Lettre d'information du 10 mars 2024

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Le 10 mars 2024

 

Au sommaire de cette lettre… Parmi les textes de loi … Une question parlementaire sur le devenir de l’obligation de permettre l’accès au document unique sur un portailUne jurisprudence… relative à l’obligation de sécurité des employeurs au titre des articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail et le risque en cas de manquement… Le premier rapport annuel de la Direction générale du travail sur les services de prévention et de santé au travailUn article du Bulletin hebdomadaire épidémiologique consacré à la souffrance psychique en lien avec le travail…

 

Les lettres d’information sont accessibles, depuis janvier 2019, sur un blog à l’adresse suivante : https ://bloglettreinfo.blogspot.com/.

 

·     Textes de loi, réglementaires, circulaires, instructions, questions parlementaires, Conseil d’État

 

Question parlementaire sur l’accès au duerp dans un portail de branche

Une question parlementaire et sa réponse un peu anciennes mais qui montre que certains textes de loi dans un domaine important pour la prévention et le suivi des risques professionnels peuvent être ignorés. La loi du 2 août 2021, en modifiant l’article L. 4121-3-1 (V B) du Code du travail, a prévu que « le document unique d'évaluation des risques professionnels et ses mises à jour font l'objet d'un dépôt dématérialisé sur un portail numérique déployé et administré par un organisme géré par les organisations professionnelles d'employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel. Ce portail garantit la conservation et la mise à disposition du document unique conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur. » Ce qui en facilitait effectivement une conservation dans la durée et son accessibilité. Il semble donc bien que l‘on revienne sur cette disposition.

Question de M. CHAIZE Patrick (Ain - Les Républicains) - publiée le 03/08/2023 dans le JO Sénat du 03/08/2023 - page 4742

« M. Patrick Chaize appelle l'attention de M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion sur les modifications apportées au document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP), par la loi n° 2021-1018 du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail.

Le DUERP est obligatoire dans toutes les entreprises dès l'embauche du 1er salarié. L'employeur consigne dans ce document le résultat de l'évaluation des risques pour la santé et la sécurité auxquels peuvent être exposés les salariés. L'évaluation des risques professionnels est de la responsabilité de l'employeur et s'inscrit dans le cadre de son obligation générale d'assurer la sécurité et de protéger la santé des salariés.

Depuis le 1er juillet 2023, les entreprises dont l'effectif est supérieur ou égal à cent cinquante salariés sont censées déposer sur un portail numérique national, le DUERP et ses mises à jour successives. Au plus tard à compter du 1er juillet 2024, l'obligation doit entrer en vigueur pour les entreprises dont l'effectif est inférieur à cent cinquante salariés.

Toutefois, force est de constater que le portail numérique n'est pas opérationnel alors que la première échéance du 1er juillet 2023 est d'ores et déjà dépassée.

Cette nouvelle obligation représentant un enjeu majeur pour les entreprises, il lui demande quel est l'état d'avancement des travaux portant sur la mise en place de cet outil et quelles sont les dates désormais fixées pour le dépôt dématérialisé du DUERP et de ses mises à jour. »

Réponse du Ministère du travail, du plein emploi et de l'insertion publiée le 30/11/2023 - Publiée dans le JO Sénat du 30/11/2023 - page 6681

« L'Accord national interprofessionnel (ANI) du 9 décembre 2020 pour une prévention renforcée et une offre renouvelée en matière de santé au travail et conditions de travail identifie le Document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP) comme un levier pour décliner de façon opérationnelle une politique de prévention primaire des risques professionnels dans l'entreprise et prévoit la conservation des versions successives des DUERP dans le but d'assurer une « traçabilité collective » des risques professionnels. La loi n° 2021-1018 du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail prévoit en cohérence le renforcement du DUERP en le rehaussant au niveau législatif, en mettant l'accent sur l'accompagnement des employeurs et le dialogue social et en prévoyant que le DUERP et ses mises à jour sont conservés pendant une période de 40 ans minimum, et sont « tenus à la disposition des travailleurs, des anciens travailleurs ainsi que de toute personne ou instance pouvant justifier d'un intérêt à y avoir accès ». La loi prévoit également le dépôt dématérialisé des versions du DUERP sur un portail numérique déployé et administré par un organisme géré par les organisations professionnelles d'employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel. Dans ce cadre, la loi indique que le cahier des charges du déploiement et du fonctionnement de ce portail numérique ainsi que les statuts de l'organisme qui en assurera la gestion, sont établis par les organisations professionnelles d'employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel et agréés par le ministre chargé du travail. La loi précise enfin que ce portail doit « garantir la conservation et la mise à disposition du document unique conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur ». Il préserve la confidentialité des données contenues dans le document unique et en restreint l'accès par l'intermédiaire d'une procédure d'authentification sécurisée réservée aux personnes et instances habilitées à déposer et mettre à jour le document sur le portail ainsi qu'aux personnes et instances justifiant d'un intérêt à y avoir accès. Lors des réflexions préliminaires sur la mise en œuvre du portail, les nombreuses difficultés qu'il faudrait surmonter pour le mettre en place sont vite apparues à l'ensemble des acteurs, en matière notamment de faisabilité technique pour héberger les documents pendant 40 ans, authentifier les accès, ou encore pour assurer la protection du secret des affaires ou définir les conditions de financement et de maintenance de ce portail. C'est pourquoi le ministre du travail a saisi en décembre 2022 l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), afin d'expertiser toutes les solutions possibles dans le strict respect des principes fixés par l'ANI de décembre 2020. Les travaux menés par l'IGAS, à l'issue d'une large consultation des parties prenantes, confirment les difficultés liées à la mise en œuvre opérationnelle de ce portail et soulignent également un bilan bénéfice risque négatif. Sur la base de ces travaux et en accord avec les partenaires sociaux membres du Comité national de prévention et de santé au travail, le ministère en charge du travail va dès lors procéder à de nouvelles concertations afin d'identifier les suites à donner, dans une optique de renforcement de la traçabilité collective des expositions aux risques professionnels au bénéfice de la santé des travailleurs et des anciens travailleurs. Dans l'attente, conformément aux dispositions de l'article R. 4121-5 [NDR – Non, a priori, il s’agit de l’article R. 4121-4 du Code du travail], l'employeur conserve les versions successives du DUERP au sein de l'entreprise sous la forme d'un document papier ou dématérialisé. Chaque mise à jour du DUERP doit également être transmise au service de prévention et de santé au travail auquel l'employeur adhère, en vertu du VI de l'article L. 4121-3-1 du code du travail. » [NDR – On pourra voir, ci-dessous, dans le rapport de la Direction générale du travail sur les services de prévention et de santé au travail que cette obligation n’est pas très respectée .]

 

·       Jurisprudence

Il y a manquement à l’obligation de sécurité, en cas d’accident du travail, si l’employeur n’a pas mis en œuvre toutes les dispositions des articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail

Il s’agit d’un arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation en date du 28 février 2024 – Cass. soc., pourvoi n° 22-15624, publié au Bulletin d’information de la Cour de cassation – qui rappelle l’importance pour les employeurs de respecter toutes les obligations de prévention prévues dans les articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail. La preuve de la mise en œuvre de ces mesures lui incombant.

Faits et procédures – Un salarié a été embauché le 3 juillet 2000. En dernier lieu il exerçait la fonction de technicien confirmé mécanique véhicules industriels.

Il a été victime d’un accident du travail qui a entraîné une hospitalisation et un arrêt de travail de relative courte durée.

Le 28 juin 2016 la société a été placée en redressement judiciaire par le tribunal commercial puis a été redressée, elle redevenue in bonis.

