%),
ü un diagnostic RPS et QVT ou un accord (40%),
ü une enquête pour plainte de harcèlement (33%),
ü une délégation d'enquête paritaire suite à un évènement grave (29%),
ü des actions de prévention des addictions sur le lieu de travail (27%),
ü un comité RPS paritaire et/ou une cellule de veille d'alerte (26%),
ü une ligne d'accompagnement et de soutien psychologique (25%),
ü un accord télétravail (21%).
Actions de prévention
Un quart des salariés travaillent dans une entreprise qui a mis en place un dispositif de santé / Bien être : pour 25% une incitation à la pratique du sport ou de l'activité physique, pour 28% une sensibilisation à une alimentation équilibrée et pour 25% une ligne téléphonique d'accompagnement et de soutien psychologique.
Stress des DRH et addictions dans l'entreprise
Une majorité de 74% des DRH indiquent qu'ils ne sont pas stressés (40% "Pas du tout" et 34% "Plutôt pas").
Une grande majorité de 82% des DRH indiquent qu'ils ne sont pas confrontés dans leur entreprise à des problèmes d'addiction à des substances psychotropes (alcool, drogues, somnifères et anxiolytiques) mais 18% y sont confrontés.

Nous sommes toujours dans l'attente du rapport de Mme Lecocq sur la santé au travail dans la fonction publique, ceci alors qu'un projet de décret sur la santé au travail dans la fonction publique est en cours d'élaboration ! Et bien sûr de l'élaboration d'un texte sur la réforme de la santé au travail puisque le gouvernement doit reprendre la main suite à l'impossibilité pour les partenaires sociaux de parvenir à un consensus en juillet 2019 après des mois de concertation au sein du Groupe permanent d'orientation du Coct.


Jacques Darmon

Si vous souhaitez ne plus figurer sur cette liste de diffusion, vous pouvez m'en faire part à l'adresse suivante : jacques.darmon@orange.fr.


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