Entre temps, le salarié avait saisi le conseil de prud’hommes le 26 novembre 2015, de diverses demandes, dont celle de la résiliation de son contrat de travail du fait du manquement de l’employeur à son obligation de sécurité. [NDR – La résiliation judiciaire du contrat de travail par les juges permet, si les griefs du salarié sont reconnus comme un manquement grave de l’employeur, de mettre fin au contrat de travail et de qualifier la rupture de licenciement sans cause réelle et sérieuse. Si la résiliation n’est pas accordée, le contrat continue.]

Moyen du salarié

Nous nous intéresserons uniquement au moyen du salarié relatif au manquement à l’obligation de sécurité.

En effet, le salarié fait grief à l’arrêt de la cour d’appel de le débouter de sa demande de résiliation judiciaire de son contrat de travail, d’indemnité de licenciement, de l’indemnité compensatrice de préavis avec les congés payés afférents et d’indemnité pour licenciement nul ou sans cause réelle et sérieuse. Il émet ces demandes sur la base de l’inobservation par son employeur de règles de sécurité. Pour le salarié, il incombe à l’employeur de démontrer que la survenue de son accident du travail est étrangère à tout manquement à son obligation de sécurité, notamment à son obligation de prévention des risques professionnels. Ceci alors qu’il évoquait l’absence de la fourniture d’équipements de protection individuelle. En le déboutant de sa demande de résiliation judiciaire, la cour d’appel aurait donc violé les articles L. 1235-3-2, L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail, ensemble l'article 1353, alinéa 2, du Code civil.

Réponse de la Cour de cassation

« Vu l'article 1353 du code civil, dans sa version issue de l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016, et les articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du code du travail, dans leur version antérieure à l'ordonnance n° 2017-1389 du 22 septembre 2017 [Lien vers les versions des articles en vigueur au moment des faits].

Il résulte de ces textes que lorsque le salarié invoque un manquement de l'employeur aux règles de prévention et de sécurité à l'origine de l'accident du travail dont il a été victime, il appartient à l'employeur de justifier avoir pris toutes les mesures prévues par les articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du code du travail.

Pour débouter le salarié de sa demande de résiliation judiciaire pour manquement à l'obligation de sécurité, l'arrêt retient que l'intéressé justifie avoir été hospitalisé le 28 février 2018 en raison d'une plaie pulpaire au troisième rayon de la main gauche, puis avoir été en arrêt de travail du 1er au 25 mars 2018, qu'il n'explique pas les circonstances dans lesquelles il a été blessé sur son lieu de travail et que c'est de manière totalement inopérante qu'il met en avant qu'il revient à l'employeur de prouver qu'il a satisfait à son obligation de sécurité puisqu'au contraire, c'est à lui, qui sollicite la résiliation de son contrat de travail, de démontrer la réalité des manquements qu'il invoque.

Qu'en statuant ainsi, alors qu'il appartenait à l'employeur de démontrer qu'il avait pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé du salarié, la cour d'appel, qui a inversé la charge de la preuve, a violé les textes susvisés. »

https://www.courdecassation.fr/decision/65deda9d7f398b00089bf806?search_api_fulltext=&date_du=&date_au=&judilibre_juridiction=cc&judilibre_chambre%5B%5D=soc&judilibre_publication%5B%5D=b&op=Rechercher+sur+judilibre&previousdecisionpage=0&previousdecisionindex=1&nextdecisionpage=0&nextdecisionindex=3

 

·       Rapport annuel 2022  sur les services de santé au travail en 2023 (DGT)

Il s’agit du premier rapport annuel sur l’activité des services de prévention et de santé au travail publié par la Direction générale du travail (DGT) que vous pourrez consulter en pièce jointe et sur le site du ministère du travail à l’adresse en fin de commentaire.

Pour rappel, le Conseil d’orientation des conditions de travail (Coct) publiait, il y a des années, des informations sur l’activité des services de santé au travail à partir des données transmises par les médecins inspecteurs du travail. Données principalement consacrées aux aspects médicaux. Ces données relatives à la santé au travail et aux services de santé au travail figurent dans des rapports annuels du Coct, dont seuls les plus anciens fournissent des éléments assez précis sur les données médicales de l’activité des services de santé au travail (par exemple, le rapport du Coct de l’année 2014 qui peut servir de comparaison pour l’évolution des différentes visites médicales effectuées).

Préambule

Le rapport annuel de la Direction générale du travail, suite à la loi du 2 août  2021 renforçant la prévention en santé au travail, vise à obtenir un aperçu de l’activité et de la gestion financière des services de prévention et de santé au travail (SPST), qu’ils soient interentreprises (SPSTI) ou autonomes d’entreprises (SPSTA).

Ce rapport vise à être réalisé chaque année par une enquête menée auprès de l’ensemble des services de prévention. L’élaboration et la synthèse de l’enquête seront présentées chaque année au Comité national de prévention et de santé au travail (CNPST) du Coct.

Objectifs et méthodologie

L’enquête auprès des SPST est réalisée dans le cadre de l’article D. 4622-57 du Code du travail modifié par la loi du 2 août 2021.

Les résultats de l’enquête permettent à l’administration, en l’occurrence la DGT, d’avoir une meilleure connaissance, au niveau national, de l’activité des SPST relative à leur à leur activité  et à leur fonctionnement. En particulier, les données financières relatives au coût moyen de l’offre socle permettront, à l’administration, selon les modalités définies dans le décret n° 2022-1749 du 30 décembre 2022 relatif au financement des services de prévention et de santé au travail, de définir le coût moyen de la cotisation par salarié et les limites imposées à la cotisation par l’article D. 4622-27-6.

La réponse à l’enquête menée par la DGT constitue, pour l’ensemble des SPST, une obligation réglementaire qui sera vérifiée lors de l’agrément. Selon l’article D. 4622-58, les résultats de cette enquête annuelle seront publiés sur le site du ministère du travail, comme cela a été le cas cette année avec les résultats de l’enquête 2022.

L’enquête vise à questionner l’ensemble des SPST, soit 193 SPSTI et 383 SPSTA en 2022 qui ont été recensés par les directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets), en charge de l’agrément des SPST.

L’enquête a été administrée par voie dématérialisée entre avril et août 2022 avec relance au mois de juillet.

Les services de la DGT ont validé les données jusqu’en octobre 2023.

Le rapport a été présenté au CNPST en décembre 2023 et publié en février 2024.

Chiffres clés

En 2022, 178 SPSTI et 249 SPSTA, sur respectivement 193 et 383, ont répondu à l’enquête.

Les SPST suivent 17 341 245 salariés, dont 93% pour les SPSTI et 7% pour les SPSTA.

Les SPSTI assurent la santé au travail pour 1 407 973 établissements du secteur privé dont 1 091 626 entreprises de moins de 10 salariés (77.5%).

Une cellule de prévention de la désinsertion a été mise en place dans 134 SPSTI (75%).

L’ensemble des SPST disposent de 2 148 centres fixes et 1 181 centres annexes et 269 centres mobiles (il s’agit en quasi-totalité de centres mobiles des SPSTI).

Les SPST ont réalisé 8 millions de visites et 817 360 actions de prévention.

Au cours de l’année 2022, 134 375 inaptitudes ont été déclarées dans l’ensemble des SPST.

Le nombre de médecins du travail en activité est de 4 167 dans les SPTI et de 957 dans les SPSTA. Il y a 2 930 infirmiers en santé au travail dans les SPSTI et 1 650 dans les SPSTA.

En termes de salariés suivis par le médecin du travail, on arrive à un effectif moyen de 3 973 par médecin (en incluant médecins du travail, collaborateurs médecin et internes), soit 4 710 salariés par ETP (équivalent temps plein) de médecin, dans les SPSTI et 1 190 salariés en moyenne par médecin dans les SPSTA dont 1 958 par médecin du travail en ETP.

Un nombre de 2 644 455 visites de salariés ont été déléguées aux infirmiers dans les SPSTI et 115 318 dans les SPSTA.

Le document unique d’évaluation des risques professionnels a été transmis par l’entreprise au SPSTI dans 43 687 cas.

Résultats de l’enquête

Données relatives au fonctionnement des spst

Services de prévention et de santé au travail interprofessionnels

Nombre de SPSTI

Il y a 193 SPSTI dont 178 (92%) ont répondu à cette enquête censée être obligatoire. Les SPST sont 249 sur 383 (65%) à y avoir répondu. parmi les répondants, une majorité de 88% des SPSTI (152) disposent d’un agrément pour 5 ans, 11 (6%) pour deux ans, 5 (3%) pour 4 ans, un pour trois ans, 3 pour moins de 2 ans (2%) et un pour 6 ans.

Ce qui signifie que 5 services n’ont pas répondu sur ce point qui est tout de même important pour le contrôle par l’administration du fonctionnement des SPSTI !

Compétences des SPSTI

Une majorité de 156 SPSTI déclarent une activité interprofessionnelle. Les activités spécifiques des services de prévention et de santé sont les suivantes :

ü 128 sont agréés pour le travail temporaire,

ü 50 disposent d’un agrément INB pour le nucléaire,

ü 53 se consacrent à la prévention dans le bâtiment,

ü 38 sont agréés pour d’autres secteurs (banques, transports, propreté, gardiennage, intermittents du spectacle).

Offre complémentaire à l’offre socle

L’offre socle a été définie dans le décret n° 2022-653 du 25 avril 2022 (voir le commentaire de ce décret dans la lettre d’information du 8 mai 2022 sur le blog). Selon le site du ministère du travail, l’offre socle doit comprendre les éléments suivants :

« la prévention des risques professionnels, incluant notamment un conseil renforcé et l’accompagnement des entreprises dans l’élaboration de leur document unique d’évaluation des risques professionnels [NDR – On pourra voir plus loin le faible investissement des SPSTI dans cette tâche pourtant essentielle pour évaluer les risques et mettre en œuvre une prévention collective] et la conduite d’action de prévention primaire telles que l’identification et l’aménagement des postes à risque pour la santé des travailleurs.

 le suivi individuel de l’état de santé de chaque salarié, tout au long de son activité, à travers la mise en place de l’ensemble des suivis et visites médicales prévues par la réglementation.

 la prévention de la désinsertion professionnelle, à travers la mise en place et l’animation d’une cellule opérationnelle pour accompagner les salariés présentant un risque de sortir de l’emploi en raison de leur état de santé.

La liste détaillée des missions attendues est décrite dans la délibération du CNPST annexée au décret. Elle témoigne du choix des partenaires sociaux en faveur de la qualité de service soutenue par le Gouvernement. »

Les SPSTI ont la possibilité de proposer aux entreprises adhérentes une offre complémentaire de services pour lesquels ils peuvent demander une rémunération spécifique. Seuls 18% des SPSTI proposent une telle offre à laquelle 16 000 entreprises ont souscrit.

De même, 46% des SPSTI ont prévu une offre à destination des travailleurs indépendants à laquelle 800 travailleurs indépendants ont souscrit. La possibilité pour les SPSTI de suivre des travailleurs indépendants a été ouverte par la loi du 2 août 2022 qui a créé l’article L. 4621-3 du Code du travail.

Services de prévention et de santé au travail autonomes

Parmi les SPSTA répondants, 229 (94%) ont un agrément à 5 ans, 3 (1%) à 4 ans, 10 (4%) à 2 ans et respectivement un à trois ans et à un an.

Parmi les SPSTA, 35% couvrent l’ensemble d’une entreprise, 25% plusieurs établissements, 19% un seul établissement, 15% sont des SPSTA de groupe et 6% sont communs à plusieurs entreprises constituant une unité économique et sociale.

Une minorité de 6% des SPSTA ont une convention partenariale avec un SPSTI, prévue par l’article L. 4622-5-1 du Code du travail.

Implantation des SPST sur le territoire et effectifs de salariés suivis

Centres fixes et centres annexes

On dénombre au total sur le territoire, pour l’ensemble des SPST, un total de 1 180 centres fixes et de 1 181 centres annexes et 269 centres mobiles (pour ces derniers, en quasi-totalité de SPSTI).

Il y a en moyenne 7 centres fixes par SPSTI et entre 3 et 4 pour les SPSTA. Le nombre moyen de centres annexes est de l’ordre de 4 pour les SPSTI et près de 2 pour les SPSTA.

Temps pour accéder aux centres de santé au travail

La durée moyenne pour accéder aux centres des services de prévention et de santé au travail est de 30 minutes avec cependant des disparités importantes.

Pour les SPSTI, 65% déclarent un temps compris entre 20 et 30 minutes, 15% un temps entre 45 minutes et une heure et pour 5 SPSTI ce temps est compris entre 1h30 et 2 heures et jusque 3 heures pour un dernier.

Le temps d’accès aux SPSTA est plus réduit, avec la moitié déclarant un temps maximum de moins de 10 minutes, 20% déclarent un temps maximum entre 15 et 30 minutes, 20% entre 30 minutes et une heure. Pour 11 SPSTA dont la moitié sont de groupe ou inter-établissements le temps atteint 2 heures.

Effectifs suivis par les SPST

Les effectifs suivis par les SPSTI – au total, 16 205 212 salariés - sont disparates en fonction des régions. Pour les régions où il y a le plus de SPSTI  (entre parenthèses, le nombre moyen de salariés suivis par SPSTI) : en Ile de France, 17 services suivent 3 255 646 salariés (191 490), en Auvergne-Rhône-Alpes, 24 services suivent  2 148 511 salariés (89 521), dans le Grand-Est, 18 services suivent 1 282 098 salariés (71 227), dans les Pays de la Loire, 12 services suivent 984 427 salariés (57 035), dans les Hauts-de-France, 14 services suivent 1 384 959 salariés (98 925) et en Normandie, 10 services suivent 755 724 salariés (75 572).

Les SPSTI qui suivent le moins de salariés sont ceux de la Guyane, 1 service pour 23 944 salariés, de la Corse avec 2 services pour 76 889 salariés et de la Martinique avec 3 services pour 66 710 salariés.

Les effectifs suivis par les 249 SPSTA sont de 1 136 033 salariés. Il y en a 82 en Ile de France suivant 791 343 salariés, 41 en Auvergne-Rhône-Alpes suivant 93 103 salariés, 24 dans le Grand Est suivant 30 943 salariés, 18 dans les Pays de Loire suivant 35 629 salariés et 16 en Normandie suivant 32 525 salariés.

Répartition des salariés et des établissements suivis

Dans les SPSTI

Le nombre total de salariés suivis par les SPSTI est de 16.2 millions, soit une moyenne de l’ordre de 91 000 salariés suivis par SPSTI.

Les SPSTI suivent plus de 1.4 million d’établissements du secteur privé dont :

ü 1 091 626 de 1 à 10 salariés,

ü 254 999 de 11 à 49 salariés,

ü 52 114 de 50 à 199 salariés,

ü 3 120 de 200 à 249 salariés,

ü 1 605 de 250 à 299 salariés,

ü 4 209 de 300 salariés et plus.

Une majorité de 64% des salariés sont suivis dans des SPSTI de grande taille de plus de 100 000 salariés (40% des SPSTI) alors que 11% sont suivis dans des services suivant moins de 50 000 salariés et 25% dans des services suivant de 50 000 à 100 000 salariés.

La répartition des SPSTI selon le nombre de salariés suivis est la suivante (entre parenthèses, le nombre total de salariés suivis) :

ü 70 (41 %) suivent moins de 50 000 salariés (1 737 020),

ü 54 (31%) suivent entre 50 000 et 100 000 salariés (4 072 099),

ü 49 (28%) suivent plus de 100 000 salariés (10 396 093).

Dans les SPSTA

Les SPSTA suivent plus de 1.1 million de salariés, soit en moyenne 4 500 salariés par SPSTA.

La répartition des SPSTA en fonction des effectifs suivis est la suivante : 3% suivent moins de 500 salariés, 19% entre 500 et 1 000, 28% entre 1 000 et 2 000, 33% entre 2 000 et 5 000, 9% entre 5 000 et 10 000, 6% en suivent entre 10 000 et 50 000 et 2% des SPSTA suivent plus de 50 000 salariés.

Suivis d’agents de la fonction publique

Les textes de loi autorisent les organismes publics à faire appel à des SPSTI pour assurer le suivi en santé au travail des agents de la fonction publique.

Au total, les SPSTI suivent 675 000 agents du secteur public ainsi répartis :

ü 364 652 agents des collectivités territoriales,

ü 181 863 agents de la fonction publique d’Etat,

ü 130 262 agents de la fonction publique hospitalière.

Répartition des salariés par type de suivi médical

Dans les SPSTI

La répartition des modalités de suivi des salariés dans les SPSTI est la suivante :

ü 11 964 153 (74%) suivis simples,

ü 3 248 766 (20%) suivis individuels renforcés,

ü 923 032 (6%) suivis adaptés.

Dans les SPSTA

Dans les SPSTA, la répartition des salariés selon leur suivi médical est la suivante :

ü 641 472 (57%) suivis simples,

ü 417 698 (37%) suivis individuels renforcés,

ü 69 717 (6%) suivis adaptés.

Gouvernance des SPSTI

Conseil d’administration

Au moment de l’enquête, une majorité de 56% des SPSTI déclaraient ne pas avoir pourvu l’ensemble des postes du conseil d’administration.

Dans 4% des SPSTI, le poste de vice-président du conseil d’administration n’était pas pourvu et dans 5% des cas celui du trésorier. [NDR – Selon l’article L. 4622-11 du Code du travail, ces deux postes sont dévolus à des représentants des salariés des entreprises adhérentes.]

Commission de contrôle

Dans plus de la moitiés des SPSTI l’ensemble des sièges de la commission de contrôle n’est pas pourvu. Les trois quarts des sièges non pourvus sont ceux des organisations syndicales de salariés.

Le personnel des services de santé au travail

Répartition du personnel des SPSTI

Les effectifs des différents personnels sont ainsi répartis (avec, entre parenthèses leur nombre en ETP et leur pourcentage) :

ü médecins, 3 525 (2 918, 19.2%),

ü collaborateurs médecins, 514 (491, 2.8%),

ü internes, 128 (110, 0.7%),

ü infirmiers, 2 930 (2 761, 16%),

ü assistants des services de santé au travail (ASST), 6 215 (5 826, 34%),

ü intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP), 2 143 (2 089, 12%),

ü direction et fonctions support, 2 899 (2 702, 16%).

Il y a 2 833 équipes pluridisciplinaires dans les SPSTI, soit un ratio de 1.22 médecin par équipe pluridisciplinaire

Répartition du personnel des SPSTA

ü médecins, 905 (644, 21.3%),

ü collaborateurs médecins, 23 (17, 0.5%),

ü internes, 29 (25, 0.7%),

ü infirmiers, 1 650 (1 438, 39%),

ü assistants des services de santé au travail (ASST), 377 (319, 9%),

ü intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP), 673 (531, 16%),

ü direction et fonctions support, 583 (484, 14%).

Ainsi, au total, le pourcentage des médecins dans les SPST est d’environ 22% dans les deux types de services de prévention et de santé au travail.

Le pourcentage des infirmiers et des IPRP est notablement plus élevé dans les SPSTA que dans les SPSTI alors que les ASST sont nettement plus nombreux dans les SPSTI.

[NDR – Selon la Convention collective des services de santé au travail (article 11.2), les assistants de services de santé au travail comprennent les emplois suivants : secrétaire médical, assistant de l'équipe pluridisciplinaire et assistant de santé au travail.]

Les médecins du travail

Dans les SPSTI

En moyenne, on retrouve 20 médecins du travail par SPSTI mais la répartition est assez variable.

En effet, dans 39% des SPSTI il y a moins de 10 médecins du travail, dans 29% entre 10 et 20 médecins du travail, dans 13% entre 21 et 30 médecins, dans 11% entre 31 et 50 médecins, dans 4% entre 51 et 70 médecins et dans 4% des SPSTI plus de 70 médecins du travail.

Dans les SPSTA

Dans les SPSTA, 57% n’ont qu’un seul médecin du travail, 21% en ont deux, 8% ont 3 médecins, 6% entre 4 et 5 médecins, 4% entre 6 et 20 médecins, 4% entre 21 et 50 médecins et 1% plus de 50 médecins.

Les infirmiers en santé au travail

Dans les SPSTI

La répartition des infirmiers en santé au travail (IDEST) dans les SPSTI est la suivante : 44% des SPSTI ont moins de 10 IDEST, 30% en ont entre 10 et 20, 11% entre 21 et 30, 8% entre 31 et 40, 4% entre 41 et 60 et 2% plus de 60 IDEST.

Dans les SPSTA

Dans les SPSTA, les 1 650 infirmiers sont ainsi répartis : dans 21%, un infirmier, dans 18%, 2 infirmiers, dans 18%, 3 infirmiers, dans 13%, 4 infirmiers, dans 6%, 5 infirmiers et,

dans 22% des SPSTA, 6 infirmiers ou plus (dans 2% des SPSTA, il n’y pas d’infirmier).

Les assistant de service de santé au travail (ASST)

Dans les SPSTI

Les 6 215 ASST sont ainsi répartis selon leur fonction : 60% de secrétaires médicaux, 20% d’assistants en santé au travail et 20% d’assistants de l’équipe pluridisciplinaire.

Le nombre d’ASST dans les SPSTI est ainsi réparti : 22% emploient moins de 10 ASST, 25% entre 10 et 20, 25% entre 21 et 40, 13% entre 41 et 50, 10% entre 51 et 99 et 5% en emploient 100 ou plus.

Dans les SPSTA

Il y a notablement moins d’ASST dans les SPSTA. Presque la moitié des SPSTA (49%) n’emploient pas d’ASST, 46% en emploient entre 1 et 5 et 5% en emploient plus de 5.

Les intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP)

Dans les SPSTI

La répartition des 2 143 IPRP selon leur fonction est la suivante :

ü 22% d’ergonomes, 29% de techniciens HSE/chimiste,

ü 11% d’ingénieurs HSE/chimiste,

ü 11% de psychologues,

ü 27% d’autres IPRP.

Dans les SPSTI, la répartition du nombre d’IPRP est la suivante : 33% emploient 5 IPRP ou moins, 26% entre 6 et 10 et 41% en emploient plus de 10.

Dans les SPSTA

Dans les SPSTA la répartition des IPRP selon leur profession est la suivant : 14% d’ergonomes, 19% de techniciens HSE/chimiste, 24% d’ingénieurs HSE/chimiste, 20% de psychologues et 23% d’autres IPRP.

Systèmes d’informations

Les systèmes d’information des SPSTI sont particulièrement importants puisque, pour permettre un meilleur suivi des salariés et une meilleure collaboration entre services, ils sont censés pourvoir communiquer selon la loi du 2 août 2021. L’article L. 4624-8-2 du Code du travail stipule en effet que « Afin de garantir l'échange, le partage, la sécurité et la confidentialité des données de santé à caractère personnel, les systèmes d'information ou les services ou outils numériques destinés à être utilisés par les professionnels de santé exerçant pour le compte des services de prévention et de santé au travail ainsi que par les personnes exerçant sous leur autorité doivent être conformes aux référentiels d'interopérabilité et de sécurité élaborés par le groupement d'intérêt public mentionné à l'article L. 1111-24 du code de la santé publique, le cas échéant adaptés aux spécificités de l'activité des services de prévention et de santé au travail, pour le traitement de ces données, leur conservation sur support informatique et leur transmission par voie électronique. »

La question de l’interopérabilité des systèmes d’information n’est pas traitée dans cette enquête, alors que cela représente une obligation pour les SPST.

De même, il n’est pas indiqué pour les systèmes d’information s’ils permettent d’intégrer dans le dossier médical partagé les données de santé au travail selon l’article L. 1111-17 (4°) du Code de la santé publique.

Dans les SPSTI

Il y a quatre principaux fournisseurs de systèmes d’information aux SPSTI, dont l’un, Val solutions, avec quatre produits, couvre 52% des SPSTI et 50% des effectifs de salariés (près de 8 millions). Axess - Medtra est utilisé par 20% des SPSTI pour un effectif de 11% des salariés, Padoa est utilisé par 11% des SPSTI et 19% des effectifs de salariés (ce logiciel est plutôt présent dans les grands SPSTI, en particulier en Ile de France) et Trustteam-Health est présent dans 9% des SPSTI et couvre 6% des effectifs de salariés.

Dans les SPSTA

Dans les SPSTA, Val solutions occupe aussi une place prépondérante avec quatre logiciels couvrant 48% des services et 30% des effectifs de salariés, Kitry propose des solutions couvrant 15% des services et 36% des effectifs de salariés, Kenora est présent dans 14% des SPSTA avec 7% des effectifs de salariés. D’autres logiciels sont présents dans 9% des SPSTA et 19% des effectifs de salariés (il devrait y avoir parmi ces logiciels, entre autres, Padoa présent chez Axa).

Dossier médical en santé au travail informatisé et numéro d’identification

L’enquête révèle que presque 14.7 millions de salariés disposent d’un dossier médical en santé au travail informatisé dans les SPSTI, soit environ 91% des salariés.

Dans les SPSTA, ce sont 97% des salariés pour lesquels il y a un dossier informatisé.

Alors que les SPST peuvent désormais utiliser l’identifiant unique des salariés pour éviter les doublons et assurer l’identité des patients, ce numéro unique est utilisé pour seulement 9% des salariés des SPSTI.

Le taux est plus conséquent dans les SPSTA puisqu’il concerne18.5% des salariés.

Finances des services de prévention et de santé au travail

Montants des cotisations et droits d’entrée

Une majorité des SSTI (156, soit 88%) facturent des droits d’entrée pour les nouveaux adhérents.

La politique à cet égard varie selon les SPSTI : 47 SPSTI n’appliquent des droits d’entrée qu’aux nouveaux établissements adhérant (en moyenne 44 €), 37 SPSTI  appliquent des droits d’entrée à la fois au nouvel adhérent ainsi qu’à chaque nouveau salarié de ce nouvel adhérent (en moyenne, 28.5 € par salarié), 69 SPSTI  ne demandent des droits d’entrée que pour les nouveaux salariés existants et 37 SPSTI  appliquent des droits d’entrée pour les nouveaux salariés de leurs adhérents (en moyenne, 48 €).

Chiffre d’affaires

La grande majorité du chiffre d’affaires (1 707 806 978 €, 94%) des SPSTI  résulte des cotisations des adhérents. Parmi les 6% d’autres revenus, on retrouve les offres complémentaires (8 906 794 €, 1%), les conventions avec la fonction publique (43 460 897, 2%), les produits des droits d’entrée (43 460 897 €, 2%), d’autres produits (43 629 975 €, 2%) et l’offre spécifique pour les travailleurs indépendants (2 978 €)

Les coûts

Les coûts salariaux représentent 76% des dépenses des SPSTI  (1.34 milliard) dont 34% pour les médecins du travail.

Les coûts de l’immobilier représentent 13% des dépenses en moyenne, variant fortement selon les régions (2% en Guyane et Martinique, 17% en Ile de France et 28% en Occitanie), les achats et les charges externes représentent 17% des dépenses (dont 30% de ce montant pour les services informatiques et 2.8% pour les examens complémentaires à la charge des SPSTI).

Résultats et fonds propres

En 2022, les résultats bénéficiaires de l’ensemble des SPSTI  qui ont répondu à l’enquête sont de 55 millions €. Cependant, 15% des SPSTI  se disent déficitaires.

Dans leur ensemble, les SPSTI  disposent de 943 millions € de fonds propres.

Montant moyen de l’offre socle

En 2022, le coût moyen national de l’offre socle est de 104.5 €. C’est le coût moyen de l’offre socle qui permettra plus tard à ‘administration d’établir un « tunnel » du coût des cotisations (80% et 120%) dans lequel les SPSTI devront fixer le coût des cotisations par salarié, selon l’article D. 4622-27-6 du Code du travail.

Activité des SPST

Offre socle des services

Prévention des risques

Action en milieu de travail

L’ensemble des SPSTI qui ont répondu à l’enquête de la DGT ont réalisé, en 2022, au total 701 713 actions en milieu de travail qui se répartissent ainsi :

ü 186 645 (27%) analyses / études,

ü 135 170 (19%) conseils,

ü 13 476 (2%) métrologie,

ü 134 849 (19%) autres,

ü 27 383 (4%) animations,

ü 30 236 (4%) participations aux CSE / CSSCT,

ü 138 569 (20%) fiches d’entreprise (pour plus de 1.4 million d’établissements suivis !),

ü 35 115 (5%) conseils pour la rédaction du document unique d’évaluation des risques (Duerp).

Les SPSTA ont réalisé 115 647 actions dans l’entreprise qui se répartissent ainsi :

ü 29 522 (25%) analyses / études,

ü 42 402 (37%) conseils,

ü 13 983 (12%) métrologie,

ü 16 276 (14%) autres,

ü 5 659 (5%) animations,

ü 4 777 (4%) participations au CSE / CSSCT,

ü 1 881 (2%) fiches d’entreprise,

ü 1 147 (1%) conseils pour la rédaction du document unique d’évaluation des risques (Duerp).

Focus sur le Duerp et la fiche d’entreprise

Les auteurs du rapport rappellent que la réalisation et la mise à jour du Duerp est une obligation légale pour chaque entreprise depuis 2002. Depuis la loi du 2 août 2021, elles doivent transmettre le Duerp au service de prévention et de santé au travail.

En 2022, seulement 43 687 entreprises ont transmis leur document unique au service de prévention et de santé au travail, soit 3% des établissements suivis par les SPSTI.

La réalisation et la mise à jour de la fiche d’entreprise est une obligation pour les SPSTI (article R. 4624-46).

En 2022, les SPSTI ont réalisé 71 088 fiches d’entreprise pour les nouveaux adhérents (selon l’article R. 4624-47, cette fiche doit être établie dans l’année qui suit l’adhésion). Ainsi, en 2022, il a été réalisé pour les nouveaux adhérents 23 331 fiches pour les établissements de 1 à 10 salariés, 15 518 fiches pour les établissements de 11 à 49 salariés et 31 239 pour les établissements de 50 salariés et plus (soit plus que pour les entreprises de 1 à 10 salariés qui sont largement plus nombreuses).

Le bilan des entreprises ou établissements couverts par une fiche d’entreprise de moins de 4 ans montre qu’il y a 213 337 établissements de 1 à 10 salariés, 31 683 établissements de 11 à 49 salariés et 90 653 pour les établissements de 50 salariés et plus.

[NDR – A titre personnel, je trouve que tout ce qui a trait à la mise en œuvre d’une prévention collective par la connaissance des risques professionnels, en particulier la réalisation des fiches d’entreprise et l’aide à la réalisation du Duerp, semble relativement peu mis en œuvre, ce qui est assez regrettable !]

Actions de promotion de la santé sur le lieu de travail

Les SPSTI ont réalisé 288 277 actions de promotion de la santé en milieu de travail. Parmi les principaux types de promotion de la santé sur le lieu de travail on retrouve les dépistages (192 209, 67%) et les vaccinations réalisées (71 664, 25%). Les autres actions consistent en la prévention des cancers (1%), la pratique sportive (1%), les situations de handicap au travail (2%) et les autres actions (3%).

Pour les SPSTA, sur les 392 803 actions, la grande majorité est aussi composée des dépistages (200 741, 51%) et des vaccinations (131 797, 33%). On retrouve les mêmes types d’autres actions que dans les SPSTI, seule la prévention des cancers occupe une place plus importante (5%).

Suivi individuel de l’état de santé des salariés

Les différentes visites médicales

Dans les SPSTI, la répartition des 7 300 000 visites médicales est la suivante (entre parenthèses, leur pourcentage) :

ü 3 302 805 (45%) visites d’embauche,

ü 1 794 534 (25%) visites périodiques,

ü 899 720 (12%) visites de reprise,

ü 441 040 (6%) visites de pré-reprise,

ü 832 409 (12%) visites à la demande dans 45% du médecin du travail, 30% du salarié et à 25% de l’employeur,

ü 17 632 visites de mi-carrière, 1 789 visites de post-exposition et 3 342 visites post-professionnelles.

Les médecins du travail, collaborateurs médecins et internes ont réalisé 64% du suivi individuel de l’état de santé des salariés (4 648 796) et les infirmiers en ont réalisé 36% (2 644 455). Les médecins ont aussi assuré de façon largement majoritaire, à 99%, les 441 040 visites de pré-reprise et les 892 024 visites de reprise du travail, les infirmiers n’en assurant que 1%. [NDR - Il est vrai que la délégation de ces visites aux infirmiers en santé au travail n’est possible que depuis le décret n° 2022-679 du 26 avril 2022 relatif aux délégations de missions par les médecins du travail, en santé au travail.]

Pour les visites d’embauche, les VIP initiales (2 605 364), le pourcentage s’inverse puisque les infirmiers en assurent 67% (1 751 028) et les médecins 33% (854 336).

Il en est de même pour les 1 065 031 visites périodiques qui sont effectuées à 61% (647 964) par les infirmiers et à 39% (417 067) par les médecins ainsi que pour les visites intermédiaires des salariés en surveillance individuelle renforcée (SIR) (269 759) dont 82% (220 238) sont réalisées par les infirmiers et 18% (49 521) par les médecins.

Par comparaison, le bilan du Coct 2014 indiquait la répartition suivante des visites médicales des SSTI pour l’année 2012 : 31% de visites d’embauche, 51% de visites périodiques, 12% de visites de reprise, 2.6% de visites de pré-reprise, 3.4% d’examens à la demande du salarié (2.2%) et de l’employeur (1.2%).

Dans les SPSTA, la répartition des visites médicales est la suivante :

ü 99 272 (14%) visites d’embauche,

ü 296 892 (42%) visites périodiques,

ü 61 552 (9%) visites de reprise,

ü 25 989 (4%) visites de pré-reprise,

ü 208 607 (30%) visites à la demande à 35% du médecin du travail, à 48% du salarié et à 15% de l’employeur,

ü 3 671 visites de mi-carrière, 1 612 visites de post-exposition 2 881 visites post-professionnelles.

Le suivi individuel des salariés à été assuré à 84% par les médecins et à 16% par les infirmiers. Comme dans les SPSTI, il y a une inversion pour les 64 372 visites d’embauche, les infirmiers en réalisant 51% (32 540) et les médecins 49% (31 832). De la même façon, les visites intermédiaires des SIR sont réalisées majoritairement par les infirmiers, à 59% (33 035) et à 41% (33 035) par les médecins.

Prévention de la désinsertion professionnelle (PDP) et maintien en emploi

Accompagnement des salariés

En 2022, les salariés ont été accompagnés de la façon suivante en termes de prévention de la désinsertion professionnelle et de maintien en emploi :

ü dans les SPSTI avec 540 327 recommandations d’aménagement de poste, 57 737 accompagnements par le service social du SPSTI, 33 621 accompagnements par un psychologue du travail du service et 123 222 orientations vers un partenaire extérieur en lien avec la PDP ;

ü dans les SPSTA avec 96 590 recommandations d’aménagement de poste, 30 181 accompagnements par le service social, 7 735 accompagnements par un psychologue du travail du service et 104 471 orientations vers un partenaire externe en lien avec la PDP.

Outils de PDP mis en œuvre

Parmi les outils de la PDP mis en œuvre par les SPST, on retrouve (entre parenthèses les nombres respectivement pour les SPSTI et les SPSTA) :

ü des essais encadrés à la demande du médecin du travail (1 352 et 460) [NDR – La durée de l’essai encadré, initialement de 3 jours, a été portée à 14 jours renouvelables une fois par le décret n° 2022-373 du 16 mars 2022 (article D. 323-6-5 du Code de la Sécurité sociale)] ;

ü des conventions de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE) (234 et 87) [NDR – Voir les modalités sur le site du ministère du travail] ;

ü des rendez-vous de liaison entre l’employeur et le salarié auxquels des membres du SPST ont participé (860 et 1 821) prévus par l’article L. 1226-1-3 du Code du travail.

Cellules de prévention de la désinsertion

Depuis la loi du 2 août 2021, les SPSTI ont l’obligation de se doter d’une cellule de prévention de la désinsertion au titre de l’article L. 4622-8-1 du Code du travail (heureusement, certains services en étaient déjà dotés auparavant pour accompagner les salariés en difficulté !]

La répartition des membres de ces cellules de prévention de la désinsertion est la suivante (entre parenthèses nombre et taux) :

ü médecins du travail (366, 26%),

ü infirmiers (246, 18%),

ü ergonomes (113, 10%),

ü assistants du service social du service (153, 11%),

ü assistants administratifs (183, 13%),

ü psychologues du travail (111, 8%),

ü chargés du maintien en emploi (98, 7%),

ü autres (97, 7%).

Inaptitude et maintien dans l’emploi

En 2022, au total 134 375 inaptitudes ont été déclarés dans les services de prévention et de santé au travail dont une forte majorité dans les SPSTI. Parmi ces inaptitudes, 51 566 (38%) ont été déclarées sans possibilité de reclassement.

Les avis d’inaptitude ont été émis dans 63% des cas à l’occasion d’une visite de reprise.

Veille sanitaire et épidémiologique

La veille sanitaire et épidémiologique fait partie des missions des SPST au titre de l’article L. 4622-2 (4°) du Code du travail.

Les auteurs du rapport constatent que la participation des SPST aux enquêtes épidémiologiques est plutôt modeste. Ainsi, en 2022 :

ü pour les SPSTI, 13 services (7%) ont participé à Sumer, 39 services (22%) ont participé à Evrest et 39 services (22%) ont participé aux quinzaines des maladies à caractère professionnel ;

ü pour les SPSTA, 14 services (6%) ont participé à Sumer, 49 services ont participé à Evrest et 17 services ont participé aux quinzaines des maladies à caractère professionnel (dont les résultats sont utilisés, entre autres, dans le document ci-dessous).

https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_spst_2022.pdf

 

 

·     Souffrance psychique en lien avec le travail (BEH)

Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire n° 5 du 5 mars 2024 publie un article intitulé « La souffrance psychique en lien avec le travail à partir du programme de surveillance des maladies à caractère professionnel : résultats des enquêtes transversales 2013 à 2019 et évolution depuis 2017 » signé par Mme P. Delézire et al.

Vous pourrez à ce document accéder en pièce jointe et sur le site de Santé publique France à l’adresse en fin de commentaire.

Introduction

Les maladies à caractère professionnel sont définies comme des atteintes à la santé susceptibles d’être d’origine professionnelle ou aggravées par le travail et qui n’ont pas fait l’objet d’une déclaration de maladie professionnelle ou n’en ont toujours pas encore fait l‘objet.

Des quinzaines des maladies à caractère professionnel (MCP) sont organisées depuis 2003 par Santé publique France avec l’inspection médicale du travail dans plusieurs régions françaises.

Depuis 2013, la souffrance psychique en lien avec le travail (SPLT) constitue le premier groupe de MCP signalées chez les femmes et le deuxième, après les troubles musculo-squelettiques, chez les hommes.

À ce jour, les troubles psychiques liés au travail ne font pas partie des tableaux des maladies professionnelles mais certaines pathologies peuvent être prises en compte grâce au système complémentaire de reconnaissance des maladies professionnelles au titre de l’alinéa 7 de l’article L. 461-1 du Code de la Sécurité sociale.

Le coût économique pour la société de ces atteintes psychiques est important. En 2021, le rapport de la commission prévue à l’article L. 176-2 du Code de la Sécurité sociale a estimé le coût de ces pathologies pour la Branche maladie entre 73 M. et 287 M. € (à ces montants, il faut rajouter le coût pour les entreprises en termes d’absentéisme, de remplacement des salariés absents, de désorganisation de la production, etc...).

L’OMS indiquait, en 2010, que les problèmes de santé mentale étaient l’une des principales causes d’absentéisme au travail et de retraite anticipée.

En 2018, le réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P) rapportait que les troubles mentaux et du comportement représentaient 19% des problèmes de santé en lien avec le travail vus en consultations de pathologies professionnelles. [Le RNV3P est un réseau, géré par l’Anses, regroupant un peu plus de 30 consultations de pathologies professionnelles et environnementales et trois services de prévention et de santé au travail interprofessionnels.]

Ainsi, la souffrance psychique en lien avec le travail représente un enjeu de santé publique important, mis en avant dans la feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie de 2018 ainsi que dans le 4e plan santé travail 2021-2025.

Le présent travail vise à présenter les prévalences de la SPLT de 2013 à 2019, son évolution depuis 2007, ses déterminants socio-professionnels et les expositions professionnelles qui lui sont associées.

Méthodologie

Dans les huit régions participantes en 2019, les médecins du travail signalent, lors des quinzaines des maladies à caractère professionnel (MCP), les pathologies qui peuvent être en lien avec le travail. Ces pathologies ne doivent pas être déclarables en maladie professionnelle ou ne pas encore l’avoir été.

Les pathologies sont codées selon la CIM 10. Il s’agit, concernant les atteintes du psychisme, des maladies relevant du chapitre V « Troubles mentaux et du comportement » ainsi que des troubles figurant au chapitre XXI de la CIM 10 relatifs aux « Facteurs influant sur l’état de santé et motifs de recours aux services de santé » tels que le burn out et le stress lié à l’emploi.

Les troubles pris en compte dans cette étude sont : les troubles anxieux et dépressifs mixtes, les troubles dépressifs, les troubles anxieux, le burn out, les troubles du sommeil, les syndromes de stress post-traumatiques et les autres troubles psychiques regroupant des troubles ou symptômes hétérogènes (somatisation, décompensation  de psychose, névrose, troubles du comportement alimentaire, asthénie, conduites addictives et stress lié au travail).

Pour chaque MCP signalée sont renseignés de un à trois agents d’exposition dont la majorité figurent dans la classe des Facteurs organisationnels, relationnels et éthiques (FORE) dont six groupes représentent le niveau 1 : exigence inhérente à l’activité, organisation fonctionnelle de l’activité (renommé « management »), relation au travail et violence, éthique personnelle-conflit de valeurs, éthique de l’entreprise et autre facteur de majoration.

Ces chiffres sont pondérés sur les différentes populations en terme de sexe, d’âge et de secteurs d’activité.

Les prévalences des SPLT, l’analyse de leurs liens avec les facteurs professionnels ont été étudiés sur la période 2013 à 2019.

Résultats

Description de l’échantillon

Les 281 379 salariés pris en compte sur la période 2013-2019 sont à 48.7% des femmes (124 578 dont 17 797 vues en moyenne par an) et 51.3% des hommes (156 801, dont 22 400 vus en moyenne par an).

Caractéristiques socio-professionnelles des femmes et types de visites

La majorité des femmes sont d’un âge compris entre 25 et 54 ans (23.4% de 25-34 ans, 26% de 35-44 et 26.9% de 45-54 ans).

Du point de vue socio-professionnel, les salariées sont en majorité employées (49.8%) et de professions intermédiaires (28.6%), les ouvrières et les cadres sont moins représentées, respectivement 11.2% et 10.4%.

Les secteurs d’activité les plus représentés sont la santé et l’action sociale (26.6%), le commerce (13.8%), l’administration publique (13.2%) les activités spécialisées (10.8%) comprenant les services administratifs et de soutien (travail temporaire, nettoyage, aménagement paysager, etc…) et l’industrie (9.7%).

Selon le statut, il y avait 80.4% de CDI, 12.7% de CDD, 1.8% de travailleurs intérimaires et 1.7% d’apprentis et 1.9% d’autres.

Les visites étaient pour 26.6% des visites d’embauche, 39.2% des visites périodiques, 19.2% des visites de pré-reprise ou de reprise et 14.5% des visites à la demande (des réponses manquaient).

Caractéristiques socio-professionnelles des hommes et types de visites

On retrouve les mêmes tranches d’âge les plus fréquentes : 22.9% de 25-34 ans, 25.6% des 35-44 ans et 26.6% des 45.54 ans.

Du point de vue professionnel, chez les hommes, la population des ouvriers est plus importante (46.1%) suivie par les professions intermédiaires (24.4%). Les employés et les cadres sont moins représentés, respectivement 15.3% et 14.2%.

Les secteurs d’activité les plus représentés sont l’industrie (22.9%), les activités spécialisées (14.4%), le commerce (13.2%) et la construction (11.4%).

Les contrats sont en majorité des CDI (79.1%) suivis par 8.9% de CDD, 6.1% de travailleurs en intérim, 2.7% d’apprentis et 2% d’autres et 1.5% de réponses manquantes.

Les visites étaient pour 30.1% des visites d’embauche, 46.3% des visites périodiques, 12.5% des visites de pré-reprise ou de reprise, 10.7% des visites à la demande et 0.4% des réponses manquent.

Prévalence des différents SPLT

Chez les femmes, la répartition des 4.61% (4 743) SPLT retrouvés est (entre parenthèses, leur nombre) :

ü 1.67% (1 724) de troubles anxieux et dépressifs mixtes,

ü 1.10% (1 177) de troubles dépressifs,

ü 0.74% (782) de troubles anxieux,

ü 0.69% (644) de burn out,

ü 0.15% (163) de troubles du sommeil,

ü 0.12% (103) d’états de stress post-traumatique (ESPT),

ü 0.13% (150) d’autres troubles psychiques.

Chez les hommes, la répartition des 2.16% (2 527) SPLT retrouvés est (entre parenthèses, leur nombre) :

ü 0.66% (781) de troubles anxieux et dépressifs mixtes,

ü 0.50% (638) de troubles dépressifs,

ü 0.34% (370) de troubles anxieux,

ü 0.34% (330) de burn out,

ü 0.13% (206) de troubles du sommeil,

ü 0.08% (72) d’états de stress post-traumatique (ESPT),

ü 0.11% (130) d’autres troubles psychiques.

Ainsi, sur la période, le nombre de signalement de souffrance psychique liée au travail est un peu plus de deux fois plus fréquent chez les femmes (4.61%) que chez les hommes (2.16%).

Facteurs associés à une augmentation du risque de SPLT

Les facteurs associés à une augmentation du risque de présenter une SPLT de façon statistiquement significative (Odds ratio - OR -  avec intervalle de confiance à 95%) figurent ci-dessous.

Chez les femmes

Le risque de SPLT est significativement augmenté :

ü en fonction de l’âge, les moins de 25 ans servant de référence, avec des OR de 1.33 [1.32-1.35] pour les 35-44 ans, de 1.42 [1.40-1.44] pour les 45-54 ans et, de façon plus modeste pour les 55 ans et plus (1.08 [1.07-1.10]) ;

ü en fonction de la catégorie socio-professionnelle, les ouvriers servant de référence, on trouve un gradient croissant allant des employés avec OR de 2.55 [2.53-2.57] aux professions intermédiaires avec OR de 4.18 [4.14-4.22] et aux cadres avec OR de 6.54 [6.47-6.60] ;

ü en fonction du secteur d’activité avec le commerce servant de référence, on trouve des augmentations significatives notables (de plus de 10%) pour les secteurs d’activité suivants : le transport et l’entreposage (OR de 1.50 [1.48-1.53]), la construction (OR de 1.48 [1.45-1.51]), l’industrie (OR de 1.45 [1.45-1.46]), les activités immobilières (OR de 1.17 [1.15-1.19]), l’enseignement (OR de 1.16 [1.14-1.17]) et les activités spécialisées (OR de 1.12 [1.11-1.13]) ;

ü on retrouve, pour certains secteurs une diminution statistiquement significative de l’association avec la SPLT : l’administration publique (OR de 0.86), l’agriculture (OR de 0.80), l’information et la communication (OR de 0.94) et la santé humaine et l’action sociale (OR de 0.90).

Chez les hommes

Le risque de SPLT est significativement augmenté :

ü en fonction de l’âge,  avec la même référence des moins de 25 ans, pour toutes les autres tranches d’âge avec des OR de 2.31 [2.26-2.97] pour les 25-34 ans, de 2.20 [2.15-2.25] pour les 35-44 ans, de 2.31 [2.25-2.36] pour les 45-54 ans et de 1.83 [1.78-1.87] pour les 55 ans et plus ;

ü en fonction de la catégorie socio professionnelle, avec les ouvriers comme référence, on retrouve aussi un gradient croissant des employés (OR de 1.82 [1.80-1.84]) aux professions intermédiaires (OR de 3.84 [3.62-3.67]) et aux cadres (OR de 5.98 [5.93-6.03]) ;

ü les secteurs d’activité avec une augmentation significative de plus de 10% du risque de SPLT, le commerce représentant la référence, sont : l’agriculture (OR de 1.69 [1.64-1.75]), les autres activités de services (OR de 1.35 [1.32-1.37]) (ces activités comprennent, entre autres, les arts et les spectacles et les activités récréatives), l’hébergement et la restauration (OR de 1.32 [1.29-1.34]), les activités financières et l’assurance (OR de 1.25 [1.23-1.28]), l’information et la communication (OR de 1.22 [1.20-1.24]) et l’enseignement (OR de 1.20 [1.18-1.22]) ;

ü les secteurs d’activité avec une diminution statistiquement significative de l’association avec une SPLT sont : les activités immobilières (OR de 0.85), les activités spécialisées (OR de 0.90), l’administration publique (OR de 0.60), la construction (OR de 0.43), l’industrie (OR de 0.78) et le transport et l’entreposage (OR de 0.92).

Facteurs organisationnels, relationnels et éthiques (FORE) associés aux SPLT

Les auteurs ont établi les liens entre la prévalence de SPLT et les FORE qui leur sont associés pour différentes pathologies et symptômes chez les hommes et les femmes.

Il apparaît, tant pour les hommes que pour les femmes, que pour les troubles anxieux et dépressifs mixtes, les troubles dépressifs, les troubles anxieux et le burn out que deux facteurs représentent plus de 80% des FORE en cause, le management et les relations de travail et la violence. Parmi ces FORE, la surcharge ou la sous-charge de travail ressentie et des relations de travail délétères et de la violence au travail.

Pour le burn out, le facteur majoritaire était le management.

On retrouve aussi, pour les femmes, une telle implication de ces deux facteurs pour les états de stress post-traumatique. Dans ce cas, ce sont les relations et la violence qui constituent le FORE le plus fréquent (plus de 50%).

Évolution des taux de SPLT entre 2007 et 2019

Entre 2007 et 2019, globalement, pour hommes et femmes, la prévalence des SPLT a fortement augmenté, d’un facteur de plus de deux.

Chaque année, la prévalence des SPLT chez les femmes était deux à trois fois plus importante que chez les hommes et cette prévalence est passée de 2.4% en 2007 à 6.2% en 2018 pour diminuer à 5.9% en 2019. Cette augmentation a été régulière entre 2010 et 2016 avec une accélération à ce moment qui a abouti à un pic en 2018 puis il y a eu une baisse entre 2018 et 2019.

Chez les hommes, la prévalence a augmenté jusque 2015, a un peu diminué en 2016 pour réaugmenter et se stabiliser aux environs de 2.6% en 2018 et 2019.

Conclusion

« Les liens entre travail et santé mentale sont complexes. Le travail peut avoir des effets bénéfiques sur la sante mentale des salaries en favorisant par exemple les interactions sociales et l’estime de soi, alors que le chômage peut l’impacter négativement notamment chez les hommes. Mais, le travail peut également être a l’origine de souffrance psychique en fonction des conditions dans lesquelles il s’exerce. Bien que le nombre de reconnaissances en maladie professionnelle de troubles psychiques augmente régulièrement, il reste faible en l’absence de tableau de maladie professionnelle dédié. Le programme MCP fournit ainsi des données inédites pour documenter la SPLT, observée pour près de 6% des femmes et 2% des hommes. En accord avec les recommandations de l’Assurance maladie, les secteurs d’activité les plus à risque devraient être la cible prioritaire des actions de prévention. La mise en place de politiques visant à réduire les inégalités entre les sexes dans les secteurs les plus à risque contribuerait à une répartition plus équitable des expositions professionnelles, et aurait possiblement un impact positif sur la santé mentale des salariées, deux fois plus impactées par la souffrance psychique en lien avec le travail que les hommes. En favorisant des environnements plus égalitaires, le milieu du travail est un cadre d’intervention privilégié afin d’améliorer et promouvoir la santé mentale de toutes et tous. »

https://www.santepubliquefrance.fr/docs/bulletin-epidemiologique-hebdomadaire-5-mars-2024-n-5

 

 

 

Jacques Darmon

 

 


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